Chapitre 18 : Un père
Les vacances passèrent étonnamment vite. Chaque vendredi, Hermione et Tom se rendirent ensemble donner des informations pour Grindelwald, et à vrai dire, ils avaient passé l'essentiel de leurs vacances ensemble. Hermione n'avait pas réussi à lui faire parler de nouveau de ce qui le pesait, mais sentait bien qu'elle était sur la bonne voie. Et Tom, lui, restait muet au sujet de ce qu'il faisait, même s'il s'était engagé auprès d'Hermione pour ne pas tomber trop profondément dans la magie noire.
C'était une simple promesse. Mais il ne l'avait pas faite. A la fin des vacances, alors qu'ils lisaient tranquillement dans la Salle sur Demande assis l'un en face de l'autre, Tom releva la tête de son livre. Il prit quelques instants pour réfléchir, le regard posé sur Hermione, puis il souffla :
— Je devais te parler de quelque chose.
Hermione releva la tête à son tour. Elle glissa son marque-page dans son livre qu'elle referma, avant de dire :
— Je t'écoute.
— J'ai retrouvé mon père.
Le cœur d'Hermione rata un battement. Son père moldu, qu'il avait tué, d'après ce qu'elle savait. Une lueur paniquée lui passa dans le regard, ce que Tom ne manqua pas. Elle souffla :
— Oh. Il allait bien ?
— Je n'en sais rien. Il n'est plus en mesure de me le dire.
Hermione prit une grande bouffée d'air. Tom ne s'en soucia pas, et replongea dans son ouvrage. La jeune femme balbutia quelques mots sans sens, avant de balbutier :
— Tu l'as tué ?
Tom haussa les épaules. Hermione insista :
— Comment as-tu pu tuer quelqu'un de sang froid ?
— Il n'est pas mort.
— Alors qu'as-tu fait de lui ?
Il conserva le silence. Hermione se mit debout et s'approcha de lui de quelques pas, puis s'accroupit à ses côtés. Le jeune homme posa un regard songeur sur elle, avant de murmurer :
— Je n'ai pas réussi à le tuer.
Hermione sentit son coeur rater un battement. Comment était-ce possible ? Tom Jedusor, le futur Voldemort, qui faisait preuve d'humanité ?
— Que s'est-il passé ? demanda Hermione. Raconte-moi, je suis totalement perdue.
— Je l'ai retrouvé. Je suis allé le voir, je lui ai dis que j'étais son fils, il m'a répondu que ma mère était un monstre. Elle... Elle l'a manipulée. J'ai dit à mon père et à mes grands-parents que j'allais les tuer, mais finalement, je...
Tom ferma vivement son livre. Il sauta sur ses deux pieds et dit, se reprenant :
— Cela n'a pas d'importance.
— Si ! répliqua Hermione en se mettant debout à son tour. Si, cela en a.
— Je regrette. J'aurais dû le tuer, mais c'est entièrement à cause de toi si je n'y suis pas arrivé. Je... J'aimerais tellement que tu ne sois plus dans ma vie, Smith !
Il s'était emporté en un instant à peine. Il se dirigea vers la porte, mais fut rattrapé par Hermione, qui l'attrapa par le bras pour l'empêcher de sortir.
— Je ne comprends absolument rien, bredouilla Hermione. Reprenons au début, qu'est-il arrivé à ton père ?
— Je l'ai oublietté. Simplement. Je voulais le tuer, mais à cause de toi, je l'ai simplement oublietté. Lui et mes grands-parents.
— Pourquoi "à cause de" moi ? demanda la jeune femme, sourcils froncés.
— Tu m'as répété des dizaines de fois que tuer me hanterait. Tu m'as dis que cela aggraverait le tout, que ces morts me mèneraient à ne jamais trouver le repos. Je... Je suis perdu, Hermione. Je ne sais plus quoi faire, uniquement à cause de toi.
Tom se défit de sa poigne et s'approcha de la porte, pour poser la main sur la poignée. Hermione secoua la tête, puis s'exclama :
— Alors laisse-toi le temps de trouver ce que tu veux être et ce que tu veux faire. Oublietter ta famille est quelque chose de grave aussi, mais au moins, ils ne sont pas morts.
— Ce n'est pas ma famille. Et puis, je leur ai simplement enlevé mon souvenir : ils ne se rappelleront ni de moi, ni de ma mère. De toute façon, c'est entièrement de leur faute si aujourd'hui je suis...
