Chapitre 14 : Transplanage
9 juin 1943
— Bonjour, professeur !
Dumbledore avait donné rendez-vous à Hermione dès le lendemain. Il désirait aider la jeune femme à se préparer à sa mission, mais aussi (et cela, elle l'ignorait), apprendre quelques informations sur sa mission avec Tom. Le professeur la salua en retour et déclara :
— Nous pouvons déjà commencer à vous préparer. Alors, tout d'abord, nous devons trouver un moyen de vous faire vous téléporter sans transplaner.
— J'ai dix-sept ans, Monsieur. J'étais censée passer mon permis pour transplaner cette année, mais... J'ai dû recommencer ma cinquième année pour être au même niveau que Tom.
Dumbledore hocha la tête. Il se rappelait que les papiers de la jeune femme lui attribuait, effectivement, un an de retard sur les autres élèves : il avait oublié ce détail. Il grinça :
— Je vais me débrouiller pour vous donner des cours de transplanage.
Il se leva et déclara :
— Je vous donne rendez-vous cet après-midi à 14h00. D'ici là, j'aurai trouvé quelqu'un pour vous apprendre, et j'espère avoir l'autorisation.
Hermione acquiesça. Elle sortit, et retourna dans sa salle commune. Elle tomba sur Tom Jedusor qui, évidemment, lisait. Hermione se jeta sur un fauteuil non loin de lui, et lui demanda :
— Des Serpentards vont-ils rester durant les vacances ?
— Non. Nous sommes les seuls.
Son ton était plus sec qu'à l'accoutumée. Hermione fronça les sourcils, et se mit de profil, pour le voir plus facilement. Elle lâcha :
— Tu vas bien ?
— Je sais que tu me caches quelque chose.
Hermione fronça les sourcils. Evidemment, elle lui cachait beaucoup de choses, mais elle devait savoir de quoi il parlait, pour ne pas commettre d'erreurs.
— Tu veux que Grindelwald tombe, n'est-ce pas ? lâcha Tom.
— C'est l'objectif de beaucoup de gens.
— Tu fais le mauvais choix.
Hermione secoua légèrement la tête, perdue. Tom s'assura d'un regard que personne ne soit là, et souffla :
— Tu m'as dit qu'être un mage noir tel que je le rêvais était dangereux, pour moi surtout, et que je n'en tirerai aucune satisfaction exceptée la gloire. Alors, je veux voir ce qu'est un vrai mage noir, et rejoindre Grindelwald. Rejoins-le avec moi !
— Que... Mais... Non, je... Je ne sais plus quoi dire pour te faire comprendre que...
— Réponds-moi. Alors, est-ce que tu nous rejoindras ?
— Je suis désolée, Tom, mais je ne peux pas rejoindre une organisation tournée vers le Mal alors que je me bats contre ! Tu vas t'y rendre, et simplement aider Grindelwald à prendre de l'influence, alors que... Alors que c'est dangereux !
— Tu sais quoi ? Arrêtons d'en parler. Nous resterons toujours fixés sur nos opinions, dans tous les cas, et je n'ai pas le courage.
Hermione acquiesça. C'était lui qui avait commencé, mais... Mieux valait ne pas chercher le conflit, le temps qu'elle y réfléchisse. Tom ajouta :
— Je voulais voir si tu accepterais avant de le rejoindre, mais je verrai.
Quelques secondes suivirent, dans le silence. Hermione se racla la gorge, et lança :
— On a deux mois sans cours. Et, nous sommes à Poudlard, donc nous avons deux mois à meubler ! Enfin, Slughorn nous a donné un rouleau de parchemin à faire, mais cela ira vite.
Elle sourit et dit avec enthousiasme :
— On pourra demander pour aller à Pré-au-lard !
Tom acquiesça. La jeune femme était très belle, lorsque ses yeux s'illuminaient ainsi ; le Serpentard l'observa quelques secondes, son cœur s'accélérant dans sa poitrine. Mais, que lui arrivait-il ? Il prit une profonde inspiration, espérant calmer son rythme cardiaque. Ce fut pire encore lorsque la jeune femme se déplaça, et s'appuya sans s'en rendre compte sur lui, afin d'attraper un livre laissé à l'abandon sur la table. Tom l'observait, le souffle coupé : elle se redressa, et souffla :
— Enfin, je te propose de faire des choses ensemble, mais je ne sais pas si tu aurais réellement envie de passer tes vacances avec moi. Je comprendrai que tu désires passer du temps seul, sans compter que je vais passer aussi du temps à lire dans mon coin, et...
