Chapitre 8

Diana

Bip, bip.

Le réveil se met à retentir de façon continue sans relâche. Je soupire. Ce n'est pas encore samedi bon sang !
J'éteins tant bien que mal celui-ci et me retourne du côté gauche du lit. Je le vois, mon bien aimé Kyle. Celui que j'aime depuis déjà 3 ans. Celui dont j'ai toujours  rêvé d'avoir et que j'ai eu. Kyle et moi venons d'aménager ensemble. On ne supportait plus d'être l'un sans l'autre. On a donc accélérer les choses pour louer un studio et le décorer à notre guise. Depuis que je suis avec lui, le temps semble être si rapide mais si léger. Je suis comme sur un nuage. Je vis un conte de fée. Il est si doux, romantique, agréable et attentionné. Il aime la vie, il a toujours les bons mots, les bons comportements. C'est une personne sincère et intelligente, tout le monde l'adore, mes parents l'auraient adorés aussi.

- C'est l'heure ma jolie. Me dit Kyle tout doucement en me déposant un baiser sur le front.

Je marmonne et lui réponds :

- Je n'ai aucune motivation! En plus, tu ne travailles pas aujourd'hui. Je pense que je serais malade comme ça on profitera de notre journée aujourd'hui.

Depuis quelques mois déjà, environ depuis Septembre 2017, j'ai commencé à travailler au sein d'un hôtel, je suis réceptionniste. J'avais par le passé fait des petits boulots d'etudiantes, mais comme les études ne sont pas faites pour moi j'ai voulu tout de suite travailler et avoir mon autonomie. Bien que ce job ne soit pas si loin de chez nous, il faut dire que je n'apprécie pas trop l'ambiance et la clientèle.

- Comme tu veux mais ne fait pas trop d'arrêt maladies, ils risqueraient de ne plus trop te croire. Rit alors mon charmant amoureux en me regardant droit dans les yeux. Qu'est-ce que j'aime son rire.

- Ça m'est égal, je n'aime pas ce boulot ! Et puis au pire, ils n'auront qu'à me remplacer! Dis-je en riant à mon tour.

Je me colle contre lui, sentir son cœur battre dans sa poitrine est pour moi un réconfort. Ses bras autour de moi me rassure. Je me sens si apaisée à ces côtés. Bientôt c'est son anniversaire, et j'ai prévu un voyage en amoureux à Barcelone, histoire de nous ressourcer. Kyle n'a pas eu une vie facile ces derniers temps. Entre le boulot qu'il n'a pas décroché, la mort de sa grand-mère et les tracas quotidiens j'aimerais qu'il puisse s'aérer l'esprit quelques jours. Car même s'il ne montre rien, son cœur à lui aussi est touché.

*

Je me réveille en sursaut. Encore un rêve qui paraissait réel. Je me tourne pour voir si Kyle est prêt de moi, mais non il n'est pas là. C'est comme si à travers mes rêves, je revivais des moments précis avec lui. Comme si je faisais un bond en arrière, une journée avec lui. Et le pire, c'est que ces rêves sont aussi précis que ce qu'ils étaient dans la réalité. Comme si la journée se produisait alors que je suis en train de rêver et que tout cela n'est plus vrai. Comme si je traversais les époques ou les événements. Comme si je voyageais à travers le temps. Mais je dois le ressaisir ce ne sont que les débris de ma mémoire qui se mélangent et qui veulent me refaire vivre ces doux moments ensembles, car il me manque éperdument.

Je regarde mon réveil posé sur ma table de chevet en bois qui se trouve sur ma droite. 4h35 du matin. Je passe mes mains sur mon visage pour me frotter les yeux. Encore une insomnie.
A chaque fois que je rêve de Kyle je n'arrive plus à me rendormir car je me souviens qu'il n'est plus là pour m'épauler ni pour me protéger. Je soupire et tombe en arrière, le crâne contre mon oreiller. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi? Je n'arriverai donc jamais à m'en sortir ? A avancer ? Je ne comprends pas. C'est comme si mon cerveau essayer de me faire culpabiliser ou bien m'empêcher de prendre un tournant dans ma vie, comme si on prenait possession de mes rêves, de ma vie, pour me faire croire en une réalité qui n'est plus.

