Chapitre 33 : Serpent

Hermione avançait d'un pas pressé dans les couloirs. Quelques élèves se retournaient sur son passage ; elle portait toujours les vêtements verts foncés de Grindelwald avec le symbole du mage noir dans le dos, ainsi que ses longues bottes à talons. De quoi surprendre, donc.

La jeune femme rejoignit la salle commune de Serpentard. Le frémissement du serpent qui permettait à la porte de s'ouvrir fit pousser un soupir de soulagement à Hermione. Elle était enfin rentrée. Jamais elle n'aurait cru que la salle des Serpentard serait devenu un repère : mais au moins, elle en avait un à cette époque, ce qui n'était pas mal.

Hermione entra dans la pièce. Sa présence se fit bien sûr remarquer : un murmure s'empara de l'assemblée. Elena, assise sur un fauteuil, se leva et rejoignit son amie, qui descendait prudemment les marches qui menaient à la salle commune.

— Salut, 'Mione. Bon retour chez nous.

Un sourire s'étira sur les lèvres de la jeune femme. « Chez nous ». C'était rassurant, de nouveau. Elena jeta un bref regard aux Serpentards présents, puis murmura :

— Tom est dans sa chambre. Il est resté dans son coin pendant tout le temps de ton absence.

— Je vais le voir de suite, répondit Hermione sur le même ton.

— Je veux qu'on se fasse une soirée filles, ensuite ! s'exclama Elena, souriante. J'ai des tonnes de choses à te raconter et je veux à tout prix te faire rattraper tous les ragots des dernières semaines.

Hermione sourit de nouveau. Elena et elle se serrèrent dans leurs bras, avant qu'elle ne murmure :

— Merci, Elena. Tu es la meilleure.

Elena sourit à son tour en guise de simple réponse. Hermione se dirigea ensuite vers la chambre de Tom ; elle frappa quelques discrets coups à la porte, sans se soucier des regards de tous les Serpentards rivés sur elle. L'accès s'ouvrit quelques instants plus tard, laissant un Tom Jedusor aux allures assez agacées apparaître. Le cœur d'Hermione rata un battement : il n'avait pas changé en deux mois et demi, il était toujours aussi charismatique.

— Salut, lâcha-t-elle.

— Tu es de retour, répliqua-t-il.

Hermione hocha la tête. Tom se déplaça afin de l'inviter à entrer, après avoir avisé de tous les regards rivés vers eux. La jeune femme se glissa à l'intérieur, juste avant que Tom ne referme la porte.

— Tu vas bien ? demanda Hermione, le regard fixé sur lui.

— Oui. Et toi ?

La jeune femme acquiesça de nouveau. Tom se dirigea vers son bureau et retourna l'ouvrage qu'il était en train de lire, comme s'il voulait en masquer la couverture à Hermione ; elle ouvrit la bouche pour lui poser une question à ce sujet, mais il souffla :

— Alors, que s'est-il passé ?

— Euh... Eh bien, j'ai été enlevée par les partisans de Grindelwald. Ils m'ont torturé avant de faire de moi une des protégées du mage noir. J'ai appris énormément de choses, là-bas, car j'ai eu de nombreux cours, et... J'ai fini par m'enfuir il y a quelques heures à peine.

— Je vois.

Un silence s'ensuivit. Hermione ne pouvait que noter la distance entre eux, car Tom restait à l'opposé de la pièce, sans la regarder directement. Etait-il mal à l'aise ?

— Tu as voyagé dans le temps pour m'éliminer, lâcha-t-il soudainement.

Hermione sentit sa respiration se couper. Un vertige la prit ; elle déglutit, puis décida de garder le silence.

— Quel est le statut de ton sang ? demanda Tom du bout des lèvres. Si tu m'as menti sur la raison de ta véritable venue à Poudlard, tu dois m'avoir menti sur beaucoup d'autres choses.

La jeune femme réfléchit quelques instants. Fallait-il qu'elle lui mente, qu'elle lui dise la vérité ou qu'elle camoufle une partie de la vérité ? A vrai dire, elle s'était attachée à Tom, et ne voulait pas perdre le semblant d'amitié (ou plus) qu'il y avait entre eux. Alors... Autant miser le tout pour le tout.

