VI. 27 novembre 2014.

Le soleil se couchait sur la maison des Marcelin. Et la vie s'y agitait. Dans le salon, Catherine, assise sur son canapé en cuir, mélangeait nerveusement son thé. Alex, après être sorti de sa chambre, descendait calmement les marches boisées de son escalier, et se rendait vers le salon. Il passa par le couloir, jonché d'œuvres d'art en tous coins, puis par la cuisine, où le cliquetis d'une pendule accrochée au mur blanc résonnait. Quelques photos de famille reluisaient. Enfin, en pénétrant le salon, il se trouva nez à nez avec sa mère, qui l'attendait. Les rayons de Soleil orangés teintaient le visage de cette dernière, tout en soulignant son expression ferme, et donnaient à ses cheveux bruns une couleur rousse dorée.

Elle posa sa tasse de thé.

-Alexandre, je suis navrée, mais il va falloir que j'appelle la police, on ne peut pas la garder.

Le jeune homme, légèrement nerveux, inspira un coup.

-Maman..elle n'a rien fait de mal..et..elle est totalement inoffensive je peux te l'assurer.

Catherine gardait son apparence ferme. Elle caressait son pendentif.

-Tu n'en sais rien. Cela fait à peine plus d'un jour que tu la côtoie. À peine plus d'un jour que tu la caches. Tu ne sais rien d'elle, et elle ne sait rien de toi. Je..

Elle inspira.

-..Je ne peux pas assumer la responsabilité de cette fille, elle serait mieux avec les policiers.

Alex leva les yeux au ciel, exaspéré.

-Tu la trouves étrange c'est ça. Elle est différente et tu as peur, c'est ça ?

-Si la différence se résume à être aussi pâle et vide qu'un fantôme, et aussi silencieuse que la mort, oui, j'ai peur, riposta Catherine, irritée.

Tandis que la mère et le fils se faisaient face, quelqu'un d'autre entra dans la pièce.

-Bonsoir. Bon, j'imagine que t'as essayé de te débrouiller, mais bon, laisse moi faire Alex.

A l'entente de cette voix grave, Catherine leva la tête.

-Richard. T'es enfin rentré, dit-elle, en soupirant.

-Oui le boulot a été long aujourd'hui, dit il, en enlevant son manteau manteau noir et déboutonnant légèrement sa chemise.

-On ne peut pas la garder, répéta Catherine, en fixant son mari.

-Si, on peut, rétorqua-t-il, en s'asseyant près d'elle. On peut.

Catherine, surprise et de plus en plus inquiète, fixait Richard.

-Mais..

Il posa ses mains sur les joues de sa femme, et la contemplait de ses yeux noirs. La convaincre à garder la fille allait bien plus loin que l'intérêt d'Alex, il le savait bien.

-Cath. Ne t'inquiète pas. Comme a sûrement du te dire notre boulet de fils, cette fille est inoffensive. On ne sait absolument pas d'où elle vient, et justement, elle a surgit de nulle part, et tout ce que l'on peut savoir c'est qu'elle est totalement terrifiée. Je suis convaincu qu'elle a besoin de notre aide, et qu'il faut la garder. Appeler la police maintenant n'est pas la solution.

Catherine, après s'être laissée tenter par un baiser de Richard, rouvrit les yeux et regarda le vide.

-Tout ce que je veux, c'est qu'on soit tous ensemble, et protégés. Toi et Alexandre, vous êtes tout ce que j'ai, lâcha Catherine, qui avait fini par accepter l'idée de garder la fille, avec plus ou moins d'enthousiasme. Elle passa ses mains sur les cheveux noirs de son mari, et l'embrassa une nouvelle fois.

Alex, lui s'éloigna, et remonta dans l'escalier avec entrain, soulagé. Il franchit un couloir tapissé de rouge où de nombreuses photos décoraient le mur. Il ouvrit la porte de sa chambre. Le vent soufflait, la fenêtre était ouverte. La fille était là, et, à genoux sur le lit d'Alex, accoudée à la bordure de la fenêtre, admirait le ciel. Ses cheveux blancs flottaient légèrement au vent. Il ferma la porte.

-Tu..tu vas bien ? Murmura-t-il

La fille scrutait toujours le ciel.

-S'il te plaît, réponds moi..tu ne crains rien ici, et encore moins avec moi, lâcha Alex, désespéré. Le silence régna un long moment.

-Aussi pâle et vide qu'un fantôme, et aussi silencieuse que la Mort.

-Tu..tu parles enfin ! S'exclama Alex, qui, submergé par la joie et la stupeur, s'avança près d'elle.

La fille se retourna vers Alex, le visage baigné de larmes.

-Est-ce donc ce que je suis ? Un fantôme, et la Mort ? C'est cela ?

Violemment ramené à terre par les larmes de la fille, et ayant réalisé qu'elle avait entendu sa conversation avec sa mère, le jeune homme sécha son visage avec un mouchoir. Elle le regardait toujours, le fixant de ses yeux bleus azur, dans l'attente d'une réponse.

-Non bien sur que non..tu n'es rien de tout cela. Tu es d'abord une humaine, comme nous tous. Tu as un cœur, et une âme. Une âme pleine de couleurs qui te sont propres, et qui te rendent unique.

La fille inspira, puis expira profondément. Alexandre gardait toute son attention sur elle.

-Il n'y a plus à avoir peur, ajouta-t-il, les yeux inquiets.

-Un cœur..une âme. Des couleurs.

-Oui, oui, c'est ça, c'est ça, acquiesça frénétiquement Alex, qui voulait à tout prix maintenir sa confiance naissante maintenant qu'elle lui parlait, et cela semblait fonctionner. Seulement, il lui restait une dernière chose à faire.

-Je ne connais toujours pas ton prénom, comment tu t'appelles ?

Le Soleil s'était presque couché, l'horizon orangé laissait peu à peu place aux étoiles.

-Je..je ne me souviens plus de mon vrai nom mais..appelle moi Jekki.

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