33. Horribles révélations





Juste avant le café, je fis le tour du jardin de la propriété et avoir un paysagiste aidait beaucoup pour obtenir un jardin d'une telle splendeur. Pas de mauvaises herbes, ni de fleurs fanées ne venaient gâcher le paysage. Miller avait accompagné Faye pour coucher Jolene. Il l'adorait littéralement. Cela se voyait à son visage émerveillé quand il était avec elle. J'imaginai très facilement le jour ou il deviendra père à son tour. Un papa gâteau et profondément investit dans son rôle.

Je laissai mes pensées divaguer en flânant parmi les rosiers, sentant les fleurs les unes après les autres, caressant les pétales aussi doux que la soie. Je fus surprise par Cassandre qui me cherchait. Mais perdue dans mes pensées je ne l'avais pas entendu arriver. Elle se posta à coté de moi et observa à son tour la roseraie.

_ Je peux te poser un question ? Me demanda-t-elle en respirant la douce odeur d'une rose jaune l'une des dernières de la saison.

_ Oui.

Je restai sur la défensive, car cela n'augurait rien de bon quand la famille de votre patron commençait à poser des questions sur votre relation avec lui. Surtout quand elle est montée de toute pièce.

_ Pourquoi jouez-vous à ce jeu Jaime et toi ?

Tiens ! Je n'avais pas raison ?

_ Quel jeu ? Demandai-je comme si je ne comprenais pas ou elle voulait en venir.

_ Faire semblant d'être amoureux. D'être en couple. Dit-elle en relevant la tête vers moi pour me scruter.

_ Ce n'est pas à moi qu'il faut le demander. Répondis-je en fuyant ses yeux perçants.

Avec une réponse pareille, elle était obligée de comprendre entre les lignes que tout cela n'était pas de mon ressort

Elle garda le silence un instant. Je ne savais pas ce que je pouvais ajouter. J'ai subi le plan que mon patron avait établi à mon insu. Et je n'avais aucune excuse à donner à sa propre sœur.

_ Pourquoi t'a-t-il embarqué dans ce mensonge ?

_ Je suppose qu'il voulait clouer le bec à Agathe. Qu'il voulait lui faire croire, comme à moi d'ailleurs, que ce week-end était un gala et qu'il voulait que je l'accompagne parce que sa super assistante Jenny n'était pas disponible.

_ Jenny ?

_ J'imagine qu'elle aurait mieux fait l'affaire que moi.

_ Jenny a 53 ans. Elle est mariée et mère de 3 enfants. Il exagère quand même !

_ Je ne fais que répéter ce qu'il a bien voulu me dévoiler. Me défendis-je surprise d'apprendre que Jenny soit une quinquagénaire. Je l'avais plutôt imaginé jeune, blonde vénitienne et magnifique. Rien à voir avec moi, ce qui en un sens me soulageait de la savoir plus âgée et casée.

_ J'imagine que cela peut être une excuse qui te plaît.

_ Pourquoi tu dis cela ?

_ Que penses-tu de Jaime ?

_ Qu'il est différent dans la vie privé de ce que je vois au travail. Et du souvenir que j'en avais.

_ Tu éprouves quelque chose pour lui ?

Quoi ! Mais pourquoi me posait-elle cette question ?

Je n'avais pas très envie de lui répondre. Après tout ce que je pense de mon boss devais rester secret. C'est sa sœur et elle caftera c'est obligé !

_ Bérénice ?

_ Il est mon patron Cassandre. Il n'y a que de l'amitié entre nous.

Elle fit la moue déçue par ma réponse. Mais ne se laissa pas démontée pour autant et enchaîna :

_ Tu vois ce qui m'ennuie beaucoup c'est ta façon de le regarder. Pour quelqu'un qui dit n'avoir aucun sentiment pour lui mis à part de l'amitié, tu es assez réceptive à sa présence.

_ N'importe quelle femme serait réceptive à sa présence. C'est un très bel homme. Il a de l'éducation, est très intelligent et est un chef d'entreprise qui réussit. En fait, il a tout pour lui.

