Chapitre 10 : Nouvel An

31 décembre 1942, 16h00

Hermione lisait un livre quand la porte de la salle commune s'ouvrit. Tom Jedusor rentra et la fusilla du regard avant de se diriger vers sa chambre. Hermione se leva, surprise, et s'exclama :

— Ça va, Tom ?

— Tu te rends compte de ce que tu fais ? marmonna Tom d'un air furieux.

Il lui faisait la tête depuis la soirée de Noël. Il la jugeait sotte, car elle s'était considérablement rapprochée d'Adrien et des autres ; de plus, il avait beau lui avoir dit que cela ne lui plaisait pas, elle avait continué. Mais, il était le Prince des Serpentard : ils devaient tous le respecter, et l'obéir. Pourquoi était-elle la seule à refuser ? Il aurait pu la torturer un peu, pour essayer de faire en sorte qu'elle ait peur de lui. Cependant, quelque chose l'en empêchait : il n'aurait su l'expliquer, mais l'idée de la faire souffrir, et l'ennuyait, pour l'instant. Il verrait plus tard.

— Tu continues de côtoyer ces idiots de Gryffondor, qui commencent à dire que les Serpentard ne sont pas si terrifiants que cela. Tu veux que nous perdions notre tranquillité ? Ils ont un égo surdimensionné, et vont commencer à se rapprocher des Serpentard, jusqu'à les pervertir ! Notre maison ne sera plus qu'une copie des Gryffondor, par ta faute !

— Tu te plains de l'égo surdimensionné des Gryffondor, mais tu n'es pas mieux. Pourquoi n'acceptes-tu pas que j'ai d'autres amis que des Serpentard ? Je ne fais rien de mal, et tu n'as de toute façon rien à dire.

Il s'approcha d'elle, menaçant. Elle voyait dans ses yeux toute la colère qu'il semblait retenir depuis longtemps. Il sortit sa baguette, d'où des étincelles rouges sortaient. Hermione resta immobile, le cœur battant : son estomac se tordit, mais elle restait droite. Elle était une Gryffondor, dans le fond, et jamais elle ne devait trembler face à un adversaire.

— Quand est-ce que tu vas comprendre que c'est moi qui décide ici ? persifla Tom, mâchoires serrés.

— Tu ne voulais pas faire de moi la Princesse de Serpentard ? Tu ne voulais pas que je me batte à tes côtés, que je puisse être ton égale ?

— Tu as commis une erreur, et tu es faible. Trop pour pouvoir obtenir une telle place.

Hermione déglutit, espérant faire disparaître son angoisse grandissante. Tom le remarqua ; il fronça légèrement les sourcils, et lança :

— Tu as peur ?

Elle ne répondit pas. Il insista, en faisant encore quelques pas vers elle pour n'être plus qu'à un mètre d'elle :

— Tu as peur que je te tue.

— Qu'est-ce que tu attends ? Tu y sembles prêt.

Hermione attendit quelques minutes, la peur au ventre, concentrant toutes ses pensées sur ses amis. Harry et Ron. Toujours penser à eux, ne jamais les oublier. Tom, lui, était surpris : elle était bien plus courageuse que ce qu'il pensait. Il abaissa sa baguette, se noyant dans son regard noisette. Hermione ne put s'empêcher de faire de même : que lui prenait-elle ? Il ne fallait pas qu'elle soit impressionnée car le jeune homme était charismatique, c'était une folie.
Leur petit manège ne dura quelques secondes à peine, mais ce fut assez pour semer le trouble dans l'esprit des deux. Qu'était cette étrange impression qu'ils ressentaient, de leur cœur qui s'accélérait, et de cette étrange sensation dans le ventre ?

La jeune femme croyait qu'il allait partir, et la laisser seule. Pourtant, il tendit simplement la main vers elle pour remettre une mèche de cheveux derrière son oreille, et pouvoir mieux voir son visage. Hermione lui jeta un regard surpris, et garda le silence. Elle ne savait pas ce qu'il lui prenait, mais... Elle n'avait étonnamment plus peur. Il passa son index sur sa joue, avant de murmurer un juron. Il tourna les talons et vivement rejoignit sa chambre en quelques enjambées, laissant la sorcière là, qui demeurait ébahie. Hermione craignait que son cœur ne s'arrête tant il battait vite ; et, surtout, elle restait perdue. Que lui avait-il pris ? Pourquoi est-ce qu'elle ne l'avait pas repoussé ? C'était une folie !