— Non, la coupa-t-il. Ce serait... Divertissant. Même si passer du temps avec toi n'est jamais réellement agréable, du moins, je pourrais me changer les idées de temps à autre.
— Tu es un vulgaire menteur, Jedusor ! s'exclama Hermione, avant de lâcher un petit rire. Je sais que tu adores quand je viens t'ennuyer avec mes livres, ou même avec les ragots que me conte Elena.
Hermione n'avait jamais réellement apprécié raconter les histoires des autres élèves. Sauf peut-être avec Ginny, de temps à autres : néanmoins, par ennui, et aussi pour embêter un petit peu Tom qui haïssait cela, elle s'était prise au jeu de suivre les « actualités de Poudlard », comme disait Elena.
Avec les jours, Hermione avait commencé à moins craindre Tom, qui lui-même, cessait petit à petit de la menacer de la tuer tous les jours. Et même : il avait pris sa défense lorsque des Serpentard avaient tenté de l'embêter, dans la salle commune. La jeune femme en était surprise : elle avait donc gagné sa confiance ?
Hermione, quant à elle, faisait de son mieux pour que le moins de rumeurs ne circulent sur Tom. Elle craignait qu'en plus d'avoir eu une enfance terrible, un harcèlement quelconque ne puisse aggraver les choses. Elle s'assurait par ailleurs qu'il n'embête personne : et, fort heureusement, il se limitait à attaquer les quelques souris qui courraient dans les couloirs du château.
Tout était sous contrôle. Ou presque.
⁂
Hermione arrivait devant la salle de classe de Dumbledore, et par extension devant son bureau. Comme prévu, elle était revenue vers quatorze heures : elle avait passé une heure à la bibliothèque, ouverte durant toutes les vacances, toute la journée. Un privilège moins restrictif qu'habituellement pour ceux qui restaient à Poudlard durant l'été. La jeune femme frappa à la porte, et entra, après que Dumbledore l'y ait invitée.
— Ah, Miss, vous êtes à l'avance. Le Ministre a accepté, vous pouvez transplaner.
— Génial, merci.
— Je vais vous apprendre moi-même, mais il faut qu'on aille à Pré-au-lard.
Hermione et Dumbledore sortirent de la salle de classe et se dirigèrent vers la sortie du château. Il lui fallut une bonne heure avant de réussir à transplaner correctement : et ce ne fut que lorsqu'elle pouvait se déplacer plus simplement et avec assurance qu'il l'autorisa à transplaner sans lui.
— Parfait ! Il ne me reste plus qu'à vous présenter mes amis, et à vous former encore un peu pour rencontrer Grindelwald, et votre mission sera lancée. Il vous faudra, néanmoins, trouver un partisan du mage noir : je tenterai de vous aider, là-dessus.
Hermione le remercia, avant de retourner avec lui à Poudlard, discutant de choses et d'autres. Puis, elle rejoignit la bibliothèque, où elle prit un livre, avant de partir dans la salle commune. Là, elle s'installa : elle fut rejointe par Tom une dizaine de minutes plus tard.
— Que faisais-tu à Pré-au-lard avec Dumbledore ?
Hermione releva vivement la tête. Elle fronça les sourcils, et balbutia :
— Non, je...
— J'étais à la librairie, et je vous ai vus en train de discuter. Vous rentriez vers Poudlard.
La jeune femme haussa simplement les épaules. Elle replongea dans son ouvrage, et souffla :
— Cela ne te regarde pas.
— Ah oui ? Cela ne me regarde pas ?
Il semblait furieux. Hermione savait qu'il haïssait Dumbledore : apprendre qu'une des seules personnes proches de lui commençait à se rapprocher d'une personne qu'il détestait devait, en effet, être douloureux.
— Alors, je me garderai de te parler, à l'avenir. Tu cherches à t'immiscer dans ma vie depuis un an, maintenant, et je n'ai pas le droit de te demander quelque chose d'aussi simple ?
Hermione ferma son livre, qu'elle posa sur la table. Elle se leva en hâte, et répondit :
— Nous sommes allés dans une des boutiques, car il devait me présenter un de ses amis. Je... Je voudrais être membre du Ministère, un jour, dans la catégorie... de recherche des créatures magiques, et il a une amie qui travaille dedans, à qui j'ai pu parler.
— Tu mens.
Tom avait plongé son regard dans le sien quelques secondes. En un an, il avait réussi à comprendre son système de fonctionnement, et à savoir lire sur son visage : c'était bien la seule personne à Poudlard qu'il parvenait à analyser aussi justement... Aucune légilimancie n'avait été nécessaire pour le voir.
— Tom...
