Chapitre 35 : Cauchemar
Hermione était seule dans son dortoir. Les vacances étaient arrivées dès le lendemain, donc Elena était rentrée chez elle pour rejoindre sa famille durant ces deux semaines. Hermione se retrouvait donc seule, de nouveau.
Elle pensait bien le vivre, mais elle n'y arrivait pas. Hermione se sentait si mal ! Les cauchemars s'enchaînaient, et lorsqu'elle tentait de se vider l'esprit, elle avait la sensation que son bras et précisément sa cicatrice la brûlait.
Hermione décida donc de se lever. Il devait être une heure du matin, et avec un peu de chance, Tom ne dormirait pas. Il passait souvent ses nuits à lire, durant les vacances. Alors, la jeune femme dévala les escaliers et rejoignit la chambre de Tom. Elle frappa quelques coups à la porte.
— Oui ? s'exclama Tom à l'intérieur.
— C'est moi, est-ce que je peux entrer ?
La porte s'ouvrit quelques instants plus tard. Le jeune homme la laissa se glisser à l'intérieur, dans le silence. D'après la chaise de son bureau un peu déplacée, les draps de son lit encore faits et le livre ouvert sur la table, Hermione sut immédiatement que Tom avait en effet passé la soirée à lire. La jeune femme se tourna vers lui et lâcha :
— Je n'arrive pas à dormir. Est-ce que je peux rester là quelque temps, jusqu'à ce que tu veuilles dormir ?
Tom hocha la tête. Alors, Hermione partit s'installer dans le fauteuil, tandis que le jeune homme reprenait sa place derrière son bureau. Il était penché sur son livre et prenait des notes à côté, d'après ce qu'Hermione remarqua. Elle se recroquevilla sur elle-même et ferma les yeux, essayant de se reposer au moins un minimum. Si toutes les nuits se déroulaient ainsi jusqu'au retour d'Elena, Hermione ne tiendrait pas le coup physiquement parlant.
— Pourquoi n'arrives-tu pas à dormir ? demanda soudainement Tom dans un murmure.
— Je n'arrête pas de faire des cauchemars. Et ma cicatrice me brûle, même quand je tente de l'ignorer.
Tom fronça les sourcils. Il tourna la tête vers elle et souffla :
— Cela allait quand Elena était là ?
— Oui. Je ne peux plus être toute seule, c'est tout.
Le jeune homme hocha la tête. Un nouveau silence eut lieu, qui dura cinq bonnes minutes, durant lesquelles Tom continuait de prendre des notes au sujet de son ouvrage. Dans la pièce, on ne distinguait plus que sa plume qui grattait contre le parchemin.
— Tu devrais aller te coucher, tout de même, déclara soudainement Tom. Je suis à l'étage inférieur, tu ne risques rien.
Le cœur d'Hermione se serra à cette parole. Elle releva la tête et souffla :
— Je sais. Mais... Je ne veux pas être toute seule dans la pièce. Je me retrouve enfermée avec mes pensées, et... Enfin... Mais si tu veux que je parte, je peux partir, ajouta-t-elle.
— Non, reste.
Hermione retint un soupir de soulagement. Elle ne se voyait pas repartir dans sa chambre de suite. Au moins, dans la même pièce que Tom, elle pouvait se concentrer sur le son de sa plume mais aussi sur sa respiration. C'était rassurant.
Ils restèrent ainsi encore dix bonnes minutes. Hermione se sentait lentement sombrer dans le sommeil, malgré sa position assez inconfortable. Tom parut le remarquer, car il poussa un long soupir.
— Va te coucher là-bas, dit-il en désignant son lit. Tu ne vas pas passer la nuit sur ce fichu fauteuil.
— Mais, balbutia Hermione d'une voix ensommeillée. Je ne vais pas prendre ton lit.
— Au moins, tu dormiras. Je ne vais pas dormir beaucoup, cette nuit, j'ai envie de lire.
— Tu es sûr ?
Tom hocha la tête. Il lâcha :
— Si je veux dormir, je viendrais à côté de toi, mais je resterais très loin. Et tu n'auras pas intérêt à m'approcher.
