Chapitre 5 - ...la faute à un passé inutile...


Alice... Si c'était le vraiment le cas. Tu me décevais beaucoup.

- Alors, allez-vous continuer de nier ?

Je levai mon regard vers la personne que je détestais le plus au monde.

- Elle a avoué que j'étais innocent ?

- Vous savez très bien ce que je veux dire.

- Non, je n'en ai aucune idée.

Il soupira.

- Elle a tout avoué sur votre implication dans Kermit. Nous savons maintenant de source sûre que vous avez infiltré plusieurs bases de données américaines. Vous êtes certain de subir une lourde peine. Vous avez le pouvoir de la diminuer.

Ce jeu ne m'amusait plus. J'avais récupéré les infos qu'il me fallait. Je pouvais lancer le signal. Je devais sortir d'ici maintenant.

- Je voudrais aller dormir.

- Vous n'allez rien dire ?

- Je suis innocent et je veux dormir.

- Vous voulez aggraver vos peines ?

- Je ne peux rien aggraver vu que je n'ai rien fait. La justice trouvera la vérité. Il n'y que vous qui risquez votre crédibilité et votre poste. Moi, j'ai juste sommeil.

- Je ne vais pas vous laisser partir maintenant.

- Par quel droit ?

- Les mêmes qui m'ont permis de vous amener jusqu'ici.

- Si vous ne voulez pas me laisser partir, qu'allez-vous faire ? Je ne dirais rien de plus, car je ne sais rien. Ah si. Je sais que je suis innocent et que j'ai envie de dormir.

Après cette tirade, je fermais les yeux. Même avec les paupières comme protection, je sentais la lumière perçait à travers ma peau. Ce n'était pas une très agréable. Je gardai les yeux fermés cependant.

- Monsieur Fynn...

- ...

- ...

- ...

- ...

- Zzzz...

- Hey.

- Zzzzzzzzz...

- Hey !

Je fis mine d'être surpris et réveillé.

- Hein quoi ?

- Toute notre discussion est notée. Il faudrait arrêter de se foutre de nous.

- Je ne me fous pas de vous. Je suis juste épuisé. Je ne peux rien faire contre ma nature humaine.

C'était absolument faux. Tout était faux. Un imposteur depuis le début.

- ...

- Écoute Louis, ça ne sert à rien de continuer, intervint son collègue. On perd notre temps.

Le blond le regarda un instant, puis se leva.

- Tu as raison. Ramène-le dans sa cellule, je ne veux plus voir sa tête. Raphaël devrait t'accompagner, même si je doute qu'il y ait besoin de deux personnes le ramener, dit-il avec dédain.

De retour dans ma cellule, j'avais enfin mes mains libérées et l'espérance d'une tranquillité. Après avoir attendu quelques minutes et à nouveau inspecté tous les recoins de ma pièce, je ne trouvai aucun appareil pouvant me filmer, ni m'écouter. Malgré mon statut de haut criminel, ils n'avaient pas pris toutes les précautions nécessaires. Peut-être voulaient-ils me mettre en confiance ? C'est dommage pour eux. Il n'y avait que chez moi où j'étais tranquille. Tout autre endroit était hautement dangereux. Particulièrement celui où je me trouvais actuellement.

J'avais toute les informations nécessaires. Il était temps.

Je fus réveillé par des bruits dans le couloir. Le temps de se réveiller complétement, ils disparurent. Malheureusement j'étais déjà réveillé.

Par réflexe, je regardai ma montre. Mais je ne l'avais plus. Je tâtais mes poches. Évidemment, je n'avais rien. Quel mauvais rêve. J'étais destiné à profondément m'ennuyer dans cette salle confiné.

Horrible.

J'avais la sensation d'avoir bien dormi mais sans montre, je n'avais aucune idée du cours du temps. J'étais en forme et il faisait jour dehors, c'était la seule chose dont j'étais sûr.

Je m'assis sur ma couchette fixant le mur immaculé. Je n'avais rien de mieux à faire de toute manière.

Combien de temps pouvait-il me garder ici ? Je supposais que ça devait être autour des vingt-quatre heures. Je devais déjà avoir fait un tiers du temps et ça ne leur laissait que seize heures pour trouver des preuves accablantes. Avec un peu de chance, je pourrais sortir avant minuit.

En repensant à hier, je n'avais même plus si envie de retrouver mon bureau. Je voulais rentrer chez moi, évidemment, mais retrouver toute mes machines vides de tout le travail et les efforts que j'avais fourni au cours de ces dernières années, l'idée de devoir tout reconstruire et du temps que ça allait prendre. Cela me vidait de mon énergie rien que d'y penser.

Mais ne rien faire me vidait également de mon énergie. Il me fallait une machine pour m'énergiser.

