10. Le rendez-vous.

Milla et moi, nous nous étions données rendez-vous à la place de l'hôtel de ville. Milla était toujours en avance. Mais moi? Et bien fidèle à mon habitude je fus en retard.

Le centre ville de Fyrelle-Ville regorgeait de boutiques de mode et de décoration. Il y en avait pour toutes les bourses. Et Dieu seul savait que la mienne n'était pas si pleine! Mais si je ne trouvai pas de quoi me vêtir cela confirmerait ce que disait Agathe: je suis trop difficile! Je vais essayer de mettre de l'eau dans mon vin et de ne pas être trop chiante dans le choix de mes futurs achats.

Et je dus bien avouer qu'avec Milla tout se passa comme sur des roulettes. Peu importe ce que je prenais sur les portants, elle ne me faisait aucunes remarques désagréables ni désobligeantes sur mes choix. Elle se contentait de me diriger sur des choix plus judicieux. Ce qui était nouveau pour moi. Quant à mon père, il suivait et dégainait sa carte bleue dés que je rechignais à prendre certains vêtements qui me plaisaient sous prétexte qu'ils étaient un peu cher pour mon porte-monnaie. Je râlai bien sûr, quand il payait pour moi. Mais il me balançait : "Rien n'est trop cher pour toi ma chérie! Ce que tu veux je te l'offre!" Ouais bah j'avais la nette impression de me la jouer fille à papa, de faire mon "Agathe".

Pour le coup il avait dépensé une petite fortune dans une dizaines de boutiques et à un moment je me suis même demandée si je n'avais pas mis son compte à sec! Cela étant dit, il n'était pas à la rue. Il vivait dans un grand appartement Haussmannien de 200 mètres carrés dans un quartier bourgeois. Il pouvait bien couvrir sa fille unique de cadeaux très utiles! Comme de quoi la rendre belle et sexy pour un futur rendez-vous coquin. Et me faire plaisir ainsi semblait le rendre heureux. Il affichait un sourire qui ne l'avait pas quitté de l'après midi. Sûrement que le fait de passer du temps avec moi, en compagnie d'une amie qui n'était pas superficielle comme Agathe, le rendait joyeux.

Nous avions terminé la journée chez Milla qui nous avait payé un verre. Mon père l'avait remercié mille fois pour cet après midi agréable en nous régalant d'un repas chinois qu'il nous avait commandé. Nous rentrâmes vers 22heures car dés le lendemain il repartait pour la capitale. Alors que mon père s'était couché rapidement juste après notre retour, je m'étais installée un cocon dans mon divan pour faire l'état des lieux de tous mes achats. Assise devant la télévision en sourdine, je ne me lassai pas de regarder ma splendide mallette de maquillage que je venais d'acquérir. Toutes ces couleurs,ces chatoiements, ces textures...

Sur mon ordinateur portable, je surfai sur le net à la recherche de tutoriels de maquillage. J'avais la ferme intention de les tester dés le lendemain. J'avais tout mon dimanche pour me faire la main!

Après maintes et maintes fois regardé mes nouvelles acquisitions, je me prêtais à rêver à mon amant d'anniversaire et aux SMS que l'on s'était échangé. Je les relus et après avoir longuement réfléchi, je décidai de lui donner rendez-vous. Si je voulais avancer, plus vite je me jetai à l'eau, plus vite je me sentirai moins stressée.

Non?

" Je suis prête à te revoir. J'espère que tu n'as pas changé d'avis?" J'envoyai le message le corps qui tremblait comme jamais.

J'attendis qu'il daigne me répondre et pour patienter je me servis sans bruit un verre de chardonnay qui attendait dans le frigo. J'aimais bien boire un petit verre de temps à temps. Bon habituellement c'est avec Agathe que je sirotai un verre. Mais elle n'avait donné aucun signe de vie de la semaine. En même temps ce n'était pas plus mal après sa façon de se comporter, je voulais mettre de la distance. Pourtant il fallait qu'on discute toutes les deux. Mais avant j'allais devoir ramasser ma nouvelle garde robe et surtout et j'insiste bien sur ce mot, surtout bien cacher cette jolie mallette de maquillage toute neuve et rien qu'à moi. Je la regardai avec envie et je souriais bêtement tout en la caressant du bout des doigts quand mon téléphone bipa. Je sursautai en faisant voler mon smartphone à l'autre bout de mon divan. Quelle idiote de se faire surprendre ainsi! Je devais être un peu trop tendue. Organiser un rendez-vous seule était tout nouveau pour moi et cela devait jouer sur mes émotions.

