Chapitre 7 - ...on pourra se libérer des chaines de ce monde...


« Une fois qu'on atteint le fond, on ne peut que remonter. A moins d'être lesté. Si tu l'es, il suffit d'enlever le poids qui te retient. »

J'ouvris lentement mes yeux. Mon champ de vision brouillé se dévoila peu à peu. Des murs blancs... Un lit étrange... Un hôpital ? Ca semblait être ça. Je me trouvais dans une chambre d'hôpital. Je ressenti une forte douleur à ma tête.

Ouf.

J'avais l'impression d'avoir deux barres de métalliques crisser l'une contre l'autre à l'intérieur de mon crane.

Insupportable.

J'attendis un moment les yeux fermés que la douleur passe. Je les rouvris finalement, une bonne minute plus tard. La douleur n'avait pas complétement disparu mais elle était supportable à présent. En tâtant ma tête, je sentis ce qui semblait être un gros pansement sur mon front.

Hum.

Je commençais à remettre les pièces dans l'ordre. Ironiquement, ma tentative de malaise m'avait causé un malaise. Je m'étais probablement éclaté la tête en première sur le sol sans demi-mesure. C'était évident. C'était presque étonnant que je sois encore en vie. Mon corps était si fragile, j'aurais pu m'ouvrir le crâne en deux et la bouillie qui me servait autrefois de cerveau aurait lentement coulé jusqu'à ce que je perde tous neurones et toutes consciences.

Mais j'étais en vie et je me trouvais dans un lieu de soin. Une chose étrange était l'absence de policier. Je me demandais si je pouvais tenter de partir discrètement et rentrer chez moi. Mais avant, je devais déjà savoir où je me trouvais. J'espérais seulement encore être en France.

Je devais me lever et sortir de mon pieu. Je commençais à bouger mes jambes. Au moment où j'allais sauter hors du lit, mon crâne se déchira à nouveau de douleur. Ça n'allait pas être drôle du tout.

Mais alors, pas du tout.

Une fois la douleur passé, j'atteignis finalement le sol et j'entrepris de me déplacer jusqu'à la porte d'entrée et de l'ouvrir. En jetant un dernier regard dans l'intérieur de ma chambre, je vis des vêtements posé sur la table de chevet à côté du lit. Si je tentais de sortir de l'hôpital dans ma robe, ça allait mal se passer.

Avant de refermer la porte, j'entendis les échos d'une discussion.

Du français.

J'étais donc encore en France huh.

Bonne nouvelle.

Je refermai la porte et partit me changer, pour, une nouvelle fois, mourir d'une douleur instantané.

Ça allait être très pénible.

Une fois entièrement changé, je sortis finalement de ma chambre et déambula dans le couloir.

Je marchai lentement, près des murs, pour ne pas tomber à la renverse à la moindre explosion cérébrale.

J'étais définitivement en France. Tous les panneaux étaient en français et tout le monde parlait français. De plus, s'il n'y avait aucun policier dans ma chambre, je m'attendais à une bonne nouvelle. D'abord, je devais savoir combien de temps était passé depuis mon incident. Ensuite, je devais comprendre ma situation avec la police puis où était Alice et finalement, comment rentrer chez moi.

Je ne fus stopper que deux fois par mes douleurs avant de réussir à rejoindre l'ascenseur. Lorsqu'il s'ouvrit, un infirmier en blouse bleu avec une chemise rempli de document me lança un regard remplit de lumière.

- Ah ! Monsieur Lavoit ! Vous êtes réveillé !

- Je...

- Vous vous êtes déjà changé à ce que je vois! Vous comptez sortir dehors ?

- Euh...

- De l'air frais vous fera un grand bien. Mais avec votre felure au crâne, vous n'avez pas trop mal ?

- Une fêlure ?

- Oui. Il parait que vous êtes tombé lors d'un malaise et votre front a frappé le sol de plein fouet. C'est vraiment dommage que nos créateurs n'ont pas jugés dignes de nous donner une plus grande résistance à ce genre de choses, haha.

Ce n'était pas drôle.

- Et... la police ?

- La police ? Quelle police ?

- Com... comment j'ai été amené ici ?

