Chapitre 19 : Rentrée
Mercredi 1er septembre 1943
Hermione arriva devant la Grande Salle. C'était la rentrée, après ces deux mois de vacances. La jeune femme angoissait pour cette nouvelle année qui commençait. Tom Jedusor s'enfonçait de plus en plus dans la magie noire sous ses yeux, et elle savait que cette année serait décisive. A vrai dire, elle avait réussi à le convaincre de ne pas se rendre à une bataille prévue par Grindelwald pour tuer des Aurors ; c'était peu de chose, mais cela lui prouvait bien qu'elle avait une influence sur lui. Si Tom s'engageait de plus en plus dans les Forces du Mal durant l'année, Hermione devrait songer au pire : l'éliminer, peut-être. Rien que pour cela, elle priait pour qu'elle parvienne à le faire changer de voie.
La Grande Salle était déjà bien animée. Les élèves semblaient tous enchantés de se retrouver, sauf quelques personnes qui restaient dans leur coin à table. Comme Tom, d'ailleurs. Quelques personnes l'entouraient, mais pourtant, il semblait se ficher de leur présence. Hermione traversa la salle, le pas tranquille. Tom la remarqua immédiatement ; il ordonna à Avery, face à lui, de se décaler.
— Eh bien ! s'exclama Elena alors qu'Hermione s'asseyait en s'excusant auprès d'Avery. Il y a eu du changement entre vous deux, pendant les vacances ?
— Salut, Elena. On a simplement passé du temps à étudier, c'est tout.
Et à s'embrasser, donc, à deux reprises. Oops. Suite à leur second... échange, Hermione avait préféré ne rien dire pour ne pas risquer de perdre la confiance qu'il avait placé en elle. Si elle le précipitait d'une quelconque manière, elle craignait qu'il se braque et qu'il refuse de lui reparler. Et Hermione avait besoin de l'aider à aller mieux. Elle ne savait pas quoi en penser, si ce n'était que cela devait être une sorte d'erreur de parcours. Ou pas. En fait, elle préférait ne pas y penser et faire passer sa mission avant tout.
Elena sourit, peu convaincue. Hermione et elle avaient échangé des lettres durant les vacances ; la jeune femme devait d'ailleurs raconter en plus amples détails ce qu'il s'était passé avec sa famille. Depuis quelque temps, Abraxas et elle sortaient ensemble ; ils échangeaient des lettres d'amour, des sourires timides en cours et se tenaient la main dans les couloirs, ce qu'Hermione trouvait adorable. C'était si pur et innocent, si loin de toutes les complications qui pouvaient se dresser face à l'amour !
— Sinon, je devais te raconter pour mes vacances, déclara Elena. Les tiennes sont bien passées ?
— Elles étaient géniales. Allez, raconte !
Elena esquissa un sourire. Elle lança :
— Mon père a la ferme attention de me faire épouser un sang pur, riche et connu dans le monde sorcier. Quand il a appris que j'aimais Abraxas, au début, il en a été très heureux, mais les Malefoy ont refusé une union avec ma famille.
Abraxas soupira et croisa les bras. La lueur joyeuse s'était éteinte dans le regard d'Elena : elle se doutait depuis longtemps qu'elle ne pourrait aimer Abraxas éternellement, mais cela faisait toujours mal au cœur. Hermione fit une moue indignée. Les sangs purs étaient vraiment horribles. Le jeune Malefoy souffla :
— C'est honteux.
— Oui. Et mes parents n'ont pas longtemps été navrés de ce refus puisqu'ils ont déjà choisi mon fiancé. Le mariage est prévu dès ma sortie de Poudlard.
— Tout comme moi, grinça Abraxas en baissant la tête. Ma fiancée est dans une autre école de sorcellerie, mais je m'en fiche. Je ne me souviens même plus de son prénom.
— Tu devrais être honoré de pouvoir épouser une sang pur, intervint soudainement Tom. Tu devrais être heureux d'épouser la femme que tes parents de sang pur ont choisi.
— J'aurais préféré épouser Elena, déclara Abraxas en fusillant Tom du regard.
— La vie est injuste, il est navrant que tu ne le réalises qu'à 16 ans.
— Tom ! souffla Hermione.
Le jeune homme haussa les épaules. Hermione poussa un soupir, puis écouta Elena expliquer :
— Mon fiancé est à Beauxbâtons. Ses parents voulaient l'éloigner de l'Angleterre pour les études, mais personne n'a su pourquoi. Ce n'est pas rassurant.