Cela fit lâcher un petit rire à Hermione. Elle répondit :
— Merci, Tom.
Le jeune homme haussa simplement les épaules. Hermione se leva donc et s'installa sur le lit double de Tom, au plus près du mur. Elle lui souhaita une bonne nuit ; il ne répondit que par un silence.
Cela suffit largement à Hermione. La présence de Tom la rassurait, et au moins, elle n'était pas seule.
Le lendemain matin, lorsqu'Hermione se réveilla, elle crut qu'elle avait dormi plusieurs jours de suite tant elle se sentait reposée. Et pour cause : elle sentait les bras de Tom enroulés autour d'elle, et durant la nuit, elle s'était blottie dans ses bras. Hermione poussa un soupir rassuré : elle ne risquait rien dans les bras de Tom, en tout cas. Avant, elle se disait qu'elle ne risquait rien à Poudlard, mais les partisans de Grindelwald avaient réussi à y entrer ; donc elle préférait être sur ses gardes.
Hermione resta immobile, profitant du contact de Tom. Il semblait s'abstenir de tout geste envers elle en général, comme par pudeur, ou parce qu'il n'aimait pas être trop familier. La jeune femme sentit soudainement la main de Tom se glisser de son dos jusqu'à sa cuisse ; puis, il se déplaça légèrement, comme s'il prenait conscience de la position dans laquelle il était. Néanmoins, après un probable débat intérieur, il finit par se réinstaller normalement, et par la serrer contre lui de nouveau.
Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, avant que Tom ne se lève. Il partit dans sa salle de bain ; Hermione en profita pour se redresser et observer autour d'elle. Rien n'avait changé depuis la veille, si ce n'était le livre de Tom sur son bureau qui était refermé. Le jeune homme ressortit de la salle de bain, vêtu de ses vêtements habituels ; Hermione lâcha :
— Salut.
— Salut.
— Merci, dit-elle simplement.
Tom haussa les épaules. Il partit s'asseoir comme si de rien n'était derrière son bureau. Hermione mit encore quelques instants avant de se lever et de se jeter sur le fauteuil à côté de lui.
— Qu'est-ce que tu lis ? Hier, je n'ai pas pensé à te poser la question.
— Un livre de sortilèges.
Il était froid, comme d'habitude. Hermione soupira : elle aurait aimé que le fait de dormir à ses côtés puisse le rendre plus... Plus expressif. Le décoincer un peu, en fait. La jeune femme se pencha vers lui pour observer l'ouvrage, mais Tom le décala pour qu'elle ne puisse rien voir ; elle lâcha, un sourire aux lèvres :
— Qu'est-ce que tu caches ?
— Rien.
— Tu es un vil menteur, Jedusor !
Tom tourna simplement la tête vers elle, un sourcil haussé. Le regard d'Hermione brillait, et il ne pouvait s'empêcher de la trouver encore plus belle lorsqu'elle avait ce discret sourire sur les lèvres.
— C'est un livre de magie noire, déclara-t-il.
La lueur s'éteignit dans le regard d'Hermione. Tom poussa un soupir et replongea dans l'ouvrage. La jeune femme l'observa quelques instants, puis lâcha :
— Ce n'est pas bien.
— Je sais. Mais tu as toi aussi appris la magie noire auprès de Grindelwald et tu en as même sans doute utilisé contre lui.
— C'est vrai. Mais je n'avais pas le choix, moi. Toi tu l'as.
Tom haussa les épaules. La présence d'Hermione le déconcentrait, peut-être parce qu'il sentait son regard sur elle. Et dire qu'une vingtaine de minutes avant cela, elle se trouvait dans ses bras ! Il s'était réveillé, assez stupéfait ; il s'était juré avant de dormir de rester éloigné d'elle, bien plus par gêne qu'autre chose. Il n'était pas prêt à se rapprocher physiquement d'elle, sans doute parce que c'était « sérieux ». Encore, se rapprocher d'une fille uniquement pour quelques baisers, il en était capable : mais elle, c'était différent. Et là, Hermione restait à côté de lui comme si de rien n'était. Avec son stupide regard et son stupide sourire.
