3. Le nouveau boss. Partie 1.
Je sursautai à la sonnerie de mon téléphone. Je cherchai à tâtons l'objet du délit et l'éteignis une fois sous la main. J'ouvris les yeux et constatai que je portai encore le masque de sommeil, de travers je concède, sur ma tête un peu lourde. A cause du manque évident de sommeil occasionné par ma nuit fabuleuse avec mon amant d'anniversaire. Les souvenirs très chauds me revinrent aussitôt à l'esprit. Je rougis et gloussai comme une gamine. Je tâtai le lit pour sentir si mon amant était toujours là. Il n'y avait plus personne, il était parti. Je pus alors retirer mon masque et soupirer d'aise.
De retour dans mon studio, je filai à la douche et me préparai pour ma dernière journée de travail de la semaine. Devant mon armoire je sortis à la hâte un chino noir et une tunique blanche vaporeuse. Je me maquillai légèrement. Agathe disait que j'étais plus jolie au naturel, mais moi je pense que souligner mes yeux verts ne mangeait pas de pain. Je terminai de faire mon chignon flou quand Agathe fit son entrée toute de blanc vêtue et ses longs cheveux blonds bouclés flottants auvent.
— Alooors? me demanda-t-elle en buvant une longue gorgée de café qu'elle s'était acheté au Starbuck du coin de la rue. Madame était incapable de se préparer elle même du café, alors elle crachait quelques euros régulièrement pour assouvir son penchant pour la caféine.
— Comment te dire....c'était trop chaud!!! Et trop bon!! Répondis-je en me versant une grande tasse de thé bien noir.
— Vraiment?
— Oui et...
— Et alors il a fait quoi? Comme les autres sûrement! Est-il parti rapidement? J'imagine que oui comme les autres! Vas-y, racontes moi tout! me coupa-t-elle sans me laisser le temps de répondre. Et son air suffisant et sûre d'elle m'étonnèrent. Elle fit une grimace grossière qui fit ressortir ses cicatrices d'acné qu'elle avait sur les joues.
Je passai donc sa réaction pour le moins étrange de sa part et lui répondis:
— Il est resté toute la nuit et Oh Mon Dieu!! Ce mec est un dieu du sexe!! Je n'avais jamais eu d'orgasme avant, mais là j'en ai eu trois!
— Arrêtes je ne te crois pas! Trois orgasmes? Laisses-moi rire, c'est impossible! s'exclama-t-elle les sourcils froncés qui accentuaient son air sceptique.
— Je t'assure que j'ai eu trois orgasmes.
— Écoute Bérénice t'es pas obligée de me mentir. S'il était nul ce ne sera pas le premier ni le dernier. Et crois-moi les mecs sont incapables de remettre le couvert tout de suite. Alors trois fois dans la même nuit tu m'excuseras mais... fit-elle en me regardant l'air de dire "ma pauvre arrêtes ton char je ne suis pas dupe"
— Agathe si tu veux en avoir le cœur net, tu n'auras qu'à questionner ton ami. Fis-je pas démontée pour un sou qu'elle ne me croit pas.
Je consultai rapidement l'horloge du salon et avalai en deux bouchées une tranche de brioche.
— Si tu crois que je m'abaisserai à le lui demander.
— C'est dommage tu ne sauras jamais si je dis ou non la vérité. Lui dis-je en allant me laver les dents. En ce qui concernait les détails, elle pouvait attendre ce soir. Car je n'aimai pas du tout son attitude négative. Jusqu'ici elle ne s'était jamais départie de son enthousiasme au sujet de mes plans cul d'anniversaire. Et voila qu'elle se mettait en position agressive à mon encontre. Comme si elle ne se réjouissait pas du tout que j'avais enfin prit mon pied hier soir. Je dirais même qu'elle essayait de trouver des excuses pour se rassurer, elle.
— Et sinon tu as demandé à le revoir? demanda-t-elle à la porte de la salle de bain.
— Non. Nous étions trop occupés... répondis-je en vérifiant ma tenue.
— Donc tu n'as pas l'intention de me demander son numéro?
Je m'arrêtai devant elle et la considérai:
— Agathe si vous lui avez fait signer le contrat ce n'est pas pour rien.
— On ne sais jamais maintenant que tu as soit disant goûté au plaisir, tu pourrais changer d'avis.
— Serais-tu jalouse?
Elle écarquilla les yeux un court instant et se reprit.
— Moi jalouse? Attends ce type n'est pas si canon que ça en vrai.
— Vraiment? C'est pas ce que tu m'as dis hier soir!