- Aucune idée, je ne travaille pas aux urgences mais à cet étage, moi. Maintenant, excusez-moi, je dois amener des documents importants à Jean-Pierre. Certain pourraient même vous concerner. Profitez bien de l'air frais dehors. Vous avez de la chance, il fait bon au soleil aujourd'hui.

- Hum.

L'infirmier souriant partit d'un pas rapide à travers le couloir.

Alors la police n'est jamais venue me voir huh ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je devais me rendre aux urgences pour le savoir.

Après être descendue au rez-de-chaussée, je continuais de déambuler de manière incertaine, subissant régulièrement ces horribles douleurs. Je tombai finalement sur un panneau ayant un plan du bâtiment. J'étais donc dans l'hôpital Aydouart Harriat. Je n'avais jamais compris comment réellement prononcer ce prénom lorsque je le lisais. Et le nom de ce hopital ne m'avait jamais semblé ... juste. J'entrepris de comprendre où j'étais et où aller. J'aperçus le mot urgence sur la carte.

Superbe. Je savais maintenant où aller. Et c'était tout à fait à l'autre extrémité de l'hôpital déjà gigantesque.

Horrible.

Après une marche interminable dans des conditions dramatiques, j'arrivais finalement devant l'accueil des urgences. Une femme tout à fait banale se trouvait disponible à ma requête. Du moins, elle le semblait. Je devais m'adresser à elle. Quel enfer.

- Euh... Hum... Bonjour, commençai-je voulant être poli.

- Bonjour, répondit-elle sans émotion particulière.

- Est-ce que...

Ma douleur cérébrale me lança encore une fois. Ce n'était pas le moment. Je fermais brièvement les yeux et me massa les tempes.

- Ça va ?

- Oui, oui. Je... comment dire... je voulais demander si un certain Fynn Lavoit était arrivé aux urgences récemment.

- Attendez, je regarde ça. Hum... Alors... Je descends encore un peu et... voilà. Oui. Il y a bien un Fynn Lavoit qui est arrivé hier à dix-sept heures douze pour une blessure à la tête. L'intervention s'est bien passé, il doit être dans une chambre de repos normalement.

- Excusez-moi, vous avez bien dit Fynn ? intervint le collègue de la dame à l'accueil.

- Euh oui, répondit-elle ne s'y attendant pas.

- Vous êtes un ami à Fynn ? dit-il s'adressant à moi.

- Je suis Fynn...

- Ah ! Parfait ! La police est passé hier soir pour déposer votre téléphone portable et ils ont dit qu'il n'y a plus aucun problème. Il y a également un numéro de téléphone à appeler noté sur un bout de papier que j'ai mis dans la coque du téléphone. Attendez, je vous le récupère.

- Je ! Hum... Ce sera possible de partir après l'avoir récupéré ?

- Ah ça, répondit la dame. Il faut s'adresser au service appartenant au bloc de repos où vous étiez. Nous nous occupons juste de la partie urgence de l'hopital.

- Huh.

Quelques secondes plus tard, son collègue revint avec, ce qui était effectivement mon portable.

- Tenez.

- Euh...

- Bonne journée.

- ...en revoir.

Après inspection, je découvris effectivement un bout de papier avec un numéro dans la coque de mon téléphone. Ma tête me lança une nouvelle fois. Je commençais à avoir l'habitude.

Je regardais l'heure sur mon téléphone. Quinze heures trente-quatre. J'avais dormi autant de temps ? C'était absurde. Mais, ça signifiait que je pouvais immédiatement appeler le numéro que l'on m'a donné. Je n'avais pas vraiment d'idée à quoi m'attendre de cet appel. J'espère au moins que l'on m'expliquera la situation.

- Allo ? décrocha une voix masculine qui me semblait étrangement familière.

- Oui ? Allo ? Euh... vous m'entendez ?

- Oui, oui.

- Alors... j'appelle parce que... j'aimerais savoir ce qui s'est passé à mon sujet.

Ce n'était pas possible d'être aussi hésitant. J'avais vraiment un problème pour converser avec des inconnus. Il fallait toujours que la discussion devienne gênante d'une manière ou d'une autre. Je devais changer d'attitude.

- Qui êtes-vous monsieur ?

- Lavoit Fynn.

- Monsieur Fynn ! Vous vous êtes remis de votre malaise ?

- J'ai l'impression de m'être empalé le cerveau mais je suppose que je suis en vie, merci de demander.

