Hermione n'aimait pas particulièrement les fêtes. A vrai dire, celle de Slughorn l'avait assez dégoûtée comme cela : elle ne voulait pas de nouveau s'ennuyer pendant les deux longues heures accrochée au bras de Tom. Le jeune homme avait bien vu qu'elle n'était pas à l'aise, et assez étonnamment, avait pris soin de savoir si elle avait besoin de quoi que ce soit. Cela avait surpris la jeune femme : elle lui avait demandé discrètement s'il allait bien, au cas où, mais cela semblait aller.

Mais lorsque les Gryffondor l'avaient invité à une fête un samedi soir, Hermione n'avait pas voulu refuser. Elle passait son temps en mission, entre la surveillance de Tom et ses missions pour Grindelwald. Alors, après s'être assurée que le jeune homme ne profiterait pas de la soirée pour faire n'importe quoi (par exemple, jouer à tuer ou torturer ses camarades de classe), Hermione partit d'un pas tranquille en direction de la salle commune des Gryffondor. Normalement, ils n'avaient pas le droit d'aller dans leurs salles communes respectives, mais... Les Gryffondor la connaissaient et ne diraient rien.

Hermione avait menti à Tom, évidemment. Elle avait prétexté étudier à la bibliothèque toute la soirée pour ne pas avoir une discussion avec lui au sujet de ses « fréquentations », alias les Gryffondor. Le jeune homme aurait tenté de la convaincre de ne pas y aller afin de ne pas trahir son sang, alors... Hermione avait menti. De toute façon, elle ne lui devait rien. Il était potentiellement le futur Voldemort.

— Salut ! s'exclama-t-elle en entrant dans la salle, accompagnée par son amie Louise qui était venue lui ouvrir. Merci pour l'invitation !

— Viens t'asseoir ! lança Charlus Potter en lui désignant une place sur un tabouret. Alors, tu as survécu aux Serpentard une journée de plus ?

— Je fuis la majorité d'entre eux, rétorqua la jeune femme, souriante.

Ils passèrent quelque temps à discuter, avant de jouer aux cartes. Ils étaient une dizaine, tous de 7e année. D'autres élèves se trouvaient dans leur coin, mais ils ne tardèrent pas à quitter la salle, lassés d'entendre les rires de leurs camarades. Ensuite, lorsque la salle fut vide, un des jeunes hommes nommé Jack Brenton se hâta afin de mettre un peu de musique sur un gramophone amené dans la salle commune par leurs soins. Alors, rapidement, ils se mirent à danser, Hermione entraînée par Louise pour tournoyer dans la pièce.

La jeune femme ne pouvait s'empêcher de sourire jusqu'à en avoir mal aux joues. Elle virevoltait dans la pièce, riant à gorge déployée avec ses amis. Ah, ce que de vraies amitiés comme celles-là lui manquaient ! Celles où elle pouvait rire, s'amuser, discuter de tout et de rien ! Avec Tom, il y avait beaucoup plus de tension qu'autre chose. Elena était sans doute la seule Serpentard qui se rapprochait le plus de ses amitiés Gryffondor...

Qu'est-ce que Harry, Ron et Ginny lui manquaient ! Elle aurait tout donné pour rentrer chez elle. Chaque jour, Hermione regrettait d'avoir accepté cette mission suicide. Certes, elle avait prouvé sa loyauté envers Dumbledore, mais... elle avait tout perdu. Tout. Et puis, à force d'y songer, Hermione en était arrivée à une question majeure : Dumbledore avait-il le droit de lui donner une telle mission sans pouvoir rentrer chez elle, et ce sans l'accord de ses parents ? Elle était encore mineure, à l'époque. Au fond d'elle, la jeune femme savait que non ; elle en était outrée. Son regard changeait petit à petit sur Dumbledore, au plus les journées passaient : un professeur talentueux, certes, mais qui refusait de combattre Grindelwald, qui envoyait ses élèves au front, qui cachait beaucoup de choses et qui utilisait la légilimancie sur ses élèves (il lui avait avoué avoir lu dans les pensées d'un élève, une après-midi). Et, de surcroît : il avait encouragé Hermione à sacrifier sa vie entière pour tenter de sauver le monde magique.

Et elle n'avait toujours pas réussi à tuer Tom Jedusor.

Soudainement, Hermione sentit Jack lui prendre la main. Il l'attira à elle pour l'entraîner dans des pas de danse endiablés, lui arrachant un rire. Le jeune homme s'attelait à la faire tournoyer, à lui glisser quelques blagues ; bref, Hermione se sentait flattée qu'il s'intéresse à elle, car il était très amusant.

— Alors, tu dois être heureuse de pouvoir profiter un peu loin de tous ces coincés de Serpentard, lui souffla-t-il en la rapprochant soudainement de lui.

Hermione avait la tête qui lui tournait à cause de l'adrénaline. Elle sourit et répondit :

— C'est vrai que ça fait du bien.

— Tu n'aurais jamais dû aller à Serpentard. C'est une grande perte pour nous.

— Merci, Jack. C'est vraiment gentil.

Ils continuaient de danser, s'amusant, riant. Après deux bonnes heures et demie à rester avec lui et ses amis, la jeune femme annonça son départ. Il était déjà tard, et elle était épuisée après la journée passée à étudier. Il était déjà minuit trente ; c'était suffisant. Jack se porta volontaire pour la ramener à la salle commune de Serpentard, bien sûr. C'était un chevalier servant, selon lui.

— Donc, expliqua-t-il à Hermione alors qu'ils sortaient de la salle commune, on a volé la Biéraubeurre aux Poufsouffle. Comme leur salle commune est à côté des cuisines, ils peuvent y aller quand ils veulent et prendre autant de Biéraubeurre qu'ils veulent.

