Chapitre 16

Je claquais la porte derrière moi. Qu'est-ce que j'avais fait encore ? Ils allaient me prendre pour une folle à crier comme ça pour une simple action. Désolée Yuki, c'est au dessus de mes forces. Tant que je ne comprends pas mes problèmes, je ne pourrais pas le faire. Je me dirigeais lentement sur mon balcon en faisant coulisser la porte-fenêtre doucement.

- Coucou Papy, ça fait un petit moment que je suis pas venue te parler mais j'ai besoin de toi aujourd'hui.

Je laissais toujours un silence entre chacune de mes phrases comme s'il pouvait me répondre. Accoudée à la rambarde de mon balcon, je regardais les quelques étoiles qui n'étaient pas cachées pas les nuages.

- Tu penses vraiment que c'est une bonne idée que je chante à nouveau ? Je veux dire... À part toi et Mamie, presque personne ne voulait m'entendre alors je ne sais plus trop où j'en suis. Je peux pas juste oublier tout ça et me dire que c'est du passé. C'est pas aussi simple, tu le sais bien.

Une brise de vent secoue les branches, faisant tomber les dernières feuilles restantes sur le squelette pâle des arbres à terre pour qu'elles deviennent des feuilles mortes et recommencent leur cycle éternel.

- Et puis, je suis aussi énervé contre Yuki. Pourquoi était-il obligé de tout dire ? Devant tout le monde en plus ! J'avais honte, j'avais peur. Je ne voulais pas, c'est normal de ne pas vouloir faire quelque chose, non ?

- Si, tu as raison.

Je tournais ma tête à ma gauche pour remarquer que le vert était également accoudé dans la même position que moi. Je sursautais sous l'effet de surprise avant de me rappeler que j'étais en colère contre lui.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es venu me soudoyer ou je ne sais quelle autre bêtise ? Et puis comment es-tu entré ? demandais-je sèchement.

- Par la porte. De toute façon, le jeu est fini, personne ne voulait continuer. Vika m'a obligé à te voir pour tenter de me faire pardonner.

- Donc si personne ne t'avait rien dit, tu ne serais même pas venu ?

- Non ! Enfin... Je suis vraiment pas doué avec les filles, j'aurais dû passer plus de temps avec Tata Ochaco qu'avec Tonton Eijiro ! Quel boulet je fais. Enfin bref. Je voulais juste que tu saches que c'était pas volontaire, j'ai pas fait ça pour te faire de la peine.

- Sur le coup, ça m'a pris de court. Déjà le fait que tu veuilles m'écouter c'était inhabituel.

- Pourtant t'as pas une voix moche.

Devant mon regard blasé, il reprit sa phrase.

- Je veux dire que tu chantes bien. C'est bon comme ça ?

Je ne sais pas pourquoi mais j'éclatais de rire. Bientôt, Yuki me rejoignait en choeur jusqu'à ce que je n'en puisse plus. Un petit silence comblé par le vent de début automne dans nos cheveux prit place avant qu'il ne le rompe.

- Dis, tu veux bien m'en parler ? demanda t-il sans détourner son regard des étoiles.

- Quoi donc ?

- La raison qui te dit que tu ne peux pas chanter. Peut-être que ça te soulagerait, un peu-

- Un peu comme Luna ? Je marche difficilement ainsi. Ces souvenirs que je possède refont surface plus souvent que tu ne le crois. Ce n'est pas un moment précis, mais la quasi totalité de mes souvenirs qui sont un poids pour moi.

- Raconte-moi. Je suis insomniaque alors j'ai tout mon temps.

- Tu lâcheras pas l'affaire, n'est-ce pas ?

- Pas vraiment. Maintenant que je connais la fin, j'aimerais bien le début.

- Tu pourrais le savoir juste en faisant des recherches.

- Ça n'aurait pas la même valeur que si c'est toi qui me l'avait dit.

Je soupirais, laissant le froid transformer mon souffle en vapeur qui traçait une sorte de chemin dans le ciel.

- Rentrons alors. Je n'ai pas envie de tomber malade pour l'entraînement de demain.

Une fois installés sur mon lit, je pris une grande inspiration pour éviter de me laisser submerger par tous mes souvenirs.