Ouf. Changer d'attitude peut être mais là... ça restait toujours aussi gênant.

- Haha ! Très bien, alors je vous ai demandé de m'appeler à ce numéro pour vous expliquer la nouvelle situation. Je suis l'inspecteur Louis Leblont faisant partie de la délégation française sur l'enquête Kermit the Prog, on s'est déjà rencontré plusieurs fois.

- Celui que je surnommais « le blond » ?

- C'est ça. J'étais étonné que vous connaissiez mon nom mais je crois mieux comprendre à présent.

- Euh... Désolé... je suppose.

- J'aurais dû me présenter, vous n'avez pas à vous excuser. Les circonstances sont toujours un peu étranges lors de mon travail. Quant à celles de votre situation, vous avez du vous réveillé seul à l'hôpital si je ne me trompe pas. Vous avez pu récupérer votre téléphone à l'accueil sans encombre ?

- Oui pas de soucis. Pourquoi on m'a laissé seul ?

- Car il n'y a plus aucune raison de vous retenir. Toutes les charges contre vous ont disparus.

- Je ne devais pas aller aux États-Unis, il y a vingt-quatre heures ?

- Il n'y a plus de motifs d'accusations qui justifieraient une telle chose.

- Comment ça ?

- Vous n'êtes plus un suspect, vous être libre de retourner à votre vie normale sans contrainte particulière.

- Où sont passé les charges contre moi ? Je n'avais pas l'impression que les agents américains en avaient besoin pour m'embarquer aux Etats-Unis. Vous sembliez avoir suffisamment de justification pour m'arrêter. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Eh bien, la principale raison est que la majorité du dossier de l'enquête est parti en fumé dans un incendie. Une partie de l'agence où se trouvaient les dossiers a brulé et tout a été perdu. Un des plus gros incidents récents qui est arrivé aux États-Unis.

- Ah...Quand ça ?

- On a reçu la nouvelle, hier soir.

- Vous n'aviez pas de copie sur le cloud ?

- Pas pour cette affaire, non. Mais vous comprenez bien que nous avons toujours des suspicions envers vous et que l'enquête va continuer. Cependant, il n'est légalement plus possible de vous retenir et nous n'avons plus de preuves. Si vous êtes innocent comme vous l'affirmiez, alors vous n'aurez pas de soucis.

- Et qu'en est-il d'Alice ?

- Pareil, nous n'avons plus de charges contre elle non plus.

- Où est-elle ?

- Malheureusement, avant de recevoir l'information, elle était déjà partit aux Etats-Unis. Selon les dernières infos, elle aurait été relâchée et elle devrait bientôt retourner en France.

- Hum... Tant qu'elle est libre de ses mouvements, ça devrait aller je suppose. Il y a autre chose que je devrais savoir ou je peux rentrer chez moi sans craindre une escouade détruire à nouveau mon domicile?

- Hum... Non, je ne vois rien.

- Très bien, merci de m'avoir informé, je suppose...

- Il n'y a pas de quoi, c'est mon travail après tout.

- En revoir.

- En revoir.

« Bip »

En revenant sur le menu principal du téléphone, je me rendis compte qu'il manquait plus de la moitié des applications que j'avais créé. Bien sûr que j'avais aussi installé Gameover sur mon téléphone, je n'étais pas bête à ce point. Pourtant, ça me rappelait à nouveau que tout était perdu et qu'il fallait tout reconstruire du début.

Je ne devais pas m'embêter avec ça. S'il fallait tout reconstruire, alors soit. Je pouvais très bien refaire en quelques mois ce que j'avais expérimenté sur des années. Maintenant, je devais rejoindre mon bloc et demander à pouvoir sortir de cet horrible endroit sans faire de vague.

Je sentis mon mal de crâne se relancer à nouveau, plus faiblement cette fois. C'était presque supportable. Une fois la douleur partie, je repensai à la discussion que je venais juste d'avoir.

