2. Terribles conséquences

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Point De Vue Keefe:

Je sentis mon corps basculer, puis ma tête se cogner sur un objet dur, et je repris mes esprits, le cœur encore battant.

Sir Haflat, mon psychologue, me regardait, paniqué.

Je portai la main à l'arrière de mon crâne, et lorsque je la retirai, une pointe rouge se trouvait dessus. Mon sang. Apparemment, il avait voulu me secouer pour me réveiller et ma tête était partie en arrière, avant de heurter la table en bois massif.

Il me demanda immédiatement, avec un ton de reproche et sans même s'excuser:

- Vous avez encore revu cette scène? Cela vous fait du mal, vous ne devriez pas.

Oui, je le savais bien, il fallait que je l'oublie pour que la culpabilité ne m'atteigne pas.

Mais je ne pouvais me défaire de son souvenir et, tout comme les autres, je ne le voulais pas.

Je le regardai sans répondre. Il soupira et passa la main dans ses cheveux d'un beau blond-doré, qui me rappelaient affreusement ceux de Foster, ceux de Sophie Foster, ceux de Sophie. Ceux de ma Sophie.

Et je replongeai dans mes pensées.

Depuis la bataille contre les Invisibles, j'étais devenu très taciturne, je pensais tout le temps à l'accident, sans pouvoir mettre les mots terribles dessus et je me plongeais souvent dans mes pensées, au détriment du monde "réel", ce qui inquiétait mes proches - enfin...ceux qui n'étaient pas détruits par la mort de ma Sophie... -

Ce qu'ils ne comprenaient pas, c'était que mon monde n'était rien sans elle.

Je n'étais pas complet avant de la rencontrer, puis j'avais vécu quatre ans de bonheur, avant de plonger dans les sombres profondeurs du désespoir.

Pourquoi avait-elle dû se prendre ce coup ? J'étais prêt à mourir pour elle ! Je ne pouvais vivre sans ses sourires, hésitants et lumineux. Pourquoi...pourquoi ?!

Chaque jour qui passait me faisait vivre l'enfer quand je voyais qu'elle ne reviendrait plus jamais.

Notre petit groupe s'était brisé à tout jamais, ne pouvant se réunir sans le lien principal, sans Sophie. Nous ne faisions pas face à sa mort ensemble, soudés contre le malheur. Non, chacun était terré dans son coin et en voulait aux autres. M'en voulait, à moi.

Fitz ne me parlait plus, ou sinon il me hurlait sa colère, je n'avais même plus besoin de le toucher pour la sentir.

Biana était devenue très sensible, elle pleurait tout le temps et restait cloîtrée à Evergleen en pyjama et les lèvres dépourvues du moindre gloss pailleté.

Dex faisait comme de rien, mais je sentais sa tristesse ininterrompue lorsque j'entrais dans la même pièce que lui.

Quant à Tam et Linh, je ne les avais pas revu depuis ces deux dernières semaines, soit depuis les Invisibles. Ils avaient disparu mystérieusement, comme si plus rien ne les rattachait ici. Ni leurs parents, ni leurs amis. Seule comptait leur gentille sauveuse qui était... partie.

Grady et Edaline dépérissaient, ne se nourrissaient plus et essayaient de rester loin des souvenirs de cette nouvelle tragédie familiale, même si chaque nouveau jour, au moins un elfe ou autre espèce, venait leur présenter ses condoléances.

Je fus de nouveau sorti de mes pensées par Sir Haflat, qui tenait maintenant un stylo et un petit carnet en cuir dans ses mains.

- Comment puis-je faire mon travail correctement si vous partez toujours on ne sais où ? Dites-le moi si vous ne m'aimez pas, bougonna-t-il.

Bien sûr que je ne l'aimais pas, d'une certaine manière. Je le connaissais seulement car l'incident avait eu lieu. Ce qui voulait dire que, si tout s'était bien passé, il ne serait pas là en train de discuter avec moi. Ou plutôt il ne serait pas là en train de me parler alors que je ne l'écoutais pas, ne disais rien et me repassais en boucle cette journée, sans tenir compte de ses conseils idiots.

Il commença à poser ses questions tout en écrivant sur son petit carnet. Je le laissai parler et glissai mon regard sur l'objet relié de cuir. Un petit oiseau gris était dessiné sur sa couverture.

- Colibri lunaire, murmurai-je en pointant l'animal du doigt.

