Chapitre 4

Je m'entendais mieux avec Loki. Nous mettions du temps à nous apprivoiser l'un l'autre, mais nous y arrivions pas à pas.

Le dieu avait encore ses mauvais jours, où il restait enfermé toute la journée sans un bruit. Je ne le dérangeais pas, laissant faire le temps.

Parfois il était courtois et poli, lâchant de temps en temps un sourire, jouant à me faire sortir de mes gongs à l'aide de ses remarques exaspérantes que je commençais à bien connaître.
Mais d'autres jours encore, son caractère emporté, sa colère et sa douleur prenaient le dessus. J'avais appris à mes dépens que dans ses moments-là, mieux valait ne pas trop l'approcher.

La nuit, il m'arrivait de l'entendre parler et gémir dans son sommeil.
Une fois, il avait crié.
J'avais mis du temps à me rendormir.

J'apprenais aussi à Loki les coutumes et les habitudes des gens sur Terre, différentes par bien des aspects de celles d'Asgard, où il avait grandi en prince.
Le dieu fut stupéfait d'apprendre que je devais aller moi-même au magasin acheter de la nourriture, que les voitures ne quittaient pas le sol et que les gens ne se prosternaient pas sur son chemin. Il mit beaucoup de temps à digérer ce dernier point...

Un jour, alors que je surfais sur l'ordinateur et que Loki lisait l'un de mes livres dans le canapé, quelqu'un sonna à la porte. Nous nous regardâmes. Personne n'était venu me rendre visite depuis que je vivais ici. À vrai dire, je ne connaissais pas grand monde.

Je fus prise d'un doute et eus des sueurs froides. Peut-être que c'était le Shield. Ils savaient que Loki était là et ils venaient l'emmener en m'accusant au passage de trahison. Je pâlis. Loki ne bougeait pas, les doigts crispés sur le livre, un voile sombre devant les yeux.
Non, il ne pouvait pas savoir que je travaillais pour le Shield. Il ne savait même pas ce que c'était... Pas vrai?

La sonnette retentit une deuxième fois, me faisant tressaillir. Il fallait que j'y aille, cela paraîtrait louche autrement.

Je fis signe à Loki de ne pas bouger et me levai pour aller ouvrir, priant le ciel pour ne pas trouver Coulson sur le pas de la porte.
La porte grinça lorsque je l'ouvris.
- Bonjour Ella!
Un immense soulagement m'envahit.

Devant moi se tenait ma voisine, Marthe, une vieille dame qui s'occupait toute la journée des fleurs de son jardin et qui me saluait lorsque je passais devant chez elle pour aller à la plage. Il n'y avait pas plus gentille dame au monde. Elle me souriait de ses lèvres ridées, un bébé gazouillant dans les bras.

- Bonjour Marthe! m'exclamai-je joyeusement en ouvrant la porte en grand. Comment allez-vous? Vous avez l'air en pleine forme! Venez, entrez!
- Oh, tu es bien gentille ma chère petite, me répondit Marthe de sa voix éraillée avec un sourire désolé. Mais je n'ai pas le temps... Je suis vraiment désolée d'avoir à te demander ça, mais je n'ai pas d'autre solution...
- Tout ce que vous voulez, vous savez bien que vous ne dérangez jamais, la rassurai-je gentiment.

- Et bien, ma fille m'a confié son bébé pour la journée mais j'avais un rendez-vous médical à St Denis, à l'autre bout de l'île que j'avais complètement oublié, expliqua la vieille dame en désignant le petit dans ses bras. Je me suis trouvée bien embêtée car je ne peux pas l'emmener avec moi... Est-ce que tu pourrais me le garder le temps que je revienne? Je ferai vite, promis...

- Bien sûr Marthe, ne vous en faites pas il n'y a pas de soucis! dis-je en souriant. Prenez votre temps et revenez quand vous voulez, je prendrai soin de lui. Oh, il est vraiment adorable... ne pus-je m'empêcher d'ajouter devant les petites mains potelées qui s'agitaient devant moi. Comment s'appelle-t-il?
Marthe sourit, l'air soulagée.

- Merci beaucoup Ella, tu m'enlèves un grand poids de la poitrine. Je sais que je peux te fait confiance! Il s'appelle Jean-Eude, continua-t-elle en me le tendant.

J'haussai un sourcil et me mordis les lèvres pour m'empêcher de rire.
- Jean-Eude? Et bien... Voilà un prénom original, je suis sûre qu'il va faire des jaloux! déclarai-je en essayant de rester sérieuse.

