Chapitre 13- Séparation

Les oiseaux chantaient, horriblement faux à mes oreilles. Je me leva de mon lit, poussant les couvertures chaudes sur Jeff. Même avec la fenêtre ouverte, le matelas et les draps étaient brûlants et le soleil frappait sur ma peau. Jeffrey grogna légèrement et se rendormi, sans prêter attention à moi.

J'entra dans notre salle de bain, ou plutôt, la salle de bain à Jeff et enleva mon T-Shirt qui m'avait servi de pyjama. J'enfila une simple camisole noire et des joggings. Même avec l'ombre des feuillus et des conifères entourant notre manoir, la chaleur et l'humidité avait réussies à entrer dans nos petits appartements. J'empoigna un fond de teint presque blanc que Jeff utilisait parfois pour couvrir légèrement ses cicatrices. Je réussi à me faire un petit maquillage avec un tube de mascara presque vide que j'avais laissé ici l'autre fois. Ma chambre avec Laughing Jack me manquait beaucoup même si j'avais le réconfort et la protection de Jeffrey dans sa chambre. J'avais concrètement abandonné l'idée de dormir avec Eyeless Jack et Slenderman à cause de l'attaque de l'autre soir.

Jeff: Hmmph, tu vas où comme ça?

J'entrouvris un peu plus la porte. La liberté de me promener seule me manquait, elle aussi.

Moi: Nul part. Je vais... Euh, manger, en bas.

Jeff: T'es louche, mais je te crois... Allez, file avant que je vienne.

Je souris de gratitude et fila en bas. Évidemment, je venais de mentir à Jeff. Il me fait entièrement confiance et voilà comment je le remercie; je mens à sa figure et je me casse dans les bois, seule par dessus le marché.

Je souris de nouveau. Je suis vraiment têtue et méchante mais en même temps, faut me le pardonner, je suis une tueuse en série. Par ailleurs, je me débrouillerai avec le Creepyhunter qui a possédé l'un des nôtres. Je vais l'écrabouiller. Le seul problème qu'il me pose pour l'instant, c'est que je ne peux plus faire confiance aux autres du manoir. Je passe mon temps à me méfier...

J'entrouvris la porte principale en bois de chêne. Le tapis par terre, normalement beige, avait été remplacé par une carpette brune depuis que j'avais mis le cadavre de Trinch sur le parquet et qu'il avait été tâché de sang. J'avança à l'extérieur du monument. Enfin, l'air libre!
Le vent me fouetta momentanément le visage... Ou pas. J'attendais encore le coup de vent désiré quand je me rendis compte de la sueur qui perlait sur mon épiderme. Le soleil reflétait directement sur mon front et mon cuir chevelu. Dire que l'été ne faisait que commencer. La chasse aux victimes allait être bonne cet été.
Les gens qui veillent, les feux de camps, les histoires d'horreur autour de ces derniers... Même les contextes de tueries allaient être délectables.
Tout à coup, une brise passa.

Moi: Aaaah...

Elles étaient rares et allaient le demeurer. J'avança dans le bois dense où l'ombre allait être plus présente. Ma gorge étant déjà sèche, je m'annonça à moi même que ma chasse de ce matin sera écourtée. Un meurtre serait suffisant pour ramener à Eyeless de quoi subvenir pendant quelques jours en étant paresseux et à obtenir quelques bouteilles de sang, ma nouvelle saveur favorite. Sans être un vampire (dont je ne connaissais pas l'existence, du moins peut-être pas encore), j'adorais le goût métallique de ce nectar. Je zigzaguais entre les troncs de bouleaux, d'érables et d'imposants chênes. J'étais près de l'orée de la forêt et je comptais bien y trouver un humain matinal.
J'entendis un bruissement à ma gauche et glissa discrètement ma main à mon couteau que je pris fermement entre mes doigts. Je le sorti et le fit tournoyer à la manière d'un chef à une émission que j'avais vue, enfant.
Le bruissement se fit entendre de nouveau et je sentis de l'appréhension chez ma victime. Un homme. Un jeune homme.
J'attendais pendant quelques longues secondes qui me parurent comme des heures quand, avec précision, je lança rapidement mon couteau en direction de ma victime. Je savais que j'allais l'atteindre grâce à mes sens. Comme de fait, le jeune homme s'écroula par terre à côté d'un tas de feuilles mortes.