Un SMS. C'était lui. Je l'ouvris toute tremblante et le cœur battant un peu plus fort que le normale. J'étais à la limite de claquer des dents. N'était-ce pas idiot?

"Salut. Non je n'ai pas changé d'avis. J'attendais avec impatience ta réponse et crois-moi je suis très heureux que tu sois d'accord." Répondit-il.

" Quel jour souhaite-tu qu'on se rencontre" attaquai-je en pianotant comme je pus avec des tremblements qui me prenaient de plus en plus.

" Le jour qui te plaira. Mes soirées peuvent t'être entièrement dédiées Bérénice. Je n'aspire qu'à être dans tes bras" Envoya-t-il aussi vite.

Je rougissais toute seule et souriais tout aussi bêtement. Wouaaah il est aussi poète! Avec ce genre de phrase il était normal que je réponde favorablement à sa demande.

"Est-ce que demain soir c'est possible?" Tapai-je. Mais je n'osai pas appuyer sur la touche envoie de mon téléphone. Cela ne paraissait-il pas trop rapide? Ne se passerai-je pas pour une fille facile? Encore cette question qui revenait m'assaillir.

Il ne faudrait pas abuser Bérénice tu t'envoie en l'air avec des inconnus une fois par an...c'était déjà passer pour une la fille facile...

Mes tremblements étaient de plus en plus forts. Si forts qu'ils me firent appuyer sur la touche envoie contre mon gré.

Et merde!

Et bien voila mon sort était scellé.

" Si je pouvais te rejoindre ce soir même, je viendrai si tu me le demandai."Répondit-il sans plus attendre.

Je rougissais encore plus que je ne le faisais déjà et mon cœur se fit entendre encore plus que tout à l'heure. Et si je lui disais oui, débarquerait-il chez moi? Ce n'est même pas concevable de faire quoi que ce soit avec mon père dans la pièce à coté. Et puis je n'étais pas sûre de vouloir le faire rentrer dans mon petit appartement.

" Je pourrai te dire oui mais mon père est chez moi" répondis-je seulement.

" Très bien. J'enverrai un chauffeur te prendre demain soir vers 18 heures. Il te mènera rue Sainte Anne dans un hôtel particulier. Tu t'adresseras à l'accueil sous le nom de Madame James. On te donnera la clef de la suite la plus grande. Tu auras tout le temps nécessaire pour te préparer puis je te rejoindrai. Est-ce que le programme te semble acceptable."

Et voila le rendez-vous était pris. Et je n'avais plus qu'à confirmer et demain soir j'allais m'envoyer en l'air. J'étais toute excitée et tendue à la fois. Quand on a pas pour habitude de gérer sa vie amoureuse, oups pardon sexuelle, cela devenait hyper stressant. Du coup je me demandai comment faisait le commun des mortels?

" Oui le programme me semble tout à fait acceptable. As-tu une préférence en ce qui concerne les déshabillés que je pourrai porter?" Demandai-je en reprenant du poil de la bête. Pour l'instant on ne faisait que discuter et amorcer le désir par des préliminaires téléphoniques. Cela pouvait ressembler à une sorte d'exutoire.

" Surprends-moi." Répondit-il.

Je l'imaginai facilement installé dans son lit nu et au garde à vous. Avec de l'imagination tout est permis!

" D'accord, j'ai toute la nuit pour faire mon choix dans mon armoire dédiée aux dessous sexys et affriolants" Le taquinai-je aux lèvres.

" S'ils sont du même genre que ceux de ton anniversaire je ne vais pas en dormir de la nuit ma belle!"