_ Alors c'est cela que tu penses ?

_ Je suis censée faire semblant Cassandre. Certes ce n'est pas la plus merveilleuse des idées, mais je n'ai pas eu le choix.

_ Pas eut le choix de quoi ? Cela crève les yeux qu'il est sincère avec toi et toi... tu te voiles la face.

_ Quoi non ! Bon peut être que je suis un petit peu attirée par lui, ce qui est légitime vu le canon que c'est. Mais je n'ai pas de sentiment pour lui. Balançai-je pour me défendre une fois de plus. Mais avouer ouvertement que je trouvais son frère canon...peut être aurais-je du m'abstenir.

_ Si tu arrives à t'en persuader. Remarqua-t-elle en se penchant pour cueillir une rose.

Je n'aimai pas sa remarque. Parce qu'elle n'était pas justifiée pour moi.

Un silence gênant s'installa et je continuai de me balader le long de la roseraie. Mais c'était sans compter sur Cassandre qui ne voulait pas se contenter de mes maigres réponses.

_ Ne parlais-tu pas d'une certaine Agathe tout à l'heure ? Me demanda-t-elle les sourcils froncés par ce détail qui lui avait frappé l'esprit.

_ Oui.

_ Agathe Martin ? Répéta-t-elle presque inquiète.

_ Oui. Répondis-je à mon tour inquiète par le ton qu'elle avait employé.

_ Cette sale petite merdeuse est encore dans les pattes de Jaime ! Fulmina-t-elle.

_ En fait, elle était ma meilleure amie jusqu'à ce que Jaime apparaisse dans ma vie. Elle lui voue une véritable adoration. Voir même un amour particulièrement bizarre. Observai-je en y réfléchissant bien. Parce que je n'avais pas le souvenir d'une quelconque amitié entre eux deux il y a dix-douze ans. Enfin je disais ça mais pour ce que je m'occupai des affaires d'Agathe à cette époque !

_ Ce n'est pas de l'amour qu'elle a pour lui c'est uniquement son argent qui l'intéresse !

_ Oh ! Je ne voyais pas ça comme ça. Avouai-je en réfléchissant à cette remarque.

_ Tu sais quand il était plus jeune, il en était fou amoureux. Il me rabâchait les oreilles régulièrement à son sujet. J'étais sa confidente alors j'écoutai et je le conseillai. Il n'a jamais vraiment été bien dans sa peau tant qu'il avait de l'embonpoint. Il avait besoin d'être rassuré souvent. Et il me parlait de toi aussi. Me confia-telle en marchant le long de la roseraie tout en caressant les dernières roses écloses qui ornaient les arbustes

_ Il te parlait de moi ?

_ Oui. D'ailleurs cela m'a fait bizarre quand j'ai appris que vous étiez ensemble. Je comprends mieux maintenant.

Que pouvait-elle comprendre de plus qu'avant ?

_ Que disait-il à mon sujet ? Demandai-je curieuse, tout de même, de savoir ce qu'il pensait de moi à l'époque.

_ Il me disait que tu étais naïve de penser qu'Agathe pouvait être ta meilleure amie. Et que tu puisses attendre que son frère se réveille un matin et en se disant wouaw je suis amoureux de Bérénice.

Je baissai la tête honteuse d'entendre Cassandre le formuler. Miller avait joué les observateurs durant la période ou j'étais étudiante. Et avait su décrypter ce dans quoi je m'enlisai inconsciemment depuis quelques années. Et cela me faisait mal de reconnaître qu'il avait eu raison à l'époque, et que jusqu'à il y a trois semaines je ne m'en étais pas rendue compte.

Naïve.

Voila ce que j'étais : naïve et je le resterai si je ne me débarrassai pas d'Agathe. Enfin si je ne la sortais pas de ma vie définitivement. Et pour cela je devais commencer par déménager. Une idée que j'avais déjà soulevée avec mon père.