— Bien. Euh... Alors...

Hermione prit une profonde inspiration, avant de lâcher d'une traite :

— Je suis Hermione Granger, née en septembre 1979 à Londres. Je suis enfant de moldus et je suis entrée à Poudlard à 11 ans, à Gryffondor. J'ai commencé à combattre les Forces du Mal dès ma première année, jusqu'à la cinquième année ; en juin 1996, Dumbledore m'a demandé de voyager dans le temps pour tuer le mage noir dans sa jeunesse.

— Et le mage noir, c'était moi.

Hermione hocha lentement la tête. Elle ajouta :

— Mais je suis incapable de tuer. Alors... J'ai décidé de faire autrement, et de chercher à t'aider à ne pas finir comme le mage noir que j'ai connu. Surtout qu'en apprenant à te connaître, j'ai réalisé que tu ne méritais pas un tel sort.

— Comment était ce... Enfin... Comment serais-je ?

— Un monstre. Un monstre de malheur. Cela ne t'apportera rien du tout, en plus, car tu rateras.

— Sauf si tu m'aides.

Hermione lui jeta un regard effaré. Elle secoua la tête de gauche à droite et bredouilla :

— Je n'ai pas quitté mon époque pour vaincre un mage noir et finir par l'aider à devenir encore plus puissant. Je ne peux pas.

— Pourquoi ? Si Grindelwald t'a enseigné de la magie noire, alors tu dois être en train de devenir aussi une puissante mage noire. Toi et moi, nous pourrions nous venger. Moi, des moldus, et toi, de ces personnes qui t'ont poussée à venir ici.

— Non, répliqua-t-elle. Désolée, Tom, mais je ne peux pas.

Tom poussa un soupir. Il dit :

— Tu es une Sang de Bourbe. Tu n'as de toute façon pas ta place à Serpentard, et tu as encore moins ta place à mes côtés.

— Tu as aussi du sang moldu dans les veines. Et je pense t'avoir prouvé à de nombreuses reprises que les nés-moldus étaient égaux aux sorciers de sang pur, non ?

— Cela n'a pas d'importance. Ton sang est tout de même impur. Il est intolérable que tu sois ici.

Hermione resta immobile quelques instants. Tom semblait crispé ; elle ne parviendrait jamais à le convaincre de lui faire confiance. Une part d'elle se disait : et puis, à quoi bon ? Il était idiot, il n'était pas sain, il était égoïste. Mais à la fois, elle voulait l'aider, et... Même s'il était étrange, il la rassurait, à la fois. Peut-être car elle venait de passer les trois dernières années avec lui, et qu'Hermione commençait à le connaître de plus en plus.

— Tu m'as menti pendant trois ans, ajouta Tom. J'étais prêt à faire de toi la Princesse de Serpentard à mes côtés, j'ai commencé à te montrer celui que j'étais vraiment. Et toi, tu me mens ? Tu me caches tout, de ta naissance jusqu'à ton nom même ?

Tom lâcha un rire jaune. Il continua :

— Tu t'es laissée influencer par Dumbledore, c'est si triste. Ce n'est pas comme si je t'avais prévenu depuis le début que cet homme était ignoble. Mais non, forcément, comme c'est moi qui fais de la magie noire, c'est forcément vers moi que ton attention se portait. Mais, Hermione, les sorciers n'ont pas besoin de faire de la magie noire pour être des personnes mauvaises.

— Tu as raison, déclara Hermione. J'ai été idiote. Je me suis laissée influencer par lui. Mais ! Tu sais, pendant mon absence, j'ai pu réfléchir. Grindelwald a été ignoble, mais il m'a permis de me rendre compte d'une chose : je ne peux plus vivre ainsi. Je ne peux plus me laisser influencer, je ne peux plus vivre de sorte à ne pas être moi-même et à vivre aux dépends de Dumbledore, ou même à vivre au gré de tes émotions et pulsions.

