2. Le Plan.

Los Angeles, 2027

Je n'aurais jamais cru possible un jour de pouvoir être un membre à part entière de ce genre de délire. Je savais que mes parents avaient eux aussi, dû faire un pacte avec le diable pour survivre. Et même si la protection de mon dernier parent aurait dû m'éviter ça, le mal est fait.

Je n'ai pas le choix, mais de me pousser à continuer, et qui sait je pourrais peut-être changer les choses. J'ai reçu de la part d'un collègue messager, une missive du bras droit. Toujours aussi invisible lui, quand c'est pas pour m'en foutre une.

Elle m'indiquait, l'heure, l'endroit et le pourquoi de cette mystérieuse réunion, où j'allais rencontrer ces personnes qui feront parties du plan. Ce fameux plan où j'allais réellement me mettre en danger au profit du boss.

Je pousse la porte de cet ancien studio qui me sert de maison pour rejoindre le fameux rendez-vous. Je marche calmement, parmi la foule du centre-ville. Dans moins d'une heure, il n'y aura plus que les fêtards, et tout ces gens dangereux auxquels je fait partie. Je mets mes écouteurs et passe en mode invisible. Je me fiche des autres et de moi, juste je rejoins l'objectif.

Ma musique étant trop forte, je ne calcule pas les passants et le mal se fait. Je me cogne contre quelqu'un, ce qui fait tomber ma capuche, et l'autre personne fait tomber son sac en bandoulière de son épaule.

Rhô, à vomir ce genre de situation.

J'allais me pencher pour le ramasser, mais ses yeux gris se fondent dans les miens. Que quelqu'un me sorte de là, ce contact m'angoisse, il semble vouloir me dire quelque chose, un pardon peut-être ? C'est bizarre, il me semble familier.

Je n'ai pas vraiment le temps de parler, parce que derrière lui je rencontre le regard d'un flic, qui me reconnaît facilement, capuche baissée.

Et merde ! Je rabats ma capuche, j'ai seulement le temps de lâcher un "à bientôt, peut-être" avant de détaller comme un lapin dans l'avenue. C'est pas possible, cette situation m'a mise à découvert!

Déjà, le policier parvient à se frayer un chemin parmi la foule, il crie éperdument dans son talkie tandis que je coupe par la route en courant à en perdre haleine. Je manque de me faire écraser, mais je rejoins l'autre côté. Mon esprit marche à une vitesse folle tandis que je me fais courser par maintenant trois agents. S'ils croient que c'est eux qui vont m'avoir, ils se mettent le doigt dans l'œil!

Je tourne à droite et m'engage dans une ruelle calme, mais toujours bondée, du moins bondée de mauvaises personnes.

J'entends les sirènes de polices dans mon dos et parvient à passer au-dessus d'un mur, je balance les plaques en bois qui m'ont permises de monter.

J'aperçois au bout de la ruelle les flics qui me lancent un regard noir. Je rajuste ma capuche en leur envoyant un clin d'œil et disparais. Ils ne me suivront pas ici.

Une dizaine de minutes après, et mon souffle reprit, j'arrive dans un lotissement presque abandonné. Les jeunes jouent au foot en me regardant passer, les quelques femmes que j'aperçois détournent le regard tandis que les hommes haussent un sourcil quand je les toisent.

Je jette un coup d'œil au papier au fond de mon poing qui m'indique l'immeuble treize. Je le trouve plutôt rapidement et aperçois un homme habillé en noir, discret, qui semble être plutôt bien baraqué. Un garde à coup sûr. Je reconnais la marque dans son cou. Uaip, y'a pas à chier, c'est ici.

Je me glisse jusqu'à lui, au début il me repousse et me dit d'aller voir ailleurs. Je fais tomber ma capuche sur mes épaules et lève un sourcil dans sa direction.

-Je m'appelle Jessie Miller, soupirai-je, je fais partie de la "team".

Il m'observe quelques instants, regarde quelque chose sur son portable, puis se décide à m'ouvrir la porte dans son dos.

-Ils t'attendent, souffle t'il, tu es en retard.

-J'ai eu un contre-temps, affirmais-je, une petite poursuite dans les rues de LA.

Il roule des yeux et je m'engage à l'intérieur. Au loin, j'observe de la lumière et je distingue des voix fortes, des rires aussi. Je suppose que c'est la salle tout au fond; quelle idée de se retrouver dans une cave miteuse, argh.

J'entre dans une salle, assez grande je trouve et j'aperçois le fameux bras droit, accompagné d'une autre femme et de trois hommes, sans parler des quatre gardes du corps autour de lui.

La pièce a été aménagée malgré tout, l'endroit reste confortable avec un canapé, deux fauteuils, une table basse et un petit meuble où du vin et de l'alcool siègent, j'aperçois une canette de coca et une autre d'ice tea, je suis honorée qu'ils aient pensé à moi, seule mineure ici visiblement. Les murs sentent le moisi, mais ça m'ait égale, j'ai de l'ice tea !

Je saisis rapidement la canette de jus de fruit et un chocolat qui traînait dans un bol.

-Jessie ! S'exclame t'il en me voyant me faufiler entre tout le monde jusqu'au butin, notre grande stratège !