_ Et tu disais qu'elle était ta meilleure amie depuis que Jaime est entré dans ta vie. Mais depuis quand Jaime est-il entré dans ta vie ? M'interrogea Cassandre ahurie de comprendre que tout ce que je vivais était précipité et à peine calculé.

_ Cela fait 3 semaines, Murmurai-je en surveillant les alentours pour que personne ne surprenne ma confidence.

_ Hum... Bon sang il est complètement fou. Pourquoi fait-il cela ? Se demanda-t-elle à voix haute.

Ah ! ça je n'en ai vraiment aucune idée. C'est tout juste s'il avait voulu me donner la vraie raison pour que je l'accompagne, alors le pourquoi ?

_ Je ne comprends pas comment tu as pu rester amie avec elle ? Surtout après qu'elle t'ait humilié à cette fameuse soirée d'anniversaire surprise de Daniel chez Romuald.

_ Tu étais à cette fête d'anniversaire ?

_ Oui je sortais avec le frère de Romuald à l'époque et ce soir là, nous avions débarqué à l'improviste pour voir ce que les gamins faisaient comme conneries ! Et puis pour profiter de la bière que vous vous enfiliez. Raconta-t-elle en continuant de sentir les fleurs.

C'est vrai j'avais oublié qu'elle était plus âgée que moi et Jaime. Bien que Jaime ait quand même 4 ans de plus que moi.

Mais qu'est-ce qu'elle venait de dire ?

Je m'arrêtai de marcher et regardai Cassandre interloquée par ce qu'elle venait de formuler

_ Mais ...comment ça humiliée ? M'exclamai-je ahurie, comprenant ce qu'elle venait de dire.

_ Tu sais le coup du pari...me rappela-t-elle en se redressant pour me dévisager.

Mon palpitant se fit entendre et commença à me donner chaud. Est-ce que j'avais bien entendu ?

_ Quel pari ? La questionnai-je le cœur battant à tout rompre.

_ Et bien celui que tu as fait ce soir là!

_ Non je n'ai pas fait de pari!

_ Si ! Le pari de faire une danse plutôt lascive à Daniel! Si tu arrivais à exciter Daniel ou du moins un des gars présents, tu gagnais le droit à un baiser de l'intéressé. A ce moment là je me suis dit qu'il n'y avait que des gosses de votre âge pour faire ce genre de pari à la con.

_ Non ! Je ne me souviens pas d'un quelconque pari !

_ Tu ne t'en souviens pas ?

_ Non ! M'exclamai-je énervée qu'elle insiste alors que je lui disais que non.

_ T'es sure !

_ Mais oui !

Merde quelle humiliation ? Quel pari ? C'est quoi cette histoire ?

Je commençai à avoir un peu de mal à respirer correctement. Bordel je n'avais aucun souvenir d'un putain de pari à la con ! Comment cela se faisait-il que je n'en gardai même pas une bride ? Je me creusai la tête, cherchant dans mes souvenirs le déroulement de la soirée. Et jusqu'à ce que je prenne le dernier verre qu'Agathe me tendait tout n'est que néant après cela.

Cassandre m'observa un instant d'un air inquiet.

_ Ce soir là Agathe a profité que tu sois un peu saoule pour te lancer le défi de faire une espèce de danse sexy pour son frangin. Tout le monde était au courant que tu en pinçais pour lui. Et en réalité toute votre bande te regardait. Ils ont filmé aussi ! Bon tu n'as pas fait grand chose parce que tu n'étais pas très bien. Peut être que tu avais trop but finalement.

Je manquai de m'étouffer et rougis violemment. Je sentis mon cœur battre un peu plus fort que la normale et je fus prise de tremblements incontrôlables.

_ Tu vas bien ? Me demanda Cassandre en s'approchant de moi.

