Chapitre 22 : Conflit
Hermione était installée sur une table dans la salle commune. Elle étudiait, comme à l'accoutumée : elle avait pris de l'avance sur l'année pendant les vacances mais désirait tout de même consolider ses connaissances en révisant. Toute la journée, Tom l'avait évitée pour une raison qu'elle ignorait : cela ne valait rien qui vaille. Elle s'était promis d'aller le voir le soir-même, mais il était introuvable. Alors, plutôt que de paniquer, elle attendait. De toute façon, elle ne pouvait pas retourner tout le château pour le retrouver...
Alors, elle avançait sur son devoir. Elle devait rédiger une composition entière sur une potion, et la comparer avec un sortilège pour voir lequel était le plus puissant : la jeune femme estimait que c'était le sortilège. A vrai dire, elle trouvait la question sotte. En plein combat, elle n'aurait jamais le temps de sortir son chaudron pour réduire les capacités de la personne en face puis lui faire boire sans qu'il ne dise rien. Son adversaire l'aurait tuée en un rien de temps.
Après une bonne heure, la porte de la salle commune s'ouvrit. Tom entra d'un pas assuré dans la pièce, comme à l'accoutumée. D'habitude, il saluait Hermione d'un signe de tête : cette fois-ci, il ne lui accorda pas un seul regard. La jeune femme fronça les sourcils, surprise, puis se mit debout tout en jetant ses affaires dans son sac. Que se passait-il ? Elle se précipita à sa suite, mais il lui claqua la porte au nez. Elle poussa un soupir, puis frappa à l'accès. Evidemment, il n'ouvrit pas.
Quelques personnes se tournaient vers elle dans la salle commune, surpris qu'elle soit bloquée devant la porte. Elle frappa une nouvelle fois, avec plus d'insistance : elle ne voulait pas qu'il reste seul. Non seulement elle craignait qu'en le laissant seul, il fasse des bêtises en lien avec la magie noire, mais surtout elle ne voulait pas l'abandonner s'il allait mal. Elle s'était attachée à lui, avec le temps ; elle se rendait de plus en plus compte que quoi qu'il en dise, il n'avait en rien choisi son destin. Il se laissait pleinement guider par sa haine, et donc par ses émotions. Inconsciemment, il faisait ce qu'il craignait le plus.
— Qu'est-ce que tu veux ? souffla Tom en ouvrant vivement la porte.
Il portait son masque de froideur habituel. Hermione resta quelques instants stupéfaite face à son regard de glace : elle se reprit cependant bien vite, et souffla :
— Je dois te parler. Quelques instants.
— Je n'ai rien à te dire.
— S'il te plaît, insista-t-elle.
Tom parut peser le pour et le contre. Il poussa un long soupir et se décala finalement, laissant Hermione se glisser dans la pièce. Elle fit quelques pas, puis se retourna vers le jeune homme qui fermait la porte.
— Qu'est-ce que tu veux ? répéta Tom.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-elle.
— Rien.
Hermione haussa un simple sourcil. Elle croisa les bras et lança :
— Ah oui ? Vraiment ?
Tom resta muet. Il se déplaça de nouveau pour lui laisser un accès à la porte, puis il se dirigea vers son bureau où tous ses cours étaient posés. La jeune femme le suivit du regard, pensive ; elle le fut encore plus quand il s'assit sur sa chaise comme si elle n'était pas là. Hermione eut envie de rire nerveusement ; elle se retint, puis dit :
— Explique-moi. Sinon je ne pourrais pas régler les choses.
— Tu m'ennuies, Hermione. Nous avons des devoirs à rendre, tu ferais mieux d'aller travailler plutôt que de rester ici à ne rien faire.
La jeune femme était de plus en plus surprise. Elle s'approcha de lui pour poser les mains sur le dos de sa chaise, et lui murmurer :
— Dis-moi ce qu'il s'est passé, s'il te plaît.
— Pars.
Hermione s'approcha de lui jusqu'à se placer à sa droite. Elle le connaissait assez pour savoir qu'il fallait qu'elle reste à ses côtés, dans ces moments-là. Elle se mit accroupie pour poser une main sur le bord de sa jambe, ce pourquoi il n'émit aucune opposition.
— Tom, s'il te plaît.
Le jeune homme resta muet une longue minute de plus. Hermione posa la joue contre sa propre main, observant toujours le visage de Tom, qui ne bougeait pas.
— Ne t'approche plus des Gryffondor, souffla-t-il. Plus jamais. Que ce soit ces idiots de Gryffondor, ou Dumbledore.
Hermione sentit ses sourcils se froncer. Elle secoua légèrement la tête et répliqua :
— Ce sont des amis. Et Dumbledore est mon professeur.
— Je sais que tu vas souvent lui parler. C'est Dumbledore, il doit être en train de te manipuler sans que tu ne t'en rendes compte. Quant à ces Gryffondor, ils vont t'éloigner de Serpentard, c'est évident.
