Chapitre 15

Une fois que tout redevient calme, Yuki brise la glace d'un coup d'explosion bien placé et les parois gelés s'effondrent autour de nous. En nous voyant, tous les autres élèves se pressent autour de nous pour savoir ce qu'il s'est passé dans les moindres détails. Entre temps, j'avais remis mon fidèle bracelet rouge au poignet afin d'éviter des accidents inutiles. Mes mains étaient redevenues sèches, c'était mauvais signe. Il fallait que je demande à Recovery Girl et au plus vite mais pour l'instant, la priorité revenait à Luna. J'aurais aimé la plaindre mais je n'arrivais pas à définir l'émotion "plaindre". Est-ce que ça voulait dire tout simplement soupirer ? Geindre ? Pleurnicher ? Dans ce cas, je connaissais mieux l'émotion "se plaindre", je l'avais croisé tant de fois... Encore parfois, il m'arrive de pleurer brusquement la nuit et de me répéter que la vie que j'ai mené jusqu'à maintenant n'a aucun but précis à atteindre. Tout ce que je fais, je ne sais pas pourquoi je le fais. Puis, je me rappelle que je n'ai pas le droit de me plaindre de la sorte alors que d'autres adolescents vivent un enfer quelque part dans ce monde. Une sorte de variante de "les petits enfants en Afrique serait heureux de manger ce que tu as dans l'assiette". Bien sûr, comme dans toutes ces paroles "sages", il y'a une part de vrai et une part exagérée.

- La Terre appelle Mei ! s'exclama Vika juste devant moi qui passait une main devant mes yeux.

Je sursautais un peu à cause de la proximité que j'avais avec elle avant de rire et passer ma main dans ma nuque.

- Désolée, j'étais ailleurs.

Ailleurs... Est-ce que cet Ailleurs est meilleur ?

Je me retrouvais avec Yuki devant la porte de l'infirmerie, attendant le réveil et le rétablissement complet de Luna.

- Ryoko... murmura le vert du bout des lèvres comme si ce simple nom allait provoquer une éruption volcanique.

- Tu le savais ? osais-je demander.

Il ne me répondait pas tout de suite, prenant le temps de réfléchir à sa réponse.

- Je n'avais que six, peut-être sept ans. Je ne pouvais pas me douter d'un truc aussi grave. Je comprends pourquoi elle n'utilise plus son Alter aussi souvent... D'ailleurs, j'en connais une autre qui enfouit ses talents à cause d'un truc grave. N'est-ce pas ?

Sa façon de me regarder me déconcertait à chaque fois. Son regard de braise me sondait alors que son visage restait impassible. Ça en devenait presque flippant.

- Tu vas répondre oui ? s'énerva le vert, vexé de parler dans le vide depuis tout à l'heure.

- Un jour peut-être que je te répondrais.

Sur ces mots, je me dirigeais vers l'internat, accueillie par les questions incessantes de mes camarades. J'étais gêné devant tant de monde mais je transmettais ce que je savais, c'est-à-dire, pas grand chose. Enfin, on me laissa accéder à ma petite chambre. Je m'enroulais dans mon plaid en m'étendant de tout mon long sur le lit. Il fallait que je fasse attention à Yuki. Un jour ou l'autre, il me piégerait et m'obligerait à tout avouer.
Je ne savais pas que ce jour était aujourd'hui.

******

- Vous voulez faire un action, vérité ou chiche ? demanda distraitement Kaeru en lançant une balle en l'air qui retombait systématiquement dans la paume de sa main.

Miki se redressa violemment, une lueur de défi dans son regard.

- Et comment ! Qui joue ?

Finalement, Vika était venue me chercher dans ma chambre sous prétexte que je ressemblais à un zombie à moitié re-mort qui se traînait au sol. J'avais alors accepté à contrecoeur de participer à ce jeu un peu débile et légèrement cliché. Nous n'étions pas beaucoup mais ça suffisait pour rendre la partie intéressante: Yuki, Vika, Miki, Hane, Kaeru, Jema, Jiro et moi-même. Luna était restée à l'infirmerie pour la nuit. Ses parents étaient présents quand je lui ai souhaité un bon rétablissement.