— Pas du tout. Enfin je ne m'en souviens plus, j'avais un petit coup dans le nez hier soir! ricana-t-elle en se retournant pour récupérer son sac à main Gucci, qu'elle avait déposé sur le divan.
Alors là elle se foutait de moi! Elle m'avait bien dit au téléphone qu'il était canon. Il est évident qu'elle était jalouse. Je la regardai se mater devant le miroir près de la porte d'entrée et secouai la tête. Il ne servait à rien d'essayer de lui faire entendre raison. C'était un des traits de caractère d'Agathe, de vouloir avoir toujours raison et d'avoir le dernier mot même quand elle avait tort. Et comme j'avais horreur des conflits avec elle, je laissai toujours couler.
— Bon on y va sinon je vais être en retard. Aujourd'hui il y a une réunion importante.
— T'inquiètes, tu me connais! fit-elle en me faisant volte-face.
En effet je la connaissais. Je saisis mon sac à main et mes clefs. Je fermai la porte de mon studio rapidement, car je savais qu'elle était capable de partir sans moi. Elle était d'une impatience! Il m'était déjà arrivée de rester seule sur le trottoir parce que j'avais mis dix secondes de trop à sortir de mon studio. La première fois j'avais mis cet oubli sur le compte d'une conversation professionnelle téléphonique, qu'elle avait. Mais à la deuxième et troisième fois il n'y avait pas de téléphone! Elle n'avait tout simplement pas eu envie de m'attendre et elle était partie. Du coup si je voulais qu'elle me dépose à mon boulot je devais faire fissa.
Je m'assis dans la voiture alors qu'elle se remettait du rouge à lèvres devant son rétroviseur.
— Est ce que tu peux éviter de griller les feux rouges cette fois ci?
— Oh arrêtes! Je respecte scrupuleusement le code de la route! ricana-t-elle pince sans rire.
— Aux dernières nouvelles, griller un feu ne fait pas parti du code de la route. Renchéris-je en m'attachant pronto, alors qu'elle démarrait au quart de tour. Je sentais déjà mon estomac se contracter à l'idée de la voir s'en foutre pas mal des panneaux et autres "divertissantes" indications, comme elle aimait à souligner.
— Oh c'est bon Bérénice détends toi! Je suis sûre que tu es bien plus stressée par ta réunion importante, que par ma conduite sportive.
— Sportive, hein! Je n'ai pas envie de mourir jeune tu vois!
— Ooh puisque tu dis que tu as eu trois orgasmes, tu peux mourir tranquille maintenant! ria-t-elle contente de sa repartie.
— Bah j'espérai trouver l'amour maintenant. Boudai-je en la regardant remonter ses Ray Ban solaires sur son nez.
Agathe éclata de rire comme si je venais de lui raconter la meilleure blague de l'année.
— Trouver l'amour! Encore faut-il que tu te mettes à séduire les hommes! Et c'est pas en couchant avec des inconnus le jour de ton anniversaire que tu y arriveras! s'exclama-t-elle en me donnant une tape sur le bras.
Je la fusillai du regard. Sa mesquinerie me blessait et je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. Parfois elle mériterait des claques et à ce moment là c'était le cas.
Elle doubla une file de voitures dans la ligne de bus, grilla deux feux rouges et un stop avant de me jeter devant mon boulot avec un " bon courage, à ce soir". Puis elle disparut. Je pris une grande aspiration et me tournai vers le bâtiment dans lequel je travaillai depuis huit ans. Il était 8h40 et dans les bureaux de cinquième étage, seules Milla et moi commencions si tôt.
Bon sauf aujourd'hui, j'avais dix minutes de retard. Ma collègue ne m'en tiendra pas rigueur, car elle savait que ma nuit avait été courte.
Je traversai le hall au pas de course, saluai Jeanne, l'agent d'entretien de tout l'immeuble. J'appuyai sur le bouton d'appel de l'ascenseur, et quelqu'un vint se poster à mes côtés. Je levai les yeux vers la personne et découvris Jaime Miller. Il me salua d'un signe de la tête, auquel je répondis accompagné d'un sourire discret. Je profitai pour le scruter en toute discrétion, pour voir s'il n'avait pas de défauts. Il avait un joli profil et ses cheveux châtains avaient l'air doux. Il me jeta un autre regard quand nous entrâmes dans la cabine, mais m'ignora durant la montée de l'ascenseur. A sa tenue raide, je me dis qu'à la maison cela ne devait pas être drôle tous les jours. Mais j'en fis fie et sortis avant lui un peu trop rapidement quand les portes s'ouvrirent. Sauf que je me cognai l'épaule dans l'une d'elles. Ce qui eut pour conséquence de me détourner de ma trajectoire et trébucher. Comment se ridiculiser devant le pote beau gosse du patron?
