1. Le contrat.
Los Angeles, 2027
Les cheveux bruns de Jessie volent dans son dos, ses sens sont en alerte, elle regarde rapidement derrière elle. Autour d'elle les rues de Los Angeles semblent lui bloquer le passage, comme si comme elle, ils redoutaient quelque chose.
Ou quelqu'un.
La jeune fille fuit quelqu'un, une personne qui lui veux du mal. Elle rabat sa capuche sur sa tête et s'enfonce dans une petite ruelle. Il y a un renfoncement avant la sortie, alors elle s'y blottit dans le but de se faire le plus invisible possible.
La jeune fille respire trop vite, ses poumons sont en feu et elle ferme les yeux le temps d'un instant. Même après toutes ses années, être suivie n'est jamais une chose maîtrisée.
L'homme qui la suivait passe devant la petite ruelle et continue sa course plus loin. Jessie peut enfin souffler, elle est sauvée.
Mais, pour combien de temps?
La messagère s'engage dans la rue dans laquelle la ruelle débouche et se remémore rapidement l'itinéraire qui la conduira jusqu'à chez son patron. Elle va certainement en prendre pour son grade, mais la jeune n'imagine même pas ce qui pourrait arriver à Henry, le garçon qui était avec elle.
Changement de point de vue
Une heure et demie plus tôt
Je referme mon sac à dos après avoir vérifié sa contenance, et rejoint en deux foulées Henry. La nuit commence déjà à tomber, je ferme la fermeture éclair de ma veste. Les rues sont sombres ici, il n'y a que la lune pour nous illuminer, les pavés sont même glissants à cause de la pluie d'hier, je me les caille.
Quant à henry, il ne semble pas plus dérangé que ça, ses cheveux blonds sont coiffés à l'arrière de son crâne. J'imagine bien ses yeux verts scruter les alentours, il ne fait pas loin d'un mètre soixante et onze. Et, il a dix-huit ans, deux de plus que moi. c'est un allié redoutable, mais j'avoue que parfois je déteste travailler avec lui.
Henry marche devant moi, j'aperçois son glock coincé dans son jean, en un geste il passe sa veste dans son dos pour cacher l'arme.
Je tiens dans mon sac ce que l'équipe adverse souhaite, trois précieux documents qui les sauveraient de la prison à perpétuité. Seulement, en échange, la mafia veut un petit millier de dollars en petites coupures. Rien que ça.
Nous arrivons une dizaine de minutes plus tard sur un parking abandonné derrière un ancien bâtiment en chantier. On est en retard, mais j'avoue que j'en ai un peu rien à foutre.
J'aperçois deux pick-up noirs à une dizaine de mètres de nous, ainsi que deux personnes en train de discuter. Ils s'arrêtent de parler quand ils nous voient arriver.
-Surtout, reste bien derrière moi, souffle Henry, il vaut mieux que je parle.
Comme d'habitude, pensais-je.
C'est pas comme si j'étais qualifiée bien sûr, argh il se prend pour qui, on a le même grade!
Les deux hommes, que je reconnais être taillés dans de la glace tapotent la vitre, et deux nouveaux hommes tout autant mastocs qu'eux descendent du véhicule pour faire office de renfort. Je déglutis, décidément, c'est pas de chance.
Je retire ma capuche, l'un d'entre eux me regarde avec un air dédaigneux, outré. Pour qui il se prend au juste ? J'arque un sourcil dans sa direction, il a jamais vu de femme de sa vie?
Léo prend la parole :
-La mafia a trouvé ce que vous vouliez, donnez nous l'argent, et vous aurez vos précieux documents, lâche t'il d'une voix sûre.
-C'est une fille ? Questionne l'un des quatre un sourcil levé dans ma direction, celui qui me regardait mal.
J'admets qu'avec une capuche on doit pas trop me reconnaître, mais merde, l'irrespect.
-Et alors? Tu devrais fermer ta grande bouche si tu veux que l'échange se passe bien, menaçais-je, connard !
Il serre les dents tandis que son coéquipier le retient du bras, alors que Henry me lance un regard noir. Je me ressaisis, et la tension semble redescendre d'un cran, c'est peu suffisant. cet échange est une bombe à retardement !
J'analyse et scrute chaque mouvements de nos ennemis, chacune de leurs positions. Pour le moment ils sont collés au véhicule, et assez loin de nous pour avoir une avance si on veut s'enfuir.
Soudain, la vitre se baisse et un homme au visage ridé apparaît. Nom de dieu, lui ! Il a du culot de se pointer devant nous ! J'avance d'un pas, remontée. Henry est du même avis.
-Vous, lâche Henry d'un ton sec, vous savez ce que la mafia pourrait vous faire !
Je vois du coin de l'œil l'un d'entre eux s'approcher trop vite de moi, merde.
