Los Angeles

Après l'exécution de Gale, j'ai eu du mal à me remettre sur le droit chemin, j'ose espérer que Jake a pensé que c'était peut-être ma première fois. Que sais-je.

Même Sanchez a pas essayé une seule fois de me déranger, comme si pour une fois il savait qu'il ne valait vraiment pas me pousser à bout. Je pensais même qu'ils allaient me laisser tranquille, mais j'ai eu à peine vingt quatre heure pour me remettre de mon meurtre. Je me sens comme un monstre et eux ils ont toujours besoin de moi visiblement.

Après tout, il serait peut-être temps de me remettre les idées en place et une nouvelle mission va me le permettre. Ou bien ils se sont dit que m'éliminer ou me virer serait plus efficace.

-A plus, lançais-je à Sanchez lorsque je passe le palier de notre "chambre" et qu'il s'apprête à entrer à l'intérieur.

Il hoche la tête et me fait un signe de la main, une sorte de bon courage. Merci, je dirais. Je traîne un peu des pieds sur le chemin vers une des salles d'entraînements, on m'a conviée à m'entraîner avec Jason lui même, on va voir ce que ça donne. J'ai rien demandé et je sens que ça va être l'occasion pour eux de tester mes limites. C'est commun, on teste les limites de son soldat avant de l'envoyer au combat. Si je réussi leurs soit disant tests, je partirai en mission.

Quelque chose me dit que c'est en lien avec les renseignements que Gale leur a donné. Ce code me dit quelque chose, mais je tente au mieux de masquer un quelconque souvenir. 3398194HKD

J'arrive enfin devant le bâtiment, avec deux minutes d'avance, le garde en face montre bien que notre chef est à l'intérieur, pourtant il me laisse passer facilement. La salle d'entraînement est vaste, mais l'entrée est ridicule, une porte pour les toilettes, une autre qui indique les vestiaires et de l'autre côté sûrement un placard à balai. Ils ont tamisé les lumières, ce qui rend l'ambiance encore plus flippante que prévue. Mais je vais redoubler d'énergie aujourd'hui.

J'entre dans la pièce et retire ma veste, je la pose sur une table non loin de là. Bizarre, il n'y a personne. Je regarde autour de moi, alerte aux moindres mouvements, pas de chance il y a pas mal de cachettes. Les tapis au fond, les sièges derrière moi, les placards muraux et la sortie de secours. Je garde mon sang froid et décide d'aller m'échauffer avant qu'ils n'arrivent. Les jambes, les bras, les poignets. Tout doit y passer.

Puis brusquement, les lumières s'éteignent. Je suis plongée dans le noir complet, le hall, le couloir et la vaste pièce sont dans les plus profondes ténèbres que j'ai pu apercevoir. Merde. Je sais exactement quoi faire, mais pour une raison qui m'ait étrangère, mes jambes tremblent légèrement. Je me baisse et me positionne poings dressés devant mon visage et mes sens sont en alerte. Je ressens comme une présence. Il y a quelqu'un, il ne fait pas un bruit mais il est bien là, prêt à je ne sais quoi. Je sens l'air qui passe contre mon visage, je sens la panique qui s'encombre dans mes poumons.

Je sens tout et rien à la fois, j'ai l'esprit libre et complètement submergé. Je sais que je suis faite pour ça, ce genre d'adrénaline. Mon sang ne fait qu'un tour quand mon mystérieux adversaire passe brusquement à côté de moi. Je sursaute et fait quelques pas en arrière.

Au même moment, un sifflement brut s'échappe de ce qui doit être des hauts parleurs et la voix de Jason s'en échappe :

-Bienvenue dans la chambre panique, dit il juste, bonne chance à toi Jessie, tu n'as qu'une chose à faire, mettre à bas ton adversaire.

Je m'apprêtai à l'insulter, mais je me ravise, cela indiquerai juste ma position à mon adversaire, et si le but est de le rétamer, alors c'est ce qu'il va lui arriver. Je m'oblige à faire quelques pas et à sentir les vibrations du tapis dans tout mon corps. C'est pire qu'être aveugle, mais ma vue commence à s'habituer au noir petit à petit et je distingue au moins les murs, le tapis et la sortie de secours.

