Bonus 1- Noël

Point de vue d'HackerKiller

Daniela: Alors les amoureux, prêts pour l'échange de cadeaux?

Je roulai mes yeux vers le plafond décrépi. Même les tueurs en séries sont obligés de faire un stupide échange de cadeaux? La réponse est oui. Malheureusement.

Laughing-Jack: Bien entendu! T'as pigé qui, Dan?

Daniela: Aaaaah, secret!

Mais connaissant ma meilleure amie au manoir, elle baissa le ton et nous chuchota son candidat pigé; Eyeless Jack. De toute façon, je le savais déjà puisqu'en allant tuer avec Dan, nous ramassions toujours les foies des victimes en guise d'un paquet cadeau pour Eyeless.

Daniela: Eh, puisque je t'ai dit qui j'ai pigé, tu dois le me dire toi aussi Jack!

Jack commença à s'esclaffer de son légendaire petit rire enfantin. Il sortit son petit papier et le regarda, pour se remémorer qui il avait pigé.

Laughing-Jack: J'ai eu Masky. Je ne sais pas qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui trouver.

Moi: Je t'aiderai, ma sœur est en couple avec lui, elle doit bien savoir ce qui lui plairait.

Laughing-Jack: Merci mais je crois que je vais opter pour des bonbons, j'en ai un peu trop si tu vois ce que je veux dire.

Et il sortit une immense suçette colorée de sa poche. Daniela éclata d'un rire joyeux tandis que Jack me regarda, attendant, de toute évidence, que je ris à sa plaisanterie. D'un rire plus ou moins faux, je rigolai légèrement. Jack m'embrassa sèchement sur le nez et s'en alla dans la cuisine pour aider Slenderman avec les petits plats spécialement conçus pour Noël.

Daniela: Et toi Hacka, t'as pigé quelqu'un d'intéressant?

Mon cœur rata imperceptiblement un battement. Intéressant? Oh, il n'y avait personne de plus intéressant dans le manoir entier que celui que j'avais pigé mais je ne m'y résoudrais jamais à l'avouer. J'essayai donc de prendre un air détaché en l'annonçant tout bas à ma meilleure amie:

Moi: Bof, juste Jeffrey.

Je vis instantanément dans son regard une lueur d'amusement.

Daniela: C'est sûr, le grand Jeff The Killer n'est plus tellement intéressant pour la grande HackerKiller...

Je la regardai, abasourdie. Bien sûr que non, Jeff est encore plus attirant mais je ne l'avouerai jamais. Daniela m'invita à m'asseoir, ou plutôt, m'invita subtilement à une longue conversation sur Jeffrey. Comme de fait, elle s'asseya, légèrement malaisée:

Daniela: Parlant de Woods... Comment ça se passe votre lien?

Je roulai mes yeux de nouveau et jetai mon attention sur la télévision du salon, laissée allumée par Ben sur l'écran d'accueil de Black Ops II. La question était inévitable et Dan est ma meilleure amie, ne pouvant plus m'enfuir à chaque fois que quelqu'un me parlait de lui, je lui répondis, à contre-cœur:

Moi: Je-je crois bien que notre lien est détruit.

Faux. C'est totalement faux. Je sais que mon lien est avec lui mais comme le fait qu'il est affreusement attachant ces temps-ci, je ne l'avouerai jamais. Faire semblant que notre lien est définitivement rompu me facilitera certainement la vie sur plusieurs facettes. Comment expliquer à Dan, ou pire, à Laughing Jack, que mon lien n'est pas avec lui mais plutôt avec le plus redoutable tueur du manoir?

Le cœur serré, Daniela me répondit avec un sourire empathique. Je sentis bien à la manière dont elle bougeait nerveusement ses mains, qu'elle se sentait mal dans cette situation mais pourquoi? Son sourire franc me laissa croire un instant qu'elle était sur le point de verser quelques larmes mais elle brisa le silence gênant à la dernière seconde:

Daniela: Bon... Je vais aller chercher d'autres «cadeaux» pour Eyeless.

Moi: À cette température? Il doit bien faire mille dessous zéro!

Le regard fuyant, Dan marmonna quelques bribes imperceptibles et sorti du salon sans un regard.

Je consultai l'heure sur la XBox de Ben. Il est 18h30, le réveillon de Slender va commencer à 19h45. J'empoignai ma veste beige en laine et remontai dans ma chambre en prenant soin d'éviter tout contacts visuels avec quelque chose, ou quelqu'un d'autre que le plancher. Arrivée à la chambre que je partageais avec Jack, je posai mon couteau fétiche et me glissai impatiemment sous une douche chaude. L'eau qui coulait sur mon épiderme me réchauffa instantanément et après quelques minutes à me laver, je sortis de la salle de bain, prête à m'habiller et me maquiller.