Je n'arrivai même pas à lever la tête vers elle, tant j'étais bouleversée et humiliée. Je n'avais aucun souvenir de ce qu'elle disait. D'ailleurs je ne me souvenais même pas de la fin de cette soirée. Je sais que je buvais beaucoup pour me donner une contenance et du courage afin de pouvoir me déclarer à Daniel. Mais à bien y réfléchir, je ne me rappelai jamais d'avoir tenté ne serait-ce une seule fois et si cela avait aboutit à quelques choses. Comment ne pouvais-je pas me souvenir de cette fin de soirée ? Il y a bien eu des fois ou j'avoue j'étais trop saoule pour m'en souvenir.

Mais maintenant que j'y pensai Miller devait être présent lui aussi !

_ Est-ce que Miller était là ?

_ Miller ?

_ Jaime. Me repris-je plus rouge que je ne pus.

_ Oui, il était là. C'est lui qui a mit fin à tout ça !

_ Putain ! Soufflai-je avec de plus en plus de mal à respirer de façon ordonnée. Je cherchai autour de moi un endroit ou m'asseoir. Non je ne me sentais pas très bien en fait.

_ Je suis désolée je pensais que tu savais ... que tu t'en souvenais.

_ ...non... je découvre des choses ! Tellement de choses que j'ignorais !

_ Comment est-ce possible ? Je veux dire, un truc pareil ça ne s'oublie pas !

_ Je ... j'étais assez timide et pour avoir du courage je buvais et fumais dés que l'occasion se présentait en soirée. Je le faisais pour Daniel. Mais est-ce qu'on peut avoir des trous de mémoires comme ça à chaque fois?

_  A chaque fois non... je suppose que non! Et ce petit con se marrait de te voir faire tant d'efforts pour rien. Je ne comprends pas que tu ne le voyais pas. Enfin tu me diras tu étais amoureuse à cette époque. A 19 ans des fois on manque beaucoup de maturité.

A qui le disait-elle ! Moi qui n'avais eu que mon père pour seul modèle familiale. Et même si mes grands-parents se sont occupés de moi après la dépression de mon père, il n'empêche que mon père fut l'unique personne qui m'ait éduqué jusqu'à ce que je prenne mon envole. Il est donc fort possible qu'il ait omit quelque petites choses dans mes mises à jours.

Et quelques petites choses est un euphémisme.

La remarque de Cassandre me blessa. Moi qui croyais être amoureuse de Daniel depuis que je le connaissais, je venais de prendre encore un coup dans l'image que j'avais construite de lui. Mais il fallait bien avouer, que je n'étais plus trop sûre de ce que je ressentais pour lui depuis vendredi soir. Et avec le sketch de ce matin, l'image que j'avais de lui venait une fois de plus d'être écornée. Mais là avec cette révélation, même blessée, je rejetai cet amour que j'avais eu pour lui.

Comment était-ce possible qu'Agathe et Daniel m'aient fait un coup pareil ? Enfin je croyais que nous étions amis. Qu'aujourd'hui notre amitié soit périmée, je veux bien le concevoir mais il y a 9 ans ? Rien que penser qu'ils m'avaient saoulé un peu plus et filmé en train de m'humilier devant toute le bande, me donna mal au crâne. Merde j'en avais la tête qui tournait, la nausée me prit et je ne me sentais pas bien du tout. Je reculai d'un pas puis deux et la nausée s'intensifia et remonta dans ma gorge. Je courus derrière un rosier et vomis mon déjeuner.

Dégoûtée.

Dégoûtée de moi même, de ma façon d'agir d'autrefois. Bordel !! Je n'en pouvais plus d'encaisser ces vérités oubliées ! Merde Agathe était ma meilleure amie, elle se devait de m'aider et m'aimer comme j'étais. Pas m'humilier en m'aidant à me saouler ! Et tout ça pourquoi exactement ? Pour oublier cette soirée ? A quel dessein ?

_ Pourquoi je ne m'en souviens pas ? Demandai-je en larmes et assise sur mes talons afin de reprendre un peu d'air.

_ Trop bu ? Proposa Cassandre en se penchant vers moi.

