10. Je veux en savoir plus

  Je suis de plus en plus apte à contrôler mon esprit, à mettre des barrières pour empêcher le Mage Noir de pénétrer dans ma tête. Rogue n'arrive presque plus à y entrer, et j'y mets toutes mes forces pour le garder éloigné de mon secret, celui de la salle sur demande.

J'essaye aussi de cacher Malefoy, autant à Rogue qu'à Voldemort, car je sais qu'il pourrait y avoir des conséquences dans les deux cas. Bien sûr j'ai plusieurs fois pensé que la mission du blond était de se rapprocher de moi pour me soutirer des informations, mais il ne m'a jamais questionné sur la guerre, sur les positions des membres de mon camp. Donc je me dis que, peut-être, il n'a pas d'arrière-pensée.

Le nombre de séance d'occlumancie a considérablement diminué, me permettant d'être plus libre et donc moins fatigué.

Une petite voix dans ma tête ne cesse de me dire que j'arrive à contrôler mes pensées, que Voldemort n'arrivera peut-être plus jamais à entrer dans ma tête et donc que je peux arrêter d'aller dormir dans la salle sur demande. Elle a raison, pourtant j'ignore cette voix.

Je continue d'aller chaque soir dans la salle sur demande, passant un long moment à discuter avec Malefoy, l'appréciant de plus en plus.

Si de mon côté je vais de mieux en mieux, même si je reste perturbé par ma mission auprès de Dumbledore, pour le blond c'est différent. Il reste étrange et inquiet, quand je le croise dans les couloirs il semble perdu dans ses pensées, comme si une lourde charge pesait sur ses frêles épaules. Mais ce fardeau disparait parfois quand il traverse le pas de la porte de notre monde à part.

Cela fait plus d'un mois que je dors tous les soirs dans la salle sur demande, la haine que j'éprouvais contre Malefoy s'étant dissipée au fur et à mesure de nos discussions. Même si nous ne partageons pas beaucoup de chose sur nous, nous arrivons à discuter de divers sujets.

Mais à un moment ce sujet s'épuise, et la curiosité dépasse alors la limite que nous nous étions imposée.

Malefoy est assis près de la rivière, mangeant quelques chocogrenouilles, alors qu'il défend un joueur de Quidditch que je n'apprécie pas tellement.

Mais tout à coup je l'interromps, changeant brusquement de sujet.

- Pourquoi est-ce que tu m'as haï dès la première année ?

Le blond fronce les sourcils, ne s'attendant pas à ce que je pose une question aussi directe, puis il hausse les épaules en répondant naturellement.

- Tu as refusé de me serrer la main.

- Tu venais d'insulter Ron.

- Je n'ai jamais aimé la famille Weasley, donc c'était naturel pour moi de ne pas être son ami.

- Tu ne l'aimais pas parce que ton père ne l'aimait pas.

Malefoy me lance un regard noir, me laissant comprendre que je venais de franchir la limite, mais pourtant je ne fais pas un pas en arrière, mais je me confronte à lui, appuyant chaque mot que je prononce.

- Tu suivais seulement ce que ton père te disait, tu n'avais pas ta propre opinion. Et encore aujourd'hui tu restes bloqué dans les pas de Lucius.

- Ne parle pas de mon père !

Mon ennemie se lève tout à coup, l'air menaçant, sur le point d'exploser. Mais je ne me laisse pas une seule seconde impressionné et je viens même enfoncer le couteau dans la plaie.

- Pourquoi ? Tu as peur que je ne te dise que tu lui ressembles, que tu es comme lui ?

- La ferme Potter !

J'ai la soudaine envie de le pousser à bout, pour savoir dans quel camp il est, et pour enfin avoir la certitude ou non qu'il est un Mangemort. Peu importe les conséquences, il faut que je sache.

Mon estomac se tord soudainement, une boule se formant dans ma gorge alors que je vais une nouvelle fois un peu plus loin.

- Dis-moi à quel point tu lui ressembles, pour que je sache à quoi m'en tenir.

- En quoi cela t'intéresse ?

Une rage intense passe dans son regard et il se met à exploser, attrapant soudainement sa baguette pour venir la brandir devant moi.

- Tu veux savoir si je suis un Mangemort pour aller me dénoncer à Dumbledore c'est ça ? Ne t'inquiète pas, si j'en suis un, il sera le premier à le savoir.

Il s'approche vers moi et me donne un coup dans l'épaule alors qu'il se dirige vers la porte. Or je prends la parole pour l'empêcher de partir, mon cœur s'étant brusquement affolé dans ma poitrine.

- Pose-moi une question et j'y répondrai. Comme toi tu répondras à l'une des miennes.

Le blond s'arrête soudainement, comme intrigué.

Il est dos à moi, mais je sais qu'il est victime d'un dilemme, et qu'il hésite fortement d'y succomber.

