Prologue

8 Janvier 1850.


Cher journal,

Ici, le décor est blanc. Aucun son. Tout est si calme et paisible. Je ne sais pas si je m'y habituerais.

J'ai 25 ans aujourd'hui et peut-être même pour toujours. L'académie m'a recruté. Je dois faire mes preuves. Je dois prouver que je suis prêt à servir cette mission. Que je suis assez fort mentalement pour y aller.

Je ne sais pas à quoi m'attendre. C'est vrai qu'au fond j'ai un peu peur mais je me sens capable d'affronter la réalité. La vraie vie. Parfois sombre, parfois compliquée. Mais je serai là. Toujours là. Quelque part. Caché. Mais présent. Je suis convaincu que j'y arriverai.
Je sais qu'elle m'attend. Je sais que je la retrouverai. Je ne sais pas comment. Mais je vais y arriver. Il suffit de me manifester. De lui montrer qui je suis. Que j'en vaux la peine. Je vaux la peine d'exister, et tant pis si cela doit prendre des années. J'y serai. Toujours. Pour elle. Je vais me battre.
Les épreuves débutent demain matin. J'ai pris toutes sortes de potion bizarre que grand-mère m'a préparé. Je me sens prêt. Je vais y arriver. Et elle sera mienne, pour l'éternité. A jamais. Et quand le soleil se lèvera, elle voudra savoir》.

Des bruits de pas résonnent au derrière de ma chambre toute assombrie par la nuit tombée. Je n'aperçois pas la lune ce soir. Étrange. Cela ne prédit rien de bon lorsque les cieux s'y mettent. Sûrement une mauvaise nouvelle.

- Tu es là? Me demande une petite voix au derrière de la porte de ma petite chambre rectangulaire. Ma chambre est aussi étroite qu'un placard. Elle est disposée en long, seul un lit une place sur le côté gauche et un minuscule bureau sur le côté droit sont placés. C'est les seuls mobilier que j'ai ici. Je ne souhaite pas y rester très longtemps de toute façon. Je suis dans cette académie pour faire mes preuves. Mais je ne souhaite pas y rester indéfiniment.

Je prends soin de ranger mon carnet secret dans mon sac et je me dirige enfin vers ma porte en bois. Ma petite chambre est vraiment minuscule pour quelqu'un d'aussi grand que moi.

- Je suis là, dis-je en chuchotant tout en lui ouvrant la porte.

- Sois discret, je ne voudrais pas que l'on nous surprenne. Me répond-elle en entrant sur la pointe des pieds.

Sa silhouette est sombre tout comme la pièce éclairée par la seule lueur de la lune. J'aperçois difficilement son visage mais je reconnais ses longs cheveux dorés coiffés d'une tresse et ses petits yeux verts qui brillent. Sa main prend la mienne. Je peux deviner qu'elle angoisse.

- Les épreuves débutent demain. Tu devrais aller te reposer. Je rétorque.

Celle-ci me mène jusqu'à mon lit. Nous nous asseyons puis elle soupire.

- Je voulais te souhaiter une bonne chance. J'ai décidé d'abandonner. Cette vie n'est pas pour moi. Me déclare-t-elle.

Je reste bouche bée. Le choix qu'elle vient d'effectuer la pousse à finir sa vie six pieds sous terre. Père ne va pas être content.

- Mais pourquoi Jenna? Je lui demande paniqué.

Sa voix devint sombre mêlée à de la tristesse.

- Je n'aime pas cette idée de faire le bien. Tu n'as pas vu ce qu'il se passe? Le monde va mal. Il est rempli d'injustice. Le bien ne résout plus rien. Le mal ne se bat plus que par le mal et cela tend à prouver ma rage de l'injustice, ma colère de ce monde qui tourne au désastre! Les gens sont de plus en plus mauvais Nat'. Je dois m'en aller. J'ai désobéis.

- Comment ça tu as désobéis Jenna? Je la regarde, perplexe, les yeux larmoyants. Je ne veux pas qu'elle s'en aille. Pas maintenant.

- J'ai incité quelqu'un à faire le mal. Père l'a su. Il me renie. Je ne fais plus partie de votre monde. De ce monde. Je veux vivre comme je le souhaite. Comme je l'entends. Je veux être libre tu entends ?

Elle se rapproche de moi et me serre dans ses bras. Son odeur caramel embrume mes narines. Cette odeur si familière me manquera tôt ou tard.
Elle se détache de mon étreinte
et me dit enfin ;

- Je te souhaite bonne chance mon frère. Désormais, nous ne pourront plus nous voir. Notre union fraternelle s'arrête ici. Je sais que tu vas y arriver, tu portes ce fléau en toi. Cette bonté, cette bienveillance. Tu vas réussir. Nous nous retrouverons dans quelques années, je te le promets.