- Prends ton temps.

- Il y'a de cela une dizaine d'années, mes parents étaient encore ensemble et tout se passait bien. On n'était ni riche, ni pauvre mais juste assez entre les deux pour se permettre de vivre tranquillement. Tout a commencé à partir du moment où j'ai voulu faire partie d'une chorale avec une de mes amies à l'époque. Je comptais en parler le soir même à mes parents mais quand je suis rentrée chez moi, ma mère pleurait à genoux dans l'entrée.

- Maman ? Pourquoi tu pleures ?

- Mei, ma chérie... Viens dans me bras...

- Où est Papa ?

- Il est parti.

Après ça, ma mère a changé de regard. Elle était souvent triste mais quand j'étais dans la même pièce qu'elle, elle se forçait à sourire pour me dire que tout allait bien. Et j'y croyais alors je ne me posais pas plus de questions. Par la suite, je lui ai parlé de mon envie de faire partie de cette fameuse chorale. Elle a accepté mais tout ça coûtait cher. J'avais passé les auditions et j'étais prise. Ce soir-là, Maman avait fait un superbe dîner, on s'était bien amusé. Ce que je ne savais pas, c'est que Maman avait été virée de son travail et les dettes que Papa nous avait laissé commençaient à peser sur nous.

Je voyais de moins en moins Maman à cause des répétitions fréquentes. On était en décembre, je suis rentrée d'une de mes répétitions à pied avec mon amie. Ce n'était pas si loin que ça après tout malgré le froid qui nous mordait la peau. J'étais fière de pouvoir raconter à Maman ce que j'avais accompli vocalement aujourd'hui en répétition. Mais quand j'ai ouvert la porte de la maison, il n'y avait personne.

- Je suis rentrée !

Aucune réponse... D'habitude, elle était en train de faire à manger. J'inspectais chaque pièce de la maison et les passais au peigne fin sans la moindre trace de Maman. Peut-être qu'elle était allée voir Papa ? Elle m'avait dit que nous irions le voir un jour quand elle serait moins prise par le travail. C'est en montant à l'étage que je remarquais que la porte du grenier était ouverte. Pourtant, j'étais sûre que Maman l'avait fermé pas plus tard que hier en rangeant mes vêtements trop petits. Peut-être qu'elle faisait encore un tri ?

- Maman ?

Je montais doucement les marches une à une pour éviter de tomber dans les escaliers. J'avais peur du grenier depuis que Papa avait fait semblant d'être un fantôme en se cachant sous un drap. Je redescendais d'un seul coup les marches pour aller chercher mon doudou que j'avais nommé Pilou. Seulement après tout ça, je montais à nouveau les marches un peu plus vite.

- Maman ? Tu fais comme Papa ? Je trouve pas ça très drôle...

Je n'avais aucune réponse alors j'ai doucement poussé la porte grinçante en serrant Pilou dans mes bras aussi fort que possible. J'ai trébuché et quand je me suis relevé, j'ai trouvé Maman au bout d'une corde. Je n'ai jamais hurlé aussi fort de ma vie. J'étais saisie par l'horreur, tout mon corps était tendu à l'extrême mais je réussissais à faire tomber Pilou sur le plancher et courir loin de cette scène d'horreur. Je tombais dans les escaliers, les dévalant à toute vitesse. C'est de là que j'ai eu cette cicatrice à la main. Mes hurlements avaient alerté ma voisine, une des rares qui m'appréciait ainsi que ma mère.

- Ma puce, qu'est-ce que tu as à hurler comme ça ?

- Ma-Maman, elle est morte !

Après ça, c'est assez flou mais je me souviens que l'on m'avait confié à ma tante.

- Tu es ?

- Mei Hakai, je suis...

- Ma nièce, n'est-ce pas ?

- Oui mais...

- Qui t'a permis de parler ? Et on ne conteste pas un adulte.

C'est ainsi que les pires années de ma vie ont commencé. Ma tante n'était pas connue pour sa patience et sa sagesse. Elle avait la main facile et me frappait souvent sans raison.

- Mei ! Qu'est-ce que j'avais dit avec les crayons de couleur ?