Je cherchai un mouchoir dans les poches de mon pantalon afin d'essuyer ma bouche. Et je fouillai dans ma mémoire des moments de cette soirée. J'en avais gardé de bon souvenirs jusqu'à, c'est vrai, que je me sente plus trop bien. Je me rappelai qu'à un moment Agathe m'avait donné un verre d'alcool, je ne me souvenais plus si ce fut de la vodka ou un autre alcool fort. Qu'elle m'avait mis au défi de l'avaler d'une traite. Ce que j'avais fait pour ne pas passer pour nulle face au reste de la bande. Et puis après quelques minutes, je m'étais sentis lourde et extrêmement fatiguée. Je me souvenais qu'Agathe m'exhortait de me lever et d'aller danser mais je n'en étais plus très sûre.

_ Je...je ne me souviens plus de la fin de la soirée. Soufflai-je en serrant les paupières espérant que les souvenirs allaient revenir.

Cassandre garda le silence quelques secondes.

_ A quel moment ta mémoire te fait défaut ? Demanda-t-elle en me tendant un joli mouchoir en tissu brodé.

Je pris son mouchoir et le portai à mes lèvres pour les essuyer.

_ Je crois jusqu'au moment ou Agathe m'ordonne de me lever pour aller danser. Et après plus rien. Je me rappelle que je ne me sentais pas très bien comme très fatiguée et lourde. Je n'avais jamais eu cette sensation en buvant.

_ Fatiguée et lourde ? ...Maintenant que tu le dis c'est vrai que tu étais vraiment très maladroite. Ce qui faisait bien rire tout le monde! S'exclama-t-elle en se relevant d'un coup en se frottant le front soucieuse.

_ Oh nooon... soupirai-je honteuse d'avoir été si ridicule et d'avoir amusé la galerie.

Je pris appui sur mes mains et essayai de me relever.

Mes larmes redoublèrent rien que de repenser que la bande entière se marrait. Et qu'elle m'avait reluqué en train de me trémousser maladroitement devant Daniel, qui en avait strictement rien à foutre de moi à ce moment là. J'essuyai mes yeux, qui ne cessaient de déverser des larmes sur mes joues, mon nez et remarquai que j'avais salit le beau mouchoir de Cassandre. Je pris une grande inspiration en levant la tête vers le ciel cherchant de l'air pour me calmer.

_ Ce peut-il qu'ils aient..., commença Cassandre, d'un ton chargé d'inquiétude.

_ Quoi?

Je baissai les yeux sur elle et découvris son visage plein de stupeur et d'inquiétude se battant la place. Ce n'était pas bon. Ça ne sentait pas bon !

_ Jaime ! S'écria Cassandre en se tordant les mains entre elle.

Elle s'approcha de moi affolée tout à coup et repoussa mes cheveux qui s'étaient échappés de mon chignon.

_ Je suis désolée Bérénice. Je ne pensai pas te faire du mal et encore moins remuer cette merde. Mon frère a toujours fait en sorte de te protéger si ça dérapait. Il a été ton ange gardien en somme pendant quelques temps. Même si tu ne t'en souviens pas.

_ Putain non je ne m'en souviens pas !! Pleurai-je de nouveau.

_ JAIME !! Cria-t-elle encore plus fort en tournant la tête vers la maison pour porter plus loin son appel.

Il apparut sur la terrasse, accourut au ton affolé de sa sœur et lorsqu'il nous vit, il se précipita encore plus vite.

_ Qu'est-ce qui se passe ? Bérénice tu vas bien ? s'inquiéta-t-il en se précipitant vers moi.

Cassandre se releva et cédant sa place à son frère. Il s'accroupit face à moi et caressa ma joue pour me calmer.

_ Dis moi.

Quand je posai mes yeux sur lui, son visage était emprunt d'inquiétude et il voulait vraiment que je lui dise pourquoi j'étais dans cet état. Mais Cassandre me devança.

_ Je... on parlait de votre couple et Agathe Martin est entrée dans la conversation. Je ne pensais pas que Bérénice ne se souvenait plus de la fameuse soirée d'anniversaire de Daniel et du pari.