— Et donc de toi ?
En voyant la lueur furieuse qui s'était allumée dans le regard de Tom, Hermione sut immédiatement qu'elle avait visé juste. Sans se soucier de la jeune femme, il se mit debout et se dirigea vers son lit, à l'opposé de la pièce. Il ne s'y assit pourtant pas ; il resta bien droit, immobile, dos à Hermione. Elle vint donc se placer derrière lui silencieusement.
— Je ne tiens pas à toi, Hermione. Cela ne me fait absolument rien que tu t'éloignes de moi : mais cela m'ennuie que tu prennes le risque de trahir notre maison.
— Je ne vous trahirai pas.
— Alors arrête de leur parler. Ton simple lien avec eux est une trahison.
— Non.
Tom se retourna vivement. Il fit un pas vers elle, de telle sorte à ce qu'elle doive d'autant plus lever la tête pour croiser son regard ; cela ennuyait la jeune femme. Elle n'aimait pas être ainsi en position de faiblesse.
— Alors tu ne veux plus être Princesse de Serpentard à mes côtés, alors ?
— Tu n'as pas à décider de mes fréquentations, Tom !
— Tu tentes de tout diriger dans ma vie, et je n'ai pas le droit d'émettre une critique sur tes prétendus « amis » ? Ils vont te détourner du droit chemin !
— Tu n'es pas bien placé pour parler de droit chemin, je pense. Et je ne tente pas de diriger ta vie, je tente de t'aider à ne pas souffrir plus de temps !
Tom lâcha un rire jaune. Son regard lançait des éclairs : Hermione ne savait pas depuis combien de temps il contenait une telle colère, mais les Gryffondor ne devaient être qu'une excuse. C'était d'ailleurs effrayant : elle n'avait rien vu avant cela, alors ? Qu'est-ce qu'il lui cachait d'autre ?
— J'ai souffert pendant quinze ans de ma vie sans aucun souci. Je n'ai aucun besoin de toi pour ne plus souffrir, je m'y fais très bien !
— Tu ne sais pas ce qu'est une vie sans souffrance, rétorqua Hermione. Tu ne ressens pas le besoin de la désirer, donc, mais si tu savais ce que c'était, tu...
— Je serai comme toi ? Une idiote qui court après les quelques graines de bonheur que l'on peut lui jeter ? Je ne veux pas être aussi naïf et mièvre que toi !
Hermione crut recevoir une flèche en plein cœur. Elle eut un mouvement de recul, effarée. Les larmes lui montèrent aux yeux : fichue sensibilité ! Il ne fallait pas lui montrer que cela la touchait ! Elle prit une profonde inspiration, puis souffla :
— Bien. Je vois.
— Tu ferais mieux de partir.
Elle avait tout raté. Si elle partait, jamais elle ne saurait renouer avec lui. Jamais. Et jamais elle ne réussirait sa mission. Hermione réfléchit quelques instants, essayant de contenir les larmes qui menaçaient de rouler sur ses joues. Elle finit par relever la tête vers lui, et par murmurer :
— Tu ne m'as jamais laissée entrer vraiment dans ton monde.
— Cela n'a plus d'importance, maintenant.
— Mon amitié avec les Gryffondor n'est qu'une excuse, continua-t-elle sur le même ton, plongée dans son regard. Tu as peur, c'est tout.
Tom rit jaune de nouveau. Il cracha :
— Tu es tellement désespérée au point d'inventer des choses, maintenant. Tu me fais pitié. Je n'ai jamais peur de rien.
— Alors tu n'avais pas peur de ce que tu allais voir, lorsque tu as rencontré ton père pour la première fois ?
Hermione savait qu'elle allait toucher la corde sensible. Le regard de Tom se voila de nouveau ; il grinça :
— Ne parle pas de lui. Jamais.
— Tu n'avais pas peur non plus lorsque Dumbledore et Dippet ont failli découvrir qui avait ouvert la Chambre des Secrets ?
Tom secoua légèrement la tête. Hermione s'approcha de nouveau de lui, reprenant la place qu'elle occupait quelques instants auparavant. Elle souffla :
— Tu n'avais pas peur de me perdre, hier, lorsque tu m'as vue avec ce Gryffondor ?
— Non, murmura-t-il.
D'après son regard hésitant, il mentait. Hermione sourit légèrement : cela la touchait plus que ce qu'elle aurait voulu admettre. Elle réfléchit quelques secondes, puis chuchota :
— Je ne veux pas te perdre, Tom. Mais je ne veux pas être soumise à toi non plus. Je veux t'aider, et que tu sois plus heureux qu'avant.
— Pourquoi fais-tu cela ? Tu me caches quelque chose, répondit-il. J'en suis sûr.
— Je ne te cache rien.