- Je les ai rangé !

- Et bien regarde (elle prend la boîte et renverse tout son contenu). Tu trouves que c'est rangé ça ?

- Non mais c'est toi qui les a-

- Ne me conteste pas !

Et après, soit elle me frappait soit elle me mettait au grenier. Quand elle me laissait au grenier, j'étais morte de peur, les images de ma mère revenait sans cesse dans ma tête et je me mettais à hurler et crier jusqu'à ce qu'elle vienne me tirer par les oreilles pour me faire faire des tâches ménagères. J'allais à l'école mais je préférais ma tante à mes camarades de classe. Ils me trouvaient bizarre et je ne pouvais pas les contredire. Quand je rentrais de l'école, j'essayais d'être la plus discrète possible pour éviter de me faire brutaliser encore plus. Un jour, elle était au téléphone et j'ai enfin appris la raison pour laquelle ma tante me détestait.

- Mei ? Ah, cette imbécile ! Elle n'est bonne à rien. Sous ses airs de sainte, elle cache en elle un démon... Elle a réussi à achever sa propre mère, tu te rends compte ? Elle ne mérite rien d'autre que de mourir.

C'est à ce moment que j'ai commencé à douter. Voyant que cette simple phrase m'avait atteint, elle avait pris l'habitude de me répéter en boucle que mon existence était la raison de la mort de ma mère. Si elle n'avait pas eu assez d'argent c'était de ma faute. Parce que j'avais chanté au lieu d'être à ses côtés pour l'empêcher de se tuer.

Au bout de trois ans, ma tante avait été dénoncé par ma maîtresse de CP et j'avais été prise en charge par ma grand-mère côté maternel. Au début, je restais dans mon coin sans parler parce que j'avais peur qu'elle aussi me frappe.

- Tu veux manger quelque chose ?

- J'ai le droit ?

- Bien sûr que oui ! Voyons, pourquoi tu n'aurais pas le droit de manger ?

- Parce que c'est de ma faute si Maman est morte. Et en plus vous êtes sa maman alors vous m'en voulez, c'est sûr.

- Ce n'est pas parce que ma fille aîné t'en veut que je t'en veux également. Ce n'est pas de ta faute, ça ne le sera jamais. Umi a abandonné trop tôt alors essaye de la surpasser au lieu d'écouter ce que les autres te disent ma grande.

- Merci...

Tout allait mieux dans ma vie même si je gardais toujours en tête que tout était de ma faute. J'apprenais vite à l'école, particulièrement niveau lecture. Je dévorais des livres entiers chaque jour, c'était une façon pour moi de m'échapper un peu plus loin d'ici. Mais finalement, un nuage noir vint assombrir mon beau ciel bleu comme mes cheveux. La fille avec qui je chantais avait déménagé et se trouvait dans la même classe que moi. Je m'étais approché d'elle, tout sourire.

- Coucou ! Tu te souviens de moi ?

- Comment t'oublier ? Tu me dégoûtes. Comment tu peux tuer ta propre mère ?

Les rumeurs sur moi se répandaient dans toute l'école. Personne n'osait m'approcher désormais, de peur que je les tue d'un simple regard. En un jour, j'étais devenue une paria dans tout l'établissement. Je n'en ai jamais parlé à ma grand-mère, je n'avais pas envie qu'elle meure comme Maman à cause de moi. Le lendemain, les croche-pattes et autres du même genre m'étaient tous réservés et ce pendant une longue année. Ma prétendue amie était la pire de tous.

- Alors Mei, ça fait comment d'être une criminelle ? T'es vraiment sans coeur, comment tu peux aller à l'école après tout ce que tu as fait ? Si j'étais toi, je préférerais mou-

- LA FERME ! TAIS-TOI ! JE TE HAIS, TU ES PIRE QUE MOI, SALE GARCE !

J'avais explosé. J'étais à bout, les nerfs à vif. Bien sûr, Miss Jefaischierlemonde avait fini en pleurs dans le bureau du directeur. Ma grand-mère avait été mis au courant et je fus obligé de m'expliquer.

- Pourquoi tu lui as hurlé dessus ?

- Elle m'avait énervé, je me suis défendue, c'est tout. Je n'y peux rien si c'est une pleurnicharde.

