Chapitre 31 : Jouer le feu

Hermione sentit son corps atterrir lourdement sur le sol boueux de Pré-au-lard. Ses genoux restaient à même le sol ; elle tremblait, gelée mais aussi effrayée à la fois. Début avril venait d'arriver, avec ses fraîcheurs. Mais même si le temps s'était réchauffé comparé aux mois précédents, le début de soirée était frais. Quoiqu'il en soit, elle en était sortie ! Elle rêvait de pousser un hurlement de bonheur et de détresse mêlés ; mais elle s'abstint, car il fallait qu'elle soit discrète.

Alors, Hermione se hissa sur ses deux jambes. Il fallait qu'elle rejoigne Poudlard rapidement ; non seulement son bras la brûlait à cause de sa blessure, mais en plus, elle ne voulait pas prendre le risque de se faire prendre de nouveau. Elle hésitait cependant entre se diriger vers le château directement ou alors partir vers Honeydukes, la boutique de confiserie du village où un passage permettait de se rendre à Poudlard. Une troisième possibilité s'offrait également à elle : elle pouvait rejoindre le bar miteux du frère de Dumbledore, dont Grindelwald lui avait parlé. Ainsi, peut-être qu'elle aurait de quoi se soigner, mais... Non, il valait mieux se rendre directement à Poudlard.

Hermione partit d'un pas pressé vers la confiserie. Au passage, elle se jeta un sortilège de désillusion, de sorte à ce que l'on ne voit qu'une forme floue lorsqu'on posait le regard sur elle. Comme un caméléon, en quelque sorte. Elle maintenait une main sur sa brûlure au bras gauche, comme pour tenter de ne pas faire bouger la blessure : en vain, car elle souffrait terriblement. Elle tenta de se soigner grâce à un sort, mais cela parut la faire souffrir d'autant plus, alors elle n'insista pas. C'était de la magie noire, après tout...

La jeune femme s'approcha de la porte. Elle savait qu'il y avait une clochette à l'entrée, alors il lui faudrait être maligne. Elle jeta un discret « Alohomora » afin d'ouvrir la porte. La clef tourna dans la serrure ; elle ouvrit légèrement l'accès et glissa sa baguette par l'interstice pour désigner la clochette. Un sortilège lui permit de l'immobiliser et même de l'empêcher d'émettre un bruit. Ainsi, elle rentra dans la pièce dans le plus grand silence, avant de fermer la porte derrière elle. Puis, elle se dirigea dans le fond de la boutique : d'après les indications que lui avait donné Harry en 1995, une porte permettait d'accéder à une cave où une trappe permettait de rejoindre un long couloir jusqu'à Poudlard.

Hermione trouva la porte, qu'elle ouvrit. Elle descendit rapidement les escaliers, mais grimaça en entendant l'accès grincer. Non seulement la porte avait fait du bruit, mais elle avait l'impression que chacun de ses pas résonnaient dans la pièce. Il lui fallait faire vite : Harry avait dit que la poussière camouflait la trappe. Elle parvint à la trouver, en plein milieu de la pièce. Elle l'ouvrit sans attendre et se jeta dedans, sans se soucier du bruit que fit la pierre en se refermant. La jeune femme avait entendu du bruit à l'étage, où logeaient les deux gérants (qui n'étaient pas les mêmes qu'en 1995, bien sûr). Alors, autant se hâter.

La sorcière n'attendit pas un instant pour s'élancer en courant dans le couloir sombre. Hermione était juchée sur des talons assez impressionnants, et elle souffrait le martyre, mais Poudlard se trouvait au bout du chemin ! Elle tenait toujours sa baguette en main malgré sa main placée sur sa blessure : elle l'alluma d'un « Lumos » pour tenter d'obtenir un peu plus de lumière, mais ne s'arrêta pas dans sa course.