Il eut l'air surpris. C'est vrai que je n'avais pas échangé beaucoup de mots avec lui depuis qu'il avait commencé à me suivre, deux semaines avant.

Aucun, en fait.

- Pardon ? Ah, vous parlez de ça. C'est une sorte...d'hommage... Je vois donc que la vue d'éléments en rapport avec feu Mademoiselle Foster vous fait réagir. Est-ce que vous feriez aussi ça avec.... poursuivit-il.

J'étais reparti dans mes souvenirs et ne l'écoutais déjà plus.

Quand Elwin avait annoncé l'évidence, personne n'y croyait, ou plutôt personne ne voulait y croire. Mais finalement, nous dûmes tous nous rendre à l'évidence, elle ne respirera ni ne rira plus jamais avec nous.

Lorsque Grady, Edaline et Sandor eurent observé le visage pâle, sans vie, de leur protégée, ils étaient restés figés, et même le gobelin avait pleuré.

Cette fois-ci elle était vraiment mo...partie, à cause des Invisibles. Nous n'avions aucune chance de la retrouver, en mauvais état, mais vivante. Edaline avait prit la main rigide de sa fille adoptive qu'elle, j'en suis sûr, considérait comme sa vraie fille et Grady avait posé la sienne sur les leurs, et ils avait fermé les yeux, lui transmettant tout ce qu'ils n'avaient pas pu lui dire lorsqu'elle était encore viv...présente.

Mes joues étaient trempées de larmes, mes yeux rouges, et mon cœur détruit.

Le lendemain, nos gardes du corps s'étaient excusés en pleurant.

Ils avaient tous été appelés par leurs dirigeants, mais nous sûmes ensuite que c'était en fait une ruse des Invisibles, qui avaient su exploiter nos faiblesses.

Seul Sandor et Ro étaient restés avec nous, décrétant que sinon il n'y aurait plus assez de gardes pour nous protéger.

Puis Sandor avait été obligé d'aider les Ruewen à protéger la propriété parce qu'on avait retrouvé des traces suspectes près de l'enclos du gorgodon, nous laissant sous la protection de Ro.

Mais celle-ci avait apparemment été empoisonnée avec des bactéries d'origines inconnues et s'était retrouvée très malade, et avait dû nous laisser seuls.

Ensuite, le Conseil avait débarqué et nous avait demandé de l'aide pour calmer une émeute. Il pensait que Sophie pourrait trouver les mots justes, qui calmeraient les dissidents, avec leur aide.

Résultat, Ro était en pleine forme désormais, mais le mal était fait. Le pire pour nous était sûrement qu'aucun décès n'avait été signalé, excepté celui du Conseiller Emery et de Foster.

J'aurais tout donné: mon shampoing spécial cheveux brillants, Mme Schlinguette, et même mes dessins de Sophie, pour pouvoir revenir deux semaines en arrière et la sauver.

Même s'il fallait que d'autres meurent. Même si elle n'aurait pas apprécié...

Je réalisai que, cet après-midi même, nous célébrerions son enterrement. Cependant, aucune larme ne franchit la barrière de mes cils, aucun cri ne s'échappa de mes lèvres gercées. Mes yeux s'étaient asséchés depuis son départ, à force de pleurer pendant plusieurs heures, jusqu'à en avoir une migraine horrible, et j'avais perdu ma voix à force de ne pas parler.

Je me dis soudainement, avec un souvenir de mon ancienne fierté, que je devais faire pitié à voir pour Sir Haflat, avec ma chevelure, autrefois resplendissante et rebelle, qui n'était plus qu'une masse informe et terne sur mon crâne.

Mes cernes ressemblaient plus à des bleus et s'étendaient plus que raison sous mes yeux sans éclats. Je n'avais plus jamais réussi à trouver le sommeil lorsqu'elle s'était elle-même endormie, et mon sourire semblait s'être envolé avec elle.

Bref je faisais peine à regarder et, bizarrement, cela m'importait peu.

Je voulais juste qu'elle revienne.

- Merci d'avoir répondu à toutes mes questions Monsieur Sencen, au revoir et à demain, m'interrompit Sir Haflat.

Je me levai sans répondre et me dirigeai vers la porte où un écriteau annonçant "Bureau du meilleur Psychologue des Cités Perdues".

Meilleur ? Le seul oui.

J'ouvris la porte et rentrai chez moi.

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