Après une durée indéterminée, j'entendis la porte s'ouvrir. Je tournai la tête, surpris de la venue d'un évènement. Une tête inconnue se passa dans l'entrebâillement. Une femme métisse. Probablement une policière.

- Monsieur Lavoit, vos parents vous attendent.

Mes... Mes parents ?! Qu'est-ce que mes parents pouvaient bien faire là ? Comment pouvaient-ils savoir... Oh... Cette enflure... C'est lui qui les avaient fait venir ici. Qu'est-ce qu'il espérait de ça ?

- Monsieur ?

Sans répondre, je me levai et me dirigeai vers la porte. Prenant cette action pour un oui, elle ouvrit en grand la porte, laissant apparaitre le bon Raphaël. C'était peut-être le seul type que j'aimais bien dans ce trou à rat. C'était un colosse nordique. Il avait une large carrure, un visage carré, une grande barbe broussailleuse et des cheveux blond mi-long arrivant aux épaules. Il ne parlait pas, se contentait de faire ce qu'il avait à faire telle une machine (dans mon cas, me menotter, démenotter et m'amener à bon port). Pas comme certain qui se foutait ouvertement de moi ou osait me poser des questions impertinentes lors des trajets.

Cela renforça mon idée que je préférais les machines aux humains. Après, il y avait toujours des exceptions à toutes les règles, comme il y a des exceptions à tous les programmes. C'était peut-être ça, l'espoir qui me faisait persévérer.

Si tu n'as aucune raison de vivre, alors attends d'en trouver une. Ce serait bête de gâcher une chance unique sur un raisonnement à court terme.

Quoi qu'il en soit, j'allais retrouver mes parents. Et ça ne me faisait pas du tout plaisir.

- Fynn !

Je jetai un regard à mon père qui sembla calmer ses ardeurs. Ma mère se trouvait juste à côté. Je pouvais lire sur leurs visages qu'une attente inquiète et une visible confusion. Comme s'ils n'arrivaient pas à croire la scène qui se présentait sous leurs yeux. Je pouvais les comprendre. Ça n'empêchait qu'ils paraissaient encore plus stupides qu'ils avaient l'air d'habitude.

La policière me fit installer de l'autre côté de la table, face à mes parents. La salle était identique à la salle d'interrogatoire de la nuit précédente. Une seule issue et aucune lumière naturelle. C'était presque comme une cellule où l'on avait remplacé la couchette par une table et des chaises. Elle me laissa menotté et nous expliquèrent qu'il y avait une caméra et Raphaël juste derrière la porte en cas de soucis.
Bref, je ne pouvais pas faire de faux mouvements. De toute manière, même si je le voulais, je ne pouvais pas tant que mes mains étaient liées. Mon corps était probablement assez fragile pour m'arracher le bras en forçant suffisamment, mais je n'étais pas prêt à sacrifier mon bras pour frapper mes parents avec. Même si ça pouvait être très drôle.

Les deux agents sortirent de la salle et nous fument laissés seuls. Je voguais d'ambiance pesante en ambiance oppressante ces temps-ci. Je sentais le regard de mes parents entièrement fixé sur mon être.

Hum... J'étais prêt à tout leur dire. S'il avait osé venir jusqu'ici, alors ils le méritaient.

- Fynn... reprit mon père. Explique-nous ce qu'il se passe.

- J'ai été arrêté car il semblerait que j'ai fait partie du complot visant à remplacer le président des États-Unis par une grenouille virtuelle. Mais vous le saviez déjà non ?

- Est-ce que c'est vrai ?

- Pourquoi tu as besoin de le savoir ?

- Fynn ! intervint ma mère. Nous sommes tes parents quand même !

- C'est vrai que c'est écrit dans les papiers officiels. Ça s'arrête là cependant.

- Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé, c'est vrai, répondit mon père avec compréhension. On aurait dû venir te voir avant.

- Qu'est-ce qui vous en empêchait ?

- Fynn... gémit ma mère. Nous avons des obligations du à notre travail et à la maladie de ton père.

Ils m'énervaient.

- Il va falloir arrêter la comédie à présent. Ça fait bien longtemps que vous ne servez à rien et vous aviez l'air de bien vous plaire quand vous n'aviez pas à monitorer mon existence. Avouez que c'était le bon temps, ces six dernières années.

- C'est totalement faux... intervint mon père.

- Si c'était tellement faux, pourquoi vous n'avez pas envoyé un seul signe de vie ? Vous auriez pu mourir, je ne serais toujours pas au courant. Vous auriez même pu faire un autre enfant. Oh attendez... Non, c'est vrai, vous détestez les enfants, surtout les vôtre. C'est pénible d'avoir des responsabilités hein ?

