21. Maladresse et robes du soir.
Mes yeux se posèrent de nouveau sur mon bureau ou trônait, en travers de mon clavier, le carton à dessin d'Anastasia. Merde je devais le donner à Miller et je n'avais pas très envie de me retrouver en face de lui. Surtout après cette incartade dans l'ascenseur. Tout de suite mon cœur commença à battre la chamade tant j'avais peur de me retrouver face à lui de nouveau. Après le savon que Pacôme a dût lui passer il ne doit pas être de très bonne humeur. Comment va-t-il réagir si je frappais à sa porte juste pour lui donner ce fichu carton à dessin ?
Je me décidai donc à aller le lui apporter et me postai devant sa porte. Je pris une grande aspiration je levai la main pour frapper à sa porte et... ne fis rien. Je restai immobile, figée dans mon geste. J'étais bloquée entre deux options :
Première option : Je frappai et on verra ce qu'il se passera après.
Ou la seconde option : Je ne frappai pas du tout et je déposerai le carton vite fait bien fait dans son bureau quand il ira faire un tour aux toilettes. Si tant est qu'il y aille, bien sur.
Je ne savais plus combien de temps j'étais restée ainsi mais je me retrouvai surprise quand il ouvrit vivement sa porte. Il sursauta à son tour en me voyant pousser un petit cri.
_ Mademoiselle Lorne ? Questionna-t-il le regard un peu plus adouci que tout à l'heure.
Bah voilà c'est tranché ! Allez ma vieille vas-y décoince !
_ Euh... Tenez ce sont les planches d'Anastasia.
Je lui les fourrai rapidement dans les mains. D'ailleurs il les reçut de façon plutôt brutale mais qu'importe je m'étais débarrassée du colis et je pouvais retourner à mon travail.
_ Ah merci bien. Fit-il simplement. Il posa sa main droite sur le carton pour le retenir sans me quitter des yeux. Il y avait quelque chose qui me fit frissonner dans l'œillade qu'il me lançait. Et ce n'était pas un frisson d'effroi. Loin de là.
Bon sang ce qu'il était beau !! J'adorai ses yeux bruns, ils étaient tellement sexy et rassurants avec ces petites pépites dorées qui les agrémentaient. Le genre qui me convenait parfaitement. Mais il restait mon patron et cela me gênait un peu. Allez savoir pourquoi !
_ Avez-vous reçu les robes Mademoiselle ? Demanda-t-il la tête penchée sur le coté.
Je papillonnai des yeux et revenait à la réalité.
_ Non pas encore.
_ Très bien. Seriez-vous gênée si je vous demandais de m'envoyer une photo de vous dans celle que vous aurez choisit ?
Il était gonflé lui !!
Il venait de m'embrasser dans l'ascenseur et espérait que je lui envoie une photo de moi avant la soirée de gala ! Comme si cela lui donnait le droit d'exiger autre chose de moi ! Bon je serais ravie de le faire mais je voulais lui en mettre plein la vue samedi ! Il fallait d'abord que je me remette de son baiser très chaud et après on passera à autre chose. Est-ce que je voulais passer à autre chose ? J'avais mon amant que je soupçonnai être Daniel et il y avait Miller qui me mettait dans un état second quand il posait ses yeux sur moi ! Il fallait reconnaitre que les deux étaient la tentation même. Et moi une incorrigible romantique. Par conséquent même si Miller me faisait la cour et que je n'y étais pas insensible, je resterai froide comme le marbre la prochaine fois que l'occasion se présentera. Et je lui dirai le fond de ma pensée.
Et en ce qui concernait la robe il allait devoir attendre samedi. Voilà c'était ce qui s'appelle une décision honnête et raisonnable. Encore fallait-il qu'il soit raisonnable jusqu'à samedi.
_ Euh ... ne préfériez-vous pas avoir la surprise samedi soir ? Lançai-je à tout hasard. Après tout je n'étais pas obligé de le satisfaire.
_ Comme vous voulez. C'était juste pour savoir laquelle vous aviez choisi afin que je vous trouve les chaussures qui irons avec. Fit-il avant de reculer pour poser le carton contre le mur de son bureau.
_ Des chaussures ? Je n'avais pas pensé aux chaussures. Mais vous connaissez ma pointure ?
_ Vous allez me la donner. Sourit-il en coin.
_ Euh oui 38.
_ Merci. Dit-il la tête toujours penchée sur le coté comme s'il attendait quelque chose.
Je reculai de trois pas sans le quitter des yeux, et me cognai au coin de mon bureau.