" Si tu crois que je vais dormir aussi! J'ai l'imagination débordante! Et tu y contribue largement, si je fais référence à tes prouesses de ma nuit d'anniversaire!"

" Arrête je suis prêt à te rejoindre là tout de suite!"

Je souris encore toute seule, excitée par cette conversation et lui répondis par un dernier SMS:

" Patience...Bonne nuit mon inconnu"

Je mis fin à son calvaire. Enfin je n'étais pas vraiment sûre qu'il se calme aussi rapidement, mais cela promettait pour le lendemain soir. Voila l'excitation avait prit le dessus sur la pression et le stress.

" A demain soir Bérénice. Fais de beaux rêves."

Vivement demain soir!

Je posai mon téléphone sur la table basse et le regardai avec un sourire béat collé sur le visage. J'étais en train de me rendre compte que je pouvais gérer ma vie sans l'aval d'Agathe et que cela n'était pas si terrible que cela. Bon peut être un peu stressant et physiquement éprouvant. Mais bon j'avais prit mes propres décisions comme une grande. J'étais fière de moi! J'éteignis la télé après avoir vidé mon verre et filai à la salle de bain me brosser les dents avant de me coucher.


Finalement je m'endormis facilement. Ce fut d'ailleurs mon père qui me réveilla. Il préparait le petit déjeuner en silence. Je me redressai avec la tête de celle qui s'était couchée trop tard.

- Bonjour ma chérie.

- Bonjour papa.

- J'ai essayé de ne pas faire trop de bruit mais ton appartement est si petit qu'il est difficile de faire autrement. dit-il en venant me donner une grosse tasse de thé fumant.

- Merci. Je sais mais pour moi seule c'est largement suffisant.

- Oui et bien le jour ou tu rencontreras quelqu'un j'espère que tu changeras d'avis.

- Euh oui... bafouillai-je ne sachant que lui répondre.

- Ce n'est pas pour cela que tu as fais les boutiques hier? demanda-t-il l'air de rien.

Cherchait-il des infos? Et étais-je prête à dire à mon père ce que je faisais depuis dix ans pour rencontrer un homme l'histoire d'une nuit? Et que j'étais si pathétique que je ne cherchai même pas à savoir qui il était parce que j'avais trop peur d'être déçue. Alors lui expliquer cela allait être dur à avaler. Surtout pour lui faire comprendre que j'allais avoir le lendemain soir une relation uniquement bâtie sur le sexe. Qui plus est avec un inconnu, avec qui j'avais passée une seule nuit, certes fantastique, aurait de quoi lui fiche une de ces trouilles.

Non! De cela je n'étais pas prête! Et puis parler de sexe avec mon père non merci! J'avais déjà eut cette expérience à l'age de 12 ans juste à la période ou il a reprit sa place de père après son absence dépressive. Et cette situation nous avait mis mal à l'aise tous les deux. Enfin dans mon souvenir je le revois encore rougissant et bafouillant des mots qui n'avaient aucun sens pour moi à l'époque.

Je regardai mon père avec tendresse. A la puberté, il avait fait l'effort de devoir m'informer sur la façon dont on faisait les bébés. Cela n'avait franchement pas dut être évident pour lui. C'est à ce moment là que le présence de maman nous avait le plus manquée. Toutes ces questions sur les changements du corps à l'adolescence, les amoureux, le sexe et les interdits comme les cigarettes que le copains fumaient en cachette derrière le rack à vélos à la sortie du collège.

Maman me manquait beaucoup même si je ne le disais jamais à papa. Son Décès avait causé une dépression telle chez mon père, qu'il m'avait oublié dans son chagrin. Et depuis le jour ou il s'en est sorti, il s'est attelé à se rattraper dès qu'il pouvait. En venant passer quelques jours chez moi et en me couvrant de cadeaux tels que des créations de parfum dont je suis sa seule muse. Le plus bel ode à l'amour d'un père à sa fille. Mais en ce qui me concerne il y avait un grand vide en moi que je n'arrivais pas à combler. J'étais effrayée de m'attacher sentimentalement. J'avais toujours peur que les amis que je me faisais, pouvaient un jour disparaitre et que j'en souffrirai comme pour maman. Même si les amis n'ont rien à voir avec une mère.