Je me lève de mon lit, surpris, apeuré. Je ne sais pas comment réagir. Crier ? Pleurer ? Je suis pris de douleur par la souffrance qu'elle vient de m'infliger. Elle nous a trahit. Elle a déroger au protocole. Elle a désobéit aux règles, à nos valeurs. Mais pourquoi bon sang? Elle a incité au mal ? Mais de quel mal? Une tentation? Une infraction? Un crime?

Jenna se lève et sans ne m'adresser un énième au revoir, elle referme la porte derrière elle et puis disparaît. C'est terminé.

J'entends alors, provenant de la pièce principal de cet internat; des sanglots, des hurlements, des voix hautes. Je suis terrifié mais je sors de ma chambre et je m'avance. Père est en train de discuter au sujet de ma sœur. Et elle se tient là, devant lui. Père dirige lui-même cet internat. Dès que nous dépassons la barre des 20 ans, tous les jeunes du royaume y sont envoyés pour faire leur preuve et gagner ce qu'on appelle "le prix de l'humanité". Tout un tas de règle est mis en place.

J'aurais aimé pouvoir la protéger comme je le faisais lorsque nous n'étions encore que des enfants et que nous nous amusions à embêter Père lorsqu'il travaillait avec ses apprentis. Père punissait souvent Jenna parce qu'elle répondait, alors moi, je sortais de ma cachette et je disais que c'était de ma faute et que c'était moi qui avait donné pour gage à Jenna de déchirer les feuilles du cahier des 10 règles d'or du royaume. Mais ce soir, c'était contre ma volonté. Elle avait pêché. Elle était allé contre nous. Elle était désormais contre moi.

- Tu as trahis ta famille Jenna. Le seul sort que je puisse t'infliger et de quitter cette terre. Le royaume d'Hyraux ne veut plus de toi mon enfant. Tu ne remettras plus jamais les pieds ici, tu m'entends ? S'écrit Père. Je ne t'ai pas élevé de la sorte ! Tu m'as déçu ! Tu ne gagneras plus jamais ma confiance. Sa voix est si grave et mélancolique. Il reste impassible mais je vois à son visage qu'il est abasourdi, rempli de frustration et de haine, mais surtout de beaucoup de tristesse. Comment son propre enfant peut-il lui manquait autant de respect? Comment son propre enfant peut-il le trahir à ce point?

Jenna fut déshéritée de ses fonctions de protection - quelques jours plus tard.
Le protocole prenant plusieurs jours dans le processus de cessation des fonctions. Celle-ci a quitté le royaume et je n'ai plus jamais eu de contact avec celle-ci. Dieu sait qu'elle me manque et qu'elle restera toujours ma sœur bien aimée. Mais elle a enfreint la règle d'or sacrée : numéro 10 "toutes et tous doivent, après serment, ne jamais enfreindre la loi qui est de ne pas inciter au mal. De ne pas succomber à la tentation. Celui celle qui désobeira sera immédiatement privé de ses fonctions et ce pour le restant de ses jours." Cette règle d'or numéro 10 est la plus importante des règles d'or. Car c'est celle qui peut, instantanément, nous faire déchanter. Ces règles d'or gouvernent notre mode de vie, nos comportement. Nous nous devons respect et bienveillance. Aucune trahison ne sera toléré.

À présent, Jenna et moi étions ennemis.

Elle prône le mal. Moi le bien. Chacun son camp. Et la guerre est déclarée.

Je m'allonge dans mon lit en larmes.  Mes yeux se ferment petit à petit de fatigue. Submergé par les émotions, j'essaie de faire abstraction de cette tristesse pour ce soir. Il me faut du repos pour demain mes épreuves physiques. Je dois obtenir cette certification.

Une fois que mon sommeil s'empare de mon être au fur et à mesure, je la vois, elle. Là, au milieu. Sa peau doré. Ses cheveux noirs inondés d'une intense lumière blanche. Le regard triste et vide. C'est elle. Je ressens la forte envie de la sauver, voire même, le devoir de lui venir en aide. Mais, qui est-elle? Et pourquoi toujours cette même fille dans mes rêves...? Et quand vais-je la rencontrer ? Mes visions s'avèrent de plus en plus puissante au fil du temps mais je ne comprends pas pourquoi. Une chose est sûre c'est que je me dois de la retrouver. C'est un appel, un signe. Je ne sais ni dans combien de jour ou même dans combien d'années ou de siècles. Mais nous nous rencontrerons. J'en suis sûr.

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