_ Aïe! M'exclamai-je en me redressant d'un coup pour frotter ma fesse. Ce qui en passant n'avait rien de sexy loin de là. Plus nature que moi y a pas !
_ Vous allez bien Mademoiselle Lorne ?
_ Oui oui. Répondis-je et reculai de nouveau pour buter contre l'armoire classeur avec mon pied, faisant un boucan d'enfer !
Mais bon sang « Miss deux pieds gauches »fous moi la paix !!
_ Vous êtes sûre ? Demanda-t-il de nouveau les sourcils froncés un brin inquiet.
_ Oui oui...aaaah !! Criai-je en faisant un plat quand je ratai ma chaise de bureau à roulettes.
Nooon! Pas ça! Et voilà je me suis vautrée comme une belle merde !
Et devant mon patron et une Milla qui riait derrière sa main tant la situation était comique. Je relevai la tête et vis que ma chaise avait roulé 1 mètre plus loin. Milla et Miller s'étaient précipités pour m'aider, les lèvres animées par un rire qu'ils n'arrivaient ni l'un ni l'autre à retenir.
_ Bérénice ça va? Tu n'as rien ? S'inquiéta Milla pour oublier le rire qui se cachait derrière ses lèvres.
Je n'ai rien ? Je n'ai rien !?!?!Tu crois quoi ?!!! Je viens de me taper la honte du siècle et tu me demandes si je n'ai rien ?!! J'ai le visage tellement rouge de honte que je dois fumer ! Et avec un peu de chance on doit pouvoir y cuire un œuf !!!
Milla me tenait le bras pour m'aider à me relever car cette foutue jupe tailleur version longue ne me laissait pas beaucoup de marge pour écarter les jambes afin me redresser sur mes deux cannes. Et je n'allais certainement pas la relever jusqu'aux cuisses juste pour avoir l'air moins gourde! J'avais déjà fait la position du fessier en l'air version petite culotte fendue à Miller, alors si je pouvais éviter d'en rajouter sur la liste des désagréments qui s'accumulaient je serais plus que ravie.
Miller s'était rapproché de nous et à son air faussement inquiet je remarquai qu'il essayait de se tenir à carreaux pour ne pas rire. Mais le coin de ses lèvres tressautaient à intervalle.
_ Allez-y marrez vous ! Je suis sûre que vous en mourrez d'envie ! Déclarai-je en me redressant bien droite et essayant de faire bonne figure. Je lissai ma jupe pour la défroisser et dégageai mon visage encore rouge de ma chute.
_ Je n'oserais pas. Répondit-il l'œil brillant et le sourire toujours fiché au coin de ses lèvres.
_ Faites vous plaisir ça vous décoincera le balai que vous avez dans le derrière ! Osais-je lui lancer vexée de m'être étalée par terre.
_ Je n'ai pas de balai dans le derrière Mademoiselle. Répondit-il avec un sourire qui fleurissait à vue d'œil.
_ Et bien c'est que vous ne vous êtes jamais regardé marcher Monsieur.
_ Vraiment?
_ Oui.
_ Je vous l'accordes. Mais moi je ne passes pas mon temps par terre les quatre fers en l'air ! Rit-il avec un regard appuyé qui sous entendait notre toute première rencontre. Celle de la culotte fendue.
Ma réaction fut immédiate et je devins écarlate en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Content de lui Miller fit deux pas en arrière tout sourire et s'en alla vers la salle de pause.
_ Gnagnagna ! Gnagna ! Grimaçai-je tout bas dans son dos.
Il disparut et je me redressai afin de me détendre. Car j'étais quelque peu tendue par mon « accident » et l'échange qui venait d'avoir lieu avec Miller. Je croisai le regard de Milla qui me toisait avec un grand sourire plaqué sur le visage.
_ Quoi ?
_ Non rien. Sourit-elle en me scrutant du coin de l'œil.
_ Si si vas-y j'ai très envie d'entendre ce que tu meurs d'envie de me balancer !!
_ Tu veux pas t'envoyer en l'air avec lui ? Me supplia-t-elle avec ses yeux tous brillants comme le chat poté.
_ Quoi ?! Non !! Milla !! Rougissais-je à cette idée. Je me penchai en avant pour vérifier d'un coup d'œil que Miller était toujours dans la salle de pause.
_ Oh aller !! Tu le dérides c'est génial ! Il a un sourire trop craquant ! C'est la première fois pour moi que je le vois sourire comme ça !
_ Je veux bien me vautrer encore si ça t'amuses ! Mais pas coucher avec lui, ça va pas !!
Non mais c'est vrai quoi!
