Chapitre 2 - ...sans rencontrer de personnes importunes...
Ah... Le soleil... Quelle horrible vision. Tout était éclairé partout. Aucune zone d'ombres. J'étais ébloui en permanence. Quel était l'intérêt de cette chose ? A part rendre ma vie toujours plus compliqué ? Pourquoi nous ne vivions pas dans une nuit éternelle ?
Alors oui. Par des circonstances exceptionnelles, je me trouvais dehors, suffoquant à la chaleur étouffante et la lumière aveuglante du soleil du mois de Janvier. Je n'avais pas de lunettes de soleil. Je n'en possédais pas. C'était ridicule. Mais peut être que je pouvais supporter plus facilement le ridicule que cette douleur insupportable de la fraîcheur de l'air extérieur. A peine avais-je passé ma main dehors que mon corps entier me signala de terminer ma vie au plus vite. Il savait ce qui était bon pour moi.
Cependant, j'étais un homme avec une mission.
Mais comment, m'étais-je retrouvé dans cette situation, à m'aventurer dans les rues du centre-ville de Lyon en plein après-midi ? Circonstance exceptionnelle comme je l'avais déjà dit. Je devais aller récupérer une commande de matos qui s'était retrouvé dans un point relais. Le livreur, cet incompétent de plus haut vol, avait daigné se faire signaler à neuf heures du matin. Horaire où je me préparais à me coucher. Cependant, le jour de son passage, je m'étais couché plus tôt car toutes les dernières réparations étaient finies et je n'avais pas l'envie de me relancer dans autre chose. Je venais donc de m'endormir au moment où il avait l'audace de se faire signaler devant la demeure.
Alice n'étant pas là, il était repartie aussi sec qu'il était venu et avait renvoyé le colis dans un point relais à une trentaine de minutes à pieds de chez moi. Tout était de sa faute.
Ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Alice prenait en charge ces situations extrêmes telles que chercher les commandes perdues. Mais elle ne pouvait pas aujourd'hui à cause d'affaires familiales et il fallait absolument récupérer le matos au plus vite pour finaliser le setup.
Je venais donc de me sacrifier pour ma propre cause.
Quelle tragédie.
Cette enflure de soleil se permettait de réchauffer l'atmosphère. Je le détestais ardemment à présent.
Effectivement, il était possible de raccourcir le trajet en prenant le métro ou un bus mais il était impossible que je me mélange à cette foule immonde. Il était déjà difficile de marcher droit devant soi sans percuter une autre personne sur les grands trottoirs, alors s'amasser dans un compartiment exiguë était simplement du suicide.
Et je détestais conduire.
Cela, ne me laissait qu'un seul choix. Le moins pire et pourtant si douloureux. Pour toutes les raisons de ce monde, je ne comprenais pas pourquoi les dieux s'entêtaient à me mettre dans ce genre de situations. Depuis mon enfance, je devais affronter ce regard des autres. Terrible regard.
Il n'y avait qu'au fond de mon bureau où j'étais tranquille. Même la nuit dehors n'était pas sure.
Je regardais ma montre. Cela faisait à peine quatre minutes que j'étais dehors. Selon l'estimation du trajet, il m'en restait encore vingt-six. Inconcevable. Surtout qu'il fallait revenir. J'avais du temps à tuer. Trop de temps. Peut-être qu'il était temps de faire une petite introspection. Malgré mon ennui ces dernières années, je m'étais toujours occupés d'une manière ou d'une autre. Les seuls moments où je n'étais pas occupé, j'étais trop fatigué par ma propre fatigue pour penser. Se renfermer dans son propre esprit était toujours une bonne protection face à l'extérieur.
Il y a quelques années, je ne sais plus vraiment combien de temps exactement, j'avais décidé de déménager sur Lyon, dès l'anniversaire de mes dix-huit ans. Je voulais pouvoir installer tout ce qu'il me fallait pour mon travail sans être gêné par quoi que ce soit. Cependant, je devais rester discret aux yeux de la populace. Devenir une attraction était la dernière chose dont j'avais envie. Je devais aussi me méfier du gouvernement. Et Kermit n'a pas vraiment aidé de ce côté-là. Je savais qu'à l'époque, Interpol avait mis énormément de budget pour nous retrouver et ils avaient été suffisamment intelligent pour couper toute utilisation de l'informatiques dans leurs enquêtes. Nous n'avions plus aucun moyen de savoir où ils en étaient et il fallait rester prudent. Après, ça ne changeait pas tellement de mon quotidien depuis que j'avais récupéré quelques milliards à diverses banques. Cela faisait longtemps que j'étais une des cibles majeures à abattre. Si seulement ils savaient où pointer, je serais mort depuis très longtemps. Mais il était impossible d'utiliser une quelconque forme de réseau informatique pour me retrouver. Car aux yeux du monde, je n'étais qu'un loser ne cherchant pas de travail, habitant dans un hlm d'une barre d'immeuble à peine propre, payant ses taxes avec l'aide de dons de sa famille et amis.
