Chapitre 4 - ...en compromettant nos plans...
- Secteur Sécurisé !
- Parfait. Emmenez-le dans la deuxième voiture.
A ces mots, je fus soulevé et on me fit sortir de mon appartement pour m'installer dans un des véhicules stationnant derrière les fourgons. L'homme blond s'installa dans le siège passager avant et ordonna de démarrer. J'étais seul derrière, menotté et inconfortablement assis.
Dans ce début de trajet, personne ne parla. Je cherchais encore à comprendre ce qu'il s'était passé. En moins de cinq minutes, j'étais tombé de purgatoire en enfer et je continuais de chuter dans les profondeurs, heurtant tous les rebords. L'atmosphère était pesante.
Je bouillonnais intérieurement. Il n'y avait pas besoin de comprendre la situation pour savoir que je la détestais déjà. D'une manière générale je détestais tout et tout le monde mais à ce moment-là, ma haine était concentrée sur les deux personnes devant moi. Je n'avais qu'une envie : les effacer de mon existence.
Par n'importe quel moyen.
Après une dizaine de minutes de trajet, le blond brisa le silence.
- Votre silence est étonnant. C'est presque comme si vous aviez déjà accepté votre sort, dit-il avec un sourire moqueur.
Je choisis de répondre par le silence. Il pouvait aller se faire foutre. Je n'avais rien à leur dire. Je voulais juste les oublier.
L'homme ne persévéra pas et se tut.
- C'était vachement moins mouvementé cette nuit, fit remarquer le conducteur à l'intention de son copilote.
- En même temps, suffit de regarder les profils.
- C'est sûr qu'il y a plus de coups de feu dans les piaules de drogues.
- Là, il n'y a que deux nerds squelettiques. Le plus dangereux c'était peut-être de se préparer dehors.
- On aurait pu avoir des surprises quand même.
- C'est sûr, un disque dur aurait pu vouloir notre mort.
- Tu n'étais pas aussi confiant au début.
- Haha ! C'est sûr ! Je suis toujours tendu au lancement d'une opération. Qu'importe le contexte. Il n'y a qu'au retour où j'ai le droit de me détendre.
- C'est un bon état esprit à avoir je pense.
- Je pense aussi, mais il n'est pas très agréable subir même en le sachant.
- Il faut bien avoir des couts pour être à votre statut. Je ne pourrais pas supporter la responsabilité.
- Je n'en ai pas tant que ça à vrai dire... Mais bon, je me coltine quand même pas mal de parties chiantes, je dois avouer.
- C'est vrai, c'est vrai...
J'avais beau entendre la conversation, je ne retenais rien. J'étais perdu dans mes propres pensées. Une chose était sure et elle n'avait rien à voir avec leur conversation.
J'allais passer un sale moment.
Le téléphone de l'homme blond sonna.
- Allô ?
Le son venant du téléphone était incompréhensible à ma distance. Je devais me contenter d'une seule moitié du dialogue.
- Quoi ? Comment ça aucunes traces ? ... D'accord... Faites plus de recherches.
Il raccrocha. Il semblait visiblement contrarié.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda le conducteur.
- Je ne peux rien dire, répondit-il en me désignant du doigt.
Haha, je savais pourquoi il était vexé. Ils devaient probablement chercher des preuves sur les machines. Sauf que j'avais activé Gameover.
Faisant partie des hommes les plus recherchés de la planète, j'avais pris de nombreuses mesures de sécurités dans le cas d'une éventuelle arrestation. Gameover était un programme que j'installais sur chaque machine que je touchais. Je pouvais l'activer depuis ma montre et ça enclenchait un formatage immédiat du pc. Mais en plus de supprimer tous ce qui pouvait être compromettant, ça installait ensuite des programmes et des fichiers un peu partout pour donner l'illusion d'une machine utilisé à totalement d'autres fins. Chaque machine était maintenant parfaitement normale et il n'y avait plus aucun moyen de récupérer de données. Ni eux, ni moi.
Évidemment, il ne restait plus rien de tout. C'était le plan de dernier recours. Je devais maintenant tout reconstruire du début. Ils devaient rester quelques trucs chez les autres membres et dans le cloud mais ça se limitait à ça. Et même s'ils retrouvaient ces données, il n'y avait rien de compromettant. Je n'étais pas stupide à ce point-là.
C'était une bonne chose qu'Alice aussi avait Gameover installé sur toutes ses machines. Nous étions tous les deux sans preuves matériel. Peut-être avaient-ils besoin de preuves matérielles pour nous enfermer définitivement.
Tout n'était pas perdu.
Une fois arrivé au commissariat, on m'emmena directement dans une cellule. On me confisqua tout ce que j'avais sur moi. Il ne restait que mes habits. Même ma montre fut récupérée. Évidemment, Gameover avait également formaté ma montre. Aucune chance de se faire surprendre de ce côté-là.
Je me trouvai à présent dans une pièce vide, avec une simple couche et des toilettes caché par un simple muret juste derrière. Ils allaient le regretter amèrement.