Tout me semblait bien aller jusqu'à ce que je vois son visage.

Liu: Je ne sens pas encore la douleur. Effet choc.

Moi: Oh mon dieu, Liu, je suis désolée!

Le sang affluant autour du couteau planter un peu à la droite de son cœur. Quelques millimètres de plus et je l'atteignais en plein dans le mille. Heureusement, pour une fois, j'étais heureuse d'avoir ratée ma cible.

Liu: Je te pardonne. Ce n'est pas de ta faute, Jeff m'avait demandé de t'espionner quand je te voyais sans lui à tes côtés... Hmmph... Ça commence à piquer... J'aurais dû t'avertir de notre petit manège secret. Je— AAAAAAAARGH!

Moi: Attend j'ai une idée.

Je lui dis de regarder sur un arbre loin de moi et arracha sans retenue le couteau qui abîmait la masse musculaire de Liu. Il hurla à s'en déchirer les cordes vocales mais je pouvais maintenant tenter de le soigner sans empirer son état par maladresse.

Liu: T'es folle ou quoi? J'suis foutu déjà merde!

Moi: Mais je fais ça pour t'aider merde! Ferme-la et laisse moi faire.

Il se tût, par obligation et j'essaya de lui faire un bandage avec son T-Shirt à manches courtes. Je me tua à la tâche sans toutefois parvenir à arrêter l'hémorragie.
Liu avait-il raison?
L'avais-je vraiment tué pour de bon?

Liu: AAAAAARGH! Hacka... Ce n'est pas de ta faute ok?

Moi: Mais oui, merde... Allez tiens le coup s'il te plaît... Pense à Jeffrey! Je sais pas moi! T'as une copine? Pense à elle! C'est qui? Je vais lui dire tout ce que tu veux...

Liu: Mourir célibataire... Hahaha, c'est quand même pathéti—ARGH... MAIS MERDE!

Je fermai mes paupières sur mes pupilles mauves. Avec le stress et la chaleur exténuante, je suais à grosses gouttes et mon front était brûlant. Juste en regardant la peau de Liu devenir de plus en plus blanche avec la perte de son sang, je savais qu'il était perdu. Putain. Qu'est-ce que j'allais dire à Jeff?

POINT DE VUE DE JEFFREY WOODS

Moi: MAIS MERDE RÉPONDEZ!

Tous les visages étaient tournés vers moi mais personne n'osait prendre la parole. Leurs lippes étant closes, je décidai donc de les obliger à parler. Je sorti avec empressement mon couteau. Une Creepypasta ne peut pas en tuer une autre normalement. Sauf quand celle-ci a une bonne excuse (folie meurtrière passagère, inquiétude, toucher à la XBOX de Ben... Etc.). J'étais prêt à tout pour elle.

Moi: Parlez. L'avez vous vu ce matin? A-t-elle déjeuner comme elle l'a prétendue? PARLEZ J'HÉSITERAI PAS MOI!

Les gens commencèrent à chuchoter entre eux. J'étais Jeff The Killer, le mâle alpha du manoir. Personne ne pouvait oser me contredire ou tenter de m'éviter quand j'étais en colère.
Sauf elle, bien entendu.
Mais ce matin, après mon réveil, elle n'était plus là.

Slenderman: Pas besoin de s'énerver Jeff... Peut-être qu'elle est aller prendre une marche dans la forêt. Ce serait stupide de sa part mais c'est envisageable.

Je grommelai sourdement. S'aventurer dans la forêt seule? Ce serait effectivement stupide de sa part mais, comme l'avait dit Slendy, envisageable. Je marcha donc, colérique comme jamais, jusqu'au boisé entourant le manoir. Jamais je n'avais ressenti une telle haine.

POINT DE VUE D'HACKERKILLER (LOU)

Haine.
Haine.
Et, haine.

