Troisième lune
Les rayons du soleil vinrent chatouiller le visage de Noa qui grogna, ne voulant pas quitter le pays de songes. Après tout, il n'avait pas dormi plus de deux ou trois heures. Entendant une lente respiration à ses côtés, le brun tourna dans le lit pour apercevoir son amant de la nuit. C'était qu'il était plutôt mignon le visage détendu avec ses cheveux qui lui tombait sur les yeux.
Jamais Noa n'avait autant pris son pied que cette nuit-là. Elle avait été torride, intense et riche en nouvelles sensations. Les deux hommes avaient échangé les rôles jusqu'à tomber de fatigue – autant vous dire que ce fut jusqu'à cinq ou six heure du matin.
Finalement réveillé et ne pouvant se rendormir, Noa décida de se rhabiller sommairement pour se rendre dans la salle de bain. Il avait bien besoin de se décrasser après une nuit pareille.
Il ne parvint cependant pas à quitter la chambre. Une intense douleur le plia en deux, le faisant se stopper net alors qu'il allait ouvrir la porte. Il entendit au même moment un grognement de souffrance provenant du lit. Elio se tenait le ventre, replié en position fœtal. Le loup-garou fit marche arrière, retournant auprès du bouclé. A mesure que la distance qui les séparait diminuait, la douleur s'amenuisait pour finalement disparaître.
— Qu'est-ce que ? fit Noa, ne comprenant pas d'où venait cette souffrance.
— Il semblerait que mes pouvoirs, commença Elio qui s'était finalement assis sur le lit, ne fais pas cette tête, toi non plus, tu n'es pas totalement humain, monsieur le loup-garou. Je disais donc que mes pouvoirs semblent avoir fait des leurs cette nuit à cause de la pleine lune, et nous nous retrouvons liés. En clair, on ne peut pas s'éloigner l'un de l'autre.
— C'est une blague j'espère ! s'énerva Noa, ayant totalement occulté le fait que cet homme qu'il venait de rencontrer avait compris sa vraie nature.
— J'aimerai bien, mais la douleur que nous avons ressentie lorsque tu as voulu quitter la pièce en est la preuve. Voilà pourquoi j'étais aussi réticent hier soir.
— Tu te fous de ma gueule ! Tu savais que ça allait arriver, mais tu n'as pas jugé bon de m'en parler avant.
— Rectification, je sais que ma magie peut faire des siennes les soirs de pleine lune, mais jamais je n'aurais imaginé qu'elle nous lirait de la sorte.
— Mais c'est arrivé ! Rassure-moi, il existe un contre-sort ou quelque chose pour l'annuler ?
— Je n'en ai aucune idée. Il faudrait déjà que je détermine la nature du lien qui nous lie pour espérer trouver comment le défaire.
— Et ça va prendre combien de temps ? s'énerva le loup-garou.
— Aucune idée. Ça peut être réglé dans la journée comme ça peut prendre une semaine ou des mois.
— Je n'ai pas autant de temps ! Je bosse, alors il est hors de question que je sois toujours lié à toi demain !
— Tu n'es pas le seul à avoir une vie. Alors si tu veux que je règle le problème au plus vite, on devrait y aller au lieu de se disputer.
— Très bien, monsieur le sorcier. Mais il est hors de question qu'on nous voit partir ensemble, Kayli ne me lâcherait plus.
— Tu as peur d'une simple humaine ?
— Elle peut se montrer très intrusive et très insistante tant qu'elle n'a pas ce qu'elle veut, alors oui, je ne veux pas qu'elle soit au courant du fait que je suis encore avec toi alors que ce n'est pas dans mes habitudes après une nuit avec un plan cul.
— J'ai compris, je vais nous créer un portail qui donnera directement chez moi, abdiqua le bouclé.
— Tu es sûr que ta magie ne va pas encore faire des siennes ? Parce que je préférerais rester en un seul morceau.
— La pleine lune est passée, comme tu as pu t'en rendre compte, alors aucun risque de dérapage comme cette nuit. Et maintenant, laisse-moi me concentrer.
Le sorcier se tut, tendit les mains devant lui et commença des mouvements qui semblaient dessiner une porte dans les airs.
« Portal fosgailte ! Bheir dhachaidh mi »¹
A peine Elio eut-il fini de prononcer ces mots qu'un portail apparut dans la chambre. D'un magnifique bleu, il semblait suffisamment stable pour les faire arriver à bon port en un seul morceau. Enfin, ce n'était que l'avis de Noa qui n'y connaissait pas grand-chose en magie.
— Après vous, cher monsieur, fit le bouclé avec une pointe de sarcasme dans la voix.
Les deux hommes traversèrent le portail et se retrouvèrent dans une petite entrée dont l'aménagement était optimal pour conserver un maximum de rangement. Du bruit provenait de la pièce d'à côté, ne rassurant pas vraiment le loup-garou. Le sorcier ne sembla pas s'en soucier plus que cela et s'avança vers l'origine du son.
— Tu tombes à pic Baldre. Tu es justement le sorcier que je voulais voir.
— Elio, je peux savoir où tu étais ? Ça fait des heures que je t'attends !
