Chapitre 13 : Convaincre Dumbledore n'est pas une tâche facile

7 juin 1943

Hermione sortit de la Grande Salle. Elle venait de passer ses B.U.S.E. Bien sûr, cela lui avait semblé très simple : c'était la troisième fois qu'elle les passait. Mais, tout de même ! L'épreuve avait été angoissante.

— Alors, tout s'est bien passé ?

Hermione se tourna vivement vers son interlocuteur. Tom Jedusor, bien sûr. Ils s'étaient encore rapprochés, depuis leur aventure dans la Chambre des Secrets : il leur arrivait de discuter, de conversations profondes qu'ils appréciaient tous les deux. Tom avait même réduit le nombre de réunions avec son groupe de Serpentard de sang pur : il avait besoin de réfléchir. Il se demandait si son aïeul, Salazar Serpentard, n'avait pas envoyé Hermione sur son chemin pour l'empêcher de courir vers cette forme de magie noire : peut-être que, comme Hermione le disait, d'autres moyens existaient pour être puissant ?

— Bien sûr ! répondit Hermione. Et toi ?

Il acquiesça. Tom vint se placer à ses côtés : ils remontèrent le couloir, le pas plus léger que lorsqu'ils se dirigeaient vers la salle d'examen.

— Nous sommes donc en vacances ! s'exclama la jeune femme. Tu restes à Poudlard, cet été, c'est ça ?

Tom hocha la tête de nouveau. Hermione lâcha :

— Parfait.

— J'irai me trouver un travail au Chemin de Traverse, déclara le jeune homme. J'estime qu'avoir un peu d'argent en plus ne serait pas de refus.

— C'est vrai.

Hermione avait encore quelques gallions dans sa bourse ; néanmoins, elle désirait conserver des économies en cas de soucis. Ils partirent jusqu'à la salle commune. Comme à l'accoutumée, tout le monde se tut lorsque Tom entra : il salua Hermione d'un signe de tête et rejoignit sa chambre. La Gryffondor, quant à elle, se jeta sur un siège à côté d'Elena, une de ses grandes amies : elle lui faisait penser à Ginny Weasley, souvent... Néanmoins, Elena s'était mise en couple avec Abraxas Malefoy, et jamais au grand jamais Hermione n'aurait imaginé Ginny avec Drago Malefoy. NDA : Alors que les Potterheads, si. Haha.

— Salut ! Alors, ces B.U.S.E ? lança Hermione en s'installant.

— C'était compliqué ; surtout la pratique, répondit Elena en grimaçant.

Abraxas, lui, haussait les épaules. Il déclara, en soupirant :

— Je crains de les avoir raté, quant à moi.

— Dans le pire des cas, il y a des rattrapages. Mais je suis sûre que vous les aurez.

Hermione passa quelque temps à discuter avec eux, avant de se retirer dans sa chambre. Elle était fatiguée, et parler à Elena et Abraxas des B.U.S.E lui avait rappelé, avec nostalgie, d'une discussion similaire qu'elle avait eue avec Harry et Ron. Hermione tentait de penser le moins possible à son passé. Non seulement pour éviter qu'on ne puisse lire dans ses pensées, mais aussi car ressasser lui faisait trop mal.

Souvent, Hermione se disait qu'elle aurait mieux fait de refuser. Sa loyauté envers Dumbledore avait eu un coût : et elle le regrettait. Sa famille et ses amis lui manquaient, et le plus atroce était sans doute de songer qu'elle ne les reverrait jamais. Elle se voyait forcée de côtoyer Tom Jedusor, alias Voldemort, chaque jour. Son cœur se détruisait dès qu'ils parlaient d'amitié, d'amour ou d'avenir : elle n'en voyait aucun. Avec personne.

Même si elle passait du temps avec Tom, elle ne pouvait imaginer d'être son amie, réellement. C'était Voldemort, le plus grand mage de noir de tous les temps, et elle ne saurait pas passer au-dessus pour entrevoir quelque chose d'autre. Avec Elena, c'était différent : elles se parlaient beaucoup, Hermione écoutait son amie conter ses problèmes et tentait de la conseiller. Elle savait qu'Elena était frustrée qu'Hermione ne parle pas ou peu d'elle, de son passé ou de sa famille : mais elle n'en disait mot, car elle ne voulait pas offenser son amie. Elle tentait néanmoins, avec ruse et intelligence, de lui arracher quelques informations : en vain.

Le soir du 8 juin sonnait comme un étrange au revoir. C'était le dernier repas à Poudlard avant que tout le monde rentre chez soi et profite de l'été. Il commençait déjà à faire chaud à Poudlard, et les élèves avaient déambulé toute la journée dans les couloirs ou dans le parc, pour profiter une dernière fois du château. Pour beaucoup, l'école de sorcellerie était une deuxième maison.