Je préfère l'ignorer et serrer rapidement la main de chacun d'eux, je remarque une place assise alors je m'y avance, du moins j'essaie. Je les saluent à peu près tous d'un hochement de tête. ils ont tous l'air...plus vieux.

-On en parle maintenant ? Marmonne un des trois hommes au regard sombre au fond de la pièce.

Je me retourne, et remarque quelqu'un dans le fond de la pièce, tiens tiens, je l'avais pas vu celui-là !

Il m'observe bizarrement, comme s'il voulait me tuer, alors je lui rends le même regard en soulevant délicatement ma chemise pour lui afficher le revolver que j'ai pris au cas où ça puisse dégénérer.

Il me montre à son tour son arme, le même modèle que le mien, il affiche un sourire narquois, auquel je réponds avec un sourire sarcastique.

Trêve de plaisanteries, tout le monde nous regarde bizarrement.

Jake, exaspéré, prend la parole et me les présentent :

-Jessie, voici tes coéquipiers, celui avec lequel tu sembles avoir des différents s'appelle Dave, c'est un de nos tueurs à gages, la femme qui refait ses cheveux se prénomme Lady T, elle est redoutable en manipulation, puis il y a enfin les jumeaux Kyle et Kevin, ils seront les gros bras de l'affaire.

Je les observe un par un en souriant, et pendant qu'il finit sa phrase je m'assied sur la place libre, en ouvrant ma canette.

-Qu'est-ce qui t'amuse ? Réplique un des jumeaux, tu sais que tu ne serais pas là sans le big-boss.

Dites donc c'est qu'il est insecure. Faut se détendre, on a tous notre place ici. Je pointe du doigt le fameux jumeau et questionne :

-Il s'agit bien de Kyle Leton ?

Le bras droit acquiesce, étonné.

-Comment connaît tu nos noms ! Réplique t'il.

Je me redresse puis dépose mon sac à dos à mes pieds.

-Il y a trois ans, une ado de treize ans s'est infiltrée dans un bar bourré de dealeurs pour foutre le feu dans le toit, et faire fuir tout le monde, ce jour-là les jumeaux Leton on échappé de peu à la police de Los Angeles, la gamine, c'était moi, racontais-je.

Sur leurs visages je lis un mélange d'incompréhension et tiens, de reconnaissance. Dans ce monde de brutes mieux vaut imposer sa place, au risque qu'on se la fasse piquer alors même qu'on était assis dessus.

Le dit-Kyle ne dit rien de plus, et Jake débute enfin sa petite réunion.

Dave, écoute sagement, pourtant je sens son regard insistant derrière mon épaule, il me gonfle lui. Notre précepteur insiste sur certains détails, et une bonne heure après, il nous libère enfin.

En sortant du local, sous une pluie battante, l'un des membres me retient en serrant dans sa main mon poignet.

Je fais volte-face en me dégageant presque aussitôt. Il ne s'agit que de Lady T, elle s'excuse même de m'avoir fait peur. Purée, j'ai eu la trouille !

-Ne m'en veux pas, assure -t-elle, je voulais juste te parler de Dave.

Mon regard reste méfiant, c'est quel bail de jouer avec mes réflexes, au juste ?

Ce dernier discute avec les jumeaux, ils me lancent parfois des regards curieux, et très peu discrets !

-Je sais que tu es une excellente éclaireuse, et certainement une des meilleures de cette équipe, sourit Lady T, mais tu dois bien faire attention, ce monde pourrait très vite te surprendre.

Je croise les bras sur ma poitrine et plisse les yeux.

-Je le sais, ça, soufflais-je, tu ne m'apprends rien !

-J'en doute pas, soupire-t-elle, seulement nous sommes des femmes, soit prudente mais assure ta place, ils sont plus forts parfois qu'on ne pourrait l'imaginer.

Une limousine entre sur le parking, et Lady T s'éloigne déjà, d'un geste de la main, elle grimpe dans le véhicule en me laissant là, pensive.

Je réajuste mon sac à dos ainsi que ma capuche sur ma tête et passe près des garçons.

Comme je m'y attendais, l'un des trois retient à son tour mon poignet. Lorsque je fais volte-face, prête cette fois-ci à en découdre, il s'agit de Dave qui me fais signe de ne pas être brusque.

Mec, tu viens de faire exactement comme ta pote juste avant, c'est-à-dire jouer avec mes nerfs. Il a intérêt à avoir une bonne raison, parce que si c'est pour me prendre la tête, il le regrettera très vite !

-T'inquiètes, soupire t'il un sourcil arqué, je voulais te féliciter pour tout à l'heure, t'as un sale caractère.

Ouais, bizarre, son regard mène à croire qu'il en rie depuis l'intérieur, je soupire et souffle un merci à peine audible, tellement sa gaminerie m'énerve.

-T'as quatre ans ou la vingtaine ? balançais-je, retourne jouer dans le bac à sable au lieu de te foutre de moi, mec.

Je me dégage presque aussitôt de sa poigne avec dédain, je peux voir sa haine grimper en flèche, mais les jumeaux le retiennent et lui montre du regard le bras droit qui se tient non loin de là, comme un ange gardien.

Je les ignore et trace ma route pour rentrer chez moi, et vite, mieux ne vaut pas traîner trop longtemps dans L.A à cette heure-ci, et je ne supporterais pas une minute de plus leur compagnie ridicule !

RÉÉCRIT le 30/05/23

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