Tom rentra dans sa chambre avant de claquer la porte. Mais que lui avait-il pris ? Il s'était laissé aller, comme un idiot. Pourquoi avait-il laissé son envie de s'approcher d'elle l'envahir ? D'habitude, il parvenait à se calmer, et redevenait rationnel. Mais là, là ! Elle l'avait observée, de son regard si envoûtant, et... Il n'avait pu que s'approcher d'elle, en réprimant tout de même son envie de l'embrasser. En même temps, ils s'étaient rapprochés, et... Et il sentait bien qu'elle était différente des autres. Plus intelligente, plus rusée, plus... Plus, tout. 

Tom s'assit sur son lit et se prit la tête dans les mains. Pourquoi ? Pourquoi avoir fait ça ? Cette fille le changeait. Le changeait beaucoup trop. Il faisait moins de réunions avec son groupe, et avait même rejoint une fête de Gryffondor. Quelle honte ! Il s'allongea, priant pour calmer son cœur encore battant. Il avait tout fait pour ne plus rien ressentir depuis des mois, exceptée la colère ; comment faisait-elle pour, d'un simple regard, lui donner tant d'émotions diverses ? Il mourrait d'envie d'y retourner, de lui hurler qu'il la haïssait, et qu'elle n'était rien de plus qu'une erreur, avant de la ridiculiser publiquement.

Pourtant... Pourtant, il n'en était pas capable. Il pouvait revoir son regard tourmenté qu'elle lui avait jeté plusieurs fois, et l'imaginer le connaître de nouveau l'ennuyait. Que lui faisait-elle ? Tom se retourna sur le côté, priant pour que cela puisse changer quelque chose à ses pensées. Il préférait largement voir la jeune femme sourire, plutôt que subir ses mines attristées et son désespoir. Le jeune homme pensait que c'était de sa faute qu'elle souffrait : il pensait toujours qu'elle avait voyagé dans le temps, même s'il lui arrivait d'en douter. Elle n'avait pas assez cherché à le faire changer d'avis et lui faire oublier cette possibilité, comme si elle cachait quelque chose d'autre. Il ne lui en avait plus jamais parlé, mais gardait cela dans un coin de son esprit. Cela pouvait servir. Et... Tom désirait tout de même découvrir son réel secret. Le voyage temporel était trop étrange, cela devait être autre chose.

Soudainement, les paroles d'Hermione lui revinrent en mémoire :

« Comment peux-tu détester quelqu'un si tu ne sais même pas ce qu'est l'amour ? Tu ne sais rien de tout ça ! Tu n'y connais rien. »

L'amour ? L'amitié ? C'était une faiblesse ! Mais qui avait déjà souffert d'aimer ? Lui ? De l'amour en sens unique de sa mère envers son père ? Peut-être pouvait-il empêcher à d'autres de vivre ce qu'il a vécu, au lieu de chercher la vengeance... Et peut-être vivre ce que tout le monde trouve magnifique ? Mais ! Jamais il n'avait pensé à cela avant son arrivée ! Elle le rendait fou.

Quelle journée d'anniversaire étrange ! Il ne l'avait dit à personne, mais il fêtait ses seize ans. Seize ans... Seize ans, et déjà, il désirait fonder un début d'empire.

19h00

Le lendemain, ils seraient en 1943. Hermione compta rapidement. Elle était arrivée vers septembre, soit depuis 4 mois. Pourtant, elle avait l'impression d'être ici depuis plusieurs années. Cette année scolaire passait trop lentement. Tom n'était pas ressorti de sa chambre depuis trois heures, mais Hermione n'y avait pas prêté attention, se concentrant sur sa lecture. Elle avait décidé d'apprendre le français, et avait donc acheter des livres pour apprendre cette langue lors de la dernière sortie à Pré-au-lard.

Elle se décida enfin à aller se préparer. Un bal était organisé pour fêter la nouvelle année, et le « dress code » était assez clair : il fallait mettre sa plus belle tenue ! Grâce aux gallions que lui avait donné Dumbledore avant son départ, elle avait pu s'acheter une robe à Pré-au-lard, peu chère. Hermione avait également tressé ses cheveux : elle avait eu besoin de tenter de retrouver un peu de confiance en elle, car elle se sentait en manquer.

Elle sortit de son dortoir, pensive. Hermione réfléchissait un peu à tout et rien, à la fois ; alors, elle remarqua à peine la présence de Tom qui, installé dans la salle, savourait un verre de Biéraubeurre. En entendant la porte s'ouvrir, il releva simplement le regard, avant de prendre une inspiration. Lorsqu'ils avaient dit « se mettre sur son 31 », elle l'avait pris au pied de la lettre...