— Que me caches-tu, Hermione ? s'exclama-t-il en faisant quelques pas vers elle, pour lui faire face. Qu'est-ce que tu prépares, avec lui ?
— Tu n'es pas jaloux de Dumbledore, rassure-moi ? ironisa-t-elle, le regard noir.
Tom lâcha un rire qui sonnait très faux. Il s'approcha encore, l'air furieux, et grinça :
— Je ne supporte pas le fait que j'ai pu t'accorder ma confiance alors que tu côtoies une telle ordure ! Dumbledore est un monstre, Hermione ! Combien de fois devrais-je te le dire pour que tu me comprennes ?
— Il n'est pas un monstre. Il veut le meilleur pour ses élèves, et...
— Il t'a manipulée, tout comme il manipule les autres. Rends-toi compte qu'il est ignoble, Hermione !
Tom avait la respiration rapide. Hermione devait lever la tête pour croiser son regard, et cela avait le don de l'inquiéter, car elle se sentait minuscule à côté de lui. Elle le détailla quelques secondes du regard, le cœur battant : comment un jeune homme comme lui, talentueux, charismatique et rusé, avait-il pu sombrer dans une vie atroce ? Tom n'était qu'à un pas d'elle à peine ; il susurra :
— Je sais que nous sommes opposés sur de nombreux points. Que tu n'aimes pas la magie noire, que les valeurs de Serpentard ne te correspondent pas pleinement. Mais j'en attends de toi, en tant que Princesse de Serpentard, que tu...
— Je ne suis pas la Princesse de Serpentard, Tom, répondit Hermione.
Son regard dévia sur ses lèvres. Il les gardait entrouvertes, comme s'il était éberlué. Tom répliqua :
— Alors qu'es-tu envers moi ? Une simple inconnue ?
— Une amie. Je suis ton amie.
Hermione déglutit. Tom ne détachait pas son regard du sien, et elle ne voulait pas qu'il parte. Elle se sentait effrayée, mais rassurée à la fois : il était devenu son repère, dans cette époque inconnue, et même s'il était censé devenir Voldemort, il ne l'était pas encore. Il était encore Tom Jedusor, pour elle, et peut-être assez naïvement, elle désirait tout faire pour le sauver. Il méritait tellement plus qu'une vie à fuir les autorités et à tuer, selon elle !
— Une amie, répéta Tom. Je n'ai aucun ami ; que des alliés.
— Alors je suis une exception. Je... Je ne désire pas être ton alliée, je veux...
— Que cherches-tu en me parlant ?
Hermione garda le silence. Tom esquissa un sourire moqueur, et grinça :
— Tu voulais sans doute tenter de me séduire, comme toutes les autres idiotes de Serpentard ?
— Je n'ai jamais cherché à te séduire, Tom. Pourquoi poses-tu la question ? Tu as l'impression d'être tombé amoureux de moi ?
Hermione se surprenait elle-même. Elle voulait tenter le tout pour le tout, et tentait de le titiller un peu. Tom secoua la tête, et répliqua vivement :
— Jamais je ne t'aimerai, Hermione. Jamais je n'aimerai personne.
— C'est justement cela qui me pousse à te parler.
Tom fronça les sourcils, surpris. Hermione tentait de détourner le regard, mais en vain : ses pupilles sombres étaient attirantes, à son plus grand dam.
— Que veux-tu dire ?
— Je veux te comprendre. Tu m'intrigues, et... Et j'étais nouvelle à Poudlard, et tu m'as semblé le plus... Le plus sérieux, et le plus...
— Le plus ? insista-t-il.
Hermione garda quelques instants le silence. Elle baissa la tête, et ferma les yeux pour réfléchir, avant de terminer :
— Le plus déroutant. Tu es différent, Tom.
Tom sentait son cœur s'emballer dans sa poitrine. Se rendait-elle compte de l'effet qu'elle lui faisait ? Il sentait une étrange impression se diffuser dans sa mâchoire, qu'il n'avait que très peu ressenti dans sa vie, si ce n'était jamais : de plus, d'étranges contractions se faisaient au niveau de son ventre, qu'il n'aurait su décrire. Hermione était la représentation même de la personne qu'il avait toujours rêvé de trouver, secrètement : calme, discrète, qui lui accordait de l'attention et l'acceptait, malgré ses différences. Et ce, même si elle tentait de le faire changer au niveau de la magie noire...
— Tu tentes de me manipuler, souffla-t-il.
— Non ! s'exclama-t-elle en relevant la tête vers lui. Je... Non, je ne te manipule pas. Je le promets, je suis sincère.
Il utilisa la légilimancie, rapidement. Elle ne mentait pas : mais, elle lui cachait une unique chose, qu'il désirait l'entendre dire.