- Il devait bien y avoir une raison pour que tu perdes ton sang-froid. Je te connais comme si je t'avais faite.

J'ai éclaté en sanglots et le lendemain, j'eus droit aux cours à domicile. Je ne suis plus retournée à l'école jusqu'à ce que je veuille passer les inscriptions de Yuei. Je n'habite pas près d'ici alors j'ai dû dormir chez quelqu'un qui accueillait les étudiants le temps de l'examen. Quand je suis rentrée chez moi, on m'a annoncé que ma grand-mère était à l'hôpital. Elle commençait à se faire vieille mais elle me disait souvent qu'elle a eu une belle vie pour 96 ans d'existence, ce n'était pas donné à tout le monde. Quand je suis allée la voir, elle m'a donné une photo qu'elle avait conservé grâce à son Alter qui permettait de stocker des objets en les faisant disparaître dans sa peau. Puis, elle m'a juste dit que je devais continuer ma vie comme je l'entendais et que si quelqu'un devait à nouveau me provoquer à propos de ma mère, je devais l'ignorer. Elle m'a encore confié le nom de mon père avant de me laisser partir. J'étais dans le train en direction de Yuei quand elle est morte. Quand je l'ai appris, je n'ai même pas pleuré. C'est comme ça que je me suis dit que j'étais vraiment une sans-coeur. Je pense que tu sais tout maintenant Yuki.

Le vert me regardait avec un air grave sur son visage, ses paumettes tirées vers le bas. Il m'avait écouté tout du long sans ciller ni même essayer de m'interrompre. Je ne pus m'empêcher de penser que j'avais enfin trouvé de vrais amis dans cette école et les larmes traçaient des sillons humides le long de mes deux joues.

- Je suis désolée, j'ai dû parler longtemps...

- Non, ne t'excuse pas. Je pourrais encore te poser des questions ?

- Si ça te fait plaisir...

- Ton bracelet, qui te l'a donné ?

- Il me semble qu'il me vient de mon père. J'ai remarqué plus tard qu'il servait à contrôler mon Alter.

- Et qui est ton père ?

- Pourquoi ça ?

- Je... Je vais t'aider à le chercher.

- Ne te sens pas obligé de m'être redevable, et puis comment tu as su que je voulais retrouver mon père ?

- C'est aussi évident que si c'était écrit sur ta tête.

- Si tu insistes... Il s'appe-

La porte de ma chambre bascula vers l'avant hors de ses gonds sous le pied de... Aizawa-Sensei ?

- Alors comme ça, ça fait la papote après le couvre-feu ? Yuki, je te conseille d'aller dans ta chambre avant que je te fasse nettoyer les sanitaires pendant une semaine.

Le vert s'exécuta mais je me saisissa de son haut de pyjama. Il se retourna en m'interrogeant du regard.

- Merci.

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Hey !
J'ai fait un chapitre un peu plus long que d'habitude parce que c'est pas que la vie de Mei n'est pas intéressante mais je ne pouvais pas la résumer en 1000 mots ^^'

J'ai eu une idée très originale.
Si je faisais une FAQ ? Vous posez vos questions aux personnages de ma fiction. Les prénoms ci-dessous sont accompagnés d'une image pour que vous puissiez voir qui est qui. Donc merci de ne pas poser vos questions à Mei sur l'image de Yuki ! Ça me faciliterait  la tâche ^^ Je m'excuse aussi pour les faux espoirs à cause de ce foutu chapitre 15 qui se dépublie tout seul ;-; Je ne sais pas quoi faiiiiiire.
Bon, je vous laisse avec les personnages !

Mei

Yuki

Kaeru

Luna

Hirma

Vika

Izami

Jiro

Jema

Tsumi

Hane

Miki

PAS D'IMAGE DISPONIBLE

Et voilà, ils sont tous là !

Si jamais vous voulez vous adresser à quelqu'un d'autre qui n'est pas dans cette liste, marquez le nom de la personne et votre question.

Et je me rajoute aussi

MathFanFiction

C'est fini pour ce chapitre aussi long que ma... main voyons ! Bande de cochonous

Restez à la page
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