9. Chaque soir, chaque nuit

  Cela fait plus d'une semaine que je me rends chaque soir dans la salle sur demande et que j'y dors chaque nuit. Et tous les jours sans exception, Malefoy fait de même.

Bien qu'au début nous ne nous adressions pas la parole, ou simplement quelques banalités, au fur et à mesure, nous avons commencé à échanger sur nos différents cours, parfois travaillant nos devoirs ensemble.

Même si je gardais toujours en tête qu'il était l'ennemie, quand je franchissais le pas de la porte de la salle sur demande, il n'était qu'un simple adolescent, comme moi. Nous m'étions nos problèmes et nos différents de côté.

C'est pour cela que ce soir j'arrive un sourire sur les lèvres. Je pose ma cape sur le côté de la porte, Malefoy connaissant à présent son existence, mais ne m'en parlant jamais. Puis je m'avance vers la cabane, sachant pertinemment que le blond y est.

Il nous a fallu quelques jours avant de finalement aller dormir dans les lits, pensant que nos esprits ne seraient pas aussi tranquilles que sur l'herbe. Mais cette pensée était absurde, et elle s'est révélée être fausse et donc nous avons pu dormir dans les lits les autres nuits.

J'entre dans la cabane puis m'assis sur le lit de droite, le blond étant assis sur le lit de gauche, un livre entre les mains. Il me sourit très rapidement avant de se replonger dans sa lecture. Bien qu'il paraisse moins fatigué, il reste toujours inquiet, préoccupé par quelque chose dont j'ignore tout. Comme moi avec l'identification des différents Horcruxes je suppose.

Je veux savoir, mais je ne demande pas. Comme il le fait de son côté.

Alors qu'il est plongé dans sa lecture, j'interromps soudainement le blond en posant une question qui tourne dans ma tête depuis un moment déjà.

- Tu penses que c'est la salle qui fait que nous arrivons à dormir ?

- Je n'en sais rien.

Sa voix semble agacée que je l'interrompe dans sa lecture. Or je n'ai pas envie de m'excuser et de le laisser tranquille. Je me redresse d'un seul coup, puis reprends d'une voix un peu plus forte.

- Aller Malefoy, tu dois bien avoir des idées ?

- Je lis.

- Qu'est-ce que tu lis ?

- Ça ne te regarde pas.

Curieux, et n'ayant pas envie de dormir, je me lève et m'approche de son lit pour lire le titre de son livre.

- L'art de la disparition : objet et voyage spatio-temporel. Tu comptes changer d'époque ?

Le blond se met à soupirer, puis pose son livre sur ses genoux avant de se redresser et de me faire face.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Rien, seulement discuter.

- Si tu voulais discuter il fallait rester dans ta tour pour parler avec Wesley.

Je lève les yeux au ciel puis m'assis au pied du lit, provoquant un agacement à peine dissimulé de la part du blond. Il passe une main sur son visage puis marmonne.

- Vas-y fais comme chez toi.

Un sourire victorieux s'affiche sur mon visage quand il pose le livre sur le sol, puis qu'il croise ses bras sur son torse en posant son regard gris ombrageux sur moi.

Il est de mauvaise humeur, mais il ne m'impressionne pas pour autant.

- Donc, des idées ?

- Pourquoi tu veux savoir ce que j'en pense ? Pour moi peu importe ce qui fait que j'arrive enfin à dormir correctement, je suis seulement satisfait c'est tout. Le reste je m'en fous.

- Tu n'es vraiment pas curieux.

Il ouvre la bouche de surprise, puis il s'exclame en me montrant du doigt.

- Et bien toi tu l'es trop !

- N'importe quoi.

- Tu rigoles j'espère, toi, Wesley et Granger, vous êtes toujours dans les problèmes, votre curiosité, voir votre inconscience, vous met toujours dans des affaires qui ne vous regarde pas.

Un rire s'échappe de mes lèvres.

J'espère qu'il se moque de moi.

Certes nous sommes tous les trois mêlés à des histoires, mais chacune d'elles avaient de l'importance et donc méritaient notre attention. En plus de ça, Malefoy n'est pas aussi innocent qu'il le fait dire.

- Puis-je te rappeler que toi aussi tu mets ton nez dans nos affaires. Chaque année, depuis notre début de scolarité à Poudlard, tu ne cesses de nous suivre pour nous faire défaut.

- Donc je suis bien curieux.

- Non, tu veux seulement nous poser problème, c'est différent.

- Ce n'est pas ma faute si j'aime vous dénoncer.

Il finit par lâcher un rire, un vrai rire, sans amertume ou bien de moquerie, mais simplement un pur sentiment.

