Chapitre 10

Je me levais du lit en douceur de façon à ne pas réveiller Tsumi qui dormait plus ou moins profondément. Un craquement sur le parquet me fit sursauter et je me mis en garde, genoux fléchis, de peur qu'un autre vilain vienne nous rendre visite. Heureusement, ce n'était que Yuki.

- Yo.

- Salut, tu viens pour Tsumi ?

- Peut-être...

Sa phrase suivante me glaça le sang.

- Tu devrais chanter plus souvent, tu sais.

Je me retournais vivement vers lui avec une face consternée affichée sur mon visage.

- Tu m'as entendu ?

Je n'avais fait que chuchoter mais il avait très bien compris ma question.

- Oui et je dois dire que tu chantes mieux que moi. Tu pourrais faire ça au festiv-

- Sûrement pas. Je ne veux pas chanter, tu ne m'as jamais entendu et tu ne m'entendras plus jamais.

- Qu'est-ce que tu racontes encore la campagnarde ?

- Arrête avec ce surnom !

J'étais proche de lui désormais. Il était consterné mais le cachait bien derrière son air neutre qui lui servait de façade assez solide par rapport à la mienne qui venait de s'effondrer. Maintenant que quelqu'un m'avait entendu, c'était impossible de me cacher. Il ne pourrait pas comprendre mes raisons. Il dirait que c'est idiot, comme tous les autres. Ma grand-mère m'encourageait à chanter quand nous n'étions que toutes les deux, ça ne me dérangeait pas mais devant d'autres personnes, je ne pouvais pas, j'étais bloquée et je connaissais le cadenas qui renfermait cette liberté que j'avais perdu durant mes jeunes années. Yuki finit par attraper mon poignet tout en justifiant son geste en désignant sa petite soeur du doigt qui dormait toujours malgré mes chuchotements à la limite de l'hurlement. Une fois la porte fermée, il continua notre disscution, si on pouvait la considérer comme telle.

- D'accord, tu ne veux pas chanter mais je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat.

- Parce que, c'est comme ça. Je n'ai pas besoin de me justifier auprès de toi.

- Tu m'as limite gueulé dessus.

- Tu n'avais qu'à pas me provoquer à propos de ça. Je ne veux pas en parler à quelqu'un que je connais depuis deux jours seulement.

- Te provoquer ? Sérieusement ? Je t'ai dit que tu chantais bien et tu pars tout de suite sur tes grands chevaux ! Si te complimenter revient à t'agresser, autant ne rien te dire.

- C'est peut-être mieux ainsi.

Nos regards s'accrochaient l'un à l'autre, se toisant. Je regarde ses yeux rouge carmin profonds qui ne laissent transparaître aucune émotion à part l'incompréhension qui est trop forte pour être cachée. J'imagine bien qu'il peut voir mes yeux gris passer par toutes les émotions possibles. Mon regard est une traduction de mes paroles qui lui dit et le pousse à insister, à me poser des questions, à chercher la raison. Au contraire, j'aimerais que quelqu'un m'aide à comprendre ce que je ressens... Mais ce n'est pas comme ça que je vais y arriver, c'est certain.

- Je vois. On se voit en cours alors.

Je rêve ou il fait demi-tour ?

- Et Tsumi ?

Il se retourne un peu, un sourire en coin.

- Quelque chose me dit que tu gères avec les enfants. Mon père ou ma mère viendra la chercher, ne t'en fais pas.

Je reste seule dans ce long couloir et me plaque contre le mur en soufflant. Je reste fixé sur le plafond blanc qui me rappelle le vide qui comble la totalité de l'espace disponible de mon coeur. Ce vide m'empêche de me comprendre moi-même, j'ai besoin des autres pour me décrypter. Yuki vient de le faire, il a réussi à comprendre ce que je voulais dire à travers mes paroles. Luna arrive quelques minutes plus tard en courant partout.