Malgré que nous sommes le 24 décembre au soir, une tenue chic me désenchantais au plus au point mais Slendy nous avait avertis de nous habillés formellement. Je fouillai donc dans mon armoire, à la recherche d'un vêtement potable pour un réveillon. Après avoir déniché une camisole noir avec une paire de jeans grise foncées, j'empoignai ma fidèle veste de laine beige. L'ensemble n'était pas mal même si les couleurs n'étaient pas aussi joyeuses que demandées par Slender.

J'avançai dans la salle de bain à nouveau pour juger le tout dans le miroir.  Sur le coup, mon cœur rata encore un battement. Je posai une main à plat sur la glace qui me reflétait. HackerKiller était partie. Je ne perçu plus Hacka mais bien Lou dans le miroir en face de moi. Sans mon habituel sweat blanc, régulièrement tâché de sang, mon maquillage noir charbonneux et mon couteau en main, j'avais l'air d'une simple civile.

Pourrais-je aller faire un tour en ville, sans mes allures de tueuse, la veille de Noël? Mon reflet me souria. Après tout, une petite escapade dans un magasin ne ferais pas de mal à personne.

Je mis simplement du mascara sans mon eyeliner et mon ombre à paupières noir habituels et dévalai les marches du manoir. L'extérieur m'attendait!

Le vent glacial de l'hiver me pinça le visage aussitôt sortie du bois mais le vent frais en valait pleinement la peine. Je visitai tranquillement les boutiques, me demandant quel petit cadeau de secondement je pourrais acheter à Jack. J'arrivai à une boutique dans les équipements de cuisine et regardai la rangée des couteaux. «All I want for Christmas» résonna entre les allées de différents types de couteaux (éplucheurs, à steak ou à pain baguette).

Leurs lames argentées me rappelèrent que je n'étais pas HackerKiller ce soir, j'étais Lou. Je longeai l'allée aux allures métalliques mais laissa bien vite tomber, les couteaux de chez Au Petit Chef ne se comparait pas aux couteaux de cuisine au manoir. Me demandant consciencieusement où donc Slendy achetait ses couteaux, je dénichai une bonbonnerie remplie de couleurs de Noël. Les petites lumières clignotaient rapidement et j'entrai, les mains gelées.

Après avoir choisie quelques sortes de bonbons et les avoir glissés subtilement dans ma poche, dans un sac de plastique, je ressortis en saluant la petite dame âgée derrière le comptoir. Ce fût mon premier vol à l'étalage mais je n'avais jamais vraiment pris le temps de prendre l'argent de mes victimes ni de me chercher un job à temps partiel. Je soupirai. J'étais vraiment Lou ce soir et je me sentis mal en pensant à la pauvre petite dame que je venais tout juste de voler. Je me chuchotai, pour moi même, me redonnant bonne conscience:

Moi: Promis, je la rembourserai.

Je tournai dans une ruelle sombre, repensant à la question d'où Slendy achetait donc ses couteaux. Voyant que la ville n'était pas aussi mouvementée et intéressante que prévue, je prévu donc de retourner au manoir, question de ne pas manquer le réveillon quand une main se posa soudainement sur ma bouche. Sur le moment, mon premier réflexe fut de trouver mon couteau mais je repensai que je ne l'avais évidemment pas emportée, décidée à être une civile pour ce soir. Second réflexe, tenté de hurler:

Moi: HMMPH!

J'en déduisis que mon kidnappeur était un homme, bien plus puissant que moi. D'un mouvement brusque, il me retourna vers lui et en un instant, me colla la lame de son couteau directement sur la jugulaire. Il était habillé d'un sweat blanc, et des mèches longues et noires sortaient de son capuchon. Pour la troisième fois en quelques heures, mon cœur fit un horrible bond dans ma poitrine.

Moi: Hmpheff?

Jeffrey: Salut. Alors, prête à mourir? Hahaha. As-tu un copain par hasard?

J'essayai de me dégager mais il referma sa poigne avec plus de force, me laissant aucune chance de faire le moindre mouvement. Voyant mes tentatives de me déprendre comme un signe positif, il m'adossa solidement au mur de briques gelées derrière moi.

Jeffrey: T'as un p'tit copain. C'est bien ça.

S'ensuit un rire dément presque silencieux, au bord de la folie. Puis il releva rapidement son capuchon pour replacer une de ses mèche noire charbonneuse. Il appuya un peu plus sur ma veine, avec sa lame.