_ Merde Cassandre de quoi tu t'es mêlée ! Grogna très fort Miller en se tournant vers elle.

_ Nous ne faisions que discuter de ton énorme mensonge que tu as fait au sujet de ton couple ! Tu te sers de Bérénice pour berner les parents je te signale ! Alors pour me faire la morale tu repasseras ok ! Dit-elle en colère après lui.

Il baissa la tête honteux un court instant et attaqua aussitôt :

_ Pourquoi parliez-vous d'Agathe ?

_ Nous parlions des raisons possibles que tu as eu pour monter ce mensonge et Agathe est entrée dans la conversation. Je ne comprenais pas pourquoi Bérénice était encore amie avec cette petite garce. Mais le plus important c'est de ce que Bérénice ne se souvient pas.

_ Et de quoi ne se souvient-elle pas ? Demanda-t-il en colère que sa sœur ait découvert son secret et que le nom d'Agathe soit venue gâcher cette belle journée.

_ Tu te rappelles de le soirée d'anniversaire surprise de Daniel chez Romuald et Abel ?

_ Merde pourquoi tu lui a parlé de ça ?

_ Je croyais qu'elle s'en souvenait et je pensais qu'après le sale coup qu'Agathe lui avait fait avec le temps Bérénice se serait détachée d'elle.

_ Bon dieu tu ne peux pas remuer toute cette merde comme ça Cass' !

_ Oh bon sang tu m'emmerde avec tes pincettes ! Essaie de comprendre ce que j'essaie de te dire merde ! Bérénice n'a plus aucun souvenir de cette soirée ! Rien ! Niete! Nada !

_ Comment ça?

_ Je ne savais pas que j'avais fait un pari et qu'il avait pour thème danser comme une pute pour Daniel devant toute l'assemblée. Et que tout le monde me matait et se marrait. Répondis-je entre deux sanglots.

_ Tu as oublié ce moment de la soirée ? M'interrogea-t-il après un silence. Sûrement avait-il cherché à comprendre pourquoi ce moment semblait nous perturber Cassandre et moi.

_ Non j'ai oublié à partir du moment ou la bouteille de vodka commençait à passer et qu'Agathe m'ait servi un verre...

M'entendre raconter ça était pitoyable ! J'étais pitoyable ! J'avais trop honte !

_ Attends est-ce que tu es en train de me dire que ta mémoire te fait défaut ? Demanda-t-il incrédule.

_ Oui.

_ De quoi te souviens-tu exactement?

_ Ce soir là je me souviens qu'après ce dernier verre Agathe m'avait ordonné de me lever pour aller danser... Après ce n'est que le brouillard. J'ai juste ce souvenir de lourdeur et de fatigue intense. Jusqu'ici je n'avais pas vraiment prêté attention j'ai toujours mis ça sur le compte de l'alcool. Expliquai-je en essayant de me relever, aidée par Miller.

Je levai les yeux vers lui et à son regard remplit de tristesse et de peur je fondis encore en larmes. Mon dieu mais c'était sans fin !! Miller m'attira dans ses bras et je me laissai faire.

_ J'espère que ce n'est pas ce que je pense. Dit-il en resserrant ses bras autour de moi.

_ A quoi pensez-vous ? Demandai-je en reniflant. Je sais ce n'est pas très sexy mais je m'en fichai ! J'étais dans les bras rassurants de mon saint Bernard.

_ Je ne sais pas si c'est une bonne idée que tu le saches.

_ Jaime fais pas le gars sur protecteur ! Les femmes ont horreur de ça ! C'est pas comme ça que tu vas te la faire ! Grogna Cassandre exaspérée.

_ Cass' ! Gronda Miller.

_ Dis lui tout simplement. N'aie pas peur des mots !

_ C'est bon je vais régler ça avec elle, tu peux nous laisser ?

_ Oui oui. Et ne la fais pas pleurer ok je culpabilise déjà de l'avoir fait alors...

