Chapitre 4
Ma cuisine n'était pas assez grande. Pourtant avec les deux plans de travail, il y avait un peu de quoi se cacher. J'y entrais et condamnais la porte derrière moi. Je m'abaissai et me mis à avancer à pas de canard autour du premier plan de travail. Lentement, je me rapprochai de la source des claquements de dents. Désormais au coin de ce plan, je n'avais plus qu'à faire un seul mouvement pour que...
— Putain ! lâchais-je, surprise.
Mes yeux se vissèrent en un éclair sur ma main gauche. Elle était presque clouée au sol. Transpercée par un de mes couteaux de cuisine. Un rire nerveux m'échappa. Pas mal petite Jess, pas mal. Je retirai l'arme qu'elle m'avait plantée dans la main, d'un coup sec. Subitement, je me tins débout. Je me dirigeai à grandes enjambées vers le second plan de travail. Elle avait fini par user ma patience. Deux pas et un angle. C'était tout ce qui me séparait de ma proie. Elle n'avait pas bougé. Elle aurait pu courir vers la sortie. Ou même s'éloigner quand je m'approchais. Elle n'en fit rien. Un soupir. Un bien assez bruyant pour lui rappeler que j'étais encore là. Que nous jouions désormais à mon jeu, plus le sien. Rien n'y fit. Si elle insistait...
En une fraction de secondes, je fis disparaître l'écart entre nous.
— Boo ! susurrais-je sur un ton malicieux.
Étonnamment, elle fut prise d'un sursaut. Puis, ses yeux déjà embués furent à nouveau remplis d'effrois. Ah ! Mes instincts avaient pris le contrôle. Mon couteau s'était enfoncé dans son abdomen. Ses cris de douleur furent étouffés par ma main gauche. Ma main sur sa bouche, nos sangs se mêlèrent. Un doux frisson me parcourut.
Ses mains s'abattaient sur mon visage pour m'éloigner. La seule chose qu'elle réussit à repousser fut mon masque. Le pauvre, il alla valser loin.
D'un tour du poignet, je fis bouger la lame dans les entrailles de Jess. Ses cris mouraient toujours dans ma paume. Elle luttait. Contre la douleur, contre l'horreur que je lui faisais subir. Contre moi ? Elle ne résistait pas vraiment. Elle était ma proie. Pourtant elle semblait en proie à autre chose. Frustrée, je retirai mon couteau. D'une voix effrayante, je lui criai de fuir. De me fuir.
Malgré la douleur, elle s'exécuta. A quatre pattes, elle essayait de m'échapper. Malgré ses blessures, elle ne hurlait pas. Elle se contentait de serrer les dents. C'était injuste. Comment osait-elle me faire ça ?
Elle avançait. Vers où ? Je ne pouvais le dire. Elle avançait juste. Certes lentement, mais elle le faisait. Et moi ? Je l'observais. Accroupie près d'elle.
D'un mouvement brusque, je mis mon bras droit autour de sa taille. Le gauche, qui désormais tenait ma lame, se rapprocha de son ventre. Je déchirai encore plus sa peau. Ouvrant grandement la blessure sur son abdomen. Une fois de plus, elle ne hurla point. Sa mâchoire se resserra. Un cri muet. C'est tout ce que je pu tirer d'elle. Résignée, je relâchai ses hanches.
Nerveusement, je fis passer l'une de mes mains ensanglantées dans mes cheveux. J'étais mitigée. Devais-je continuer de jouer ? Devais-je m'arrêter là ? Etais-je satisfaite de ma prise de cette soirée ? Aucune réponse ferme n'arrivait à se formuler dans mon esprit.
Je la regardais toujours avancer. Du moins, si on pouvait appeler cela comme ça. Elle se déplaçait désormais à « trois pattes ». Sa main droite reposant sur son ventre. Peut-être essayait-elle d'empêcher les composantes d'en sortir ? C'était une piètre tentative. Dans cette douce obscurité, je voyais bien ses boyaux dégouliner. Quel beau spectacle.
Animée soudainement par un sentiment étranger, je me rapprochais à nouveau d'elle. Elle accéléra sa cadence pour m'échapper. En vain. Je l'immobilisai assez facilement. De quelques simples mouvements de la main, elle se retrouva dos au sol. Moi au-dessus d'elle. Déjà fini ? Non. Je ne le voulais pas. Hélas, mon corps ne m'écoutait plus. Je levai mon arme et la fis passer devant les yeux de Jess. Tels les patients chez les médecins, elle suivit mon arme de gauche à droite.
Elle était épuisée. Vidée. A bout de souffle. En proie à la douleur et au désespoir. Ses yeux larmoyants m'imploraient de mettre fin à son calvaire. Enfin ! Seulement, son sourire. Il me narguait ouvertement. Elle osait sourire dans un moment pareil. Sacrée Jessie, joueuse jusqu'à la fin...
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