Elle éclata de rire. De son rire communicatif je dus me rendre à l'évidence que cette chute et cette joute verbale avaient quelque peu désamorcé la tension qui régnait depuis la scène de l'ascenseur voir l'ambiance générale tout court. Je gloussai à mon tour.
Miller revint avec un plateau chargé de trois tasses de thé et de petits biscuits.
_ Tenez mesdemoiselles. Et Merci à vous charmante Bérénice pour cet intermède. Vous avez égayé ma fin de journée. Je comprends que Pacôme ne puisse se passer de vous !
_ Euh merci ...bégayai-je en rougissant encore une fois. Mon cœur eut un loupé avant de cogner un peu plus fort.
Tu m'étonnes!
En même temps il s'est tapé un baiser et un pelotage consentant dans l'ascenseur plus une chute des plus comiques! Il y avait de quoi rendre la journée plus douce et supportable.
Il distribua les tasses, proposa un biscuit à chacune puis il trinqua rapidement afin de rejoindre son bureau.
_ Moi je l'aime bien « Le Colonel ». Dit Milla en croquant dans son biscuit du bout des dents alors qu'elle lorgnait l'antre de Miller.
_ Je sais tu me l'as déjà dit.
_ Oui mais toi aussi. C'est trop génial ma meilleure amie va essayer de s'envoyer en l'air avec le patron !! S'écria-t-elle tout bas excitée comme un gamine de 15 ans.
_ Arrêtes non !!! On ne va pas coucher ensemble !! Et on a juste échangé un baiser. Tentai-je de refréner son ardeur a voir le passage de cupidon a chaque situation nous concernant Miller et moi.
_ Oui enfin tu n'es qu'à un cheveu de lui donner ta petite culotte soit dit en passant.
_ Quoi ?! Non !!! M'offusquai-je en rougissant de nouveau.
_ Enfin si tu préfère te persuader du contraire c'est toi qui vois. Ricana-t-elle avant de retourner à son bureau sans manquer de prendre deux trois biscuits au passage.
_ Méfie-toi Milla! Moi qui pensais te demander de venir faire les essayages des robes ce soir chez moi je vais peut être changer d'avis!
_ C'est vrai tu aimerais que je vienne chez toi pour essayer les robes? demanda-t-elle en alerte.
Je venais de toucher au point sensible de la fashionista qui sommeillait en elle.
_ Oui je m'étais dit que comme tu es une coach extraordinaire à ce niveau , tu pourrais m'aider à choisir celle qui m'ira le mieux.
Elle tapota son menton de ses doigts peints en noir en réfléchissant à sa réponse.
_ Tu parle que je veux venir! Topes là ma belle! fit elle tout sourire en tendant sa main.
Je me déplaçai jusqu'à elle espérant qu'elle me balancerait des excuses au passage. Mais que dalle! Elle me toisa de son petit air malicieux et susurra:
_ Par contre cela ne change rien à ce que j'ai dit au sujet de ta façon de voir les choses avec le colonel.
J'ignorai sa dernière remarque car je savais que je n'aurais certainement pas le dernier mot et retournai à mon bureau. Je n'aimai pas les remarques et les allusions de Milla. Parce qu'en général elles étaient toujours bien senties. Aaaaah! Je détestai quand elle touchait des points sensibles comme ceux là!
Je secouai la tête pour me sortir du crane les petites piques de Milla qui me donnaient trop de grain à moudre. Et tentai de reprendre mon travail là ou je l'avais laissé avant le déjeuner. Le téléphone n'avait pas beaucoup sonné ce début d'après-midi, je devrai peut être m'inquiéter de savoir s'il était bien branché.
Après vérification du branchement du téléphone fixe de mon bureau je réalisai que je ne m'étais pas inquiétée de vérifier mon smartphone non plus. Quand je le consultai, je découvris que mon amant avait laissé plusieurs sms. Ce Miller me faisait perdre la tête quand il était dans les parages.
« Je n'arrêtes pas de penser à toi et à cette petite culotte que je rêve de t'arracher ! » disait le premier.
« Tu me rejoints ce soir à l'hôtel ? J'ai des tas d'idées coquines à te soumettre !» faisait le deuxième.
« Ramènes avec toi une de tes nombreuses tenues glamours, ta séance de pose sexy de ce matin m'a mis l'eau à la bouche ? » exigeait le troisième.
« Tu es là ? » questionnait le dernier.
Merde il doit s'inquiéter ! Et re-merde ! Ce soir je ne peux pas j'ai séance d'essayage avec Milla ! Il faut que je lui réponde !
« Je suis là. Désolée il y a eut pas mal de boulot et mon Boss a fait quelques complications. »
Ouais ça c'est un mensonge à moitié vrai. Non ?