Et pour les petits amis? C'était encore pire! Car l'amour , c'est engager des sentiments plus profonds, plus intimes. On se livre bien plus car on veut pouvoir se fondre et se projeter dans l'autre. Et les sentiments que j'éprouvai pour Daniel sont assez confus je dois dire. Je le trouvai très à mon gout, j'espérai chaque fois que j'étais en sa compagnie, qu'il se penche sur moi et se rende compte que j'étais celle qu'il lui faut. Nous nous connaissons depuis plus de 15 ans et nous savons comment nous nous comportons avec le sexe opposé. Malheureusement pour moi il ne m'avait jamais vu comme une petite amie potentielle. Non je voyais bien que je n'étais qu'une sorte de petite sœur qu'il aime taquiner régulièrement. Parce qu'il n'a jamais le dessus sur Agathe de toutes façons. J'espérai encore malgré tout qu'un jour il ait un éclair de lucidité sur moi. Sans doute, attendais-je le même amour que celui qu'avaient vécut mes parents. Je savais pertinemment que je ne vivrai jamais ce même amour, mais seulement un qui s'y approcherait. Et puis quand je me remémorai l'état dans lequel était mon père à la mort de ma mère, je n'avais pas envie de vivre ce sursis là.

Alors ce qui m'empêchait d'aller vers Daniel et de me jeter à l'eau définitivement était sans doute la peur d'être rejetée par lui ou alors de devoir vivre un jour une rupture. La peur de s'engager à faire quelque chose réellement.

- A quoi penses-tu Bérénice? Demanda mon  père d'une voix douce.

- A toi papa. La prochaine fois tu prendras tes vacances en même temps que les miennes?

- J'essaierai.

C'était toujours la même réponse. Je le soupçonnai d'en faire exprès pour être sûr de vaquer à ses occupations tranquillement durant la journée. Comme retrouver une amie ou une petite amie et le soir me retrouver comme si de rien n'était. Enfin c'est ce que je ferrai si c'était moi.

- Mon train part à 11 heures. Tu m'accompagnes à la gare?

- Oui avec plaisir.

- Je déteste repartir de chez toi. La route est toujours trop longue quand je repars vers la capitale.

- La prochaine fois amène ta petite amie avec toi! Je boutai en scrutant sa réaction derrière ma tasse de thé.

- Que ... non je n'ai pas de petite amie! S'insurgea-t-il avec un peu trop de véhémence.

- On va dire ça! Je souris en plongeant mon nez dans ma tasse alors qu'il rougissait comme jamais je ne l'avais vu faire.

- Je peux te faire des pane cakes si tu veux. Bredouilla-t-il pour changer de sujet alors qu'il retournait à la cuisine les joues rouges.

Il me faisait sourire à rougir comme un ado prit sur le fait!

- Oui je veux bien mon petit papa.

Passé ce moment de gène, provoqué de façon indélicate de ma part, nous avions déjeuné de façon volubile. C'est comme si nous avions des tas de choses à nous dire à deux heures de son départ. Comme si n'avions pas eut le temps durant la semaine de le faire. Et chaque fois c'était pareil.


Je regardai le train de mon père s'éloigner et je n'avais pu retenir ma petite larme. Il ne le savait pas mais ces dix dernières années c'était devenu récurrent. Je pleurai chaque fois un peu plus. Même Agathe n'était pas au courant. Je ne voulais pas leur dire de peur de leur donner du soucis inutilement. De retour à mon petit appartement, mes larmes s'étaient taries. Je ne commençai à faire un brin de ménage afin de me préparer psychologiquement à mon rendez-vous de ce soir.

Et la pression faisait son bonhomme de chemin. Car finalement le rendez-vous n'était-il pas trop rapide?

Attends ma vieille tu as oublié la petite conversation avec ton amant hier soir? et tu te souviens de l'état dans lequel tu étais?

Ouaiiiis! Excitée comme jamais!

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