Puis finalement il tourne les talons, son regard gris se posant sur moi, déterminé.

- Pourquoi voudrai-je te poser une question ?

- Tu es comme moi, tu veux en savoir plus sur la personne avec qui tu passes ton temps. Je me trompe ?

Il ne me répond pas, mais je vois que j'ai tapé dans le mile.

Ses pieds s'avancent prudemment vers moi, lentement, alors qu'il reprend d'une voix toujours assurée.

- Quel genre de question ?

- Rien sur nos missions respectives. Rien sur la localisation de nos camps. Rien sur les autres, juste sur nous-même.

Il acquiesce puis arrive à quelques mètres de moi. Il s'arrête et range ensuite sa baguette dans la poche de son jean avant de me juger du regard.

- Et quelle est ta question ?

Je meurs d'envie de lui demander s'il est un Mangemort ou non, mais cela rentrerait dans la case mission, et il pourrait se dérober à ce moment-là. Alors je ne sais pas, une multitude de question me vienne en tête, mais je ne sais pas laquelle serait la meilleure, alors je finis par en lâcher une au hasard.

- Qu'est-ce que nous sommes toi et moi ?

Il ouvre la bouche surpris, mais aucun son n'en sort. Il semble perturbé durant quelques instants, ses yeux me détaillant ainsi que les alentours d'un air paniqué. Alors je reprends la parole pour l'inciter à me répondre.

- Pose-moi ta question d'abord, pour voir si ça vaut le coup de répondre à la mienne.

Malefoy réfléchit tout à coup, je peux lire sur son visage que lui aussi est perdu dans le nombre de question qui traverse son esprit, puis soudainement il en choisi une, la voix plus faible qu'auparavant.

- Tu me détesterais de nouveau si je te dis que je suis un Mangemort ?

C'est à mon tour d'être sous le choc.

J'aurais tout imaginé sauf cette question. Je comprends par celle-ci qu'il avoue en quelque sorte son appartenance au mal, mais il ne l'affirme pas totalement. Il reste toujours un doute, bien que très faible.

Puis finalement je prends les devants, me surprenant moi-même.

- Je ne pense pas. J'ai toujours eu un doute sur ton appartenance au mal, et je m'y suis fait à l'idée. Même si je hais les partisans du Seigneur des Ténèbres, je ne te haïr pas.

Il reste silencieux mais pourtant satisfait de ma réponse, un petit sourire se dégageant de ses lèvres. Puis il reprend un air sérieux, répondant enfin à la mienne.

- Je ne sais pas ce qui nous unis. C'est quelque chose que je n'avais jamais vécu avant aujourd'hui, je dirais que c'est une sorte, d'amitié.

Je hoche la tête.

Sa réponse est franche, mais pour moi elle ne reflète pas ce que je ressens. Ron et Hermione sont mes amis, mes meilleurs amis. Mais Malefoy ne l'est pas, c'est plus complexe que ça, mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce qu'est réellement cette relation.

Je reste silencieux, et le blond semble remarquer mon trouble. Il prend une nouvelle fois la parole, essayant de capter mon regard.

- Pourquoi m'as-tu posé cette question ?

- Comme ça. Et toi ?

- Comme ça.

Nous mentons tous les deux, et nous le savons très bien. Pourtant aucun de nous ne dit la vérité, trop fier pour se livrer sans rien avoir en retour.

Après cela, la conversation devient difficile et je décide alors d'aller me coucher.

Alors que je suis allongé dans le lit depuis une dizaine de minutes, j'entends la porte de la cabane s'ouvrir, puis les pas du blond sur le plancher.

Je m'attends à ce qu'il aille se coucher dans le lit de gauche, comme à son habitude. Cependant je sens un poids se poser sur le bout de mon lit, creusant le matelas. Puis sa voix douce s'élève dans le silence de la cabane.

- Pourquoi est-ce que nous sommes dans des camps différents ?

Je me tourne et rencontre son regard.

Son masque n'est plus là, il parait vraiment torturé tout à coup, ses mains tremblant légèrement alors qu'il détourne les yeux et regarde le sol, l'air tracassé.

Mon corps se redresse, mes pieds se rapprochant de moi pour lui laisser plus de place. Et le blond comprend mon geste, il vient plaquer son dos contre le mur, ses mains posées sur ses cuisses.

- Parce que nous avons eu des vies différentes je suppose.

Il hoche doucement la tête, puis un sourire apparait sur ses lèvres alors que des mots s'en échappent.

- Nous aurions pu être amis dans une autre vie.

- Nous sommes amis, je suppose.

Le Serpentard sourit, puis il inspire profondément avant de se lever et de retrouver son lit.

J'aurais aimé lui dire plus, mais je n'avais pas la force, et je ne savais pas s'il était prêt à entendre ce que j'avais à dire. Je ne pense pas que j'étais prêt à l'entendre aussi finalement.


AudreyPh18

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