On me demanda de ne pas m'endormir car il voulait passer un interrogatoire dans quelques minutes. Comme si j'allais dormir dans des conditions pareilles.
Après avoir fait très rapidement le tour des lieux, je m'assis sur la couche, pensif. Je pouvais entendre de l'activité derrière la porte mais à part ça, c'était calme. Il devait être minuit passé.
Je pensai à Alice. D'après ce que j'avais compris, elle s'est fait chopper aussi. Ce n'est pas comme si elle aurait pu s'échapper d'hommes surarmés et surentrainé. Comme moi, elle n'était pas capable de finir un cent mètre sans ramper. Nous avions fait le choix conscient de sacrifier nos corps pour renforcer nos esprits. Nous en payons le prix actuellement.
Une autre information importante était les motifs de notre arrestation. Ils avaient mentionné un crime contre l'humanité. Cela devait être l'affaire Kermit. Même si j'avais du mal à comprendre comment hacker un état pouvait être un crime contre l'humanité. Surtout que nous n'avions commis aucun meurtre. Leur gouvernement avait juste perdu beaucoup de crédibilité et d'argent. Mais attaquer un état était probablement plus proche d'un crime contre l'humanité que détourner de l'argent. Mes fonds étaient encore en sécurité et ça faisait moins de charges à mon encontre.
Une bonne chose.
Mon but à présent était de comprendre pourquoi j'ai été suivie puis arrêté. Je devais comprendre leur enquête. Seulement après, je pouvais donner le signal.
La porte s'ouvrit et toujours ce même homme apparu.
- Venez.
J'étais à présent assis face à l'homme blond et supposément son collège, tout à fait générique. Seule une simple table boisée nous séparait. J'étais toujours menotté même si tout le monde savait bien que je ne pouvais rien faire, même avec une batte de baseball dans mes mains. Je n'avais aucune force. Pour monter des machines, il fallait de la précision et de la patience. C'est tout. Les outils faisaient tout le reste pour moi.
Une lumière blanche, purement artificielle, nous illuminait et il n'y avait aucun moyen de savoir à quelle heure de la journée nous étions. La seule issue était la porte d'entrée. Cette salle était comme isolé du reste du monde.
L'homme générique commença à parler.
- Monsieur Lavoit, savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
- Aucune idée. Il parait que j'ai commis un crime contre l'humanité.
- Exact. Vous faisiez partie d'un groupe de personne qui a directement attaqué les Etats-Unis et leurs citoyens.
- Comment ça ?
- Vous avez infiltré leurs réseaux et bases de données confidentielles et saboté le cours des élections en ajoutant un candidat imaginaire et en le faisant gagner. Ce faisant, vous avez bousculé l'organisation intérieure du pays et avez fait perdre beaucoup d'argent à l'état.
- Vous parlez des évènements durant les présidentielles américaines avec Kermit the Prog ?
- Exact.
- En quoi c'est un crime contre l'humanité ?
- Vous avez menacé la structure d'un pays et à travers ça, la vie de millions de citoyens.
- Parce que je ferais partie des gens derrière Kermit ?
- C'est ce que je viens de dire.
- Ah, désolé... Ce n'est pas facile de suivre. En tout cas, c'est absurde.
Pour l'instant, tout se passait bien. Je n'avais pas de ressentiments particuliers envers celui qui me posait des questions. Le blond se contentait de me fixer, imperturbable.
Je savais maintenant de quoi j'étais accusé. Il n'y avait effectivement aucune allusion à mes aventures financières. Ça ne concernait que Kermit. Dire que sept ans plus tard, ils étaient toujours sur le coup. Par je ne sais quel moyen, ils avaient réussis à découvrir que nous étions un groupe et qu'Alice et moi en faisions partie. Mais comment ? Pour débarquer avec une telle violence chez moi, il faut avoir des bases déjà solides. Enfin, je crois. Je n'avais aucune idée des libertés qu'avait la police sur ce genre d'actions.
- Pourquoi on m'accuse de tel fait ? J'espère que vous avez une bonne raison pour venir m'embarquer et m'interroger, minuit passé. Je connais mes droits.
- Pour tout vous dire, cela fait longtemps que vous faites parties des suspects, répondit le blond avec un sourire narquois.
- Hein ?
- On enquête sur vous depuis six ans.
Six ans ? Six Années ? Quoi ?
- Tout ça pour apprendre que je suis juste un loser qui vit une vie de loser ?
J'essayais de garder mon calme mais... six ans ? C'était même moment où Alice était repartie en Angleterre. Mes impressions étaient bonnes.
- Ne bous rabaissez pas tant, vous construisez pleins de belles choses monsieur Lavoit.
- Vous m'avez vraiment espionné pendant six ans ?
- Exact.
- Mais pourquoi ?
Le blond sourit.
- Lors de la finale des élections, nous avons réussie à récupérer l'IP d'une machine attaquante depuis une base de données attaqué.