Jaime Miller me dépassa et me lança un rapide coup d'œil avant de filer vers le bureau de Pacôme. Quant à moi, remise de mes émotions d'avoir failli chuter, je me dirigeai vers le mien. Milla me rejoignit avec deux tasses de thé fumantes. Mon amie affectionnait le thé, tout comme moi d'ailleurs. Et nous avions pris l'habitude de boire une bonne tasse de thé avant l'arrivée du reste de l'équipe le matin.
— Déjà sur le pont à ce que je vois. Dit-elle d'un signe du menton en direction du bureau de Pacôme, ou Jaime Miller venait de s'installer.
Aujourd'hui Milla avait attaché ses cheveux en un chignon banane et décoré ses oreilles d'immenses créoles argentés. Ses beaux yeux lagons étaient surlignés de crayons khôl noir qui les faisait ressortir. Rien ne pouvait plus accrocher le regard que le sien.
— Faut croire. Merci. Répondis-je en prenant la tasse qu'elle me tendait.
— Alors ta nuit? Attaqua-t-elle avec une sorte d'excitation contenue dans la voix.
Je laissai planer le suspens un instant, alors que je la regardai poser ses fesses sur le bord de mon bureau. Ce qui était bien avec Milla, c'était que même si vous lui racontiez quelques secrets ou confidences elle restait muette comme une tombe. Et puis je pouvais tout lui raconter, elle ne me jugeait jamais. Mais bon même si je ne voulais rien lui dire, elle arrivait toujours à me soutirer des infos jusqu' à avoir les détails.
— Fantastique! Bon sang dès que j'y repense je suis toute excitée! Et c'est ma culotte qu'en fait les frais!! Dis-je en piquant mon phare.
— Et bah ! C'est la première fois depuis que je te connais que tu reviens de ta nuit d'anniversaire aussi...comment dire...satisfaite!
— Si tu avais été à ma place crois moi c'est le mot! Ce mec est un " Dieu du sexe" m'écriai-je à mi-voix pour que Miller ne m'entende pas.
— C'est vrai! Ou est-ce qu'elle l'a dégotté, Agathe?
— Aucune idée, mais en tous les cas il est bien plus au fait de la chose que les neufs précédents. Et je suis navrée pour eux, mais ils auraient besoin de prendre des cours avec lui!
Milla ria dans sa tasse avant d'avaler une gorgée de son thé délicieusement parfumé.
— Je suis contente que tu aie enfin pris ton pied! me souffla-t-elle plus bas, sincèrement heureuse pour moi.
— Merci! Toi au moins tu sembles réellement heureuse de ce qu'il m'est arrivé.
— Pourquoi tu dis ça? C'est d'Agathe que tu parles?
— Oui. Je dois dire que sa réaction de ce matin était bizarre. On aurait dit qu'elle ne se réjouissait pas pour moi. D'ailleurs elle ne m'a pas cru quand je lui aie dit que j'avais eu trois...orgasmes. Expliquai-je à mi voix pour la discrétion.
— Trois! Et bien mon vieux! Il est resté toute la nuit alors?
— Oui. Rougissais-je en buvant du thé maintenant qu'il s'était un peu refroidi.
— C'est ce qui s'appelle de la jalousie ma belle! Et je te conseille de trouver le nom de ce dieu du sexe! Parce que je pense que tu devrais le revoir rien que pour le fun de cette nuit.
— Ouais bah essayer de tirer les vers du nez d'Agathe, c'est un peu comme essayer de laver les vitres avec de l'huile! J'ai déjà essayé et je n'ai jamais obtenu ce que je voulais. Même les menaces glissent sur elle!
— Fouiller son téléphone c'est ça que tu dois faire! Elle doit avoir son numéro dedans non?
Elle n'avait pas tort. Je n'y avais pas pensé. Ce n'était pas que je n'avais pas envie de revoir mon amant d'anniversaire pour m'envoyer en l'air de nouveau, mais est-ce que j'avais envie de voir son visage? Telle était la question. Je jetai un œil à l'horloge de mon pc alors que je finissais d'avaler mon thé. Il allait être 9 heures et le reste de l'agence allait arriver. Milla descendit de mon bureau et nous allâmes dans la salle de pause pour prendre le chariot afin préparer la salle de réunion.