« Tu me rejoins ce soir ? »
« Désolée mais j'ai des essayages de robes à faire avec mon amie Milla. Je ne sais pas à partir de quelle heure je serais disponible. »
« Des essayages de robes ? »
Ah oui, je ne l'avais pas mis au courant de cette soirée de gala ce week-end. Avec mon patron en plus. Comment lui expliquer cela sans le froisser. Et surtout lui faire comprendre que nous ne pourrions pas nous voir deux nuits de suite. ce qui en un sens m'embêtait un peu et de l'autre bah... pas tant que cela.
Vite trouver une demie vérité.
« Oui Milla a prévu une soirée entre filles. C'est une question de une ou deux heures»
« D'accord fais au mieux. A ce soir. »
« Ne inquiète pas je ne voudrais pour rien au monde rater une nuit avec toi . » le rassurai-je pour finir.
Je ramassais mon téléphone dans mon tiroir et entrepris de terminer mon travail. Je passai quelques coups téléphone à des clients pour des rendez vous afin de signer les contrats en cours. Puis vers 17 heures un livreur vint déposer trois grands cartons blancs dans lesquels étaient rangées trois robes sublimes et hors de prix. Je signai le bon de livraison et osai ouvrir doucement le premier carton pour découvrir une robe signée Dior.
Couleur vieux rose pale, un bustier faisait un décolleté très années 60 avec un voile transparent aux manches bretelles près du corps agrémenté de broderies florales. Le jupon sous le voile était brillant comme du satin et tombait dans une fluidité parfaite au sol. Elle était magnifique !
Mince alors Miller a mit le paquet ! C'était beaucoup trop pour moi ! Juste pour un gala en plus.
En extase devant cette pure merveille je ne vis pas Milla s'approcher.
_ Nom de Dieu ! Souffla-t-elle, ce qui me fit sursauter.
_ Et ce n'est que la première. Fis-je sur le même ton.
_ Et bien il ne se moque pas de toi dis donc !
_ Non...regardes un peu celle là !
Je sortis du second carton une splendide robe style années 50 Dolce & Gabana en soie blanche avec de grandes fleurs rouges. Un grand dos nu cintrait la taille. Celle ci me plus aussitôt.
_ Et ben Dolce & Gabana...
_ C'est la première fois pour moi que je touche des robes de luxe.
_ Et moi donc !
Je remis dans sa boite la robe et déballai la dernière. Un robe longue en satin couleur champagne au décolleté cœur croisé signée Versace. Wouaw ! Miller m'imaginait dans de telles merveilles. Celle-ci ferrait de moi une femme fatale mais je n'oserai jamais me pavaner dans une telle splendeur. Je n'ai pas assez confiance en moi pour cela. Et puis vu la façon dont se comportait Miller il était hors de question de lui donner de quoi continuer dans ce sens.
Nous rangeâmes la robe Versace dans sa boite en silence et je les empilai au sol pour éviter toute catastrophe de ma part. Milla et moi nous regardâmes un court instant puis nos visages s'illuminèrent d'un coup.
_ Tu seras la plus belle peu importe celle que tu choisiras Bérénice. Me dit elle en passant son bras autour de mes épaules pour me serrer juste un peu.
Je gloussai contente d'avoir en ma possession, même momentanément, des robes de princesse et lorgnai du coin de l'œil la porte de Miller. Il fallait que je choisisse bien ma robe. Je voulais lui montrer que je n'étais pas qu'une godiche qui se prenait les pieds dans le tapis et qui se vautrait lamentablement après un baiser hautement sauvage dans un ascenseur.
Non, je pouvais être la femme que Milla voyait quand elle m'envisageait dans mes vêtements. C'est à dire une magnifique femme. Ce que jusqu'à présent je ne m'étais jamais dit. Non j'ai toujours pensé qu'Agathe était très belle et qu'en comparaison et bien moi je ne lui arrivais pas à la cheville. Je m'étais fourvoyée sous prétexte qu'elle était blonde aux cheveux longs et gauler comme une guêpe. Tout mon contraire. Mais en fait on peut être voluptueuse et sexy comme n'importe quelle bombasse superficielle blonde, brune ou rousse.
_ J'ai hâte de les essayer juste pour voir ce que cela fait d'être dans une robe d'une star! gloussai-je de nouveau.
_ Moi aussi.
D'un air entendu nous nous séparâmes excitées par la soirée à venir. Comme quoi un rien peut rendre des femmes fébriles. Et il n'y a pas forcement besoin d'un homme pour cela.
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