Noa ne s'était pas avancé, préférant rester cacher dans le hall de l'appartement du bouclé. Il ne voulait pas qu'on lui pose la plus petite question quant à sa présence ici. Ce n'était pas dans ses habitudes de passer plus que la nuit avec ses plans cul, et voilà qu'il se retrouvait lié par la magie à l'un d'eux.
— Je profitais d'Halloween et n'ai pas vu le temps passer.
— Tu sais très bien que les nuits de pleine lune, tu ne peux pas faire n'importe quoi ! Ta magie peut être incontrôlable et tu le sais parfaitement.
— C'est justement pour ça que j'ai besoin de toi, rétorqua Elio.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé encore ? demanda Baldre d'une voix blasée.
— Je me retrouve lié à un loup-garou.
— Pardon ?! Tu te fous de ma gueule là, j'espère !
— J'aurais bien aimé, figure-toi. Mais les faits sont que mon plan cul d'Halloween n'a pas pu quitter la chambre ce matin. Lorsqu'il a essayé, une énorme douleur nous a tordu le ventre à tous les deux.
— Et je peux savoir où il se trouve ce fameux plan cul, si vous ne pouvez pas vous éloigner l'un de l'autre.
— Il semblerait qu'il joue les timides, ce qui n'est pas vraiment son genre si tu veux mon avis.
— Je ne veux rien savoir. Ramène-le ici, que j'examine le lien qui vous unit.
— Exactement ce que je voulais entendre. Noa, ramène ton cul ici au lieu de creuser une tranchée dans mon hall.
— Mais c'est qu'il est plutôt canon en plus de ça ! fit l'autre sorcier en voyant le loup-garou qui les rejoignait.
— Baldre, le reprit Elio avant qu'il n'en dise plus.
— J'ai compris, abdiqua-t-il. Je me mets au travail.
Il examina les deux hommes, leur tourna autour avant de s'arrêter face à eux, de lever les mains et de tracer comme des fils les reliant.
« Nochdadh thu fhèin »²
Une fine ligne dorée apparut, les entourant et les reliant délicatement. Le spectacle valait le coup d'œil, même si ce fil signifiait que le sorcier et le loup-garou ne pouvait pas se séparer de plus de quelques mètres. Baldre fronça les sourcilles, comme si ce qu'il voyait ne lui plaisait pas. Quelques mouvements supplémentaires, et le fil se résorba, disparaissant petit à petit.
— Je vois que tu ne fais toujours pas les choses à moitié, Elio, ricana le blond.
— Accouche, au lieu de faire de l'humour, grogna le bouclé.
— Tu vous as lié avec le sort le plus puissant qui existe et le plus difficile à annuler.
— Falbh 's tarraing³, grimaça le sorcier.
— Ce n'est pas en jurant que tu résoudras le problème.
— Je le sais bien, merci. Et tu n'aurais pas une petite idée de comment nous en débarrasser ?
— Malheureusement, je ne peux rien pour vous deux. Vous allez devoir vous débrouiller tout seul. Sur ce, je vous laisse à votre sort et vous souhaite bonne chance.
Un claquement de doigts et une formule plus tard, le sorcier avait disparu.
— Tu peux m'expliquer de quel sort il parle ? demanda le châtain, une pointe de colère dans la voix.
— Si j'ai bien compris, le sort qui nous lie est le plus puissant, mais aussi le plus dangereux.
— C'est-à-dire ?
— Si tu m'en avais laissé le temps, j'allais te le dire. Ce sort qui nous lie s'appelle Gu beatha gu bàs, autrement dit, à la vie à la mort. Il est normalement utilisé lors de mariages ou lors d'unions. Comme son nom l'indique, ce sort lie les deux personnes concernées jusque dans la mort. Si l'un des deux meurt, il entraîne l'autre avec lui.
— Tu n'es pas sérieux, j'espère ?
— J'aurais bien aimé, figure-toi, mais c'est la vérité. Ce sort nous empêche aussi de nous éloigner de plus de quelques mètres, comme tu as pu le voir ce matin. Ah, et dernière chose, il vaudrait mieux que personne ne soit au courant, parce que chez les sorciers, beaucoup me jalousent et voudraient bien me voir disparaître. Alors s'ils apprennent que nous sommes liés de la sorte, tu risques d'être pris pour cible.
— Super, il ne manquait plus que ça, fit Noa en levant les yeux au ciel.
— Mais le bon côté, c'est que j'ai des amis qui sont liés par ce sort et qui vivent leur vie normalement, sans avoir besoin d'être collé l'un à l'autre toute la sainte journée. Ils pourront sûrement nous aider.
— Et où peut-on les trouver, ces fameux amis.
— Dans le monde des sorciers.
— Super, râla le loup-garou. Il ne manquait plus que ça.
Le sorcier l'ignora et commença à tracer des lignes avec ses mains, comme il l'avait plus tôt pour les amener ici.
« Portal fosgailte ! Saoghal Wizarding »⁴
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¹« Portail ouvre-toi ! Amène-moi chez moi »
²Montre-toi
³Fait chier
⁴« Portail ouvre-toi ! Monde des sorciers »
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