Chapitre 34 : Histoire

Hermione ne put s'empêcher de rire. Sa main placée devant sa bouche, elle avait mal au ventre à force d'exploser de rire.

Allongée dans son lit, cela faisait une bonne heure qu'Elena et elle parlaient de tout et rien. Hermione s'était confiée pour la première fois depuis son arrivée au sujet de son enfance, à raconter quelques anecdotes à son amie. Elena écoutait attentivement, enchantée d'être la seule rare privilégiée à bénéficier de toutes ces informations.

— Donc, si je résume ! s'exclama soudainement Elena. Tu es une née-moldue, née en 1979, qui a voyagé dans le temps pour éliminer Tom qui est censé être un mage noir mais dont tu es actuellement peut-être amoureuse.

— Je ne suis pas amoureuse, répliqua Hermione. Tom est simplement... Particulier.

— Si tu le dis ! En tout cas, j'ai toujours su que tu étais formidable, Hermione.

— Merci, Elena. Tu sais, t'avoir rencontré est une des seules bonnes choses que je retiens au sujet de ce voyage temporel.

Elena et elle échangèrent un sourire. Puis, elles reposèrent le regard sur le toit de leur lit, avant qu'Hermione ne dise :

— Mes amis me manquent beaucoup. Tu te serais bien entendue avec ma meilleure amie, Ginny. Elle est d'une gentillesse impressionnante, d'un courage que j'admire encore aujourd'hui. Elle était Gryffondor, mais je suis sûre que le Choixpeau a hésité à la mettre à Serpentard.

Son amie lâcha un petit rire. Elle souffla :

— Tu sais, je ne l'ai jamais dit à personne, mais le Choixpeau voulait me mettre à Gryffondor. Mais comme mes parents ont tous été à Serpentard, j'ai réussi à le convaincre de me mettre dans cette maison. Et puis... J'ai bien fait, car j'ai rencontré Abraxas et toi, ensuite.

— Cela ne m'étonne pas. La première chose que je me suis dit, lors d'une de nos premières discussions, c'est que tu aurais été bien mieux à Gryffondor. Mais, Serpentard doit t'apporter aussi des choses formidables, alors...

Elena haussa les épaules. Elle n'en était pas sûre. Quelques secondes passèrent dans le silence ; puis, elle dit :

— Je n'arrive pas à me dire que tu es allée dans un Poudlard différent que le nôtre. Que tu as eu une autre vie, avec des meilleurs amis qui avaient l'air géniaux. Que tu avais des parents moldus, aussi, je ne m'en serais jamais doutée. Je n'avais jamais vu de nés-moldus à Serpentard.

Hermione savait bien qu'Elena disait « Sang-de-Bourbe », à l'accoutumée. Elle ne pouvait qu'être reconnaissante envers son amie de s'abstenir d'utiliser un tel mot devant elle. De plus, Elena était la gentillesse incarnée, bien que publiquement, elle faisait en sorte d'apparaître comme une personne froide et égocentrique. Tout comme Hermione, elle ne faisait que suivre le modèle « sang pur à Serpentard » pour se fondre dans la masse... Et à vrai dire, le fait de partager la peine de ne pas pouvoir être soi-même rapprochait les jeunes femmes.

— Je suis désolée de t'avoir caché tout ça, en tout cas, déclara Hermione en tournant la tête vers son amie. Je te l'aurais dit bien plus tôt si je l'avais pu.

Elena sourit. Elle répondit :

— Ne t'en fais pas. Dans ton cas, j'aurais fait exactement pareil. Même si je n'aurais pas su voyager dans le temps ainsi.

— Pourquoi ?

— Eh bien... Je n'aurais pas voulu tout perdre. Ni perdre ma famille, ni perdre mes amis, ni perdre tout ce que j'aime, ici. Surtout que... Tu as voyagé de cinquante ans en arrière, c'est ça ? Alors dans ce cas, j'aurais dû arriver vers 1895, et... Je pense que la vie là-bas était bien moins confortable que maintenant. Même si nous sommes en pleine guerre chez les moldus et que Grindelwald tue tout le monde chez les sorciers.

— Le changement de confort de vie entre 1996 et 1944 est vraiment différent, lâcha Hermione. Je comprends totalement ce que tu veux dire.

Un nouveau silence. Hermione ferma quelques instants les yeux, épuisée. Ses muscles la lançaient, tout comme sa cicatrice sur son bras et sa brûlure sur l'autre. L'infirmière était venue la voir dans son dortoir, une demi-heure auparavant, pour lui donner de la crème à appliquer dessus pendant une semaine. Au moins, elle serait soignée... Mais, en attendant, elle souffrait.