Le repas commença après le discours du directeur, assez drôle, mais pas autant que les discours de Dumbledore dans les années 90, selon Hermione. Tom et Hermione était assis face à face. Elena était à côté d'Hermione, et en face d'Elena se trouvait Abraxas. Hermione leva la tête et croisa le regard de Louise à la table des Gryffondor, et lui sourit. Elle se tourna ensuite vers ses amis : l'ambiance était festive, et toute la Grande Salle était animée par les discussions.

— Qu'allez-vous faire, pendant les vacances ?

Elena leva les yeux au ciel. Abraxas, lui, se déplaça légèrement, comme gêné.

— Mes parents voudront faire des alliances, pour me trouver un époux de sang pur.

— Pareil pour moi.

Hermione fouilla dans ses pensées, mais le nom de sa future femme ne lui revint pas en mémoire. Quant à Elena, son nom, Degan, était inconnu à Hermione.

— Et toi, Jedusor ? demanda Abraxas.

L'intéressé haussa les épaules.

— Je me marierai avec une Sang Pur lorsque le jour viendra. Mais, ce sera à moi de choisir mon épouse : alors, j'aurai le choix.

Elena, qui jouait négligemment avec un morceau de légume avec sa fourchette, releva la tête vers son amie. Elle souffla, sourcils froncés :

— Tes deux parents étaient sorciers, Hermione ?

— Bien sûr. Je ne serais pas à Serpentard, sinon. Les nés-moldus n'y sont pas acceptés, de toute façon.

Hermione crut distinguer un soupir rassuré s'échapper des lèvres d'Elena. Une "Sang-de-Bourbe" à Serpentard serait très mal vue. La voyageuse temporelle tourna la tête vers Tom, qui haussait un simple sourcil. Il avait appris, grâce à la Légilimencie, qu'elle était une impure : il ignorait néanmoins si elle était sang-mêlée ou Sang-de-Bourbe, mais en tout cas, elle avait menti. Et, au passage, elle avait critiqué les sangs impurs comme les autres Serpentard, alors qu'elle n'en croyait pas un mot... Cette fille mentait avec facilité. Il devrait prendre garde à elle.

La jeune femme semblait soudainement très intéressée par son assiette. Une boule d'angoisse se formait dans son ventre. Pourquoi ? Elle ne savait pas elle-même. Soudain, un professeur rentra en courant dans la salle. Hermione s'attendait à l'entendre crier « un troll ! Un troll dans les cachots ! » ; mais il n'en fut rien. Il s'exclama :

— Grindelwald vient de se battre contre les Aurors du Ministère Magique Russe ! Et il a gagné !

— Il y a un Ministère Magique Russe ? demanda un Serpentard de 2ème année.

Plusieurs élèves firent des moues songeuses. Effectivement, ils n'avaient pas cours de géographie, alors... Binns, professeur d'Histoire de la magie, à table, poussa un long soupir : ce n'était pas comme s'il répétait chaque mois que divers Ministères existaient partout... Dumbledore croisa le regard du directeur puis celui d'Hermione. Il savait qu'elle avait voyagé dans le temps : un jour, il devrait lui dire, et lui demander conseil... Mais, en attendant, il hésitait. Mr. Dippet sortit, suivi de plusieurs professeurs.

Après une bonne dizaine de minutes, Hermione s'excusa auprès de ses amis, et quitta la Grande Salle d'un pas tranquille, en même temps qu'un groupe de 3e année. Ensuite, la jeune femme partit en courant en direction du bureau du directeur, où elle patienta un bon cinq minutes avant que Dumbledore n'en descende. Il jeta un regard surpris à Hermione, qui s'exclama :

— Oh, Professeur Dumbledore, je...

— Miss Smith, au cas où vous ne l'aviez pas remarqué, je crains que ce ne soit pas le moment.

Dumbledore partait déjà d'un pas rapide par le couloir de gauche. La jeune femme le suivit du regard, et s'exclama :

— Vous êtes le seul à pouvoir l'affronter. Je ne sais pas ce qui vous retient, et... Je suis convaincue que vous avez de bonnes raisons. Et, il faut que vous preniez votre temps, mais... Il faut que vous vous prépariez, Professeur !

Dumbledore s'arrêta net. Son cœur s'emballa dans sa poitrine : elle savait. Elle connaissait le futur ; il n'avait pas d'autres choix que de l'écouter.

— Je ne peux pas l'affronter, souffla le directeur.

— Pourquoi ? Nous sommes en 1943, Monsieur : la guerre fait rage chez les moldus, et Grindelwald ne fait rien pour arranger cela, au contraire. Si vous avez les capacités de le faire, pourquoi ne pas sauver le monde ?

— Miss Smith, ne gâchez pas votre dernière soirée avec vos amis à essayer de me convaincre. Ce sera toujours non.

Hermione poussa un soupir. Elle comprenait, mais... Peut-être avec bêtise, elle avait désiré s'investir dans quelque chose, en plus de sa mission envers Tom. Elle tournait en rond, et même les cours commençaient à ne plus la passionner : elle avait besoin de se changer les idées, rien que pour les vacances. Peut-être qu'elle pourrait aider Dumbledore à réfléchir à des stratégies, ou quelque chose de divertissant sans pour autant trop se mêler à cette guerre.