- Tu n'as pas vu Yuki ? Je voulais le pincer mais il est parti aussi sec.

- Je l'ai croisé mais il est déjà reparti...

- Il n'y coupera pas, je m'en fais la promesse !

Son intervention eut le don de me réveiller un peu de mon moment de flottement. J'étais à Yuei désormais, je ne pouvais pas me permettre de me laisser aller ainsi. Pas après tout ce que ma grand-mère a fait pour que je puisse réaliser le rêve de poser le pied sur les marches de ce lycée. Je claquais vivement mes joues avec mes mains comme pour remettre mes idées en place et sourire avant de descendre les escaliers et me joindre à Vika, Miki et Luna à la recherche de Yuki dans tout le bâtiment. Je changeais ma poche de glace quand Deku toqua à la porte-fenêtre qui donnait accès au jardin derrière l'internat. Malgré le fait que j'ai failli avoir une crise cardiaque en le voyant, je finis par lui ouvrir prestement.

- Bonjour Mei, merci de m'avoir ouvert !

- Je n'allais pas vous laisser dehors non plus.

- Les autres ne sont pas avec toi ? demanda t-il en regardant le salon vide de vie.

- Non, ils sont à la recherche de Yuki pour le pincer.

À mes mots, il éclata de rire.

- On se laisse pas abattre à ce que je vois !

- Monsieur... Je voulais vous demander quelque chose.

Intrigué par ma question, il arrêta de rire pour m'écouter attentivement.

- Est-ce que c'est inquiétant que des vilains aient réussi à pénétrer dans l'enceinte de Yuei ?

- Et bien... Je dois dire que quand j'avais ton âge, c'était pratiquement similaire. On se faisait attaquer par des vilains pratiquement à chaque sortie. Tu as entendu parler de l'Alliance des vilains ?

- Un peu oui. Ils sont connus pour énormément d'actes peu glorieux.

- En effet... On a arrêté la plupart mais il reste toujours quelques membres dans la nature dont un extrêmement dangereux.

- Il échappe toujours aux forces de l'ordre ?

- Oui, grâce à un de ses alliés qui possède un Alter de téléportation. Ils nous filent entre les doigts sans qu'on puisse les attraper... Le pire, c'est Shigaraki. Il est capable du pire sans qu'on puisse le prévoir.

- J'ai entendu parler de lui mais très peu du fait de mon éloignement de la ville.

- Crois-moi, si tu le croises, je te conseille de ne pas être sur sa liste.

- Est-ce que vous y êtes, vous ?

- Bien sûr. Shigaraki déteste le système héroïque, il est prêt à tout pour le faire tomber.

Un téléphone vibra, celui de Deku.

- Je vais te laisser, Kacchan va commencer à s'inquiéter si je ne rentre pas !

- Ne vous inquiétez pas pour moi, Tsumi est à l'étage dans la chambre de Yuki.

Quelques secondes plus tard, Deku et Tsumi étaient partis sans aucun bruit me laissant seule avec le bruit de fond que faisait les trois zigotos qui me servent d'amis. Yuki avait dû partir avec le héro sans que je le remarque.

Je sortais la photo que j'avais dans la poche, une des rares que ma mère avait gardé. Elle souriait dessus avec mon père à ses côtés. J'étais d'ailleurs dans les bras de ce dernier avec un air éberlué devant l'appareil qui prenait la photo qui se révélait être un Polaroïd. La voir me faisait toujours sourire tristement mais me permettait de me convaincre d'une chose.

Je retrouverais mon père quoi qu'il advienne.

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Hey !

Nouveau chapitre qui vous donne peut-être des petites théories  (n'est-ce pas ?) et je dois dire que ça refait ma journée.

Une petite anecdote avant de vous laisser ?

Les anecdotes de Mei :

La photo que je garde sur moi est une photo que j'ai volé à ma grand-mère. C'est une des seules qu'elle n'a pas brûlé après la disparition de ces deux derniers.

Bisous de Londres -3-

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