Je sursaute, voilà qu'il vient à nouveau de me frôler ! Je ne sais pas qui c'est mais cette personne joue avec mes nerfs ! J'avance dans la bonne direction cette fois-ci, j'avance tellement doucement que je ne m'entends même pas réfléchir. J'entends son souffle et quand je me sens assez proche...j'attaque !

Je laisse tomber tout mon corps contre mon adversaire qui referme ses bras sur moi pour amortir notre chute. Une fois sur le sol, je tente de saisir ses bras ,mais nous ne faisons que rouler encore et encore, par je ne sais quel moyen il parvient à me décrocher un sacré coup dans la tempe. Je m'effondre sur le côté, à demie-assommée, mais ça ne m'empêche pas de me relever sur les genoux et de me retourner pour l'attaquer encore une fois. Il est mieux préparé et contre le trois quart de mes coups cette fois-ci.

Je pensais pas réussir à lui en décocher un seul, mais un de mes coups de pieds atteint sa cible, il s'effondre sur le sol, le mollet droit entre ses mains. Il lève la tête vers moi, et je lui offre un de mes poings. Il s'effondre à son tour et je me positionne sur son dos, je saisis ses poignets et met tout mon poids contre lui, carrément essoufflée.

A peine ais-je finit de le maintenir, que les lumières se rallument aussi vite qu'elles se sont éteintes, mes pauvres iris peinent à ne pas être agressées par la lumière qui m'éblouit. Adossé contre l'encadrement de la porte : Jason Anderson. Il m'observe de loin avec un sourire rassasié, il est fier de ce qu'il voit.

-C'est quoi votre problème ! balançais-je, c'est quoi ce genre d'entraînement foireux !

Il éclate de rire maintenant et me pointe du doigt avec un air satisfait :

-Voilà, c'est ça que je veux ! Cette rage que tu as en toi, c'est ce qui te maintient en vie, et c'est ce qui maintient mon fils entre tes mains.

Ah oui, mon adversaire. Il a tenté de se défaire quand les lumières se sont rallumées, mais je ne l'ai pas laissée faire. Une minute...son fils ?

Une lueur de malice passe dans son regard tandis que le mien est confus, je me relève et laisse mon adversaire se relever également. Plus difficilement parce que j'y suis pas allée de main morte.

-Merci fils, pour ton engagement, sourit il, tu l'as bien amoché, commente t'il en levant son regard vers moi.

Mais moi je suis focalisée sur qui est cet homme dos à moi, son fils ? Celui que j'ai entendu dans la salle de réunion ? L'homme ne se retourne pas, il essaie même de fuir je dirais. Mais Jason le retient d'une main et l'incite à venir me serrer la main. Il y a une longue pause où je me sens plus que mal à l'aise. Le garçon que je viens de battre se retourne et là, c'est la douche froide.

Yeux gris se tient devant moi, la lèvre complètement explosée et un filet de sang coule d'une de ses narines. Il pose ses yeux pour la première fois sur moi et une vague de haine m'envahit.

Je le tue du regard, mais il continue de s'avancer et me tend sa main ensanglantée. Lui est honteux de devoir dire bien joué, mais je souhaite personnellement revenir cinq minutes en arrière pour mettre plus d'énergie dans le coup de pied entre les jambes que je lui avait mit.

-Jessie, sourit Jason, je te présente Kaï, mon fils.

Je dirige de nouveau mon attention sur ce fameux Kaï, qui fixe le sol.

-Tu t'es bien battue, affirme t'il, une adversaire à ma taille.

Il plonge son regard dans le mien juste après ça, et je préfère serrer sa main rapidement que de le laisser s'humilier de la sorte. J'ai assez d'empathie pour ça.

Kaï dispose ensuite, il disparaît dans le hall principal et Jason m'encadre de ses deux larges mains sur mes deux épaules.

-Quelle bonne énergie que j'ai là, que dit tu de signer ton premier contrat ? propose t'il grand sourire.

Je suis répugnée par son contact, mais je garde la face et hoche la tête :

-Volontiers.