C'était un jour pluvieux du mois de décembre, Elsa et son père se trouvaient devant l'école maternelle patientant avant de rentrer dans la classe de madame Judith. Le père d'Elsa était anxieux pour sa fille qui elle même se sentait désorientée. En effet, ce matin là, elle allait intégrer une nouvelle école, après avoir déménagée à Paris. L'angoisse lui serrait le cœur, n'était-elle pas trop petite ? Arriverait-elle à se faire de nouveaux amis ?

Madame Judith sortit de la classe pour les accueillir. C'était une femme d'un certain âge, avec des traits doux et elle parut aussitôt très agréable à Elsa. Lorsque cette dernière eut passé le pas de la porte, les enfants arrêtèrent leur activité de poterie et une vague de calme s'abattit sur la classe.

Tous se mirent à la fixer avec insistance ce qui la fit trembler de tous ses membres. Elle ne pouvait plus bouger, comme paralysée à l'idée d'être sondée par toutes ces paires d'yeux. Toutes, sauf une qui appartenait au plus beau petit garçon qu'Elsa n'eut jamais vu.

Assis par terre avec toutes sortes de jouets autour de lui, il paraissait calme, ce qui mettait en valeur la grâce de son allure. Il avait l'air absorbé par son jeu qui l'isolait du reste de la classe, occupé à malaxer la matière visqueuse. De petite taille, plus petit encore que les autres il arborait de belles boucles d'or qui lui tombait sur le visage telle une cascade. Ses yeux semblables à deux agates s'étiraient en amande et il semblait y briller une lueur de douceur et d'innocence.
Ses joues rebondies et colorées inspiraient à Elsa un sentiment de gaité. Elle eut envie d'y déposer un baiser et cela la surpris beaucoup d'éprouver un tel désir.

S'étirant pour former un sourire, sa bouche entrouverte laissait apparaître d'adorables espaces entre ses dents de lait, les dernières qui n'avaient pas encore été échangées contre une pièce par la petite souris.

« Va t'assoir sur le tapis des jeux puisque tu es arrivée après le début de la séance de poterie. » dit la maîtresse à Elsa coupant court à ses rêves.
« Assit-toi à côté de Victor, le garçon qui joue au dinosaure »

Elsa suivit alors le regard attendri de madame Judith et ainsi leurs yeux se rencontrèrent. À cet instant le temps s'arrêta, elle comprit instantanément que ce garçon si mignon qui portait un si doux prénom serait pour toujours son compagnon de jeu préféré. Elle n'aurait pas su comment expliquer ce sentiment si nouveau qui venait de naître en elle. Était-ce de l'amour ?

Il sembla à Elsa que, dans le regard chaleureux que portait Victor sur elle, s'était allumée une lueur incandescente ce qui éveilla chez elle un fol espoir.

Elle le rejoignit, fébrile. Lorsqu'elle s'approcha de lui, le petit garçon lui tendit son tyrannosaure d'un air joyeux. En attrapant le jouet, leurs mains s'effleurèrent ce qui l'électrisa.

« - Merci. murmura-t-elle, troublée.
-Comment t'appelles tu ? Moi c'est Victor.
-Je le sais déjà, lui répondît elle en souriant, mon prénom est Elsa »

Un ange passa. Ils étaient tous deux émus pas la beauté de l'autre.

Durant tout le temps de l'activité poterie les deux enfants jouèrent ensemble avec les dinosaures. Elsa s'étonna que le temps passe aussi vite aux côtés de Victor entre rires et discussions. Le reste de la journée passa d'une traite.

En effet, la maîtresse, voyant qu'ils s'entendaient si bien ensemble les plaça côte à côte la journée durant. Même à la cantine ils n'avaient pu se quitter. Au dessus de leurs assiettes de hachis Parmentier ils avaient échangés un deuxième long regard qui sembla les lier profondément.

Lorsque la cloche sonna l'heure d'arrivée des parents, Elsa sentie qu'on allait la déposséder de quelque chose, ou plutôt de quelqu'un mais lorsque les bras de son père s'ouvrirent devant elle, elle sut que dès le lendemain, elle retrouverait son bien aimé. C'était une évidence.

En elle venait de s'installer le grand amour.

***

Mon petit récit a été rédigé pour un DSF de français qui devait traiter le sujet des rencontres amoureuses et je me suis donc dit que cela concerne tout le monde puisque l'on passe tous par cette période mystérieuse de notre vie.