— Et au sujet de la magie noire ? Qu'attends-tu de moi ?
— Je voudrais que tu t'en éloignes. Je sais que tu jugeras que je ne suis pas censée intervenir dans tes décisions, mais...
Hermione prit quelques secondes pour chercher de nouveau ses mots. Elle fuyait le regard du jeune homme, qui cherchait à tout prix à croiser le sien. Elle lâcha :
— J'ai peur pour toi. Je sais que la magie noire pourrait t'emmener bien trop loin, et je n'ai pas envie qu'il t'arrive des choses horribles.
— Que pourrait-il m'arriver ? Si je deviens l'homme le plus puissant au monde, qui pourra s'opposer à moi ?
— Toutes les puissances finissent par sombrer, murmura la jeune femme, presque inaudible. Et je veux t'éviter cette chute, car je sens qu'elle serait terrible.
— Mais je pourrai être puissant ! Être le plus grand au monde, être... C'est tout ce dont j'ai besoin, Hermione ! J'ai besoin d'être face à tous, qu'on me respecte, que les moldus hurlent leur haine envers mon père, parce qu'il m'a lâchement abandonné, et que tous les moldus sont tous aussi idiots et égoïstes que lui, et...
Tom s'arrêta net, le regard brillant d'une lueur... Paniquée ? Oui, paniquée. Hermione releva la tête vers lui, surprise. Elle lança, après quelques secondes de silence :
— Je suis désolée pour ton père. Mais... Je te promets, les moldus ne sont pas comme lui. Venge-toi d'une autre manière, si tu en as vraiment besoin.
— D'une autre manière ? Comment veux-tu que je prenne plaisir à les voir souffrir, si je ne peux pas utiliser de magie noire ?
— Prends plaisir à les voir déçus de ta réussite. Deviens influent, deviens le Ministre de la Magie. Ne fais pas payer le monde entier pour un idiot, contente-toi de les faire regretter de t'avoir abandonné.
Tom gardait le silence. Hermione ne comprenait pas qu'il ait besoin d'exprimer sa haine, de leur hurler au visage qu'ils étaient tous des monstres, et qu'ils devaient regretter de l'avoir laissé tomber, avant de les tuer. C'était son rêve, qu'il cultivait depuis sa plus tendre enfance. Hermione, remarquant qu'il réfléchissait, ajouta dans un murmure :
— Et je te promets que les personnes en qui tu as confiance ne t'abandonneront pas. Pas tant que tu ne l'auras pas voulu, et pas tant que vous n'en aurez pas discuté. Je... Je suis convaincue que tu ne seras plus seul.
Tom détourna enfin le regard. A sa plus grande surprise, Hermione l'observa quelques instants avant de chuchoter :
— J'ai vraiment peur pour toi.
Quelques secondes passèrent dans le silence. Tom posa le regard sur ses lèvres à son tour ; il hésita quelques secondes, puis se pencha vers elle, avec une forme d'empressement qui surprit Hermione. Il sentait qu'il n'oserait pas s'il ne le faisait pas sur l'instant : il n'était pas Gryffondor. La jeune femme hésita à son tour. C'était une folie ! C'était le futur Voldemort, et...
Et il ne l'était pas encore. Certes. Mais, dans le fond, c'était la même personne, et...
Tom pressait ses lèvres contre les siennes. Hermione devait le repousser, elle le devait ! Mais, lorsqu'il posa la main sur sa taille pour la rapprocher de lui, elle ne put s'empêcher de répondre à son baiser. Elle s'en fichait, en fait ! Elle en avait envie, et puis... Ce n'était qu'un baiser, non ? La jeune femme s'accrocha aux pans de sa chemise, et le rapprocha d'elle, tandis qu'ils éloignaient leurs lèvres pour reprendre leur souffle. Ce fut bref : presque immédiatement, ils s'embrassèrent de nouveau, avides des lèvres de l'autre. Le parfum du jeune homme lui montait aux narines ; elle ressentait une ivresse peu commune en sentant ses mains sur sa taille, cela la rendait folle.
— C'est une folie, murmura Hermione en s'éloignant après quelques instants.
— Oui, répondit le jeune homme. Oui, c'en est une.
Tom s'éloigna de quelques pas, comme brûlé. Il se détourna vivement, n'osant reposer le regard sur elle. Il répéta :
— Une folie, oui.
Tom tourna les talons, et partit en hâte en direction de sa chambre. La jeune femme le suivit du regard, la respiration rapide : elle peinait à réaliser ce qu'il s'était passé. Comment avait-elle pu se laisser aller ainsi ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top