Au bout de vingt bonnes minutes, Hermione vit enfin le bout du tunnel. Elle grimpa en haut de l'escalier de pierre et poussa la statue qui servait de trappe. Elle dut utiliser ses deux mains : elle retint un hurlement de douleur. Elle put se hisser en dehors de l'accès, pour rejoindre un couloir du château. La jeune femme glissa sa baguette dans l'étui qu'elle portait à la taille (elle portait toujours sa tenue d'entraînement) et se dirigea à pas de loup vers la Grande Salle. Elle ne croisa personne, ce qui l'inquiéta ; revoir les murs de Poudlard et l'odeur de vieux parchemin qui flottait dans les couloirs la rassurait, mais... Tout semblait vide.

Quel jour était-il, déjà ? Ah, oui ! C'était le jeudi avant les vacances de Pâques normalement. Peut-être qu'ils dînaient dans la Grande Salle, ou... Ou qu'ils faisaient autre chose. La jeune femme arriva donc d'un pas assuré devant la salle, bien qu'elle ne l'était pas : elle voulait montrer à Dumbledore qu'elle allait bien. Avec les journées, elle avait fini par lui en vouloir pour tout. Il l'avait poussée à voyager dans le temps, à tout quitter, à vivre une vie qu'elle ne souhaitait à personne à marcher sur des œufs sans arrêt et à angoisser. Elle craignait que la moindre parole ne pose problème à Tom et qu'il ne lui adresse plus jamais la parole, et que son voyage n'ait servi à rien : en bref, tout n'était qu'angoisse depuis le début. Alors elle voulait montrer à tous que tout allait bien, car à vrai dire, le fait de mentir était la dernière chose qu'elle se sentait capable de faire sans ciller.

Elle ne tiendrait pas le coup, non. Elle n'y arriverait pas.

Face à la grande porte en bois ouverte, Hermione s'arrêta net. Tous les regards des élèves présents s'orientèrent vers elle, bientôt suivis par ceux des professeurs. Tout le monde n'était pas là, non ; mais la présence de Dumbledore suffisait à la jeune femme. Elle fit quelques pas dans la salle, tandis que le silence envahissait les lieux. A la table de Serpentard, Elena se leva, suivie par Abraxas ; de nombreux élèves firent de même afin de mieux voir la scène.

— Je dois parler au professeur Dumbledore. De toute urgence.

— Quand êtes-vous revenue ? s'exclama Dippet en se levant, tout comme les professeurs.

— A l'instant. Je me suis évadée, mais j'ai reçu un sortilège de magie noire en partant. Et je suis rentrée au château grâce à un passage secret.

Elena, à la table des Serpentard, fronça les sourcils. Hermione semblait bien plus froide que d'habitude ; ses traits étaient durs, et elle balayait la salle d'un regard calculateur. Elle fusillait les professeurs du regard, pour une raison que la jeune femme ignorait. Pour finir, Hermione semblait avoir grandi ; peut-être était-ce à cause de ses talons, mais elle faisait bien plus âgée qu'eux, selon Elena. Elle ressemblait réellement à une Auror avec cette tenue, même si les couleurs n'étaient pas les mêmes.

— Je dois parler à Dumbledore, répéta Hermione. Je vais passer à l'infirmerie rapidement, je vous attends là-bas.

Hermione tourna les talons sans attendre, avant de se diriger d'un pas pressé en direction de l'infirmerie. A la table des Serpentard, Elena partit en courant à la suite de son amie, accompagnée par Abraxas ; Dumbledore et Dippet, quant à eux, partaient en hâte par la porte des professeurs au fond de la pièce. Des dizaines de voix s'élevèrent dans la pièce pour commenter ce qui venait d'arriver : tous parlaient d'Hermione, du passage secret, de sa blessure mais aussi de sa tenue. Cela allait animer toute leur soirée, en tout cas !

— Hermione ! s'écria Elena.

Hermione s'arrêta net. Elena s'apprêta à se jeter dans ses bras, mais elle eut un mouvement de recul : elle se tenait le bras, les traits durs à cause de la douleur.

— Désolée, Elena, je... Je me suis pris les restes d'un sortilège de magie noire, et je n'ai pas réussi à me soigner. Mon sortilège a même tout fait empirer, alors...

— Quel sortilège t'ont-ils lancé ?

Hermione ouvrit la bouche comme pour parler, mais elle la referma. Elle secoua légèrement la tête, et souffla :

— Ils ne me l'ont pas lancé.