Tandis que mon partenaire discute sagement avec le boss du camp adverse, ironie. Je me prépare à me défendre. Je ressers les bretelles de mon sac à dos, tant pis pour mes cheveux.
Je positionne ma main sur le revolver dans mon jean, prête à le sortir si mon coéquipier s'attire des ennuis plus grand que lui.
Deux des quatre hommes sont prêts à se jeter sur moi. Je commence sincèrement à m'inquiéter quand la voiture de gauche se vide de deux personnes.
Il sont maintenant six, dont trois à quelques mètres de moi. Je ne serais pas capable de me battre contre ces molosses ! Sachant qu'il doit y en avoir bien d'autres à cette allure ! Putain, pourquoi on n'a pas fait pareil?!
-Henry, lançais-je, on devrait y aller ! Genre, vraiment...
Pile au moment où il me jette un coup d'œil, les trois se jettent brusquement sur moi.
Je n'ai pas une seconde d'avance, l'un m'encercle par la taille et me soulève du sol, par je ne sais quelle force je parviens a me retourner et me débattre suffisamment pour qu'il me lâche. Je suis à présent au sol, tandis que pas loin, Henry a ses propres difficultés, les trois autres lui ont sauté dessus aussi.
J'engage les festivités dès que mes fesses touchent le sol. Je fais un croche patte au premier en face de moi, ce qui me donne assez d'élan pour me relever et sauter sur le côté. J'essuie de justesse un coup fatal et sort mon arme. J'abats la crosse dans son visage, trop surprit par ma rapidité il n'a pas eu le temps de parer. Il titube en arrière, et s'effondre.
Le suivant est déjà plus rapide et aux aguets, il contre deux de mes coups, mais j'arrive à le frapper au visage. Malheureusement, le premier à avoir été blessé arrive à me surprendre dans mon dos et m'arracher mon sac à dos.
Dans la panique, mon arme tombe et glisse plus loin à cause de l'eau. Fait chier!
Les trois m'immobilisent, tandis que je vois au loin que Henry a réussit à se défaire des siens, il dégaine son arme et, oh non! Il tire en direction de la porte passager. Oh mon dieu. Je grimace, supposant qu'il vient non seulement de buter un homme convoité, mais qu'il aurait pu être retrouvé plus tard, vivant.
Malheureusement, les trois autres m'arrachent mon sac à dos.
Ce n'est alors qu'une question de secondes pour qu'au moins un encore debout et un des miens fonce sur lui. L'arroseur arrosé. Je me débats, en les insultant de tout les noms. L'un d'entre eux m'assène un violent coup au crâne.
Mes sens s'amenuisent déjà, mais l'adrénaline coule encore dans mes veines. Malgré la douleur qui me lance dans tout le corps, je force un retournement de situation en piétinant ses bijoux de famille . Je me penche vers ma cheville pour saisir la lame que je cache et la plante dans le pied du deuxième dans un énième coup de maître.
Je récupère le sac à dos et mon flingue. Je menace le dernier garde de mon arme et remarque rapidement que Henry s'est filé en douce, d'autres gardes sont sûrement partis à ses trousses. Le garde subjugué par ce retournement de situation tente une approche plus démocratique.
Moi? Je connais pas ce mot, alors je baisse le canon de mon arme et presse la détente, la balle se loge pile en dessous de son genou.
Je ne perds pas une minute et profite de leurs états d'inconscience pour attraper la valisette aux pieds des gardes assommés. Je jette un coup d'œil au siège avant, deux petites secondes me suffisent pour me convaincre de courir jusqu'à en perdre haleine loin de ce parking abandonné.
Quand j'arrive chez le patron, je reprends mal à la tête, ils n'y sont pas allés de main morte ! Je masse mes tempes douloureuses en m'accordant trente secondes pour reprendre mon souffle.
Je m'empresse de toquer à la porte ensuite, il s'agit d'un des gardiens qui m'entraîne à l'intérieur. Il parle fort, trop vite, et en espagnol, bon sang je ne comprends rien de ce qu'il me raconte !
Le bras droit du big-boss entre dans le salon alors que je reprenais enfin mes esprits. On m'a passé une poche de glace qui est posé sur ma lèvre gonflée, j'ai même pu m'asseoir sur ce super siège !
Ses yeux noirs jettent des éclairs, sa taille imposante me fait légèrement frémir, il n'en mène pas large, le plus drôle ce sont ses cheveux noirs et fins qui retombent constamment devant ses yeux ! Il doit bien faire plus d'un mètre quatre-vingt et soixante-dix kilos !
Il s'approche très rapidement de moi, trop, et comme si ce n'était pas assez, Jake m'envoie un coup de poing dans le visage. Je tousse et crache du sang en me penchant sur le côté. Je suppose qu'il n'a pas aperçu la valisette à mes pieds !