Hermione secoua la tête de gauche à droite, avant de reprendre sous le regard attentif de Tom :

— Je veux vivre, je veux être enfin celle que je veux être. Je peux mourir à tout moment à cause de la magie noire ou à cause de ce voyage temporel, et je veux profiter pleinement de ma vie. Et même si je veux être indépendante, si je ne veux plus être aussi attachée à toi, je... Je ne veux pas te perdre. Tu fais partie de ma vie ici, maintenant.

— Hermione, tu...

— Je veux, le coupa-t-elle, enfin te montrer ce que je suis vraiment. Je veux être enfin moi-même avec toi, et enfin te partager celle que je suis vraiment.

Tom sentit son cœur se serrer. Elle semblait réellement tenir à lui, et... Même s'il ne devait pas, cela le touchait.

— Je sais que l'idée... Enfin... Je sais que le fait que mon sang ne soit pas pur t'ennuie. Mais il faudra que tu réalises que le sang n'est pas un problème, car je refuse d'ignorer cela, chez toi. Alors... Laisse-moi une dernière chance, même si je me doute que tu dois m'en vouloir. Laisse-moi la possibilité d'apprendre à vraiment te connaître, mais aussi de te montrer celle que je suis vraiment.

Elle s'était rapprochée de Tom tout en parlant. Une fois face à lui, elle termina :

— Je n'ai jamais été vraiment moi-même depuis mon arrivée, car j'avais toujours le secret de mon voyage temporel à garder. Mais maintenant que tu es au courant, il sera bien plus simple pour moi de te montrer qui je suis. Alors, s'il te plaît, fais-moi une dernière fois confiance.

Le jeune homme haussa les épaules. Gêné par son regard insistant, il fit quelques pas en arrière et lui tourna le dos, réfléchissant à tout allure. Hermione pourrait lui être utile, avant tout ; mais à la fois, il s'était attaché à elle, et il avait vraiment ressenti son absence. Il adorait la lumière qu'elle paraissait apporter dans sa vie ; cela ne lui permettait pas d'oublier la haine qu'il portait aux moldus, mais au moins, il avait l'impression que sa vie était bien moins horrible.

Alors, Hermione décida de tenter une dernière chose. Elle fit quelques pas vers lui et enroula ses bras autour de lui, afin de le serrer dans ses bras. Le jeune homme, dos à elle, resta quelques instants immobile, stupéfait. Sa bouche devint soudainement pâteuse, tandis que son cœur s'accélérait avec force. Oh non. Il fallait qu'elle s'éloigne. Cependant, Tom ne bougea pas ; il fit glisser une de ses mains sur celle d'Hermione, qu'il serra lentement.

Même s'il ne l'avouerait pas, elle lui avait manqué. Et la sentir de nouveau contre lui était rassurant.

Hermione finit par réaliser quelques pas en arrière. Elle souffla :

— Tu dois comprendre que mon sang n'a pas d'importance, Tom.

— Je suis l'héritier de Serpentard. Ton sang a forcément de l'importance.

Tom se retourna vers elle. Il tendit simplement un bras vers Hermione, qui prit sa main tendue. Il l'attira à lui pour la serrer dans ses bras, le plus normalement possible. Puis, le jeune homme lui murmura :

— Mais peut-être que pour toi, je peux fermer les yeux.

Le cœur d'Hermione s'emballa. Ce n'était pas bien, mais... Elle était à l'aise, contre lui. Elle se blottit dans ses bras et répondit :

— Je t'aiderai à comprendre que les nés-moldus sont comme les autres, Tom. Je te le promets, j'arriverai à te faire entendre raison.

Tom haussa les épaules. Elle n'y arriverait jamais. Mais si elle le voulait vraiment...

Au moins, ils passeraient bien plus de temps ensemble. Et à vrai dire, Tom n'aurait jamais accepté d'échanger ce qu'il ressentait lorsqu'il la serrait dans ses bras contre quoi que ce soit. Même si c'était la gloire... Il préférait qu'elle soit à ses côtés dans le triomphe plutôt que de se retrouver seul. Il lui manquerait toujours quelque chose.

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