— Qu'as-tu fais, pendant mon absence ? demanda Hermione.
— J'ai appris beaucoup de choses concernant la magie noire. J'ai réalisé plusieurs réunions avec le groupe Sang Pur, aussi, je les avais un peu abandonné à cause de... De toi, en fait. Et j'ai aussi commencé à me renseigner, car si je veux devenir un mage noir, il me faut mettre toutes les chances de mon côté. Donc... Enfin... J'aimerais être immortel. Surprendre tout le monde, que personne ne puisse me battre. Jamais.
— C'est dangereux.
— Je sais.
Hermione garda le silence. Tom releva la tête, assez surpris qu'elle n'insiste pas. Il dit :
— Tu ne tentes pas de me convaincre d'arrêter ? Tu n'essaies pas de m'arracher mon livre, de jeter ma chambre au feu ou de me tuer d'une quelconque manière ?
— Je n'ai jamais tenté de te tuer. Et il n'y a plus de bûchers pour les sorciers depuis quelques siècles.
Tom esquissa un sourire très léger, qui ravit pourtant Hermione. Elle s'exclama :
— Oh ! J'ai su faire sourire le grand Tom Jedusor ! Quelle chance !
— Tu n'es pas drôle.
Hermione lâcha une exclamation surprise. Elle plaça la main sur son cœur et répliqua :
— Moi ? Pas drôle ? Oh ! Je suis outrée !
Tom secoua simplement la tête.
— Tu n'as pas répondu à ma question initiale, lança-t-il.
— C'est vrai. Eh bien... Disons que j'ai dit à Dumbledore que j'abandonnais ma mission à ton sujet, alors... Je ne sais pas encore quoi faire. Donc je réfléchis.
— Tu pourrais me laisser devenir un mage noir ? demanda Tom, surpris.
— Non. Je ne pourrais pas rester à tes côtés si tu le deviens.
Hermione ne le lâchait pas du regard. Elle savait bien qu'il fallait qu'elle l'empêche de devenir un mage noir, mais à la fois, elle ne voulait pas le faire car Dumbledore l'avait demandé. Le futur directeur de Poudlard, et surtout ses décisions, la dégoûtait au plus haut point, alors elle ferait en sorte de réaliser des choses car elle le voulait et non pas parce qu'il le désirait.
— Mais tu sais désormais que mes paroles seront les miennes, et pas celles que je dois dire pour une mission, déclara Hermione. Je t'avoue que ça me soulage, je n'en pouvais plus d'agir car il le fallait.
— Je vois.
— En tout cas, je ne pense pas que ce soit bon pour toi de te diriger vers la magie noire. J'ai vu ce à quoi tu ressemblais, dans le futur, et... Oui, non. Tu es devenu ignoble.
— Tu m'as rencontré, dans le futur ?
Tom semblait soudainement intéressé. Hermione hocha la tête ; elle expliqua :
— A la Bataille du département des Mystères, en 1996. Je t'ai aperçu plus qu'autre chose, tu venais de combattre Dumbledore. Tu étais ignoble physiquement, mais aussi mentalement. J'étais persuadée que tu étais devenu fou, en fait.
Le regard de Tom s'était allumé d'une lueur enchantée. Mais, il ne put s'empêcher d'être moins joyeux face à la mine grave qu'arborait Hermione.
— J'ai même du mal à dire « tu », en réalité, car Voldemort est très différent de toi. Ou du moins de la vision que j'ai de toi. Je pense qu'il était malheureux, et que faire le Mal ne le rendait pas si heureux, en fait. Il tuait beaucoup, des familles entières, simplement par plaisir. C'était un monstre.
— Je rêve d'être admiré par les autres.
— Tous te haïssaient. Je suis partie avant que la guerre ne reprenne vraiment, mais je suis convaincue qu'ils auraient fini par te tourner le dos. Et nous aurions trouvé un moyen de te tuer, quoi qu'il arrive.
— Tu aurais pu me tuer ? demanda-t-il du bout des lèvres.
— En 1996 ? Oui.