- Ça c'est sûr! Bon, je file alors, merci encore Ella! me lança la vieille dame en partant à petits pas rapides.
- À tout à l'heure! lui répondis-je avant refermer la porte, le bébé dans les bras.

- Mais tu es adorable toi, chuchotai-je en me penchant vers le petit bout qui m'observait de ses grands yeux bleus. Bienvenue à la maison, Jean-Eude...
Un petit rire s'échappa de mes lèvres.

- Je peux savoir ce qu'il y a de drôle? demanda alors Loki en sortant de l'ombre, sur le qui-vive. Qui était-ce?
- Ma voisine m'a demandé de m'occuper du bébé de sa fille pour la journée, expliquai-je en le montrant au dieu. Loki, je te présente Jean-Eude.

Loki me regarda.
- C'est une blague?
J'éclatai de rire.
- Non, je te promets qu'il s'appelle vraiment comme ça! m'esclaffai-je.
- Il a été adopté ou quoi? marmonna Loki. Ce n'est ni humain ni asgardien un nom pareil...
- Apparemment si... Le pauvre...

À l'instant où je prononçai ces mots, le bébé se mit à pleurer dans mes bras, ses cris aigus vrillant mes tympans.
- Ah flûte! Euh... Là, fais dodo, mon petit... bredouillai-je en le berçant maladroitement dans mes bras, prenant soudain conscience que je ne m'étais jamais occupée d'un bébé auparavant.
Maligne que j'étais d'avoir accepté!

Loki avait reculé de quelques pas en grimaçant, les paumes plaquées sur les oreilles.
- Mais fais-le taire! s'exclama-t-il.
- Comment?!
- Je ne sais pas, donne-lui un coup sur la tête!
- Mais ça va pas?!
- Quoi? On va pas le laisser brailler toute la journée!!
- C'est un bébé Loki, il ne va pas se taire si tu le lui demandes!
- Alors qu'est-ce que tu suggères?!
- Il a peut-être faim?
- Ça mange quoi un bébé sur Terre?
- Euh... Du lait?
- Tu en as?!
- Non!!
- Par Odin!! jura désespérément Loki qui semblait sur le point d'exploser.

- Bon, je vais en chercher, je reviens dans dix minutes! m'écriai-je avant de lui mettre le bébé hurlant dans les bras, d'attraper mes clés et de sortir de la maison à toute vitesse.
- Ella! Attends! Ne me laisse pas avec cette chose!! pesta Loki derrière moi.

Même si je n'en menais pas large non plus, je ne pus m'empêcher de rire à l'idée du dieu du mal effrayé par un petit bébé en pleurs.

J'avais presque envie de le laisser se débrouiller... Néanmoins, si je le laissais patienter trop longtemps, je savais qu'il me le ferait regretter et j'avais promis à Marthe que je m'occuperais de Jean-Eude. Or, je ne savais pas combien de temps tiendrait encore Loki avant de craquer et de le balancer par la fenêtre...

Je me dépêchai donc d'acheter du lait spécial bébé sous les yeux amusés de la caissière qui me connaissait bien, et repartis en courant vers la maison.
Mais lorsque j'arrivai devant la porte, plus aucun cri ne se faisait entendre. Mon sourire se fana.

Non.

Il n'avait pas osé?!

J'entrai en coup de vent telle une furie, prête à tuer le dieu s'il avait osé faire taire le bébé par quelque moyen... Peu ordinaire.
Mais je m'arrêtai net face au spectacle qui s'offrait à moi.

Loki faisait les cent pas sur la terrasse, fredonnant une comptine asgardienne en berçant doucement le bébé dans ses bras. Il ne m'avait pas entendue arriver. Attendrie, je déposai doucement le lait à terre.

Une main minuscule sortit du linge dans lequel le bébé était enveloppé et vint se poser sur la joue du dieu. Celui-ci sourit tendrement, et enveloppa les petits doigts dans sa large paume. Puis, il déposa un délicat baiser sur le front du petit.

Je n'en croyais pas mes yeux. Était-ce bien le même Loki en face de moi que quelques minutes plus tôt?

Quelques instants plus tard, le bébé dut s'endormir car Loki s'arrêta de marcher et releva la tête vers moi. Il rentra à l'intérieur, et alla doucement déposer le bébé dans son propre lit, entouré d'épaisses couvertures pour l'empêcher de rouler et de tomber à terre. Je n'avais pas bougé, pétrifiée.

Lorsque le dieu revint vers moi, il dit simplement:
- Je crois qu'il avait besoin de sommeil.
Et il repartit s'asseoir dans le salon avec son livre.
- D'a... D'accord... balbutiai-je, perdue.

J'avais décidément encore beaucoup à apprendre.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top