Point De Vue Keefe:

Lors de mon trente-deuxième essai, celui où j'avais demandé à Monsieur Forckle s'il n'était pas possible que Sophie ait le pouvoir de psionipathie, je n'avais pas réalisé que je n'avais qu'à, tout simplement, demander à un psionipathe de nous protéger.

Je me résolus donc à aller trouver Maruca.

Sa maison était une grande tourelle située au centre de l'Atlantide et, quand je frappai à la lourde porte décorée d'améthystes, elle me reçut avec surprise et les sourcils froncés.

Sans même m'inviter à entrer, elle me demanda brusquement:

- Qu'est-ce que tu veux Keefe?

Je m'étonnai de sa réaction. Oh bien sûr nous n'étions pas les meilleurs amis du monde avant, mais on se saluait quand on se croisait, discutions parfois tous les deux, plus Biana...Je pense même qu'à un moment donné elle ressentait un petit quelque chose pour moi.

Je crois aussi que mon amitié avec Sophie a tout changé.

J'inspirai. Ce n'était pas le moment d'hésiter. La vie de Sophie était en jeu. Encore.

- J'aurai besoin de ton aide.

Je lui expliquai comment j'aurais besoin d'elle pour protéger notre groupe des Invisibles. Et fus obligé, malheureusement, de lui raconter mon nouveau pouvoir.

C'est à ce passage là qu'elle explosa de rire.

- Nan, sérieusement ? Tu penses vraiment que je vais te croire ? Je crois surtout que tu as fait un mauvais rêve et que tu veux m'embarquer là-dedans. Hors de question de me ridiculiser, demande plutôt à ta chère Foster pour ça.

Elle mima des guillemets au nom de Sophie, recopiant la façon dont je l'appelais - enfin, seulement en public, sinon c'était ma Sophie.... Trop de sentimentalisme pour moi, tout ça, oubliez. -.

Je la regardai fixement et articulai chaque mot, chaque syllabe pour lui montrer que je ne mentais pas. Il fallait absolument qu'elle me croit, sinon tout était fichu.

- Je.Ne.Blague.Pas.Et.Ne.Suis.Pas.Fou.

Elle recula, déconcertée par mon ton, soudainement sérieux, qui lui faisait peur. Elle bredouilla un "d'accord" et se reprit juste après.

Sa posture se fit plus droite et elle leva même arrogamment la tête pour me montrer que rien ne s'était passé.

- Je voulais dire que j'acceptais avec grand plaisir, finalement.

- Merci. Tu ne sais pas à quel point tu m'allèges d'un grand poids, Maruca.

Elle perçut mon soulagement et se dérida. Elle me fit - enfin ! - entrer chez elle et me dit de ne pas faire attention au désordre car ses parents avaient décidé de rénover entièrement le manoir sans l'aide des gnomes.

- Bon, je te parie que, d'ici deux semaines, ils trouveront un nouvel hobbie et laisseront aux gnomes tout le sale boulot. Mais bon, tant pis...Tu veux du jus de luxuriante, de filandrine, ou peut-être un cannelle-crème ? me proposa-t-elle ensuite.

Je hochai la tête en signe de dénégation, et elle s'assit à côté de moi sur le grand sofa bleu roi.

L'ambiance s'étant énormément détendue, elle posa toutes sortes de questions sur mon pouvoir et ce que j'en avais fait. J'essayais de répondre du mieux possible à toutes mais ne le pus pas à chaque fois, étant donné que je n'avais pas exploré toutes les possibilités de mon pouvoir.

L'heure, sans que nous la voyions passer, défilait, et je m'exclamai soudainement:

- Désolé de t'interrompre, mais le Conseil arrivera à Havenfield d'une minute à l'autre, s'il n'est pas déjà là. Il faut se dépêcher. Viens vite !

Je brandis le cristal de saut, réglé sur Havenfield

J'arrivai avec Maruca en plein milieu du discours - barbant et répétitif - du Conseiller Emery et l'interrompis pour crier qu'on venait.

Le Conseiller fronça les sourcils quand je le coupai mais ne dit rien, ce n'était d'ailleurs pas la peine, il avait un regard noir aussi perfectionné que celui de ma Sophie.

La Conseillère Oralie, ses mains aux doigts rosés tenant un éclaireur, sourit:

- Et bien parfait alors ! Allons-y.

Avant d'entrer dans le rayon lumineux, je murmurai à l'oreille de Maruca, sans tenir compte des coups d'œil inquisiteurs de mes amis.

- N'oublie pas d'utiliser ton pouvoir seulement lors de l'embuscade que les Invisibles nous tendront.

Elle hocha la tête, concentrée sur son objectif prochain.