Réel ~ 47

- C'est celui là ?

- Non, souffle ma mère en levant les yeux au ciel.

Ça fait déjà une vingtaine de minutes qu'on est à la gare, mais le train de Nokoé n'est toujours pas arrivé... Et plus le temps passe, plus je stresse. Il ne m'aurait quand même pas posé un lapin ? Non, ce n'est pas son genre. Il avait vraiment l'air content de venir.

- Ah, me dit ma mère, je crois qu'il arrive.

- C'est vrai ? Où ça ?

- Sur le panneau, c'est écrit qu'il entre au quai numéro 4...

- Viens, je m'exclame, on y va !

Je la tire par la main jusqu'au bon quai, où un train vient effectivement de s'arrêter. Je regarde les gens sortir... Puis je finis par le voir. Il ne m'a pas menti, il est vraiment grand.

Il marche tranquillement dans notre direction, en traînant une petite valise derrière lui. Je ne sais même pas s'il m'a vu. Je n'ose pas lui faire coucou.

- Tu le vois ?, me demande ma mère.

- Oui... C'est le grand, là-bas.

- Le moche ?

- Non, je souffle, l'autre.

- Celui avec un gros nez ?

- Non plus...

- Non... C'est quand même pas le mec canon qui marche une main dans la poche ?

- Si.

- Je ne te crois pas... C'est vraiment lui ? Celui avec la chemise rouge ?

- Oui je te dis...

Avant que ma mère ne me réponde, nos regards se croisent. Enfin si ça se trouve, elle m'a répondu, mais je ne l'ai pas écouté. Je suis trop absorbé par les yeux de mon ami.

Il me sourit, et me fait un petit signe de la main, avant de continuer à venir vers nous.

- S-Salut, je lui dis, quand il arrive à notre niveau.

- Yo, me répond-il me prenant dans ses bras, ce qui me fait me crisper. Je lui devais un câlin, explique-t-il à ma mère.

- Pas de soucis !

Il me lâche pour me regarder, toujours en souriant. Je détourne les yeux, les joues toutes rouges. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me fasse réellement un câlin... Ça peut paraître insignifiant, mais c'est beaucoup, pour moi. Je n'ai jamais de contact physique, à part avec ma mère et ma grand-mère.

- Bon, commence ma mère, maintenant que j'ai vu que tu n'étais pas un pédophile, je devrais pouvoir vous laissez... Camille, ça te va ? Ou tu préfères que je reste avec vous encore un peu ?

- Non non, je lui dis, tu peux y aller. De toute façon on se voit ce soir, à la maison.

Ma mère hoche la tête, avant de récupérer la valise de Nokoé et de s'en aller. Elle va l'amener directement chez nous, pour lui éviter de devoir se la trimballer partout.

- Je suis content d'être là, me dit-il.

- Moi aussi...

- On fait quoi du coup ? Parce que j'ai faim...

- On mangera après, je souffle, là, ce n'est même pas l'heure. Viens, on va marcher jusqu'au centre commercial.

- On y va à pied ?, s'étonne-t-il. J'espère que ce n'est pas loin...

- Mais non, ce n'est même pas à une heure d'ici.

- Quoi ?!

Je pouffe, tandis qu'il soupire. C'est qu'il y a cru, cet idiot.

- Bon, je te suis, déclare-t-il.

- D'accord, viens.

On se met en route vers le centre commercial, tout en parlant de tout et de rien. J'avais peur que ce soit gênant, mais ça ne l'est trop. Tant mieux.

- Oh, s'exclame-t-il, viens, on entre là !

- Pourquoi faire ?

- Pour regarder les vêtements, peut-être ?, me répond-il en haussant un sourcil.

- Si tu veux.

- Je le veux.

Il attrape ma main, et on se met à marcher à travers les rayons du magasin.

•••

- Je suis épuisé, me dit Nokoé en se laissant tomber sur mon lit. J'aime bien ta chambre, au fait.

- Merci...

- Bon, on fait quoi ?

- Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu voudrais faire ?

Il hausse les épaules, avant de se mettre à chantonner.

- Qu'est-ce tu fais ?, je lui demande, en souriant. Tu chantes ?

- Ce n'est pas ma faute, j'ai une chanson dans la tête, m'explique-t-il.

- C'est quoi ?

- Je n'ai plus le nom. Ça fait comme ça : "tin tin tintintiiin tin tiiin".

- Quoi ?, je dis, avant d'éclater de rire.

- Oh putain..., marmonne-t-il en me regardant, la bouche entrouverte.

- Quoi ?, je répète, en fronçant les sourcils.

- J'adore ton rire... Je veux que tu rigoles encore.

- Mais ça ne vient pas sur commande.

Un petit sourire apparaît sur ses lèvres, et il se lève pour se rapprocher de moi. Je fais un pas en arrière, mais je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit qu'il se met à me chatouiller.

Évidement, je me mets de nouveau à rire, en essayant de le repousser. Mais il a plus de force que moi.

- A-Arrête, je réussis à articuler, je ne peux plus respirer...

Il me lâche, et je reprends mon souffle. Sauf que dès que je l'ai à peu près récupéré, il recommence à me faire des guilis.

- Et hop, lance-t-il en me soulevant pour me mettre sur son épaule, ce qui me fait pousser un petit cri de surprise.

Il me jette sur mon lit, et vient se placer au-dessus de moi pour se remettre à me torturer.

Une fois qu'on a bien rigolé et qu'on a repris notre souffle, on se rend compte en même temps de la position dans laquelle on est.

- Euh... Désolé, me dit-il, sans pour autant se déplacer. Non, monsieur préfère rester assis au niveau de mon bassin.

- C-Ce n'est pas grave...

- Si t'avais dix-huit ans..., commence-t-il.

- Oui ?

- Rien, souffle-t-il, laisse tomber.

- Ce n'est pas parce que je ne suis pas majeur que je ne comprends pas les sous-entendus, tu sais.

Il ne répond pas, et détourne le regard.

- Et si je suis consentant ?, je lui dis, à voix haute.

- Tu veux qu'on couche ensemble ?, s'étonne-t-il.

- N-Non ! Enfin... C'est la première fois qu'on se voit, on ne va pas faire ça.

- C'est toi qui a proposé !

- Mais non !

Il pouffe et se laisse tomber sur le lit, à côté de moi.

- Je peux te faire un câlin ?, je lui demande.

- Bah ouais.

Je souris, et me colle contre lui.

- On fait quoi maintenant ?, m'interroge-t-il.

- On regarde un film ?, je propose.

- Ok, si tu veux.

- Une comédie romantique !

- Si tu veux... Mais la prochaine fois, c'est moi qui choisis.

- D'accord !

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