— Si aujourd'hui tu es seul ? termina Hermione en voyant qu'il cherchait ses mots.
La jeune femme s'approcha de lui de nouveau, pour atteindre son dos. Elle resta un pas à peine derrière lui, et souffla :
— Tu n'es plus seul, Tom. Tu n'es plus livré à toi-même face au monde.
— Parce que tu es là ? Mais Hermione, je commence déjà à en avoir assez de t'entendre sans arrêt me parler, de voir l'influence que tu parviens à avoir sur moi. Et puis, même si je conserve la patience, tu finiras par partir, toi aussi.
— Même si je te jure que non ?
Tom se retourna enfin vers elle. Il l'observa quelques secondes, songeur. Même si elle lui jurait, il ne la croirait pas. Son père aussi devait avoir juré des centaines de choses à sa mère ; pourtant, il l'avait laissée seule et enceinte, et ce même s'ils étaient mariés.
— Mon père m'a dit qu'il haïssait les sorciers, déclara Tom. Il m'a dit que ma mère l'avait manipulée. Mais je suis sûr que non. Et puis, ma mère est une sorcière, elle ne peut pas être morte lamentablement sur un lit dans un orphelinat comme les tenancières me l'ont dit.
— Il ne reste plus personne de sa famille ? demanda-t-elle. Peut-être que tu pourrais aller leur poser des questions.
— J'ai oublietté le dernier la semaine dernière. Il m'a dit que ma mère était quelqu'un de formidable, folle amoureuse de mon père, et c'est tout. Je n'ai rien su de plus.
Tom paraissait furieux, mais à la fois si brisé qu'Hermione en fut chamboulé. C'était sans doute la première fois qu'il ôtait son masque face à elle, même s'il tentait de se contenir.
— Si mes parents étaient si lamentables que cela, comment veux-tu que je puisse devenir un sorcier puissant ? Comment puis-je me vanter d'être le descendant de Salazar Serpentard, d'être un des êtres les plus exceptionnels au monde, si l'on découvre que mes parents étaient si misérables ?
— Tes parents ne te définissent pas, Tom. C'est à toi de décider le chemin que tu veux prendre. C'est toi qui dois faire tes preuves ; le nom de tes parents n'a pas d'importance dans tes actes. Tes actions comptent bien plus qu'autre chose.
— Quoi qu'il en soit, j'ai oublietté mon père, lâcha-t-il sombrement. A présent, il n'y a plus aucune preuve que c'est mon père. Plus aucune, hormis mon nom, qui peut finalement être un hasard.
Hermione poussa un soupir. Elle baissa la tête, songeuse. Comment pouvait-elle sauver la situation ? Tout semblait diriger Tom vers le mal ; même elle, à sa place, aurait sans doute pris la mauvaise direction. Mais dans ce cas, qu'aurait-elle pu dire, hormis que le sort était injuste et que la vie ne l'avait pas gâtée ?
Soudainement, elle sentit la main de Tom se glisser sous son menton, pour la pousser à relever la tête. Elle croisa son regard brun allumé d'une lueur tourmenté, ce qui la surprit : était-il inquiet ? Il laissa son pouce caresser lentement la courbe de sa mâchoire, tandis qu'Hermione restait immobile, suspendue à ses gestes. Son cœur s'emballa dans sa poitrine, surtout lorsqu'il murmura :
— Ne me laisse pas tomber. Je t'accorde ma confiance, Hermione. Mais je veux que tu cesses de tenter de me faire changer, et... Et que tu restes, tant que je le voudrai.
— Je te promets de rester, murmura-t-elle. Reste avec moi, toi aussi. Tant que je le voudrai aussi, ajouta-t-elle avec un discret sourire aux lèvres.
Tom hocha la tête. Ils restèrent tous les deux immobiles quelques instants, avant qu'il ne se penche vers elle pour sceller les lèvres aux siennes. Un frisson parcourut le dos d'Hermione, qui posa les mains sur son torse avant d'approfondir le baiser. C'était une folie, certes.
Surtout qu'au fond d'elle, Hermione ne savait pas s'il était sincère. Il était Tom Jedusor, et tout aussi brisé qu'il était, il pouvait très bien être en train de la manipuler de nouveau.
Il fallait qu'elle soit prudente.
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