Lorsque j'étais arrivé à Lyon, j'étais arrivé seul. Ce n'était que récemment qu'Alice avait repris contact avec moi. Je l'avais rencontré en personne seulement quelques semaines après la Dissolution. Kermit avait posé sur le groupe une pression excessive. S'attaquer à l'état le plus puissant du monde n'était pas de tout repos. Heureusement, il n'y a jamais eu de dispute entre nous. Malgré les caractères de certaines personnes, nous avions tous compris que l'administratrice était celle qui tranchait. Seul elle pouvait comprendre le monde extérieur et intérieur. Seul elle était encore humaine. Seule elle pouvait encore être respecté. Après la finalité de Kermit, un consensus s'était vite établi. On ne pouvait plus et ne voulait plus continuer ensemble. Nous avions accomplis l'impossible et nous étions tous fatigué. Cependant cette sensation de savoir qu'on tenait entre nos mains le destin de la plus grande nation du monde pendant quelques heures fut unique. Je ne l'avais jamais ressenti depuis. Heureusement que nous avions ces temps-là aucune intention destructrices malgré la présence de Kurokuro. Ils pouvaient remercier notre administratrice.
Après notre première rencontre, Alice décida de venir passer du temps à Montpellier, juste à côté de chez moi. Je n'avais jamais vraiment compris pourquoi cet être pâle voulait absolument me voir en personne. Je n'avais rien contre ça mais simplement être en vocal suffisait pour nos activités. Effectivement, on s'était vite attaché l'un à l'autre durant notre petit temps sur le forum. Je ne savais pas vraiment pourquoi non plus. Ce fut le cas avec la grande majorité des membres mais ma relation avec elle était différente. Les contacts avec les Membres s'étaient fait très vite. Le fait qu'on était tous des fous de l'informatique, chacun expert dans son domaine précis, a dû certainement aider. Nous étions presque dans notre norme à nous. S'il n'y a que des fous, alors la folie devient la norme. Tout est relatif après tout. On s'entendait tous bien et c'était toujours le cas. Seulement, chacun avait continué sa vie de son côté et le nombre d'occasion de se revoir avait largement diminué.
Et ce n'est pas comme si j'avais un besoin de les revoir.
Elle resta un petit temps sur Montpellier jusqu'au jour où elle repartit subitement chez elle, en Angleterre. Elle ne m'avait pas donné d'explication convaincante et je suspectais encore aujourd'hui quelque chose de grave à propos des conséquences de Kermit. C'était elle l'admin. Entre nous tous, elle était le plus à risque. Après être repartie, elle me recontacta et déclara qu'elle ne pourrait pas revenir en France pour une durée indéterminée. Sa justification... je ne m'en rappelais plus. Et elle disparut aussi rapidement qu'elle était apparu. Elle me donna de temps en temps des nouvelles sans plus.
Jusqu'à récemment.
Elle était revenue sans donner d'avertissement. Je me rappelais encore de la scène. J'entendis quelqu'un toquer à ma porte à quatre heures du matin. Seul des livreurs toquaient à ma porte et aucun livreur ne travaillait à cette heure. Je me contentai d'ignorer, pensant à des stupides jeunes bourrées qui faisaient des conneries. Mais les toquement continuèrent. Inquiet pour ma vie, je m'armai d'un marteau et avançai doucement vers la porte d'entrée.
- C'est qui ?
J'entendis une faible voix féminine à travers la porte. Féminine ? Je pensai alors que je ne devais probablement pas risquer grand-chose en ouvrant la porte. Après avoir tiré la porte, je découvris à nouveau cette fille pâle. Elle se moqua de moi et mon marteau puis s'invita dans mon appartement et le visita pendant que moi, confus, tentait de comprendre ce qu'elle faisait là.
Encore maintenant, je ne savais pas vraiment pourquoi elle était revenue.
Je lui avais proposé de loger dans un des logements de la barre mais elle refusa et se logea en face. Je ne comprenais vraiment rien à son comportement. De toute façon, je ne comprenais rien à personne. Quand je prenais le temps de réfléchir deux secondes sur moi-même, j'en revenais inlassablement à la même conclusion. J'étais peut être un génie, mais j'étais avant tout une erreur humaine. Je connaissais l'importance des relations humaines dans ce monde. Je n'étais pas bête. J'étais un génie. Je comprenais tout. Surtout le fait qu'il y avait certaines choses que je ne pouvais pas comprendre. C'est pourquoi depuis le début de ma vie, je prenais consciemment le chemin opposée à la voie standard. J'aurais pu m'intégrer. J'aurais pu avoir des relations sociales saines. J'aurais pu suivre l'école et devenir n'importe quel employé lambda. Alors j'ai choisie de m'isoler. Car je les comprenais tous autant qu'ils sont et ils me donnaient seulement envie de vomir. Comprendre pour haïr. Comprendre pour rejeter. Comprendre pour ignorer.
