Le lendemain, pressée de retrouver Jean, je me rendis à l'adresse que m'avait transmise Pierre. Je fus bien étonnée en arrivant devant le bâtiment de découvrir qu'il s'agissait d'une société spécialisée dans les technologies informatiques. J'imaginais Jean plus comme enseignant en littérature, poète à ses heures perdues. Je m'adressai à l'accueil et la secrétaire m'expliqua que les employés prenaient leur pause déjeuner à douze heures trente. J'allai donc m'asseoir à l'extérieur sur un banc, profitant du beau temps.
J'étais en pleine contemplation des nuages moutonneux lorsque je repérai Jean. Je le hélai. Il s'avança vers moi très surpris et en même temps visiblement mal à l'aise.
<<Bonjour, me dit-il en s'éclaircissant la voix.
--Bonjour Jean, vous permettez que je vous appelle par votre prénom ? demandai-je.
--Oui bien sûr, me répondit-il. Que me vaut votre visite ? interrogea-t-il.
--Pierre m'a chargée de vous transmettre un message en retour. Le voici, expliquai-je en lui tendant l'enveloppe.
--Merci>> me dit-il ému.
Il décacheta le courrier et lut. Quelques larmes roulèrent sur ses joues et il se détourna pour ne pas être vu.
<<C'est beau, n'est-ce pas ? repris-je quand il eut terminé sa lecture.
--Oui, c'est magnifique, articula-t-il encore bouleversé. Vous avez compris à quel point nous nous aimions, je suppose, ajouta-t-il. Mais notre amour est voué à l'extinction. Alfred de Musset, un de mes auteurs préférés a écrit si justement : <<Et n'oublie pas ceci: c'est que souvent l'amour meurt parce qu'on ne fait pas, pour le conserver, tout ce qu'on avait fait pour l'inspirer>> me cita-t-il.
--Vous êtes un poète, Jean. J'ai foi, pour ma part, en vos retrouvailles. Tout n'est pas perdu. Votre fille est encore jeune, certes, mais dans peu de temps, vous pourrez lui parler de vos sentiments et elle comprendra, j'en suis certaine. Ne mettez pas un terme à votre liaison avec Pierre, repris-je.
--Vous devez avoir raison. Cela demande réflexion. Je me sens tellement perdu et mortifié dans l'âme et le cœur. Merci d'être venue. Je ne m'attendais pas à une telle empathie de la part d'une inconnue que j'avais enrôlée de force comme pigeon voyageur. La vie réserve de belles surprises aussi. Merci encore de tout cœur>> ajouta-t-il.
Il me serra dans ses bras comme Pierre l'avait fait la veille.
Il dégageait de ces deux êtres égarés sur la voie de l'amour une aura chaleureuse et lumineuse. Ils étaient à vrai dire exceptionnels. Je songeai à ma propre vie et me dis qu'il allait me falloir revoir certaines priorités. J'avais en l'espace de deux jours reçu une grande leçon de vie et d'amour.
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