Je n'ai finalement pas réussi à me rendormir de la nuit. Vers huit heures je me suis levée, pris mon petit déjeuner, enfiler ma tenue de sport et suis partie courir une bonne demi-heure. Lorsque j'arrive au coin de ma rue, une silhouette féminine me stop dans mon élan. Je reste alors droite comme un piquet, surprise par cette présence qui m'empêche de passer. Cette femme est blonde, grande, bien plus que moi. Ses yeux sont d'un bleus pétillants qu'ils ne paraissent presque pas réel. Elle dégage une aura si forte, d'une femme fatale. Elle est vêtue de vêtements noir en cuir, comme une combinaison de musicienne de rock. Je la scrute de haut en bas puis je m'exécute.

- Il y a un problème ? Je lui demande, ne sachant pas vraiment ce qu'elle cherche à rester figer face à moi. C'est comme si elle m'attendait. Comme si elle me connaissait. Elle se tient là, à quelques pas de ma maison.

- Excusez-moi. Bredouille-t-elle. Je suis à la recherche d'un homme, j'ai cru avoir entendu qu'il avait sauvé un petit garçon hier, d'une façon plutôt... magique dans cette rue. J'ai demandé à plusieurs voisins mais personne n'a su me répondre. Peut-être étaient-ils encore tous sous le choc de cette situation.

Je la scrute du regard. Semble-t-elle sincère ? Et pourquoi chercherait-elle personne d'autres que Nathanael ?
Je detourne le regard. Personne n'est à pied dans la rue, seulement quelques voitures passent mais personne ne pourrait m'aider à m'extirper de cette conversation étrange.
Peut-être est-elle une journaliste? Ou alors, elle le connaît personnellement? Pourtant il me semble nouveau dans la ville.

- Je peux savoir si vous l'avez aperçu hier alors ? Me demande-t-elle d'un ton plus sec sans me lâcher du regard. Ses yeux bleus deviennent glacés, comme du givre.

Un nœud se forme dans ma gorge. Sa présence ne me rassure pas. Essaie de ne pas penser à hier. Pense à autre chose, inventé un truc Diana, me dis-je.

- Je m'excuse, mais je ne vis pas dans cette rue. Lui reponds-je. En espérant que mes yeux ne m'aient pas trahis.

Elle me scrute de haut en bas. Mon jogging serré, mes cheveux en pétards prouvent tout de même que je suis du coin.

- Bien. Si jamais vous connaissez quelqu'un qui l'aurait aperçu, j'aurais quelques mots à lui dire. Voici mes coordonnées. Celle-ci me tend une petite carte, blanche aux bordures noires. Seulement un numéro y est inscrit. Mais pas comme un numéro normal, du moins qui ne semble pas venir de notre planète.

- Bonne journée. Me sourit-elle. Elle me contourne, et à l'instant où je me tourne, cette femme s'est volatilisé.

*

"Nathanael, Nathanael". Dis-je à voix haute, une fois rentrée chez moi. J'ai pris soin de faire encore deux tours de courses à pied avant de rentrer chez moi pour m'assurer que cette femme ne me suive pas.

Rien ne fonctionne. Bon sang ! Je m'écris toute seule. Il m'avait dit que si je pensais fort à lui, il serait là. Mais finalement, ceux sont des paroles en l'air. Personne n'apparaît quand on pense fort à eux, sinon tout mes proches seraient présent. C'est insensé. Je soupire et pars à l'étage prendre une bonne douche brûlante. Ce temps d'automne n'est pas le plus chaud de l'année. J'entre délicatement et tourne les deux levier du pommeau de douche, j'actionne l'eau chaude à plein fouet. La buée se répand dans toute la petite salle de bain. J'adore cette sensation de chaleur, je m'y sens bien. Je chantonne une petite musique que j'ai pris soin d'actionner avant d'entrer dans la douche. Je me savonne les cheveux, le corps et remets en route l'eau. Une fois l'eau ruisselant sur ma peau, j'apprécie encore quelques instants cette sensation quand, des pas, à l'intérieur de ma maison me font sortir de ma gaieté.