-vous devriez me remercier ! Crie-je révoltée et en sang, j'ai échappé à ses monstres tout en gardant ce qu'ils voulaient et en ramenant une partie du butin !
-Tu as abandonné ton partenaire ! Lâche l'homme d'une voix lourde de reproche.
-Quoi ? M'exclamais-je, c'est une blague j'espère ! Il a sauvé ses fesses sans même m'aider, vous ne le saviez peut-être pas, mais on s'est retrouvés face à TJ, et Henry l'a buté, cet abruti.
Je lui jette un regard noir tandis que le sien fond d'incompréhension. Hé oui mec, tu hurles sur la mauvaise personne.
J'essuie le sang qui coule de mon nez et me redresse sur le siège, dépitée. Jake se radoucit, et fronce les sourcils :
-Il l'a tué ? Questionne t'il, cette valisette, c'est l'argent ?
-J'en ai vu assez, soupirais-je, il lui a envoyé une balle c'est déjà pas mal, nan ? Et oui, j'ai récupéré ce que je pouvais avant qu'ils ne reviennent.
-Cesse d'être insolente, me reprends le garde, tu viens de te faire rouler. Il s'est radoucit lui aussi, mais il m'observe depuis tout à l'heure depuis le bout de la pièce.
-Merci, j'le savais, grognais-je en détournant le regard et en massant les jointures de mon poings droit.
-Il va falloir que tu m'expliques, souffle le bras droit, tout en détails, je sais que tu es blessée, mais on demande de la rigueur et de la loyauté, tu veux perdre notre protection, c'est cela ?
Intérieurement je hurle, à l'extérieur je me contente d'acquiescer tranquillement et de me redresser sur mon siège. Alors je raconte tout, du début jusqu'à mon arrivée ici, en détail comme demandé, Jake toujours debout est pensif; mes derniers paroles restent comme suspendues dans l'air, puis il disparaît.
Super, je fais quoi maintenant ?
Quand je me lève pour le rattraper et lui demander ce qu'il fout, les deux gardes m'agrippent les épaules et me rassoient sur les coussins, un peu trop brutalement.
Alors, je prends mon mal en patience et me balade dans la pièce, j'observe chacun des bibelots. Cette pièce est plutôt jolie. Tout d'abord il y a un grand et large tapis qui recouvre la majeure partie de la pièce. Au nord, il y a la double porte ouverte qui mène sur le couloir où Jake a disparu. Derrière moi, la porte par laquelle je suis entrée. Le reste ce sont des murs, des étagères, des cadres vides, souvent, une ou deux peintures. Il y a même une cheminée avec quelques filatures dorées sur le bois. Des babioles en tout genre, de la boule à neige à la coupe antique. Il y a un grand canapé genre année 1800, facile.
Il y a deux sièges dont celui sur lequel j'étais assise et une petite table basse avec des journaux du LA times. Je me sens constamment surveillée par ces gros bras. J'en peux plus !
Quand je me lève pour aller emmerder les deux balèzes, le bras revient subitement dans la pièce. Il est tout rouge, et tient dans sa main plusieurs feuilles agrafées ensemble et un stylo. Il souffle fort, on dirait qu'il est contrarié, ou qu'il vient d'aller faire la grosse commission.
-Bon, le boss m'a fait passer ça dit-il en même temps.
Un rire malin s'échappe d'entre mes lèvres, mais je me ressaisis rapidement quand je me rends compte qu'il me parlait. Cet humour me tuera un jour.
-Pardon m'sieur, déglutis-je, tu disais?
-Ceci est un contrat de promotion, dit il en grimaçant, le big-boss a apprécié ta main-d'œuvre de ce soir, tu es promue messagère-éclaireuse, ton salaire augmente, tu passe à 1500 dollars en plus sur ton compte.
-Mais, je n'ai pas de compte ? Vous me payez toujours en liquide, affirmai-je confuse, en feignant de ne pas m'étouffer en entendant la somme.
-Ah, oui, se souvient il, regarde dans ton contrat, il y a une feuille volante, tu rejoint à présent la banque partenaire, tu pourras récupérer ton argent depuis le guichet.
Je regarde bien les conditions, et heureusement car je remarque que j'ai l'obligation de répondre à leurs appels et de faire tout ce qu'ils veulent. Je grimace, mais pour autant d'argent, je ferais tout.
Et puis, c'est pas comme si en tant que messagère j'avais déjà certaines obligations, pires que celles-ci. Je signe alors et lui tend le document, je garde la feuille volante.
-Je peux partir ? Demandais-je en soufflant, secrètement fière de moi.
Il accepte et me propose qu'une de leur garde me raccompagne, je refuse et quitte les lieux sans ménagement.
Comme si c'était pas surtout pour me suivre en douce, c'est con, j'ai déjà fait fuir le trois quart des éclaireurs qu'ils ont envoyés m'épier.
RÉÉCRIT le 30/05/23
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