Chapitre 5
Diana
Voilà bien deux semaines que je daigne de me lever de mon lit chaque matin. Il est onze heures quand mes yeux s'ouvrent.
Depuis mon licenciement à l'hôtel suite à mon répondant bien trop cru face à un client désagréable, me voilà de retour à ma vie bien morose. Dire que j'avais tout misé sur ma reprise dans ce foutu boulot. Je m'étais enfin promis d'aller de l'avant et d'avancer. C'est comme si la vie voulait que je m'enfonce davantage...
Je soupire. Même en dormant pendant des heures je trouve le moyen d'être exténuée à près de onze heures passé. Mais il faut que je me lève et que je retrouve une attitude et un train de vie un peu plus cadré. Déjà que je l'ai perdu pendant plus de deux ans, c'est maintenant ou jamais pour moi de me reprendre en main même s'il est bien difficile.
J'appelle mon petit frère et sa copine pour prendre de leur nouvelles. Depuis leur déménagement un vide s'est encore plus installé dans cette baraque. En peu de temps beaucoup de changement et de perte s'est invité dans ma vie et on peut dire que ce n'est pas de tout repos. Je me suis accrochée tant bien que mal à la vie, enfin à la chance que j'ai eu de survivre, pour mon petit frère. Le seul restant de ma famille.
Mais depuis ce fameux jour de l'accident, il n'y a pas un instant où je ne me suis pas posée cette question :
"Pourquoi ai-je survécu et pas lui?"
"Qu'elle était cette chaussure énorme? L'ai-je halluciné ?"
Aucune de ses questions n'aura de réponses. Même en ayant vu maintes et maintes fois des psychologues, tous m'ont dit que c'était certainement mon cerveau qui me jouait des tours dû au choc de l'incident. Et pour ce qu'il en est de ma survie, on me dit que ce n'était simplement pas mon heure ni mon destin. Mais moi je n'y crois pas. Je me dis que Kyle s'est sacrifié au moment du jugement dernier. Je n'ai que de vague souvenir de cette journée là. Je ne me souviens n'avoir vu qu'une énorme chaussure près de ma vitre brisée et avoir vu une lumière énorme. Puis ensuite, le trou noir jusqu'à ce que l'on m'annonce que Kyle était décédé.
Je décide de prendre un petit quelque chose à manger. Mais, à en voir mes placards, je vais devoir patienter car il n'y reste rien.
Bon, je vais donc devoir me forcer à m'habiller et à partir faire quelques courses.
Sans plus tarder, j'enfile un vieux jogging, j'attache d'un chignon mes cheveux et je pars immédiatement dans ma voiture en direction du supermarché le plus proche. Me voilà arrivée bien une dizaine de minutes plus tard.
Je prends un chariot pour y ranger mes provisions. Je m'arrête tout d'abord dans le rayon sucreries car c'est le rayon que je préfère. Je scrute les rangements pour y dénicher un sachet de nounours la guimauve mais à cet instant, bien trop concentrée par ma recherche, je me retrouve en collision avec un parfait étranger vêtu d'un gilet rouge ressemblant bien évidemment à l'uniforme des employés du magasin.
Gênée, je rougis. Celui-ci étant de dos en train de ramasser les quelques paquets de stock tombés. Lorsqu'il se retourne mon regard s'assombrit. Oh merde. C'est pas possible.
- Tiens. S'étonne-t-il. Ça ne m'étonne pas que vous vouliez vous vengez à moi.
- Je ne pensais pas que vous travaillerez ici vu l'allure de petit bourgeois que vous teniez la dernière fois à l'hôtel.
Il se met à rire sarcastiquement.
- Que je travaille ici? Sûrement pas. Je porte un gilet rouge, certes, mais ce n'est pas un uniforme mademoiselle.
- Autant pour moi dans ce cas. Vous voudriez bien m'excuser mais j'ai des courses à faire.
Je le contourne avec mon chariot lorsque celui-ci se met à dire assez fort derrière mon dos.
- Toujours aussi peu aimable. On ne vous a pas appris les bonnes manières.