Tom n'en semblait pas convaincu. Il avait bien remarqué le retourneur de temps dans son sac, ainsi que sa tristesse récurrente, bien qu'elle tentait de ne rien lui montrer. De plus, elle jouait sans arrêt avec un bracelet à son poignet, et elle avait paniqué avant de lui dire qu'il lui venait de sa mère. Non, elle cachait quelque chose, c'était indéniable. Sa famille devait cacher un lourd secret. Et puis, personne ne rejoignait le cycle d'études de Poudlard au milieu. Quelque chose n'était pas clair. Il se promit de faire des recherches supplémentaires ; en attendant, il fallait qu'il l'interroge discrètement.
— Hum.
Quelques secondes passèrent de nouveau dans le silence. La jeune femme l'observait, songeuse. Qu'est-ce qu'elle pouvait lui dire de plus ? Elle craignait de dire une parole de travers qui gâcherait tout. Alors, en guise de simple parole, elle tendit la main vers lui pour remettre la mèche qui lui tombait devant les yeux à sa place. Tom resta suspendu à son geste, sans n'émettre aucune résistance. Il finit par déglutir, et par murmurer :
— Je ne t'aime pas, Hermione.
Cela fit sourire la jeune femme. Son regard brillait, ce qui décontenançait Tom. Il pouvait sentir sa sincérité, ce qui le surprenait : personne ne l'avait jamais regardé ainsi. Son cœur s'accélérait vivement, alors qu'il ressentait une étrange sensation lui parcourir le corps. Par la Barbe de Salazar, il rêvait de sentir sa peau contre la sienne. C'était physique : c'était effrayant. Depuis quand ses lèvres étaient si attirantes ? Il se pencha légèrement vers elle, assez près pour lui déposer un simple baiser. C'était délicat : cela rompait avec l'attitude froide et mauvaise qu'il tentait d'arborer sans arrêt. Hermione sourit d'autant plus.
— Je vois ça, souffla-t-elle en retour.
Hermione hésita quelques secondes : allez, il fallait oser. Est-ce qu'elle regretterait ? Sans doute. Mais... Elle avait la possibilité de tout changer, si elle suivait son cœur d'autant plus. Surtout que ce rapprochement avec Tom témoignait bien du fait qu'elle commençait à lui faire prendre conscience qu'il avait le droit de suivre ses ressentis... Alors, sans attendre plus de temps, la jeune femme se hissa sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Elle enroula les bras autour de son cou tandis qu'il posait ses mains sur sa taille pour la rapprocher de lui. Rapidement, leurs langues se mêlèrent ; ils durent néanmoins se détacher, à bout de souffle. Pourtant, ils reprirent rapidement leurs baisers. Hermione ressentait d'étranges sensations dans le ventre, ainsi que des frissons qui semblaient la parcourir : elle n'avait jamais encore ressenti cela, mais c'était si grisant !
Du côté de Tom, il ne l'aurait jamais avoué, mais il se trouvait dans un état similaire. Son cœur s'affolait dans sa poitrine, et il ressentait quelque chose d'indescriptible dans son estomac. Il rêvait de se rapprocher d'autant plus d'elle, d'aller plus loin : mais il ne devait pas, non ! Elle devait sans doute la manipuler pour qu'il ressente tout cela ! Cependant, il ne voulait pas se détacher d'elle. Il voulait continuer à la sentir contre lui, à l'embrasser, à sentir son parfum affluer à ses narines. Après quelques instants, Hermione éloigna sa bouche de quelques centimètres, pour lui murmurer :
— Je sais que tu ne veux pas, pour l'instant, mais... Laisse-moi entrer dans ton monde. Laisse-moi voir ce que tu ne veux pas montrer aux autres ; laisse-moi t'aider à être plus heureux.
— Je ne veux pas être heureux, Hermione.
— Alors que veux-tu ?
Tout le corps d'Hermione semblait l'attirer vers lui. Il déglutit, espérant se reprendre. Son regard était si envoûtant, il ne tiendrait pas le coup. Il l'observa quelques secondes, puis murmura :
— Toi. Simplement toi.
Il se jeta immédiatement sur ses lèvres. Hermione, bien sûr, y répondit avec fougue : comment en était-il arrivé là, déjà ? Elle se détacha de nouveau de lui après quelques instants, et elle souffla :
— Alors montre-moi qui tu es au fond de toi. Parle-moi de tes peurs, de tes inquiétudes, de tes colères. De tout. Je veux être celle qui sera à tes côtés pour t'aider.
Tom ne savait pas quoi répondre. Il haussa les épaules, avant de l'embrasser de nouveau, avec la même douceur que son premier baiser. Hermione finit par se blottir dans ses bras, tandis qu'il la serrait contre elle, silencieusement.
Il était perdu. Totalement perdu. Mais ce qui était sûr, c'était qu'il adorait ressentir cette sensation lorsqu'elle était là. Il ressentait un mélange de... De joie ? Oui, sans doute. Avec quelque chose de rassurant. Et ces sensations dans le ventre qu'il méconnaissait le rendaient encore plus vivant.
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