— Sinon, je n'ai pas fini de te raconter tous les ragots ! Du coup, Abraxas m'a dit que dès la fin de l'année, il nous faudrait nous séparer, car ses parents veulent célébrer les fiançailles avec sa fiancé dès les vacances. Alors... Je veux que nous profitions de chaque instant. Il semble déjà prendre ses distances, mais...

Elena grimaça. Elle était amoureuse de lui, c'était son premier amour : mais pourtant, Abraxas était bien plus attaché aux traditions qu'à elle. Et ce constat lui faisait bien mal.

— Tu trouveras un garçon encore plus gentil, j'en suis sûre.

— Vu la personne que mes parents veulent que j'épouse, j'en doute. J'ai tenté de leur dire qu'il semblait violent et froid, mes parents ne changeront pas d'avis. Les fiançailles seront célébrées en novembre, je pense.

Hermione soupira. Ah, ils n'aimaient pas les moldus, mais au moins ses parents ne l'auraient jamais poussé à épouser quiconque ! Elena, jugeant que l'ambiance était devenue trop morose, se mit à conter des histoires bien plus drôles, qui les firent rire. De nouveau, elles se mirent à rire à gorge déployée, essayant cependant d'être discrète pour ne pas réveiller les autres dortoirs.

Hermione était heureuse d'être tombée sur quelqu'un comme Elena. Peut-être que ce serait grâce à elle qu'elle pourrait réapprendre à s'amuser et à rire ? Car, avant de s'installer dans son lit ce soir-là, Hermione n'aurait pas su citer la date de son dernier rire sincère...

La nouvelle mission d'Hermione était de trouver le bonheur.

Cependant, trouver le bonheur passait-il forcément par le fait de sacrifier sa mission initiale ?

Hermione l'ignorait.

Le directeur avait donné rendez-vous à Hermione dès le lendemain. Alors, la jeune femme, vêtue de l'uniforme scolaire habituel, s'était retrouvée assise sur la chaise face à son bureau dès dix heures du matin. Pour une fois, et chose exceptionnelle : Dumbledore n'était pas présent.

— Miss Smith, je suis ravie de vous voir de retour à Poudlard, déclara Dippet, un sourire aux lèvres. Je devais parler avec vous de deux choses.

Hermione hocha la tête. Elle écouta le directeur dire :

— D'abord, après une discussion avec le professeur Dumbledore, nous avons jugé bon de demander au Ministère de mettre en place une protection autour de vos ancêtres. Nous craignons que Grindelwald tente, d'une manière ou d'une autre, de vous faire disparaître en éliminant un de vos aïeuls.

La jeune femme resta muette. Ce serait horrible. Son existence entière pourrait être supprimée à l'aide d'un simple « Avada Kedavra » sur une personne de sa famille, éloignée ou non. Sa vie, et même son existence entière, ne tenait qu'à un fil.

— C'est aimable. Merci, balbutia-t-elle finalement.

— Ensuite, continua Dippet, nous avons eu la surprise de recevoir une lettre vous concernant durant votre absence. Le professeur Dumbledore, dès votre arrivée, vous a inscrit comme étant la fille d'un couple de sorciers, les Smith, morts quelques semaines avant votre arrivée. Et, le père de Mr. Smith est mort le mois dernier.

Dippet prit une lettre posée sur le bureau et la tendit à Hermione, qui la prit en main, hésitante. Le directeur expliqua, tandis qu'elle l'ouvrait :

— Je me suis renseigné, et le Ministère est persuadé que vous êtes la fille du couple Smith. La rumeur a atteint leurs oreilles que vous n'êtes pas leur fille, mais ils s'en fichent : ils ne savent pas quoi faire de la demeure de Mr. Smith qui est mort sans aucun héritier et sans aucune famille, alors ils préfèrent vous la donner pour que vous vous en occupiez plutôt que de la laisser à l'abandon. Ils n'ont pas le courage non plus de la revendre, potentiellement à des moldus, et de faire tous les essais pour être sûrs que la demeure n'est pas ensorcelée d'une quelconque manière. Vous allez fêter vos dix-neuf ans cette année, et j'estime, à titre personnel, que cette demeure obtenue en héritage est une... récompense, en quelque sorte, pour le sacrifice de votre jeunesse que vous avez réalisé pour cette mission. Alors, profitez-en, Miss.

Dippet lui sourit, l'air enchanté. Hermione, quant à elle, restait pétrifiée face à la missive. Il était inscrit, noir sur blanc, qu'elle héritait d'un manoir dans le Yorkshire, ainsi que de la « fortune » de son prétendu ancêtre, nommé James Smith.

— Eh bien... Merci, professeur.

Dippet fit un simple signe de tête. Il posa quelques questions à Hermione au sujet de son enlèvement, puis l'invita à disposer.

La jeune femme était assez surprise par cette lettre. Mais... Peut-être que c'était un signe du destin pour l'aider à reconstruire son avenir ?

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