Je reste figée et je sens la colère monter en moi. Comment ose-t-il?
- Je me suis excusée. Dis-je en me retournant pour lui faire face. Mais je crois pouvoir constater que vous avez une dent contre moi pour je ne sais quelle raison.
Il soupire, se passe une main dans les cheveux puis se rapproche de moi.
- Accepteriez vous de prendre un café avec moi pour repartir sur de meilleures bases très chère?
Je lève les yeux au ciel. Mais quelle est cette façon d'aborder les femmes. Déjà qu'il m'a coûté mon travail...
Je pense alors à Kyle. Si j'accepte cette proposition j'aurais l'impression de le trahir à tout jamais.
- Il ne faut pas non plus 10minutes pour dire oui ou non demoiselle? Il fait sautiller ses sourcils.
- C'est d'accord. Je bredouille timidement.
- Rendez-vous à 14 heures au café de la place.
Puis il sort du rayon.
Ne sachant plus comment réagir face à ce mystérieux homme, je me précipite à mon tour hors du rayon pour lui dire finalement que j'ai d'autres choses de prévues. Mais il n'est plus là. A croire qu'il s'est volatilisé...
*
Devrais-je vraiment m'y rendre?
Voilà ce à quoi je pense depuis dix minutes maintenant. Ce fameux bel homme mystérieux qui me propose d'aller boire un verre alors qu'il y a quelques jours de cela il m'a fait perdre mon job. C'est le monde à l'envers. Je soupire longuement. Je regarde mon reflet à travers le miroir de ma salle de bain - pas très moderne - et je réfléchis. Après tout, qu'est-ce que j'ai à perdre? Si je m'y rends peut-être qu'il s'excusera ? A quoi bon.
Je me prépare rapidement, simplement et efficacement et comme convenu je me rends au bar où celui-ci est censé m'attendre.
Je scrute les quelques tables de la terrasse pour essayer de l'apercevoir. Toujours rien. Puis au loin, un homme vêtu d'une chemise blanche et d'une veste de costume noir me fait des grands gestes. Bingo, je pense en roulant des yeux.
Je m'approche de sa table.
- Et bien! Dit-il. Je commençais à m'impatienter, j'étais sur le point de quitter la table...
Mais je ne le laisse pas terminer sa phrase que j'enchaîne :
- Tu vas pas commencer avec ton foutu caractère désagréable sinon je fais demi tour et je rentre chez moi. Ce n'est pas comme si j'avais très envie d'être là de toute façon !
Il me regarde fixement et souris.
- J'aime bien ça. Assied toi je t'en prie.
Je le dévisage et m'installe en face de lui.
Cet après-midi risque d'être longue...
*
- Alors, dis-moi un peu, que fais-tu de ta vie Miss? Me demande-t-il en buvant son café.
Mais pourquoi veut-il savoir?
- Je ne comprends pas l'intérêt de ce rendez-vous ni même de tes questions. Qui es-tu au juste?
- Nathanael Faure pour vous servir mademoiselle. Dit-il en faisant sautiller ses sourcils.
Je soupire et rétorque ciniquement :
- Je ne fais plus rien depuis que j'ai été licencié par ta faute.
Il me scrute avec un léger sourire malicieux.
- Dois-je insinuer que j'ai été le problème à cela? Me demande-t-il comme s'il faisait semblant de ne pas comprendre.
Je lève les yeux au ciel. Le temps devient légèrement grisâtre comme mon humeur mélancolique et colérique face à ce jeune homme qui me tape sur le système.
- Je dois rentrer, je n'ai pas la tête à ça. Je crois que j'ai de vraies choses plus importantes à faire que de discuter avec un inconnu. Bye.
Puis je me lève lorsque celui-ci murmure une phrase qui me glace le sang :
- Un inconnu bien plus proche que tu ne le crois ma jolie.
Puis en l'espace d'un instant je me retourne vers Nathanael mais il n'est plus là. Comme s'il s'était évaporé, aucune trace de lui. Comme si ce rendez-vous provenait de ma pure imagination. Mais qui peut bien se cacher derrière cette façade aussi attirante que mystérieuse...?
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