- Toi non plus, tu n'as pas envoyé un seul signe de vie, à part... maintenant... rétorqua ma mère.

- Mais parce que je m'en fous de vous. Je vous l'ai déjà dit, vous êtes des poids tout au plus. Regardez, vous m'obligez à vous insulter devant la police vous croyez que ça me fait plaisir ? Je n'essaie pas de faire bonne impression, en faisant croire que je m'inquiète pour vous.

- Fiston...

- Vous pourrez mourir demain, ça ne changerait rien à ma vie. Ça m'enlèvera même un fardeau, qui n'était pas très lourd, je dois avouer.

Ma mère commençait à partir dans les pleurs tandis que mon père, visiblement frustré et énervé, n'arrivait pas à trouver les mots pour me répondre. Au fond d'eux, ils savaient déjà tout ce que je venais de leur dire.

- Je suis désolé pour vous mais vous venez de perdre du temps et de l'argent. Je ne sais même pas pourquoi vous êtes venu en premier lieu.

- Fils, me coupa mon père. Dis-moi juste une chose. Ce sera la seule chose que je te demanderais, après on te laissera tranquille. Si on est venu ici, c'est pour entendre une seule chose.

- Hum ?

- Est-ce que tu es un criminel ?

Alors qu'il me posait la question, son regard s'affina et pénétra mon corps et mon âme. Voilà la réelle raison de cette conversation, tout l'enjeu. J'aurais bien aimé lui dire la vérité mais j'allais devoir leur mentir à cause des oreilles indiscrètes autour de nous.

- Ah enfin, la vrai raison de votre venu. Intéressant. Intéressant. En effet, vous vous en foutez de votre enfant mais pas de votre réputation. Qu'est ce qui se passerait si vous étiez les parents d'un criminel ? On jugera votre éducation. On vous traitera de parents incapables, ce que vous êtes. Vous êtes juste venu pour espérer entendre de mes propres lèvres que votre fils n'est pas une erreur de la nature. C'est très égoïste mais je comprends entièrement. Je préfère presque vous entendre avouer votre vraie nature à vrai dire.

Je lançai un regard à la caméra.

- C'est embarrassant n'est-ce-pas ? De se faire traiter d'égoïstes incapables par son propre fils devant la police. Pourtant, il n'y a pas à l'être. Ce comportement, c'est votre seul héritage. C'est probablement le seul trait qui peut nous lier. Personnellement, je ne dirais pas que je suis fier de mon caractère car la fierté est stupide et mène seulement à plus de stupidité. Mais je l'aime bien ce caractère. Je m'aime bien.

- Fynn... murmura mon père, le point serré, au bord de la rupture mentale.

- Oui, c'est vrai, la réponse à la question. Malheureusement, je me dois de vous dire la vérité. J'aurais bien aimé vous dire l'inverse pour voir votre réaction mais je ne vais pas risquer ma vie sur cette blague.

Je pris une grande respiration.

- Père. Mère. Je suis innocent, dis-je en les regardants droits dans les yeux. Je n'ai commis aucun crime et la seule raison de ma présence ici n'est qu'une erreur qui sera rapidement rectifié.

Je tournai mon regard vers la caméra.

- Je répète. Je n'ai commis aucun crime. Je n'ai pas attaqué les réseaux du gouvernement américains, je n'ai pas aidé d'aucune façon le groupe de personne affilié à Kermit the Prog. Je n'ai rien à faire ici à part aider les inspecteurs dans leurs enquêtes en éliminant un suspect qui est moi-même.

Je me retournai vers mes parents larmoyant.

- Ça vous va ?

De retour dans ma cellule, je fus pris d'un étrange sentiment. Cela ressemblait à une nostalgie taché d'incertitude, à un souvenir ancien décidemment beaucoup trop daté pour être visualisé. L'origine de ce sentiment était mes parents. Il me manquait une pièce. Je tordis mes pensées, essayant de comprendre le puzzle. Après un petit instant, je trouvai la pièce manquante que j'avais déjà en ma possession et naturellement, à partir de la première, je pouvais trouver la pièce manquante. J'avais le concept des parents. Je savais ce que ça signifiait dans tous les aspects du terme et ce qu'il me manquait.

Ah...

Oui...

Je venais juste de les voir. Je les avais regardé ainsi que leurs visages et pourtant... J'avais déjà oublié à quoi ils ressemblaient. En y pensant, je n'avais jamais vus leurs visages. Je n'avais vu que leurs expressions. Ils n'étaient humains que dans mes souvenirs. A présent, il était seulement mes parents. Rien de moins, rien de plus. Dire que je leurs avais dit sans même comprendre.

Décidemment, mon cœur s'était brisé à un point où il était impossible de le réparer.

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