Jeffrey: Vois-tu, il fût un temps où j'ai été en couple moi aussi. Eh oui, Jeff The Killer, amoureux. Hahaha! (Il eût encore un petit rire dément, caché sous sa capuche blanche.) Mais il se trouve que je l'ai quittée, comme un lâche. Hmmph. Et j'ai souffert, OH QUE OUI J'AI SOUFFERT À CAUSE QUE J'AI ÉTÉ QU'UN LÂCHE ÉGOÏSTE!

Il se lécha la commissure de ses lèvres entaillées, comme un tic, et reprit son discours. Sans toutefois relâcher la pression alarmante de sa lame dans mon cou frigorifié. Sans avoir encore croisé son regard, je savais qu'il était dans une de ces rages que j'avais déjà moi-même connue. Une envie de faire souffrir tout le monde autour de nous, pour qu'il souffre autant que nous. Enfin, après avoir avalé, il reprit:

Jeffrey: Avant j'étais... Un monstre. Ouais, un monstre. De l'extérieur, du moins. Pas de l'intérieur. Avec elle, je restais Jeff The Killer sans être un monstre (si c'est possible), elle m'acceptait comme j'étais. Mais je l'ai lâché et tu sais quoi, pauvre petite qui s'apprête à mourir, qui croit que sa vie vaut tellement plus que les autres? Uh? Maintenant, je sais que je suis un monstre autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Et tu sais c'est qui cette fille?

La lame glacée sur mon épiderme relâcha légèrement la pression. Il enleva avec précaution sa main de ma bouche laissant son couteau dans mon cou, me faisant comprendre qu'un hurlement ne serait pas nécessaire.

Jeffrey: Tu dois la connaître. Elle est presque plus connue que moi dans ce coin. Aller dis son nom pour moi.

Il relâcha encore un peu la pression sur mes cordes vocales et je pus parler, d'une voix rauque et instable mais j'eus le temps de prononcer ce qu'il voulait:

Moi: Lou.

Il releva son capuchon et me regarda fixement pendant quelques secondes, la bouche ouverte. Ses longs cheveux noirs et son sourire d'ange me donnèrent un frisson (ou était-ce les briques froides dans mon dos?). Il retira aussi instantanément son couteau de sur ma gorge et me relâcha.

Jeffrey: H-Hacka?

Moi: Oui...

Jeffrey: J-J'suis désolé. Je viens complètement de me ridiculiser.

Malgré sa peau blanche comme la neige qui tombait maintenant à gros flocons et la pénombre de la ruelle non-éclairée, je le vis rougir. Il se rapprocha doucement de moi et à chacun de ses mouvements, je sentais comme une décharge dans mon corps.

Moi: Jeff... Tu n'as jamais été un monstre, tu sais?

Jeffrey: Non. Je suis un horrible gars qui t'as laissé tomber quand t'en avais besoin jusqu'à ce je réalise que c'était trop tard.

Il se rapprochait dangereusement. Son couteau était rangé mais ce n'était clairement pas de sa lame dont j'avais peur. C'était plutôt...

Jeffrey: J'ai vraiment envie de recommencer Lou.

Son bras effleura le mien tandis que je gardai mon regard rivé sur mes souliers noirs. La neige me frigorifiait mais j'étais si stressée que le froid semblait inexistant. La définition même de sueurs froides.

Ses doigts vinrent se placer sous mon menton et il le releva, de manière à me regarder directement dans le blanc des yeux. Encore une fois, un frisson me parcourue l'échine. C'était comme ça que j'allais en finir avec Jack? Son cadeau de Noël en poche, embrassant mon ex-copain?

Contre toute-attente, il déposa simplement un baiser sur ma joue gelée et s'enfuit dans la ville éclairée. Mon souffle reprit instantanément sa vitesse normale et je pus respirer doucement.

J'avais bien fait, j'aurais été la pire des petites amies pour Jack. Je replaçai ma veste de laine sur mes épaules et continuai ma route jusqu'au manoir.

Laughing-Jack: Hacka! Tout le monde t'attend je commençais à penser que tu me jouais dans le dos!

Il rigola tandis que je déglutis quelques bribes incompréhensibles. Il me prit par les épaules pour m'amener au salon où tous les habitants du manoir m'attendait effectivement pour l'échange de cadeaux. Je vis Jeffrey au fond, avec Eyeless Jack à ses côtés, qui m'adressa un vague signe de la main. Je détournai le regard et me rapprochai de Jack.

Slenderman se leva de toute sa grandeur, au milieu du salon, près de l'écran télévisé fermé, cette fois. Les dernières Creepypastas qui passaient des commentaires se turent.