— Alors, comment...

— Désolée, Elena, il faut que j'aille à l'infirmerie. Je vous expliquerai tout ce soir ou demain, je te le promets.

Elena hocha la tête. Hermione poussa un long soupir en voyant sa mine inquiète : la jeune femme était très empathique et attentive, surtout qu'elle appréciait son amie. Et à vrai dire, le sentiment était partagé. Hermione fit donc un pas vers elle pour la serrer dans ses bras, malgré la douleur. Cela fit sourire Elena, qui lui souffla :

— Je suis rassurée de te voir en vie, 'Mione.

— Je suis rassurée de voir que tu vas bien aussi, répondit Hermione. Je veux que tu me racontes tout ce qu'il s'est passé depuis que je suis partie, dès que je serai soignée !

— Promis ! Allez, va à l'infirmerie, on se verra après.

Hermione et Elena échangèrent un sourire. Abraxas et Hermione échangèrent aussi quelques mots avant que la jeune femme ne se dirige vers l'infirmerie, où Dumbledore et Dippet l'attendaient déjà, aux côtés de l'infirmière.

— Alors, Miss Smith, comment allez-vous ? Que s'est-il passé ? demanda Dippet en la voyant arriver.

— J'ai été brûlée par un sortilège cousin du Feudeymon, le Feudeyanimus. Je l'ai lancé sur Grindelwald, il l'a fait exploser et j'ai été brûlée par les quelques restes du sortilège.

L'infirmière avait lâché une exclamation surprise en entendant le nom du sortilège. Dumbledore fronça les sourcils et déclara :

— Un Feudeyanimus ? C'est un sortilège interdit, de magie noire, qui plus est.

— Je sais, rétorqua Hermione. Mais face à Grindelwald, on n'a souvent pas le choix. Vous devez le savoir, professeur, vous qui le connaissez si bien.

Dumbledore ne put cacher sa surprise. Il se déplaça légèrement, l'air gêné ; puis, il balbutia :

— Je ne vois pas ce que vous voulez dire, Miss.

Hermione lui jeta un simple regard éloquent. Pendant ce temps, elle entreprit de retirer son manteau et d'ouvrir ses deux premiers boutons de chemise pour abaisser le tissu et laisser l'infirmière accéder à son bras blessé. Elle camoufla sa poitrine en soutenant la chemise contre elle. Les deux hommes détournèrent respectueusement le regard, pendant qu'Hermione lançait :

— Grindelwald m'a beaucoup parlé. Au début, ils m'ont torturé ; ils m'insultaient, me traitaient comme une véritable prisonnière. Ils ont lu dans mon esprit. Cela leur a confirmé que j'avais voyagé dans le temps, et cela m'a par ailleurs sauvé la vie.

L'infirmière appliqua une crème sur le bras d'Hermione, qui parut enfin apaiser la jeune femme. Elle la remercia du bout des lèvres, avant de reprendre :

— Grindelwald a voulu faire de moi une conseillère et a désiré me former au combat. Au vrai combat, selon ses dires. Il estimait que combattre uniquement avec de la magie blanche ne ferait pas de moi une puissante sorcière, alors ils m'ont enseigné de nombreux sortilèges de magie noire. J'ai aussi commencé l'occlumancie et je suis, selon les professeurs que j'ai croisé, devenue une spécialiste en sortilèges informulés.

Hermione parlait sans les regarder. Elle finit par remettre en place sa manche, non sans oublier de remercier de nouveau l'infirmière. Puis, elle dit :

— Il faudra que je parle à Dumbledore, ensuite, seule à seul. J'ai pu parler avec Grindelwald à de nombreuses reprises, et je dois échanger avec lui à ce sujet.

Dippet hocha la tête. Il posa quelques questions à Hermione, peu utiles, selon la jeune femme ; puis, il invita l'infirmière à la suivre pour laisser Dumbledore et Hermione seuls. Il savait bien que c'était Dumbledore qui prendrait sa place en tant que directeur, alors il savait qu'Hermione serait sans doute plus à l'aise pour lui parler vu qu'elle l'avait bien plus connu dans le futur que lui.

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