Une faille ? Ça ne pouvait pas venir de moi, j'avais bien fait attention à tout. De plus, je n'avais vu aucune mention de cela dans leur base de données à l'époque. De ce que j'avais compris, ils avaient arrêté d'utiliser des machines pour notre enquête il y a cinq ans. Ça voudrait dire qu'ils cachaient déjà des informations dès le début ? Avaient-ils trafiqué toutes les informations sur les machines pour nous faire croire que nous étions tranquilles ? Si c'était le cas, ils étaient sacrément intelligents. Ils avaient parfaitement exploité notre faille.
- Cette IP, nous avons réussie à la décrypter après un certain temps et à en remontrer la source. Elle correspond directement à une des machines que possédait Alice Delfort, le 8 novembre 2009. Depuis, elle est la cible principale de nos enquêtes.
Elle... Il n'y avait pas de coïncidence. Elle devait se savoir ciblée. Ca expliquait son départ soudain de Montpellier et sa manie de tout sécuriser à l'extrême.
- Étant un des rares contacts directs de Madame Delfort, vous avez été mis directement sous notre surveillance. Surtout que vous êtes son seul ami vivant dans un pays étranger et qu'il n'y a aucune raison que vous soyez entré en contact à part votre affinité pour l'informatique. De plus, votre talent correspond parfaitement au niveau requis pour des opérations telles qu'infiltrer le réseau d'un gouvernement. Voilà pourquoi vous êtes très haut dans notre liste des suspects.
- Je suppose que je n'ai pas fait diminuer les soupçons me concernant pour me retrouver là.
- Vous êtes correct. Surtout depuis votre récente effervescence. Vous avez soudainement multiplié les achats de matériels très haut de gamme.
- Où est le problème ?
- Vous comptez ouvrir un Data Center ? D'où sortez-vous l'argent ?
- J'ai de la chance d'avoir des amis très fortuné.
- Arrêtez de vous foutre de nous !
Le blond perdit son sang-froid tout à coup.
- Vous êtes le seul à vivre dans l'immeuble. Vous ne manquez jamais d'argent et vous avez du matériel aussi poussé que les plus grands laboratoires informatiques. Vous cachez de nombreuses choses aux yeux de l'état. On n'a pas encore découvert la raison de votre richesse mais on a bien compris qu'elle n'est pas légale. Vous êtes découvert, monsieur Fynn. Avouez tout maintenant, ça vous épargnera une sentence trop lourde.
Pff. Pour qui il se prenait ? Comme si j'allais avouer et subir une sentence. Plutôt mourir.
- Écoutez. Vous faites une erreur. A quel moment, parce que j'ai les compétences et les équipements, j'irais attaquer un état pour troller ? Ce n'est pas parce que j'ai les compétences que je le ferais.
- Vous avez aussi une amie, votre seule amie en vérité, et elle l'a fait.
- Je n'en avais aucune idée. Elle ne m'a jamais raconté ça. On s'est connu sur des forums en lignes parce qu'on partageait les mêmes centres d'intérêts.
- Et les mêmes occupations.
- Absurde.
- C'est inutile de nier, Fynn. Vous le savez bien.
- Vous venez m'arracher de chez moi à cette heure-ci pour me faire avouer des crimes que je n'ai pas commis ? Allez-vous faire foutre !
L'homme blond soupira.
- Votre comportement est très décevant.
- Pas besoin de m'infantiliser non plus.
- Vous ne comprenez pas la gravité de votre situation. On sait que vous êtes un des coupables.
Un des coupables ? Alors ils ne sont pas seulement sur les traces d'Alice et moi ?
- Alors pourquoi je ne suis pas déjà sous les barreaux ?
- La présomption d'innocence existe dans votre pays. Il faudra attendre votre jugement.
- C'est uniquement à cause de notre activité récente que nous avons été arrêtés ? Quel est votre motif ?
- Votre suspicion de votre contribution dans la réalisation de Kermit.
- Je n'ai pas l'impression que c'est un bon motif. Vous risquez gros aussi.
- Vous nous menacez maintenant ?
- Si vous avez bien fait votre travail, non.
Aucun des deux hommes en face de moi ne répondit. Ils semblaient avoir compris qu'ils ne pouvaient rien récupérer d'intéressant sortant de ma bouche.
Quelqu'un toqua à la porte. L'homme blond se leva et ouvrit la porte. Une femme au style secrétaire rigide lui demanda de sortir de la salle. Je fus laissé seul avec son collègue.
- Ce serait possible de rentrer dans ma cellule ? Je suis fatigué.
- Attendez le retour de mon collègue pour demander ça.
- Huh.
Après cela, l'homme ne parla plus. Je dus attendre quelques minutes, dans un silence gênant, pour que la porte s'ouvre à nouveau. Le blond revint, avec un grand sourire.
Mauvaise nouvelle.
- Monsieur Fynn, j'ai eu des nouvelles très intéressantes.
- ...
- Votre amie vient de tout avouer à propos de vous.
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