Ils avaient une sacrée manie de parler de moi comme si je n'étais pas là ! Cassandre s'en alla embêtée par ce qui se passait et moi j'attendais la réponse de Miller. Il baissa la tête vers moi sans pour autant desserrer ses bras autour de moi.

_ Je pense que Agathe ou Daniel ont utilisé une drogue.

_ Non ! Ils n'auraient jamais fait ça ! Pas Agathe ! A l'époque je ne vous fréquentais pas ! Je ne vous calculais même pas. M'exclamai-je en décollant ma tête de son torse sur lequel j'étais bien.

_ Oh cela n'avait rien avoir avec moi. Elle faisait des choses contrariantes sur toi juste pour le plaisir de se rendre plus intéressante aux yeux des autres et t'humilier par la même occasion. Toi, sa copine presque trop banale qui la rendait plus jolie aux yeux des garçons. Elle savait que les hommes te regardaient autant qu'elle ! Crois moi.

_ Ce n'est pas possible...je veux dire les hommes ne me regardaient pas.

_ En réalité c'est surtout Romuald qui était le centre de toute cette animosité chez Agathe.

_ Romuald ? Qu'est ce qu'il a avoir avec nous ?

_ Romuald en pinçait pour toi.

_ Romuald ? Comment... ? Je veux dire je croyais qu'il était gay.

_ Il n'y avait que moi qui le savait. Toute la bande a toujours pensé qu'il l'était et il n'a jamais contredit personne.

_ Comment l'avez vous su ?

_ Il me l'a dit.

_ Et pourquoi ne m'a-t-il jamais rien dit ?

_ Qu'est ce que cela aurait changé pour toi ? Tu ne le calculai pas non plus. Il vivait la même chose pour toi que toi avec Daniel.

_ Oh !

Oui il n'avait pas tord. Et je ne pouvais pas non plus lui jeter la pierre.

_ Ce soir là j'ai pu empêcher des dérapages même si le mal avait été fait. Mais j'imagine que ce soir là n'en était que le premier d'une longue liste et que tu n'en as aucun souvenir. Tant que j'étais là j'ai pu étouffer dans l'œuf les mauvais plans d'Agathe, mais après mon départ je ne sais pas ce qu'elle a pu te faire. Et Romuald n'est pas resté longtemps sur Fallesville lui non plus.

_ Je crains que vous ayez raison. Avouais-je en réalisant que les soirées qui ont suivit le départ de Miller ont en effet changé. Et la façon dont Agathe était devenue plus enjouée avait eu sur moi une sorte de sursaut de retour à la réalité. Peut être qu'inconsciemment je ne me sentais plus en sécurité et protéger par le « saint Bernard ».

_ Je trouvais que tu n'avais pas ta place avec eux, comme moi d'ailleurs. Mais moi le gros du groupe et toi la copine moche on faisait la paire pour les divertir. Sauf que moi je ne me laissai pas faire et personne ne se frottait à moi. Jusqu'à ce que je rencontre Hélène et qu'elle me fasse tourner la tête.

Hélène. Je ne m'aimai pas ce nom dans sa bouche. J'eus un pincement au cœur que je n'aurais pas du avoir.

_ Je me souviens à peu près l'époque à laquelle je ne vous voyais plus.

_ C'est là que j'ai opéré mon changement physique. Et que je ne t'ai plus revu après.

_ Je suis désolée de ne pas avoir remarqué que vous vous occupiez de moi à chaque fois. Et je ne vous ai jamais remercié.

_ Je sais. Je comprends pourquoi maintenant.

_ Peut être aurais-je été plus sympathique avec vous et que nous serions devenus amis.

_ Nous le sommes aujourd'hui non ?

_ Oui.

Il y eut un silence qui aurait put être gênant mais j'en profitai pour reposer ma joue contre son cœur et fermai les yeux. Son cœur battait fort contre mon oreille et fit accélérer le mien par la même occasion.

Ce que j'étais bien contre lui.