L'opposé d'aimer était d'ignorer. Alors, je me contentais d'ignorer le monde. Je me contentais de lire des caractères sur des écrans, rejetant toute humanité derrière leurs sources. Car je n'avais pas besoin de savoir. J'avais juste besoin de leurs connaissances. Les seuls que je pouvais supporter furent les membres du forum. Discuter de manière orale avec eux n'était pas un supplice comme ça l'était avec le reste de l'humanité. C'était même amusant par moment et souvent très intéressant.
Selon le psychologue de mon enfance, c'était probablement un trouble génétique. Une maladie mentale de naissance. L'autisme. Mon code génétique s'était mal construit et je dérapais à présent dans un hors-piste incontrôlable entrainé par d'autres personnes tout aussi mal codé. Ma vie n'était qu'un bug de toute manière. Je ne devais pas représenter une statistique bien intéressante pour le créateur de la simulation. Je devais probablement être dans le pourcentage d'erreur.
A propos de cela, la fureur dans le monde s'était vite calmée. Rien n'avait vraiment changé. Eh oui, qu'est-ce que ça change que notre monde soit une simulation ou autre chose ? Ça signifie simplement qu'on sait qu'il existe un dieu. Et alors ? Il ne s'est jamais manifesté. Il n'a jamais rien fait de concret. Dieu était probablement un homme d'une quarantaine d'année en blouse blanche expérimentant sur une théorie tellement spécifique qu'elle n'avait aucun intérêt à part valoriser sa propre estime. Si tu meurs d'un cancer à tes trois ans, tu ne seras qu'une donnée parmi tous les autres. Dieu ne veut pas ton bien, il veut simplement apprendre de ta douleur. Il se délecte de tes souffrances et cela l'aidera à publier des articles qui lui rapporteront de l'argent. En soit, tu contribues peut être à son bien. Et moi aussi. J'étais peut être altruiste malgré moi.
Cette simple idée me révulsait.
Il y avait aussi la possibilité que nous fussions que des personnages non joueurs d'un jeu. Alors où était le joueur ? Jouait-il à avoir une vie ennuyante dans la passé ? Stupide. Le seul intérêt de vivre était de se transcender avec la technologie. Alors pourquoi revenir dans le passé ? Pourquoi régresser ?
« Que feras-tu lorsqu'on aura pris le contrôle ? »
Au détour d'une discussion, elle m'avait posé cette question. J'avais pris le temps de réfléchir un instant puis je répondis par une fausse réponse.
« Devenir dieu, je suppose. »
Elle sembla satisfaite mais je ne l'étais pas. J'avais simplement décris un état. Je serais un dieu. Mais en tant que dieu, qu'est-ce que je voulais faire ? J'avais deux possibilités.
Soit je ne changeais rien et profitais de mon statuts pour devenir et faire ce que je souhaite dans les limites de cet univers et ce, avec la compagnie éternelle d'Alice. Ce n'était pas trop mal.
Soit je reformais le monde à ma vision et la première chose sera la suppression de l'humanité pour que je n'aie plus jamais rien à faire avec eux.
Évidemment, je ne serai pas seul à faire ces choix-là. Elle voudra probablement garder l'humanité en vie pour quelques stupides raisons. Mis à part son apparence de vampire et cette folie qu'elle avait pour l'ingénierie logicielle, elle était la personne la plus raisonné et normé de notre groupe. C'était plutôt ironique qu'elle se soit attachée à la personne la plus absurde mais je ne pouvais pas vraiment la critiquer sur ce côté-là. L'homme contrairement à l'informatique n'avait pas besoin de causes précises pour avoir un effet. En vérité, il y en a toujours mais elles sont multiples et difficilement distinguables et je n'avais aucun outil correct à ma disposition pour comprendre les causes. C'était une de mes raisons de ma misanthropie. Faire de la rétro-ingénierie sur l'être humain était bien trop chronophage. Il serait plus rapide de reconstruire son code du début.
Toujours perdu dans mes stupides réflexions, je remarquai avec une heureuse surprise l'enseigne du point relais. Je rentrai rapidement dans le bâtiment et en ressorti tout aussi rapidement, le colis à la main.
Il n'était pas très lourd. Ce n'était quelques processeurs et cartes graphiques. C'était juste pénible de porter le carton car il n'avait pas de points d'accroches. Je soupirai très fort en pensant aux prochaines trente minutes de pure souffrance physique et psychologique.