— Oh, salut, Tom.

Hermione lui sourit. Elle l'observa quelques instants : il avait mis un costume noir, avec une cravate vert Serpentard, sans oublier son blason de préfet accroché. Cela lui ressemblait bien. Le jeune homme se mit debout, posa son verre sur la table, puis hésita quelques instants avant de lâcher :

— Tu m'accompagnes ?

Hermione fronça légèrement les sourcils, avant d'acquiescer. Le jeune homme hésita de nouveau, puis souffla :

— Quand les Serpentard reviendront... Ce sera différent.

— Pourquoi ?

— Je serai différent.

La Serpentard gardait le silence. Elle ne comprenait pas, à vrai dire : Tom le remarqua, car il ajouta :

— Je pense que tu te fiches de ma réputation. Tu es une des seules qui m'a donné cette impression depuis longtemps, et... C'est pour cela que je préfère que tu ne fasses aucun commentaire sur le relâchement que je peux connaître lorsque nous nous côtoyons, à Poudlard.

Hermione sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres. Elle répondit, le ton posé :

— Tu n'as pas besoin d'être tendu ou d'être ce que tu n'es pas lorsque tu es avec moi. Sois toi-même, je t'en prie.

Tom resta muet à son tour. Il ne savait pas pourquoi cette fille était gentille : mais, ce n'était pas normal. Elle cachait forcément quelque chose. Le jeune homme parvint à se glisser sans aucune difficulté dans ses pensées : elle songeait au fait qu'elle devait à tout prix réussir à le rendre moins dangereux, d'après ses termes. Le jeune homme fronça les sourcils lui aussi : pourquoi ? La Gryffondor l'observa quelques secondes, le regard plongé dans le sien. Elle ne comprenait pas pourquoi il restait silencieux, d'un seul coup, et voir qu'il la scrutait la gênait. Hermione lança :

— On y va ?

Tom hocha la tête. Elle lui tendit la main, qu'il accepta ; elle l'entraîna ensuite jusqu'à la porte, et ils partirent l'un à côté de l'autre dans les couloirs, gardant cependant un peu d'écart. Les deux réfléchissaient à l'étrange discussion qui les avait précédé : et surtout, à l'avenir lorsque tous seraient de retour à Poudlard. Ils ne tardèrent pas à arriver devant la Grande Salle, dans laquelle ils rentrèrent.

— Ah, vous êtes là ! Nous vous attendions !

C'était le directeur en personne qui les accueillit. Il leur montra des chaises à côté des Gryffondor, sur lesquelles ils durent s'asseoir. Hermione se retrouva à côté d'Adrien et en face de Tom ; celui-ci lui jeta un regard agacé, comme s'il était d'ores et déjà las d'être proche des Gryffondor, qu'Hermione ne vit pas. Le directeur fit un petit discours, disant que cette année s'était très bien déroulée, et qu'il ne souhaitait que du bonheur et la réussite scolaire, bien sûr. Lors du repas, Dumbledore se leva, et s'approcha de ses élèves. Il s'attarda auprès de Tom et Hermione, qui s'étaient retrouvés à deux attablés ; il les salua, et dit :

— J'ai oublié de vous parler de votre camarade de classe, Cléa. Le directeur a décidé de l'exclure de l'école et le Ministère a détruit sa baguette.

Hermione hocha simplement la tête. C'était le mieux à faire, pour protéger les élèves. Elle demanda :

— Et Grindelwald ?

— On sait qu'il se cache en Europe, mais on ne sait pas trop où exactement. Enfin, merci beaucoup de l'avoir trouvée.

Dumbledore leur sourit et retourna s'asseoir sans attendre. Hermione le suivit du regard, songeuse, puis déclara :

— Eh bien, c'est une bonne chose.

Ils fêtèrent ensuite le nouvel an ensemble. De la musique fut lancée, et Hermione eut tout le loisir de s'amuser avec Adrien et les autres Gryffondor. Tom, lui, était parti tôt ; il n'aimait pas le monde et l'animation.

Dumbledore, dans son coin, observait tout le beau monde, pensif. D'étranges choses se profilaient, pour l'avenir, qui se construisait déjà dès l'instant. Alors, en attendant... Autant profiter. Avant que Grindelwald, ou que ce Voldemort auquel Hermione pensait régulièrement, ne tente de les vaincre.

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