Je sens alors mon cœur rater un battement, puis un frisson rouler le long de ma colonne vertébrale puis je ris à mon tour. J'ignore ce que je ressens, mais je sais que je me sens bien et que j'apprécie ce moment, à l'écart du temps et des autres.

- Tu étais jaloux de notre célébrité.

- C'est faux. J'ai toujours été admiré à Poudlard, le nom Malefoy ne laissait pas indifférent.

- Potter l'était plus. Et il l'est toujours.

Malefoy fronce les sourcils, un air sombre colorant son visage tout à coup.

J'ai peur d'avoir été trop loin, d'avoir mené la conversation sur un sujet trop glissant, que nous refusions d'engager.

Mais contre toute attente il hausse les épaules et enchaine d'un ton plus léger.

- J'ai plus de filles à mon palmarès que toi. Je gagne.

- Ce n'est pas parce que tu t'es tapé presque toutes les filles de l'école que tu es forcément plus populaire.

Un sourire narquois apparait sur son visage alors qu'il lâche quelque chose, pensant être une bombe prête à me dévaster.

- Comment va Cho Chang au fait ?

Quel connard.

Il sait que j'ai longtemps voulu être avec elle, et que quand j'ai finalement obtenu ce que je voulais, c'est parce qu'elle pleurait Cédric et qu'ensuite elle a eu une sorte de fierté à sortir avec l'Elu. Pour finalement nous tromper en nous dénonçant à Ombrage.

Ma mâchoire se serre, sa remarque m'ayant touché. Mais je ne reste pas là et attaque à mon tour.

- Je ne pense pas que les filles s'intéressent à toi maintenant, car elles savent bien que tu es fou amoureux de Pansy Parkinson.

Le blond affiche un air dégouter et s'oppose à ce que je viens de dire rapidement et d'une voix un peu saccadée.

- N'importe quoi ! Jamais ça n'arrivera elle et moi, enfin...

J'explose brusquement de rire, comprenant ce qu'il se passe dans sa tête.

- Ne me dis pas que tu as couché avec elle !

- La ferme.

Je ris de plus belle devant sa réponse et surtout son air renfermé, regrettant très probablement cette erreur.

- J'aimerai tellement le dire à Ron ! Lui et moi avons parié l'année dernière, et j'ai gagné.

- Pourquoi tu ne lui dis pas ?

- Je...

C'est à mon tour de me sentir gêné.

Je voulais garder mes rencontres tardives avec Malefoy secrètes parce que Ron et Hermione ne comprendraient pas, mais à présent c'est plus que ça. C'est devenu plus important qu'un simple rendez-vous pour pouvoir dormir en paix, c'est devenu quelque chose que j'attends avec impatience toute la journée, alors c'est impossible d'en parler.

Mes joues deviennent doucement rouges et je me lève vivement pour cacher mon embarras. Or cela n'échappe pas au blond, et il se lève à son tour, tournant autour de moi pour voir mon visage. Puis il enchaine, sa voix vraiment satisfaite tout à coup.

- Oh ne me dis pas que toi aussi tu n'es pas indifférent au charme Malefoy.

- Quoi ? N'importe quoi. Il faut que tu arrêtes de penser que tout Poudlard est à tes pieds. Je ne t'apprécie que légèrement, ne me fais pas te détester à nouveau.

Alors que je m'attends à ce qu'il vienne se moquer de la transformation de ma haine en sympathie à son égard, le blond reste silencieux.

Je me tourne alors vers lui, une vraie expression de surprise peinte sur son visage.

Mon regard reste rivé sur lui, appréciant cette émotion brute et bien réelle. Puis mes yeux glissent doucement vers ses lèvres.

Je reste un long moment à les regarder, puis finalement je m'en détache quand elles se mettent à bouger.

- C'est bon à savoir.

Puis Malefoy retourne dans son lit, se couchant sous les draps.

Je l'imite à mon tour, ne prononçant plus le moindre mot. L'atmosphère étant passée d'enfantine à lourde, pleine de sous-entendus, et surtout incontrôlable à présent.

J'ai eu du mal à m'endormir cette nuit-là. Pas à cause des cauchemars, ni même de Voldemort, mais simplement à cause de la présence du blond à quelques mètres seulement. Même si je fermais les yeux, je savais qu'il n'était pas loin de moi. Je ne pouvais m'empêcher de lui jeter des coups d'œil, mais il restait allongé dos à moi.

Il faut que cela cesse. Je ne peux me rapprocher de lui, nous ne sommes pas dans le même camp, et il est mon ennemie. Drago Malefoy est mon ennemie et il doit le rester. Je ne peux me laisser faire face à ce que mon esprit tente si difficilement de cacher.


AudreyPh18

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top