Je tentai de replonger à nouveau dans mes pensées pour être immédiatement percuté par une chose. L'impact fut si violent que je fus projeté à travers la rue sur un mur à une centaine de mètres d'ici. Je me relevai en sang. En revenant à moi, je constatai qu'il n'y avait, en vérité, aucun sang et que j'étais exactement au même endroit où s'était produit le choc. Ma perception de la réalité semblait un poil différente.
- Oh ! Excuse-moi. Ça va ?
C'était une voix douce venant probablement d'un jeune homme. En levant mon regard, je fus tout d'abord ébloui par la lumière du soleil. Mes yeux brûlèrent un instant et je crus devenir aveugle. Je lâchai un juron.
- Je suis vraiment désolé. J'ai pas regardé et voilà...
Après m'être frotté les yeux, je retentai de lever mon regard et je vis effectivement un jeune homme baissé vers moi. A vue d'œil, il devait avoir à peine la vingtaine passé, et ce, malgré quelques poils trahissant un début de barbe mal rasée. Il était grand et mince avec des yeux bleus très pâles. Il semblait être sincère dans ses excuses.
- Ça va. Ça va.
Alors que je me relevais, je le vis ramasser mon colis par terre. Il le regarda pendant quelque seconde puis il me le tendit avec un sourire indescriptible.
- Tenez, récupérez ça.
- Hum.
Était-ce une chose que les gens font que de regarder le contenu de colis appartenant à des étrangers ?
Peu m'importe, je voulais juste rentrer chez moi. Je pris le colis dans mes mains et je m'apprêtais à continuer mon chemin lorsque je sentis que le jeune homme voulut continuer la discussion. En plus de me faire perdre mon équilibre, il voulait me faire perdre mon temps. Quelle horrible personne.
- Ces colis-là. Ce ne sont pas du matériel informatique ?
- Si.
Où voulait-il en venir ?
- Ça a l'air de valoir de l'argent. Vous devriez faire plus attention, il ne faudrait pas que ça se casse.
- Hum.
Qu'est-ce que j'étais sensé répondre ?
Probablement rien.
Je voulais juste rentrer.
- Bonne journée.
Puis il continua son chemin me laissant totalement confus au milieu du trottoir. Une bonne chose. Je continuai également ma route vers ma demeure.
Un sentiment inconfortable s'installa après cet incident. Pourtant j'étais déjà au plus mal de ma forme.
Cet homme...
Le trottoir était suffisamment large pour faire passer deux voitures. Il ne portait sur lui aucun objet qui aurait pu indiquer une quelconque distraction. Pas d'écran, ni livre. Et encore, je pouvais comprendre que l'on peut regarder le ciel ou le sol en marchant. Pourtant, avec son comportement étrange à la fin... Prendre le temps de me faire attendre et de bien lire le packaging. C'était tellement étrange. Une raison de plus qui explique ma haine pour les interactions humaines. Son sourire... Il n'était pas bienveillant.
Après des minutes de débats sur les moindres détails de l'incident, j'en vins à la conclusion qu'il n'était qu'un dégénéré et que je voyais tout en noir.
J'avais juste hâte de rentrer chez moi.
La fin du retour fut l'ultimatum de la torture mais je finis finalement par arriver devant chez moi, sain et sauf. Brûlé, aveugle et renversé, j'avais eu encore une fois, beaucoup de chances d'échapper à la mort. En cherchant mes clés, je repensais à ce jeune homme blond. Je sortais mon portable et activa la caméra selfie. Tout en faisant semblant de consulter quelque chose, je scrutais attentivement mes derrières sur l'écran. Je crus voir alors la même personne, portant à présent une veste et une casquette, marcher dans la rue regardant dans ma direction. En zoomant, je confirmai mon hypothèse, c'était bien lui. Il était bien stupide à ne pas porter de lunettes de soleils.
Il n'y avait plus de coïncidence à présent. Il était parti dans la direction opposé à moi et maintenant il me surveillait se croyant camouflé. Cette sensation étrange que j'avais eue sur le trajet du retour... Fut celle d'être observé. Un frisson parcourra mon corps. M'avait-on découvert ? Qu'est-ce que j'avais raté ? Où fut la faille ?
Je restais immobile devant ma porte faisant mine de continuer à chercher mes clés. Concluant que je ne pouvais rien faire dans l'immédiat, j'ouvris ma porte pour rentrer chez moi sans montrer de comportement étrange.
Une fois à l'intérieur, je vérifiai avec précaution s'il n'y avait pas de caméra ou micro planqué chez moi. Heureusement il n'y en avait pas et mes capteurs de sécurité n'avaient rien indiqué d'anormal. Je pouvais enfin respirer.
Je me laissai tomber sur ma chaise, les bras ballants. On ne pouvait entendre que le son des machines et de ma respiration dans la pénombre de mon appartement. Mon regard se tourna vers la fenêtre caché par un rideau.
Sortir dehors était décidément mortel.
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