Abraxas esquissa un sourire contraint. Hermione était si triste pour eux ! Ils semblaient déçus, mais gardaient la tête haute.
— Nous avons encore 2 ans pour être ensemble, Elena. Il faudra que nous profitions au maximum.
La jeune fille acquiesça. Ils échangèrent un sourire accompagné d'un regard brillant, qui fit sourire Hermione à son tour : ils étaient adorables. Elena se tourna vers son amie et s'exclama :
— Et toi ? Pas de fiancé en vue ?
— Oh que non. Mes parents n'auraient jamais voulu choisir mon fiancé, j'ai eu de la chance pour ça. Maintenant que je suis orpheline, je devrai faire mon choix seule, de toute façon.
Hermione se voyait mal épouser quelqu'un en 1943. Elle conservait toujours l'espoir de rentrer, au fond d'elle ; de plus, sa mission passera avant tout. Il fallait empêcher Tom de devenir un mage noir et donc passer beaucoup de temps avec lui, à le surveiller. Peut-être qu'une fois que tout danger serait écarté, elle pourrait y songer, mais... Quand ? Serait-elle plus âgée ? Et puis, peut-être qu'elle épouserait quelqu'un qui aurait dû tomber amoureux de quelqu'un d'autre. Et si elle empêchait la naissance de quelqu'un ?
Finalement, en venant ôter Tom à sa solitude, Hermione s'était condamnée à demeurer elle-même seule.
Soudainement, les portes de la Grande Salle (refermée depuis quelque temps) s'ouvrirent. Hermione se tourna vers l'entrée pour voir les premières années rentrer. La jeune femme n'avait même pas vu la salle se remplir d'élèves, trop occupée à discuter avec ses amis. Elle jeta un coup d'œil à la table des Gryffondor. Charlus et Louise étaient en train de discuter avec d'autres Gryffondor. Hermione se retourna vers le Choixpeau qui commençait à chanter sa chanson. En résumé, il disait d'être fort face à la magie noire et aux méchants qui allaient peut-être tuer tout le monde.
Dumbledore posa le Choixpeau sur la tête de « Brown, Arthur », qui fut envoyé à Poufsouffle. Les élèves passèrent sous le Choixpeau. Quand certains étaient envoyés à Serpentard, Hermione les applaudissaient avec les autres. Enfin, quand « Williams, Camila » fut envoyée à Gryffondor, le directeur, M. Dippet, se leva et commença un discours. Il s'assit quelques minutes plus tard en souhaitant un bon appétit à ses élèves. Hermione se servit un fish and chips et commença à manger. Comme d'habitude, c'était délicieux. En même temps, Poudlard sans sa bonne nourriture n'était pas Poudlard !
La jeune femme passa son repas à discuter avec ses amis. Tom restait plongé dans un profond mutisme, ce qui ennuyait Hermione. Il était de plus en plus ouvert pendant les vacances ; de plus en plus plaisant, à chercher à se rapprocher d'Hermione et à parler de plus en plus. Est-ce que tous ses efforts seraient réduits à néant par la présence des autres ?
A la fin du dîner, les élèves des différentes maisons se dirigèrent vers leurs salles communes respectives. Hermione se glissa parmi les Gryffondor et salua ses amis Charlus et Louise.
— Alors, ces vacances ?
— C'était... plutôt bien, s'exclama Charlus. Et les tiennes ?
— Pareil, dit Hermione en souriant. Et toi, Louise ?
— Je vais parfaitement bien.
Louise affichait un sourire trop important pour être vrai. Hermione se promit d'aller lui parler le lendemain. Hermione les salua de nouveau, avant de se diriger vers Tom. Le jeune homme avait les mains dans les poches et semblait mécontent, pour une raison qu'Hermione ignorait.
— Tu vas bien ? demanda-t-elle, inquiète.
Tom haussa les épaules alors qu'il s'éloignait pour rejoindre les 1ères années. Il était préfet depuis deux ans, après tout. Hermione lâcha un soupir en le regardant s'éloigner. Elle lui parlerait le soir-même ; le fait de revoir du monde ne devait pas lui plaire. Elle rejoigna ses deux amis. Ils avaient reconstitué leur groupe, composé uniquement de Serpentard. Hermione s'y mêla, le sourire aux lèvres.