Une lueur déterminée était apparue dans son regard. Tom resta immobile, tandis qu'elle ajoutait :
— J'étais la meilleure amie de celui qui t'avait déjà vaincu une fois. Il s'était encore battu contre toi, à 14 ans à peine, et il était parvenu à partir. Comme quoi, tu arrivais à te faire battre par un adolescent, c'était ridicule.
Hermione lâcha un petit rire moqueur. Elle réfléchit quelques instants puis termina :
— En fait, tu étais ridicule. Tu courrais après les moldus comme un idiot, à chercher les regards de tous et à espérer gagner des partisans. Simplement, tu usais la magie noire, alors nous avions peur, car nous non.
La jeune femme tentait une ruse. Elle essayait de minimiser l'impact de Voldemort pour qu'il ne s'y lance pas ; et à vrai dire, vu la déception apparente sur le visage de Tom, cela semblait marcher.
— Oh. Mais, si tu connais le « moi » du futur, alors dans ce cas, tu pourrais m'aider à devenir encore plus puissant.
— Mais je ne le ferai pas, répliqua Hermione immédiatement. Je refuse de voir Voldemort naître, surtout qu'il a tué les parents de bon nombre de mes amis. Alors non.
Tom soupira. Il n'arriverait jamais à convaincre Hermione... D'un côté, il était enchanté d'apprendre qu'il effrayait les gens. Mais de l'autre, en devenant Voldemort, il se condamnait à être haï de tous, alors qu'Hermione voulait lui donner une possibilité d'être aimé. Quelle bêtise ! Il se reprit immédiatement. L'amour n'était jamais sincère. Même elle devait sans doute lui mentir ; l'amour n'était qu'un mensonge, qui servait à manipuler les autres. Il devait éliminer tous ceux qui s'estimaient capable d'aimer.
En voyant le regard de Tom s'assombrir, Hermione tendit la main vers lui, pour la poser sur la sienne. Elle lui sourit, le regard brillant, et murmura :
— Je te promets que je ferai tout pour que tu découvres les points positifs de tout ce que tu fuis. L'amour, l'amitié... Oui, certaines personnes sont horribles, mais lorsque tu tombes sur des personnes saines et aimables, alors... Tu ne peux qu'être heureux. Et puis, maintenant, je suis dans ta vie, et comme je suis un ange tombé du ciel, tu ne peux qu'être enchanté !
— Tu dois être en train de me mentir concernant... Tout. Personne n'apprécie quelqu'un d'autre sans arrière-pensée. Tu dois être en train de chercher à me manipuler.
Les épaules d'Hermione s'affaissèrent. Ils en revenaient régulièrement à cette discussion. Elle serra la main de Tom un peu plus, puis dit :
— Il faudra que tu admettes un jour que quelqu'un peut t'apprécier sans chercher à te manipuler. Qu'est-ce qu'il faudrait que je fasse pour que tu sois persuadé que je sois sincère ?
Tom avait besoin qu'elle lui prouve, simplement pour pouvoir lui faire pleinement confiance. Alors, après avoir réfléchit, il lança :
— Je veux que nous fassions un pacte.
— Je t'écoute.
Hermione ôta la main de la sienne. La situation parut soudainement bien plus grave. Tom lâcha :
— Je veux que tu me jures de rester à mes côtés. Même si je tombe dans la magie noire.
— Non. Mais je te jure que je resterai à tes côtés tant que je t'aimerai.
Tom resta bouche bée. Était-ce une déclaration d'amour ? Hermione elle-même parut surprise. Elle balbutia :
— Enfin, je... Et toi, que jures-tu ?
— Je te jure de te faire confiance et de t'aider à rester en sécurité.
Hermione hocha lentement la tête. La situation était grave, à vrai dire, car elle venait de passer un pacte avec un potentiel futur mage noir. Et même si elle avait arrêté officiellement sa mission auprès de Dumbledore, Hermione ne voulait pas laisser Tom tomber.
Aujourd'hui, sa mission n'était plus par loyauté envers Dumbledore. Hermione s'engageait à sauver Tom pour Tom, et pas pour quelqu'un d'autre.
Il en valait la peine, elle en était sûre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top