— D'accord, marmonna-t-elle en tournant les talons.

Elle s'apprêtait à partir, lorsqu'elle entendit Dumbledore murmurer quelque chose d'inaudible. Il se racla la gorge, se tourna vers elle et s'exclama :

— Puis-je vous faire confiance ?

Hermione tourna la tête vers lui. Elle avait voyagé dans le temps, et tout sacrifié pour sa loyauté envers lui et envers Poudlard. Dumbledore remarqua immédiatement qu'un voile de tristesse était passé sur son visage : il fronça légèrement les sourcils. La jeune femme répondit :

— Oui.

— Venez.

Dumbledore partait déjà. Hermione retint un soupir, et partit à sa suite, le pas rapide. Ils rejoignirent sa salle de classe ; il l'invita à s'asseoir derrière une des tables, et s'assit lui-même sur son bureau. Il déclara :

— Grindelwald est en train de progresser partout dans le monde, y compris en Russie. Le seul pays protégé, pour l'instant, est le Royaume-Uni. Donc, le Ministère anglais tente de se faire petit pour ne pas être attaqué à son tour, et désormais, nous ne pouvons qu'attendre que Grindelwald perde de l'élan.

— Attendre ? répéta Hermione. C'est tout ?

Dumbledore haussa les épaules. Il l'observa quelques secondes, et dit :

— Je sais, pour votre secret. Je sais d'où vous venez, et j'ai une vague idée de ce que vous savez. Ou du moins, de l'étendue de vos connaissances sur le futur.

Hermione baissa la tête, comme prise en faute. Comment avait-il fait ? Elle lui demanda, et sa simple réponse, « vos barrières mentales étaient baissées », ne fit qu'inquiéter Hermione. Tom avait sans doute pu voir de nombreuses choses, alors ! C'était mauvais signe, très mauvais signe.

— Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête pour vous demander de venir en 1942 alors que vous n'êtes qu'une élève, mais je devais avoir mes raisons. Il vous faut, Miss, que vous preniez en assurance, et en confiance, mais aussi que vous augmentiez vos connaissances et compétences pour réussir votre mission.

— Je ne sais pas pourquoi vous m'avez choisie non plus. J'ai beau avoir de bons résultats scolaires, je... Je me demande chaque jour ce qui vous a motivé à me choisir plutôt que d'autres élèves, ou... Je ne sais pas. Je suis de confiance, en tout cas. Je veux faire au mieux, même si ma mission est compliquée.

Dumbledore hocha la tête. Il croisa l'air bras, l'air songeur ; il réfléchit quelques instants, et lança :

— Votre mission concerne Tom Jedusor, n'est-ce pas ? Vous devez l'empêcher de sombrer dans la magie noire ?

Hermione acquiesça à son tour. Dumbledore déclara :

— Alors, vous me semblez agir à la perfection. Si vous avez besoin d'aide, que ce soit moralement, économiquement ou autre chose, je suis là. 

Ils semblaient tous deux mesurer le nombre de mots prononcés, comme si chacune des paroles devait être réfléchie. Et finalement, c'était le cas : ils devaient être prudents, et se préserver, pour protéger l'Histoire et le futur.

— Le directeur cherche une personne de confiance. Il désire envoyer un espion parmi les troupes de Grindelwald, car nous n'en avons aucun, souffla soudainement Dumbledore.

— Vous voudriez que j'y aille ?

Dumbledore fit un simple signe de tête. Il ajouta :

— Je pense que vous seriez la personne la plus discrète et la plus qualifiée. Si je vous ai choisie pour la mission avec Tom, c'est que vous devez en être capable, du moins. Si vous acceptez cette mission, il faudrait que vous nous donniez toutes les informations transmises dès votre retour après les rencontres avec des partisans de Grindelwald. Chaque détail peut avoir son importance. Evidemment, vous pouvez refuser, je comprendrais pleinement dans ce cas. Je peux admettre aisément que cela serait vous ajouter une mission complexe, qui n'est pas forcément adaptée à une élève de Poudlard.

Hermione ne prit que quelques secondes pour réfléchir. Elle répondit :

— C'est d'accord.

Il était plus simple pour Dumbledore de faire confiance à quelqu'un qui avait besoin de lui plutôt qu'un Auror aléatoire. Hermione avait besoin d'un pilier ; d'un point de repère, et il savait qu'il l'était. Alors, autant exploiter les capacités de cette jeune fille jusqu'au bout. Sans compter qu'aucun parent derrière ne pourrait refuser qu'elle soit espionne à son compte, pour la simple et bonne raison qu'il l'avait éloignée de tous.

Hermione s'était sacrifiée. Et, pourquoi ? Pour combler les erreurs de Dumbledore.

Néanmoins, elle ne le saurait jamais. N'est-ce pas ?

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