— C'est intelligent, admit Hermione en dévalant les escaliers à ses côtés. J'aurais aimé me rendre à des fêtes du genre à Serpentard, mais je n'aime pas ceux qui les organisent.

— L'ambiance là-bas doit être plus sombre que chez les Gryffondor, et moins amusante.

— Ce n'est pas faux. Mais certains Serpentard sont adorables, même si cela ne se voit pas au premier abord.

Jack haussa les épaules. Hermione comprenait bien qu'il ne soit pas d'accord, car en tant que Gryffondor, elle ne l'aurait sans doute pas avoué non plus.

— Comme ce Tom Jedusor, lâcha soudainement Jack. Tu as l'air proche de lui, de ce que j'ai pu en voir.

Hermione sourit, assez gênée. Comment définir Tom ? Il continuait de l'appeler « alliée », tandis qu'elle aurait aimé l'appeler « ami ». Mais ce n'en était pas un : elle ne pouvait pas lui parler de ses états d'âme, de sa souffrance d'être à une époque inconnue, de sa peine lorsqu'elle songeait à ses parents, à sa famille ou à ses amis. Non, elle n'était rien de plus qu'un outil pour permettre aux sorciers du futur de survivre, en fait. Un sacrifice.

— C'est mon camarade de classe, répondit-elle. Il est... Particulier.

Cela fit rire Jack. Il secoua la tête, et dit :

— C'est la manière gentille de dire qu'il n'est ni gentil, ni méchant.

— Il n'est pas méchant, rétorqua Hermione.

— Alors qu'est-il ?

Elle haussa les épaules à son tour. Elle n'allait pas commencer à faire la fiche psychologique de Tom simplement pour lui expliquer pourquoi il n'était pas méchant... Jack, remarquant qu'elle semblait mal à l'aise, déclara :

— Hum. Tu mérites mieux que quelqu'un d'aussi instable que lui.

— Nous ne sommes pas ensemble.

— Oh ! C'est génial, alors.

— Pourquoi ?

Jack souriait, comme amusé. Il secoua de nouveau la tête, puis balbutia :

— Rien, rien.

Hermione ne fit aucune remarque supplémentaire. Souvent, dans ces cas-là, certains garçons en profitaient pour tenter de la séduire : non, elle ne voulait pas. Elle n'en savait rien, en fait, mais elle ne le connaissait pas du tout. Fort heureusement, ils furent bientôt arrivés : face à la salle commune, les deux s'arrêtèrent afin de se saluer.

— En tout cas, je suis enchanté que tu sois amie avec Charlus et Louise. J'espère pouvoir te revoir bientôt à une de nos soirées.

— Je l'espère aussi. C'était vraiment génial. Merci de m'avoir raccompagnée, en tout cas.

Les deux échangèrent un sourire. Jack tendit la main vers elle ; Hermione hésita quelques instants, avant de poser sa propre main dessus. Il lui fit un baise-main comique, puis dit :

— Cela te dirait de venir aux entraînements de Quidditch, mercredi soir prochain ? On pourrait manger ensemble, avant, ce serait parfait.

Hermione sentit son cœur rater un battement. Avec le baise-main, le rouge lui était monté aux joues, mais l'invitation pour sortir avec lui était surprenante. La jeune femme hésita quelques instants, avant de lâcher :

— Euh, eh bien...

— Oh, Hermione ! Tu es accompagnée par... Un Gryffondor.

Elena venait d'arriver, accompagnée par Abraxas et... Tom. Tom, avec un Malefoy ? Oula. Hermione fronça les sourcils, surprise ; Jack parut moins confiant face aux trois Serpentard, car il dit :

— Eh bien, nous verrons cela plus tard. Passe une bonne nuit, Hermione.

— Merci, Jack. Toi aussi.

Jack partit sans demander son reste. Hermione le suivit du regard, un sourire moqueur aux lèvres : et dire qu'il était censé être courageux... Elena fit de même, avant de se ruer vers son amie pour murmurer :

— Il t'a invité à un rendez-vous ? On l'a vu t'embrasser la main et te demander de sortir avec lui, tu ne lui as pas dit oui ?

— Je n'ai pas eu le temps de répondre. J'ai hésité, je ne savais pas quoi dire.

Derrière, Abraxas lâcha un rire. Il s'exclama :

— Eh bien, Hermione va bientôt finir avec un Gryffondor. Tu as de la chance, nous ne dirons rien au sujet de sa maison : certes, il est dans la pire d'entre elles, mais je veux te voir fiancée, alors...

— Alors tu es prêt à me laisser me marier avec un idiot simplement car ce serait rapide ? demanda Hermione, souriante à son tour.

— Pourquoi pas ?

Derrière, Tom poussa un long soupir. Il entra dans la salle commune sans attendre, bousculant Elena au passage. La jeune femme poussa un soupir agacé ; la porte se referma, puis elle dit :

— Tom a blêmi quand il a vu Jack. C'est bon signe pour toi !

— Hermione va devenir une Jedusor ! chantonna Abraxas, moqueur.

— Mais ! Arrêtez ! Tom doit simplement être ennuyé de me voir avec un Gryffondor. Et jamais je ne deviendrai une Jedusor.

Elena et Abraxas échangèrent un regard complice. Hermione se plaça face à la porte, qui avait disparu dans le mur. Afin d'entrer dans la salle commune, les Serpentards devaient se placer face à l'accès et attendre qu'elle apparaisse. Il ne fallut que quelques instants avant qu'elle puisse se glisser dans la pièce avec Elena et Abraxas, qui étaient toujours satisfaits de leurs plaisanteries.

C'était une belle soirée !