— Ah, salut Smith, dit Mulciber, un membre du groupe Sang Pur.
Hermione lui avait déjà parlé, une ou deux fois. Elle savait que lui-même et que son descendant serait Mangemort et n'était ainsi pas très confiante en lui parlant : mais à la fois, elle côtoyait Tom Jedusor, alors... Elle devait s'habituer à ces sots.
Beaucoup avaient trouvés que ces deux mois de vacances étaient passés trop vite. Hermione pensait exactement la même chose : elle allait devoir réviser, poursuivre sa mission chez le mage noir et surveiller Tom. Une année remplie en prévision ! Elle entra dans la salle commune et salua ses amis, avant de frapper à la porte de la chambre de Tom, comme tous les soirs depuis leur discussion au sujet de son père. Il lui ouvrit immédiatement et la laissa entrer sans un mot, sous le regard de plusieurs Serpentard.
Hermione attendit que la porte ne se referme pour lâcher :
— Tu as l'air différent.
— Ils sont de retour.
La jeune femme secoua légèrement la tête. Que voulait-il dire ?
— Les vacances sont finies, Hermione. Tu as... Tu as eu la possibilité de voir une partie de moi que j'ai accepté de te montrer. Mais je refuse d'être différent devant eux. Je dois rester... Je dois rester Lord Voldemort pour eux.
Le cœur d'Hermione rata un battement. Elle souffla :
— Mais tu n'es pas Voldemort au fond de toi. Le Tom que j'ai vu pendant les vacances ne l'était pas, en tout cas.
— Peut-être. Mais en attendant, ce sera comme ça, et pas autrement.
Hermione parvenait à distinguer cette lueur résignée dans son regard. Il ne voyait pas d'autres possibilités pour être respecté, pour atteindre ses objectifs, tout simplement.
— Donc tu resteras fermé au fait d'avoir des amis, alors ? Je suis sûre qu'Avery, Mulciber ou Malefoy pourraient...
— Je t'en prie, tu les connais tout aussi bien que moi maintenant. Ils sont avares et sont exactement ce que tu m'as décrit, en fait. Ils ne restent à mes côtés que parce que je peux leur apporter de la puissance. Jamais je ne serai leur ami. Je n'aurai jamais d'amis.
— Tu m'as moi, souffla-t-elle.
Tom haussa les épaules. Il se jeta sur le petit fauteuil qui se trouvait dans le coin de sa chambre, tandis qu'Hermione s'installait négligemment sur la chaise de son bureau.
— Tu n'es pas une amie, Hermione.
— Que suis-je, alors ?
— Une alliée.
Hermione haussa un sourcil. Ah oui. Original. Elle avait déjà tout eu dans sa vie sauf cette appellation-là. Tom, qui avait gardé la tête baissée jusque-là, leva la tête et croisa le regard d'Hermione. Ses prunelles noisette brillaient, et Tom pouvait lire toute l'incompréhension que la jeune femme ressentait.
— Non, se reprit-il, tu es plus. Plus qu'une alliée. Tu seras toujours plus. Mais ils ne doivent pas savoir.
Le cœur d'Hermione rata un battement. Cela la touchait plus qu'il ne le fallait. Elle murmura :
— Pourquoi ?
— Parce que c'est une faiblesse.
Une faiblesse ? Le même qualificatif qu'il attribuait à l'amour. La jeune femme sentit le rouge lui monter aux joues, qu'elle tentait vainement de contenir. Elle finit par pousser un soupir. Elle n'avait pas le courage ce soir-là d'en débattre avec lui. Installée à la califourchon sur la chaise, les bras croisés en posant la tête dessus, elle observait le jeune homme, songeuse. Elle finit par dire :
— Il ne nous reste que deux ans d'études. Deux ans à peine. Tu as encore le temps de te faire des amis si tu en as envie. Si tu n'essaies pas de trouver quelqu'un qui soit un vrai ami, comment peux-tu être convaincu que toutes les personnes sont horribles ?
— Je n'en sais rien.
Un silence s'ensuivit. Hermione finit par lui sourire puis par lâcher :
— Merci de me faire confiance.
Tom réalisa une esquisse d'un sourire. Il était totalement perdu. Ses deux voix intérieures se contredisaient, entre celle qui lui hurlait de faire confiance en Hermione et l'autre qui lui ordonnait de la repousser et de reprendre ses projets de magie noire.
Il était totalement perdu.
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