Quelqu'un s'est introduit chez moi. Comment est-ce possible? J'avais tout fermé à clef... un sentiment de panique m'anime, une angoisse prend possession de mon corps. Je tremble de plus en plus. Je continue de laisser l'eau couler sur mes cheveux bruns, j'agis comme si je n'avais rien entendu. Je me plaque contre le mur carrelé froid et tout à coup, la porte s'ouvre, délicatement. Je retiens ma respiration. Une ombre rentre dans la pièce.
J'ouvre la petite porte vitrée de ma douche, actionne l'eau brûlante et la jette sur la personne en question. Un grognement retentit.

- Diana bordel !

-  Qui êtes vous bon sang ! Je hurle.

La personne se tient toujours la porte qui est ouverte. Je ne peux toujours pas voir qui est-ce.

Il entre. C'est lui... Nath'

Je m'écris et ferme rapidement la porte vitrée encore remplie de buée. Pourvu qu'il ne m'est pas vu nue...

- Relax ma belle, je n'ai rien vu. Dit-il en entrant complètement. Il a pris soin d'enlever son t-shirt que j'ai trempé, ses muscles saillant me font face. Ses cheveux noirs sont tout emmêlés. Il est si séduisant...

- Qu'est-ce que tu fous chez moi! Lui Dis-je. Comment tu es entré? J'avais tout fermé à clef.

- Magie ma douce, magie. Dit-il en faisant sautiller ses sourcils.

Ça alors, ce mec est en fait un magicien?

- Peux-tu me faire passer ma serviette s'il te plaît? Elle est accroché, c'est la rose.

Il s'exécute, j'entrouvre la douche et enfile ma serviette, je sors et me poste sur le tapis. Mon corps dégoulinant d'eau.
Nous nous scrutons. Droit dans les yeux. Ses yeux comment à dévier, de mes cheveux, à la forme de ma poitrine couverte, jusqu'à mes jambes. Puis son regard remonte à mes yeux.

- Excuse-moi. Je dis pour briser le silence. Je dois me changer.

Il se racle la gorge et sors de la salle de bain. Je claque la porte en bois derrière lui. Sale psychopathe !

**

Une fois vêtue de mon pyjama, short et t-shirt noir, je descends. Nath' est assit sur mon canapé. Les bras étendu sur les coussins qui le décorent. Toujours le torse nu.

- Enfin! T'en as mit du temps pour te mettre en pyjama. Dit-il en se tournant vers moi.

Je m'approche de lui et m'assieds à ses côtés.

- Qu'est-ce que tu fous là? Je lui demande sévèrement. Nos yeux se fixent. L'atmosphère est pesante, mais pas de façon gênante. Il faut avouer qu'il m'attire plus que ce qu'il me repousse par son comportement. J'aime cette façon qu'il a de me défier.

- Tu as pensé à moi, me voilà. Dit-il en souriant. Ses lèvres pulpeuses dessinent un arc de joie. Ses faussettes se creusent au rythme de son sourire. Il est d'une beauté divine.

- Non, c'est faux. Dis-je, de marbre face à son corps d'apollon.

Il se redresse, et place ses bras sur jambes pour mieux m'observer. Son regard est perçant.

- Je ne suis pas ici pour jouer, Diana.

Je reste sidérée.

- Du moins, pas maintenant. Je suis ici car tu es en danger. Et moi aussi.

- En danger ? Je réponds. Comment ça ?

- Quelqu'un qui ne me veut pas du bien est arrivé dans cette ville il y a quelques heures.

- Oh! Oui, je sais, une femme blonde m'a arrêté au coin de la rue après le sport, elle te cherchait.

Sa mâchoire se crispe.

- Qu'est-ce que tu lui as dit ? Dit-il de façon énervée.

- Que je ne te connaissais pas.

- Bien. Le problème, c'est que j'ai usé de quelque chose que je n'aurais pas dû utiliser pour sauver le petit, l'autre jour.

- Oui, cette façon magique... c'était spectaculaire. Personne n'a remarqué, sauf moi, je crois. Dis-je toujours en le regardant. Ses yeux, quant à lui, sont rivés sur ses chaussures marrons.

- Diana, cette fille est dangereuse. Elle l'est pour toi et pour moi. Elle sait que tu me connais. Elle sait tout c'est certain.

Je ne comprends pas vraiment ce qu'il dit, je continue :

- Comment peut-elle le savoir si j'ai niŕ tout à l'heure ?