Liu me regardai, confus. Il peinait à respirer mais rester les yeux ouverts, comme pour s'accrocher aux derniers moments de sa vie. Dommage pour lui, mais le sentiment intense de haine que je ressentais brutalement allait achever sa misérable vie. Je savais que c'était à cause du lien mais en même temps, je ne contrôlais même plus mon corps. Chaque muscle bougeait comme bon lui semblait.
Ma main tâtai le sol et fini par enfin trouver le couteau. Je refermai avec une vitesse habituelle mes doigts sur le manche incrusté du petit flacon de sang de Jeff.
Jeff, ne me fait pas faire ça.
La peur serrait mes tripes et je parvins de peine et de misère à ne pas vomir. Déjà que je n'avais pas avaler un petit quelque chose ce matin et que la chaleur était étouffante...

Liu: Hacka, ne fait rien que tu puisses regretter s'il te plaît. Ce n'est pas de ta faute; pas encore. S'il te plaît...

Il ferma doucement ses paupières et s'endormi dans un sommeil éternel, paisiblement. Mon corps lâcha le couteau. La haine disparue instantanément mais la frayeur sur mon visage restai figée.
Liu était mort.

Moi: AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!

J'évacuai la douleur à ma façon.

POINT DE VUE DE JEFFREY WOODS

J'entendis un hurlement à ma droite, un peu plus au Nord. Je reconnus instantanément la voix d'HackerKiller. Je courus en direction du cri. La distance me semblait relativement courte. Arrivé à destination, mon cœur manquai quelques pulsations.

Liu.

Le cadavre de mon frère, du sang dégoulinant sur la poitrine nue avec un semi-bandage mit à l'arrache et Hacka à ses côtés, tâchée de sang, ses yeux grands ouverts avec un couteau sanglant à sa droite.

Moi: Tu l'as tué? T-tu l'as tué?!

Lou tourna son visage, une expression piteuse collée à ses muscles faciaux, gelant chaque membre de son corps. Elle tourna uniquement son cou de façon à me voir. Je répéta ma question réthorique.

Moi: Tu l'as tué. Comment as-tu osée!? D'abord me mentir pour quitter le manoir et ensuite tuer mon propre frère! MON SEUL ET UNIQUE FRÈRE!

Elle continuai de me regarder, son champ de vision inutilement fixé sur un arbre près de moi. Une larme roula sur sa joue rosée par l'effort (de tuer mon frère)... Après quelques secondes immobiles, elle articulai quelques bouts de phrases:

HackerKiller: Je... Il a dit... Ma faute... Ce n'est pas... J-Je...

Son regard se posa sur le couteau qu'elle tenait sûrement quelques minutes auparavant dans sa main et cria un petit cri apeuré. Elle vit le sang glisser sur la lame et d'autres larmes suivirent la première. Comme un barrage qui s'affaisse, elle fût en pleurs huit secondes plus tard.

Pendant qu'elle laissait tout sortir, comme pour prouver sa culpabilité, je réfléchi. Son visage rougis enfouis dans ses paumes, cachées à leurs tour par ses mèches mauves ne m'adoucissait plus autant, soudainement. Puis, comme par magie, les mots que je rêvais de dire depuis l'instant où je l'avais vue près de mon frère sortirent seuls:

Moi: C'est fini.

POINT DE VUE HACKERKILLER (LOU)

Moi: Merci d'être aussi présent pour moi.

Je lui fit une accolade chaleureuse et versa silencieusement une larme sur son épaule. J'essuya aussitôt la petite goutte d'eau salée de sur ma joue et fit mon éternel sourire de «je-vais-bien». Toby me regardai, souriant à pleines dents.

Ticci Toby: T'inquiète, je serai toujours là pour toi.

Je le remercia encore une fois. Une semaine était passée depuis que Jeff m'avait sauvagement laissée. Évidemment, je l'avais supplié de m'écouter, ne serait-ce que pour lui expliquer les vraies circonstances dans lesquelles Liu était mort mais il faisait sa sourde oreille. Même les gens du manoir doutaient de nous. Qui disait la vérité?
Jeff The Killer, le roi du manoir ou la pauvre HackerKiller qui venait à peine d'arrivée?
Il n'y avait pas de clans dans lesquels aller mais je savais en croisant leurs regards s'ils me croyaient, moi ou Jeffrey.
Sans vraiment m'en rendre compte, j'étais encore éperdument amoureuse de lui et son magnifique sourire découpé au couteau. Je le savais aux pulsations de mon cœur chaque fois que je le croisais. Je me demandais aussi si notre lien était encore existant. J'espérais au fond de moi que lui aussi, je lui manquais horriblement jusqu'à en avoir mal au cœur.