— Au fait Gwladys pense que son projet va être retenu. Elle n'a pas arrêté hier midi de me bassiner à ce sujet dans l'ascenseur. Elle va être déçue,Anastasia a entendu Pacôme dire à son copain que son projet n'était pas du tout abouti et qu'il ne fallait pas en parler. Me raconta Milla en prenant un gros carton, dans lequel était ranger les dossiers prévus pour les clients de la réunion d'aujourd'hui.
— Elle a du faire ça à l'arrache comme à son habitude. M'exclamai-je en déposant les collations sur le chariot.
— Je ne comprends pas pourquoi Pacôme la garde! C'est un vrai boulet cette fille! soupira Milla en m'aidant à remplir le chariot de verres et de tasses.
— Tant que son père est client chez nous, j'imagine que Pacôme composera avec!
—Tu parles d'une excuse! grogna-t-elle en reprenant son carton de dossier qu'elle serra contre elle.
— De toute façon comme ses projets ne trouvent jamais preneur, Pacôme ne prend pas vraiment de risque.
— En même temps, il n'y a qu'elle qui prend le risque de l'humiliation à chaque présentation!
— Comme tu dis! Enfin si Georges avait plus de part dans la boite...
— Ouais, je sais il y a longtemps qu'il aurait fait le ménage.
Pacôme était l'associé de Georges depuis environs douze ans. En fait Pacôme avait reprit le poste de son père. Ce dernier lui avait cédé la place avant de décéder d'une longue maladie. C'était lui aussi qui avait monté la boite de pub avec Georges, il y avait plus de vingt cinq ans. Mais Georges approchait de la retraite et pour préparer son départ, il avait vendu toutes ses parts à Pacôme. Et seules Milla et moi étions au courant de cela, car nous étions leurs assistantes respectives.
Je poussai mon chariot jusqu'à la salle de pause, tandis que Milla s'occupait de répondre aux premiers coups de téléphone. Quand j'eus terminé les graphistes et les publicitaires de la société débarquèrent avec leurs odeurs de café et leur humeur un peu tendue.
Pacôme m'interpella dès qu'il sortit de l'ascenseur et je le rejoignis dans son bureau.Je croisai le regard de Jaime Miller qui avait prit ses aises sur le bureau de mon boss. Ce dernier se débarrassait de sa veste tout en donnant ses indications.
— Bonjour Pacôme. Mr Miller. Fis-je en détournant les yeux.
— Bonjour Mademoiselle Lorne. Répondit Miller d'un ton assez froid.
— Bérénice je veux que tu sois présente à la réunion avec Milla tout à l'heure. Une partie de la réunion vous concerne toutes les deux. Annonça Pacôme en tirant sur les manches de son costume haute couture.
Pacôme Lévy était un quarantenaire tout frai. Athlétique, il courait régulièrement et participait à des marathons. Son visage fin au teint mat mettait en valeur ses yeux d'un vert d'eau. Couleur assez rare en soi. Sa chevelure brune était artistiquement coiffé en léger décoiffé, lui donnant cet air décontracté dans son costume cintré. J'étais prête à parier que c'était sa femme Kim, qui l'habillai tous les matins. Jamais la même tenue et pas un pli sur ses vêtements.
— Pourquoi?
— Je préfère attendre la réunion. Préviens Milla que sa présence est requise. Dit-il légèrement tendu. Il semblait stressé et évitait mon regard. Étrange ou cela était de mauvaises augures?
—D'accord. Me contentai-je de répondre.
Je laissai donc Pacôme et Miller pour rejoindre mon bureau et effectuer les taches qu'il m'avait demandé. Puis annonçai à Milla que nous étions dans l'obligation d'être présentes lors de leur réunion.
—Tu ne trouves pas qu'il y a quelque chose qui cloche? Pacôme est plus tendu que d'habitude. Remarquai-je en jetant un œil vers le bureau de mon boss.
— Je n'ai pas vraiment fait attention. Mais c'est vrai qu'il a un air fermé aujourd'hui.
— J'espère seulement qu'il n'y a pas de mauvaise nouvelle dans l'air. Fis-je de retour à mon poste de travail.
Une fois installée à mon bureau, Pacôme accompagné de Miller sortirent du bureau. Ils discutaient d'un des clients qui allait arriver d'un instant à l'autre. Je croisai de nouveau les yeux chocolat de Miller qui cette fois-ci se faisait insistant. Je détournai la tête en rougissant et constatai qu'il ressemblait à cet acteur australien, Sam Worthington. Vous savez le héros dans Avatar. Et faut avouer que Miller avait beaucoup de charme. Je le matai à la dérobée et dans son costume à 3000 il n'était pas dégueu à regarder. Mais étrangement son visage me disait vaguement quelque chose.
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