- C'est une longue histoire à te raconter. Mais, ici c'est trop dangereux. Je ne peux pas employer certain terme. Ça pourrait nuire à ma vie comme à la tienne. 

Comment ça "certain terme"? Me demande-je à moi-même. Quelle est cette histoire folle qu'il est en train de m'inventer encore?

- Je pige rien de ce que tu essaies de me dire Nath'. 

Il soupire et ses yeux noisettes reviennent alors sur moi. Il me fixe, l'air désemparé, comme s'il ne savait plus quoi faire. La situation est donc inquiétante et le voir de la sorte ne me rassure tout à coup, plus du tout. Lui qui semble pourtant si sûr de lui en général, aujourd'hui il est si froid et distant avec lui-même. Comme s'il voulait s'échapper de son corps, changer d'air et revenir. Mais la réalité est toute autre. Et je crois avoir compris que j'aurais besoin de lui autant qu'il aura besoin de moi pour une raison que j'ignore toujours, mais de ce que je peux en comprendre, c'est que quelque chose semble nous lier.

- Diana. La dernière fois, tu m'as posé une question. Je sais que le mot que je vais employer te mettra dans une colère noire et je m'en excuse d'avance. Mais, concernant l'accident que tu as subie il y a quelques années... 

Il s'arrête dans son discours. Mes yeux deviennent larmoyants. Il a compris que ce sujet me touche beaucoup. Mais comment est-il au courant de ce drame que j'ai vécu? 

- Ne t'en fais pas Nath'... Je suis à fleur de peau, mais je te laisse m'expliquer. Dis-je en battant des cils pour empêcher les larmes de couler.

Il s'approche tout doucement de moi, encercle mes mains des siennes comme pour me rassurer. La chaleur de ses mains dans les miennes font parcourir en moi un frisson de... plaisir. Tout mon être se sent si protégé à ses côtés. Il y a quelque chose de si magique en lui, de si divin et réconfortant par sa présence.

- Diana, ce que je m'apprête à t'avouer va te sembler dingue. Mais je t'en prie, prends le en considération.

Je regarde autour de moi, perdue. Je ne sais pas à quoi m'attendre de sa révélation. Qu'est-ce qu'il peut avoir en lien entre lui et moi? Notre rencontre s'est fait dans des circonstances si peu aimable, son comportement est si macho avec moi. Alors comment une personne comme lui peut-il être au courant de ma vie? Est-ce un pompier qui m'a aidé lors de l'intervention? Ou alors c'est un curieux qui a suivi l'actualité, car cet accident avait fait la une des journaux...

Mon corps se met à trembler par le stress que m'engendre cette ambiance. Mon cœur palpite de plus en plus rapidement : j'angoisse. Mes mains deviennent moites, et il le ressent. Son regard ne décroche pas du mien. Il inspire, se redresse, toujours ses mains encerclant les miennes. Puis, son regard devient alors changeant. On passe de la froideur à la peur.

- Nous devons quitter cette ville. Un temps. Toi et moi. 

Alors c'est ça ?

- Tu peux me dire pourquoi au moins?

- Je ne peux rien te dire tant que nous restons ici. Nous sommes menacés et je ne voudrais pas qu'un drame se produise par le simple fait de ma présence ici. Nous sommes réellement en danger. 

- Pourquoi moi aussi ? Je n'arrive pas à comprendre...

Il se lève alors du canapé et m'indique par un geste de la main de le suivre. Arrivé au pied des escaliers qui mènent à ma chambre, il me fait face. Il remet son t-shirt séché.

- Je te laisse une heure pour préparer tes affaires. Une fois faîtes, tu penses à moi et je serai là. Compris ?

- Attends ! Quoi ? T'as pas un téléphone à la place pour communiquer ? Je m'écris alors qu'il s'avance vers ma porte d'entrée. Et puis avec ce que tu viens de me dire j'avoue avoir peut de rester seule... Je bredouille, les yeux rivés sur lui.

- Diana, fais-moi confiance et ne pose pas de question.

Puis il ouvre la porte et me fait un clin d'oeil :

- A dans une heure ma douce, et pas une minute de plus.

Puis il referme derrière lui. Comment vais-je devoir annoncer à mon frère que je doive quitter la ville pendant quelques temps alors que je n'ai aucune raison à lui exprimer, que je ne sais même pas où nous partons ? Que se passe-t-il...?

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