Slenderman: Joyeux réveillon! Pour choisir l'ordre dans lequel les cadeaux seront distribués, ma chère Jane m'a gentiment noté le nom de toutes les Creepypastas sur des papiers qui seront pigés à tour de rôle. J'espère que vous passerez une agréable soirée.

Quelques personnes applaudirent mais ceux qui sortirent leurs petites boîtes contenant leurs cadeaux furent plus nombreux. Slendy prit une boîte recouverte de faux velours rouge et en sortit un petit papier pas plus grand que la paume d'une main. D'un ton moqueur, il annonça le gagnant:

Slenderman: Ben! Qui avais-tu pigé?

Ben prit avec empressement son petit paquet aux couleurs festives et sourit à Nina The Killer.

Ben: Nina, allez viens!

Elle le remercia en voyant la paire de chaussettes en laine rose fuchsia pour aller avec sa mèche de cheveux. Après avoir chacun donner son opinion sur le cadeau au voisin, Slender sortit un papier de la boîte rouge.

Slenderman: Drôle de coïncidence; moi-même! Alors j'ai pigé...

Il nous scruta un par un, mimant une longue vue pour partir à la recherche de la Creepy qu'il avait pigé. Arrêtant son regard sur Daniela, il leva ses bras, en guise de victoire. Elle déballa un petit collier avec un minuscule couteau au bout, gravé à son nom. Sous les applaudissements pour le bon goût de Slender, Dan le remercia d'une petite voix aiguë:

Daniela: Aaaah! Merci Slendy!

Slenderman: Alors, le prochain (-ou la prochaine)!..

Le temps passa, chacun ouvrant et commentant les cadeaux de autres sans toutefois me piger. Après, au minimum, trois quarts d'heures, un nom familier fut nommé.

Slenderman: Laughing Jack! Tu avais pigé..?

Laughing-Jack: Masky.

Il donna son paquet de bonbons à Masky, accompagné de ma sœur Gabrielle, et Slendy recommença la pige.

Slenderman: Jeff The Sexy Killer..? Jane!

Jane rigola dans un coin avec Nina et une autre fille aux cheveux blonds. Pendant se temps, Jeff se leva avec un minuscule paquet cadeau.

Slenderman: Alors Jeff, qui as-tu pigé?

Jeffrey: HackerKiller.

Les yeux de tout le manoir se posèrent sur moi, tous sachant l'histoire entre Jeff et moi. Plus que tout, le regard pesant de Laughing Jack se posa sur moi. Je passai nerveusement ma main dans mes cheveux courts et avançai vers Jeffrey. Il me remit son cadeau, me regardant dans le blanc des yeux. Je pris avec appréhension son paquet et regardai furtivement l'étrange petit mot sur le dessus du cadeau:

«Ouvre le quand tu es seule»

Pendant que Slendy continuait la liste, je laissai mon cadeau (destiné à Jeff) à Daniela, pour qu'elle le lui remettre à ma place quand je serai pigée et je feins une envie pressante pour m'éclipser. Je montai les marches jusqu'au premier étage et m'enfermai dans ma chambre. C'est avec empressement que je déballai le paquet.

Lorsque la boîte s'ouvrit, je vis un simple bout de papier, une sorte de note, déposée au fond de la boîte. Déçue mais intriguée, je la pris:

«Cher journal démantibulé,
Hacka a tué Liu l'autre jour mais étrangement, ce n'est pas à cause de la mort de mon frère que je suis aussi... Mal dans ma peau. J'ai laissé Lou. Au moment où elle était le plus faible, qu'elle avait besoin de protection et de se faire réconforter, je l'ai laissé. Comme un horrible monstre, comme un putain de lâche sans cœur. Après tout, c'est peut-être ce que je suis... Je n'aurais jamais dû l'abandonner sur un coup de tête, pendant un bref moment de colère où je ne pensais plus comme il fallait. J'ai foiré et j'ai sûrement fait honte à mon frère. Je l'ai blâmé, elle, alors que c'était entièrement de ma faute, c'est moi qui avait demandé à Liu de suivre Hacka quand il l'apercevait sans moi. J'ai honte de moi, de mon attitude et de mes décisions. Je donnerais probablement tout ce que j'ai pour retrouver Lou car elle était tout ce dont j'avais besoin.
Cher journal démantibulé, je ne l'ai jamais dit, ni écrit définitivement mais c'est quand on perd quelque chose qu'on réalise à quel point on y tenait: J'aime HackerKiller et j'essayerai tout pour la faire revenir.»

Une dernière phrase était écrite avec une écriture plus soignée, au bas de la note:

«Si tu ne veux pas de moi, de nous tu mérites du moins la vérité; Joyeux Noël Lou.»

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top