- Très bien, commença Miki. Hane, action, vérité ou chiche ?

- Je ne sais pas trop, je prendrais l'action !

- Fais dix fois le tour de la pièce sans utiliser ton Alter.

Le délégué s'y mit aussitôt à coeur joie, me donnant le sourire aux lèvres. Certains étaient morts de rire. Il faut dire que la démarche de Hane était... Particulière ? Après un bon quart d'heure, il se rasseyait parmi nous et tournait son regard sur chacun de nous, hésitant dans le choix de sa victime avant d'hurler brusquement.

- JEMA !

- Je vais prendre Vérité, dit-elle en regardant ses ongles, peu préoccupée par l'issue de son choix.

- Est-ce que tu apprécies au moins une personne ici ?

Elle rougit légèrement avant d'essayer de se redonner contenance.

- On s'entend bien, c'est vrai.

Devant nos yeux instigateurs, elle nous fit comprendre qu'elle n'en dira pas plus. Quelques soupirs mais rien de concret en ressortent avant que Jema ne s'attaque à Kaeru.

- Alors, ton choix ?

- Je veux bien tester chiche.

- Très bien... Lèche le sol sur un mètre, répondait-elle sadiquement.

- C'est clairement le truc le plus sale.

Malgré sa remarque, il s'exécuta aussitôt sous les gémissements de dégoût de mes camarades.

- Yuki ? demanda t-il après avoir essuyé des résidus inconnus collés à sa longue langue.

- Vérité.

- Est-ce que c'est vrai que tu as peur des chiens ?

- Mec, t'es sérieux ! T'avais dit que t'en parlerais jamais !

- Ne jamais dire jamais.

Le vert souffla d'exaspération avant de marmonner un maigre "oui c'est vrai" devant les autres qui riaient un peu de "Mr. Invincible" comme il aimait se faire appeler.

- Je vais choisir... Mei !

Tiens, surprenant, pensais-je. C'est pas comme si je ne m'y attendais pas.

- Je vais choisir une action.

Comme ça, j'évite vérité et il n'aura pas la réponse qu'il espérait.

- OK. J'ai envie de t'entendre chanter à nouveau. Tu veux bien le faire ? N'importe laquelle, tant que tu chantes.

Je ne m'y attendais pas à celle-là. Comment j'ai pu être aussi nulle ? Ce genre de scène se voient à des kilomètres à la ronde ! Maintenant, ils me regardaient tous avec un air plus ou moins admiratif.

- C'est quoi le gage ?

- Un concert entier pour le festival de fin d'année, ricana Yuki qui était hilare. Fais pas cette tête-là !

- Désolée mais je ne peux pas.

- Mais si, t'inquiètes pas !

- J'avais jamais entendu ta voix avant aujourd'hui.

Il m'encourageait le plus possible, jusqu'à ce que Yuki pousse le bouchon plus loin.

- Si tu ne veux pas, c'est parce que tu es égoïste.

Je n'avais qu'une envie, le claquer pour que sa tête tourne et tombe à terre.

- C'est toujours non.

- Tu gardes tout ça pour toi alors que je pourrais t'ai-

- MAIS JE N'AI PAS BESOIN DE TOI ! hurlais-je comme une forcené.

Il m'avait forcé à hurler. J'étais hors-de-moi et rouge comme un Babybel. Mon cri avait fait taire tout le monde. Je balbutiais une faible excuse et remontait dans ma chambre.

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Hey !
Nouveau chapitre qui j'espère vous plaira.
Je tenais à rajouter que la plupart d'événements sont les miens. Je prends vraiment plaisir à écrire cette fiction, la rendre plus personnelle. Par exemple, Yuki et moi avons peur des chiens. C'est quelque chose que j'ai envie de partager avec vous sans forcément utiliser un RantBook, ça n'aurait aucun intérêt.

Restez à la page :^

P-S ajouté après publication: ce chapitre se dépublie tout le temps, c'est assez énervant, si jamais vous avez des idées je suis preneuse...
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