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Résonne, carillonne, mélancolique clavier. Les anges déchus ont perdu leurs ailes mais s'élèvent pourtant dans le ciel. C'est l'amnistie, la trêve.

Le pianiste pleure. Son clavecin est inondé. Ses mains martèlent délicatement les touches blanches pour mettre un peu de clarté dans cet enfer paradisiaque créé par la mélodie envoûtante.

Il joue, il ne peut s'arrêter. La fin l'effraie. Il est en symbiose, il est corps à corps avec son instrument majestueux. Son cœur s'émiette et son âme souffre mais il se sent bien. Il n'entrevoit pas un ailleurs. Il ne vit que pour sa passion.

Le volume augmente. L'ambiance devient assourdissante. Le pianiste est à l'acmé du plaisir de ses sens. Les sanglots jaillissent telle une éruption volcanique. Il crie, il hurle son délice, son délire et sa terreur. Il ne peut plus se taire.

Les notes l'emportent avec elles, l'emmurent dans un caisson de résonance, le lacèrent mais il est heureux. Point d'orgue. Le silence se fait. Le pianiste a disparu de son tabouret. La pièce est étrangement vide. La fenêtre est ouverte.