Toby me tapotai amicalement mon dos pour me rassurer légèrement. Ticci me croyait pleinement et m'appuyait. C'est étrange comment nous étions devenus rapidement amis, confidents même. Je ne m'intéressait pas vraiment à lui mais il me réconfortait comme un frère. J'aimais sa manière protectrice de me prendre dans ses bras chaque fois qu'on croisait Jeffrey. Il avait clairement compris que je voulais le rendre jaloux, hahaha! Notre complicité était inexplicablement enviée de tous les autres Creepys. Ils nous regardaient en chuchotant. Jaloux.

Ticci Toby: Tu viens? On pourrait aller prendre une marche, il fait chaud mais beau!

Moi: Bof, j'ai pas envie, on va mourir étouffés.

Ticci Toby: NON! Hum, je veux dire, je suis sûr qu'on peut se débrouiller pour avoir une bouteille d'eau, n'est-ce pas?

Moi: Nah, mais Toby j'en ai pas envie maintenant.

Ticci regardai autour de nous et voyant que personne nous voyait, il me prit durement l'avant-bras. Avec une lueur de folie dans les yeux, il me chuchotai:

Ticci Toby: On. Prend. Une. Marche.

J'acquiesçai rapidement en hochant la tête et suivit mon ami. C'était quoi son problème merde!? Nous sortîmes par la porte de derrière et nous nous enfonçâmes dans la dense forêt, humide comme jamais. Les feuilles restantes craquelaient sous nos pas pressés. Après quelques minutes de marche silencieuse, Toby ralenti. La lueur dans ses yeux n'était toujours pas disparue et je commençais à être effrayée.

Ticci Toby: Alors, tu te souviens de ça?

Soudain, il prit une branche feuillue qui me cachait la vue sur la maisonnette à demi-écroulée et composée de braises froides. Je compris en moins de deux.

Tueur.

Sans que j'ai le temps de réagir, Toby sorti une seringue de sa ceinture, cachée par son long sweat bleu nuit et me l'enfonça dans le cou. Heureusement, il n'avait pas touché la veine jugulaire. Ç'a m'aurait été fatal.
Lentement, les couleurs disparaissaient. Le feuillage habituellement verdoyant des feuilles devenait fade, presque gris. Je vis Toby à ma gauche, puis, un peu plus à droite, un deuxième Toby. Les effets de sa maudite seringue à la con faisait déjà leur travail! Merde!
Juste avant de sombrer dans les bras de Morphée, j'eût une dernière pensée. Pour Jeff. C'est ainsi que ma vie allait finir; laissé par mon unique amour et tuée lamentablement par un amateur?
Dans un dernier regain d'énergie, je sorti mon couteau et le planta dans le seul membre de Toby à ma portée, sa cuisse.
Au moins, j'aurai la fierté de le faire souffrir sans tuer une Creepypasta; une des miennes.

POINT DE VUE SLENDERMAN

Moi: Je ne te dis pas de quel côté je suis, Jeff. Je te dis simplement que les habitants n'en peuvent pu d'endurer votre petit manège. Je t'ordonne d'aller lui parler avant demain, au plus tard, et de réglé vos différents.

Jeff: NON! Elle a tué mon propre frère! Comment est-ce que je peux lui pardonner l'impardonnable!? Je suis conscient qu'elle me fait encore cet effet dans le ventre, je suis encore noureux d'elle, mais, uniquement pour mon orgueil, je renoncerai à elle.

Moi: Non. Ton orgueil, bla bla bla, toujours ton orgueil. Tu piles dessus et tu vas lui parler fin de la disc—

Jeff s'écroula momentanément sous mes yeux. Je me penchai automatiquement au dessus de lui, pour finalement constater que son pouls était encore -heureusement- existant. Comment était-ce possible de s'évanouir aussi abruptement comme si...
Le lien.

Lou était en danger et le tueur l'avait finalement eût pour de bon...
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{Chapitre plus court qu'à la normale mais le format devrait revenir régulier dans les prochaines parties.}

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