_ Je n'arrive pas à croire ce que Daniel et Agathe m'ont fait. Je ne pensai pas représenter une telle menace pour elle et pour son frère. Je ne la croyais pas capable d'en venir à me droguer pour m'humilier ainsi devant ses amis.

_ Très franchement je la crois capable de tout et du pire.

Sa phrase resta en suspend comme si elle présageait bien des choses dont je n'étais pas au courant et que Miller ne me délivrerait sans doute jamais.

Un silence s'installa entre nous. Toutes les infos qui m'étaient parvenues faisaient leur chemin jusqu'à mon cerveau et je réalisai promptement que j'avais vécu 15 ans d'une amitié basée sur la jalousie et le plaisir d'humilier. Mais si Miller n'avait pas été là que me serait-il arrivé ? Qu'est-ce que je serais devenue maintenant ?

Je resserrai mes bras autour de la taille de Miller et fourrais mon nez dans son t-shirt contre sa poitrine. Il sentait bon et j'aimai beaucoup son odeur. En fait à cet instant j'étais bien dans ses bras et je n'avais pas envie d'en sortir.

_ Je suis désolée Jaime de vous avoir fais jouer les chiens de garde durant toutes ses années.

_ Je ne regrette rien.

_ J'étais une imbécile qui voulait ressembler à sa meilleure amie trop jolie et qui voulait jouer à la grande. Ce que je n'étais pas. Et ne le serais sans doute jamais.

_ Tu es bien plus mature qu'elle. Et elle devait redoubler d'efforts pour paraître plus belle que toi. Mis à part Daniel, qui la suivait et confirmait tous ses dires, sache que les autres te trouvaient tous à leur goûts.

_ Vraiment ? Demandai-je en me détachant de lui pour le regarder afin d'y voir s'il ne mentait pas.

_Tu avais beau être maladroite tu étais et es bien plus jolie qu'elle. Décolleté avantageux...chutes de reins très agréables à regarder et un très beau sourire... enjôleur.

Je le lâchai, reculai tremblante pour sortir de ses bras. Il m'en empêcha pas même si c'était du regret que je voyais sur son visage.

Je ne détestai pas l'image qu'il avait de moi, ni celle que les autres avaient pu avoir. Mais l'entendre de sa bouche avec ce ton si désireux et emprunt de sensualité, car c'était bien cela que j'avais ressentis, me mettait dans un émoi particulier. Ce qu'il disait de moi était ce qu'il pensait à l'époque et aujourd'hui. Sinon il ne me courrait pas après comme il le fait. Non?

_ Ne sois pas intimidée par mes mots. C'est ainsi que je te voyais et que je te vois encore aujourd'hui.

Ce qui confirmait ce que je pensai quelques secondes plus tôt. Je baissai la tête gênée par ses mots.

_ Je ...je n'ai pas pour habitude que les hommes me regardent et qu'on me dise des choses gentilles sur ma personne.

Quelle était donc cette manie de bafouiller et de rougir quand on me faisait des compliments?

_ Il y a un début à tout. Sourit-il en se redressant comme rassuré que je ne m'échappe pas après ses mots.

Nous gardâmes encore le silence et il fut gênant cette fois ci. Je ne savais pas quoi penser de toute cette conversation à cœur ouvert de le part de mon boss. Et puis un détail me revint à l'esprit. La vidéo de la danse et du pari.

_ Qu'est devenue la vidéo du pari?

Miller se raidit et fronça les sourcils.

_ Qui t'a parlé de la vidéo ?

_ Cassandre.

Il soupira désemparé par cette information qu'à l'évidence il n'avait pas l'intention de me dévoiler.

Bonjour bonjour les girls!

Une petite aparté entre Bérénice et Cassandre. Et nous voila dans de beaux draps!

Pas de répits pour les braves, notre héroïne commence à sortir de la torpeur dans laquelle était depuis 15 ans avec Agathe et Daniel, et découvre de bien vilaines choses sur son compte.

Agathe vous semble de moins en moins sympathique, non?

Bon dimanche et rendez-vous au prochain chapitre!

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