Alors ils avaient brulé le bâtiment ? Je savais pertinemment que la cause de cet accident n'était pas naturelle. Lorsque j'ai activé Gameover, le script n'effaçe pas seulement toutes les preuves sur toutes les machines en notre possession. Il activait aussi le micro, indétectable à tout scanner bas de gamme, situé à l'intérieur de mon t-shirt, qui était lié directement aux Membres. Cela signifiait qu'ils avaient tous entendu de mon arrestation, de mon trajet dans la voiture, de mon interrogatoire, de la tentative de m'envoyer aux États-Unis et surtout les directives que je leurs avais donné depuis ma cellule. Mon t-shirt, ne pouvant dissimuler efficacement un hautparleur, je ne pouvais avoir aucune réponse de leurs parts. Je devais simplement espérer qu'ils m'aient entendus et aient écoutés mes demandes.

En tant qu'informaticien, on a la puissance de contrôler tous ce qui est virtuel. Cependant, on peut aussi agir dans le réel depuis notre écran tant qu'on a de l'argent et les bons contacts. Visiblement, ils avaient entendus mon hypothèse à propos des dossiers de l'affaire uniquement disponible en papier. Un ordre a dû être donné aux mercenaires d'effacer toutes les preuves physiques. Mais par effacer les preuves, je ne pensais pas à ça. Ils ne faisaient pas dans la finesse ces mercenaires. Peut-être les avaient-ils pressés. Ca pourrait expliquait un tel spectacle.

J'étais donc libre, probablement grâce à eux. Mais comme avait mentionné Leblont, effacer les preuves ne les empêchaient pas de continuer leur enquête. Je n'étais pas sortie d'affaire car tout ça n'améliorait pas vraiment ma condition de suspect principal. Ils ne pouvaient plus m'arrêter, je ne devais pas leur donner de raisons de le faire. J'avais déjà bien réussis jusqu'à présent, je devais redoubler d'effort. Surtout sur ma fausse situation sociale.

Mon mal de crâne se relançait régulièrement mais la douleur diminuait petit à petit. J'espérais simplement que ça allait s'atténuer suffisamment pour que je ne puisse plus y penser car si ça devait durer des jours, je les voulais un minimum reposant.

Toujours en grande peine, je retraversai tout l'hôpital et j'arrivais au bon accueil cette fois-ci. Je reçus comme information d'attendre une visite médicale avant de partir. Je dû retourner dans ma chambre et attendre une trentaine de minute pour la recevoir. Tout était correct et j'avais reçu l'autorisation de sortir. Le médecin m'avait aussi prescrit des médicaments pour mon mal de crâne. C'était dommage que je n'aille pas dans une pharmacie pour les récupérer. J'avais bien trop eut de contact avec l'extérieur pour l'année. J'étais socialement exténué.

Un taxi me récupéra et je pus enfin rentrer chez moi. Dire que j'avais passé plus de quarante-huit heures hors de ma demeure. Un record. Je découvris un intérieur aussi bordélique qu'avant. Rien n'avait vraiment changé. Simplement beaucoup de matériels avaient changés de places. En les allumant, je vis qu'il ne restait plus rien non plus sur leurs disques durs.

C'était un sentiment étrange. J'étais content d'être chez-soi et pourtant j'étais déçu de mon environnement. Un peu comme lorsqu'on arrive dans son appartement qui n'était pas encore meublé. J'étais chez moi mais il n'y avait rien. Je possédais donc le rien.

Je lâchai un soupir, entrevoyant ce qui m'attendait dans les prochains mois.

Une chose était sure. Je n'allais pas m'y mettre aujourd'hui.

Je voulais contacter Alice mais je n'avais aucun moyen clair de le faire. Lorsqu'on communiquait en ligne entre Membre, on passait toujours via notre software car il était sûr à cent pour cent. Mais nous n'avions plus ce software sur aucune des machines que je possédais à présent et le seul moyen de le récupérer était de m'adresser aux membres via le forum et attendre qu'ils m'envoient un lien de téléchargement. Même si je récupérais le soft, il n'était pas dit qu'Alice avait la possibilité de récup le soft non plus.

Je pouvais tenter de l'appeler mais pour ça, il fallait que je rappelle de son numéro. Même ça était effacé.

Il n'y avait juste aucune solution.

Je n'avais qu'à attendre, je suppose.

Attendre.

Étais-je revenu dans ces fameuses années d'attentes et d'ennui ? Après je ne pouvais pas tellement m'ennuyer vu tout ce que j'avais à faire. C'était juste désagréable.

Ce monde était désagréable.

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