Chapitre 3
Diana
- Et voilà ! Dernier carton ! Dis-je tout essoufflée. Je range celui-ci dans l'arrière du camion loué pour le déménagement de Jason. Je m'adosse contre la carrosserie et m'essuie le front - plein de sueur - à l'aide de ma main.
- Merci pour ton aide Diana. Me dit Cindy de sa douce voix.
- C'est avec plaisir, vous savez que vous pouvez compter sur moi quoi qu'il arrive. Je lui réponds en souriant.
C'est vrai que voir mon petit frère quittait mon cocon, enfin, notre petit cocon familial me chagrine un peu. Nous avons passés tellement d'épreuve ensemble.
Jason sort à cet instant de ma petite maisonnette et nous rejoint.
- Va falloir filé en vitesse récupérer les clés au bailleur. Dit-il en s'adressant à Cindy.
Puis il se tourne vers moi et me sourit. Son beau petit sourire d'enfant.
- Merci pour tout Diana. Je n'en serais pas là sans...
Je le coupe directement. Je ne veux pas m'effondrer en larmes alors que c'est le jour le plus merveilleux de sa vie.
- Je passerai autant que vous le voudrez ! Dis-je en le prenant dans mes bras. Ce n'est pas un adieu. Alors on va pas se faire des discours quand même ! Dis-je en riant pour détendre l'atmosphère.
- Tu as raison. Finit-il par avouer. Allez grimpe Cindy, on y va.
Celle-ci monte dans le grand camion de déménagement. Mon frère prend le côté conducteur. Il abaisse la vitre et me fait un signe de la main.
- On se revoit vite ptit frère ! Dis-je en criant.
Et les voilà partis.
* *
*
Une fois rentrée chez moi, je reste debout, plantée au milieu de mon petit salon. Je tourne en rond. Toutes sortes de pensées refont surface. Le départ de mon frère, ma grande souffrance qui ne fait qu'accroître par le manque de Kyle. Je ne trouve plus aucun sens à ma vie. Après mon accident il y a trois ans, j'étais encore étudiante. J'ai arrêté les études, je n'en avais plus le goût. J'ai fait un an d'année de césure. L'année d'après j'ai cherché quelques petits boulots à droite et à gauche mais sans succès. Maintenant, je travaille partiellement dans un hôtel. Je suis à l'accueil, je gère les réservations et tout ce qui s'en suit. Je n'ai pas encore la force de travailler à temps plein, mais j'imagine qu'il va falloir que je fasse un travail sur moi-même et que je m'y relance pour de bon. Le fait de travailler partiellement m'a un peu coupé du monde. Ma sociabilité s'est un peu restreinte. Mais je me suis fixée l'idée de reprendre ma vie en main, d'avancer de façon positive dans ce renouveau.
Pour le moment je ne travaille que les week-ends jusqu'au soir vingt-trois heures. J'ai une longue pause le midi qui se rallonge jusqu'à quatorze heures sinon je ne tiendrais aucunement le week-end entier. Aujourd'hui est mon jour de reprise à l'hôtel. Après avoir déposé un arrêt de travail suite à une longue série de "dépression", je reviens enfin. Je ne sais pas comment vont réagir mes collègues de travail, ni même s'ils sont toujours présent au sein de l'établissement. Peut-être y aura-t-il des nouveaux employés qui me prendront pour une nouvelle recrue?
J'enfile mon uniforme : chemise blanche et jupe noire. J'attache mes cheveux noires en un chignon. J'attache mes petites boucles d'oreilles en forme d'étoiles et me voilà prête après une bonne petite touche maquillage très léger. J'enfile mon manteau long noir et mes petites chaussures à talon. Je me dirige vers ma voiture et me voilà après vingt bonne minutes de trajet sur mon lieu de travail.
L'hôtel est imposant. Il se situe dans un espace plutôt verdoyant. Moins rural. Un immense hectare de verdure surplomb l'entrée du parking. L'hôtel n'est à proximité d'aucune habitation ni même du centre ville. Pour s'y rendre il faut bien mettre une vingtaine de minutes en voiture. Je gare on véhicule dans le grand parking. L'hôtel dispose d'une devanture toute dorée. Le nom est inscrit en argent sur le haut, au-dessus des portes automatiques de l'entrée : "Hôtel Coder".
Je sors de ma voiture avec une énorme boule au ventre. J'ai peur de ne plus savoir gérer. J'ai peur d'avoir tout oublié. Et si je craquais? Je ne sais même plus comment on décroche au téléphone de cette accueil... Je crois que je vais faire demi-tour et repartir m'enterrer sous ma couette...
Mais pas question, je dois faire preuve d'une responsabilité adéquat à mon âge.
J'arrive devant les portes transparentes automatique. J'inspire une grosse bouffée d'air frais et expire. Allez. Je peux le faire. Je vais y arriver. Cette onde de positivité doit rester ancrée en moi. Je dois continuer sur cette lancée.
J'entre enfin. L'immense hall en or me fait face. Tout est resplendissant. À l'entrée sur ma droite se trouve l'immense comptoir de l'accueil où une jeune femme d'une trentaine d'années aux cheveux aussi doré que la décoration - me sourit. Sur ma gauche des canapés sont posés pour les clients qui veulent faire une petite pause en dehors de leur chambre. Un long couloir, au derrière de cet espace mène au restaurant de l'hôtel où pleins de clients y sont installés.
Des lustres de diamants sont tous accrochés les uns après les autres au plafond. Ce n'est pas pour rien que cet hôtel est un hôtel de luxe. Rien qu'en y rentrant on peut y respirer la richesse à plein nez. Tout mon contraire.
Je me rapproche de l'accueil. Je tire sur ma chemise blanche histoire de ne faire apparaître aucun pli. Je suis stressée. Et ce geste me fait défaut lorsque la jeune blonde me le fait remarquer.
- Ne tire pas trop sur ta chemise. Tu risquerais de la déchirer.
Je lui souris gênée.
- Tu es la nouvelle? Elle me demande en faisant papillonner ses longs cils qui ressemble à des longues pattes d'araignées.
- Euh... non, je suis la revenante. Dis-je en bredouillant. Comment ça la nouvelle? C'est bien ce que je craignais...
A cet instant, un homme d'une cinquantaine d'années, un peu potelet, crâne rasé, sors de la porte de derrière le comptoir. C'est là où se trouve le bureau du dirigeant ainsi que la salle de pause. Je parie donc sur le fait qu'il s'agit de notre responsable d'équipe. Lorsque j'y étais, c'était une femme qui nous gérait. Comme quoi, en quelques mois, tout change rapidement.
- Mademoiselle Clink. Déclare-t-il d'un ton si lent suivit d'un geste théâtral de ses mains. Je suis monsieur Lord, votre responsable d'équipe.
- C'est bien moi. Dis-je timidement. Le regard fuyant rempli de gêne. Mais où suis-je? Je me suis sûrement trompée d'hôtel. Ma mémoire me fait défaut depuis mon accident d'il y a trois ans. Déjà j'aperçois des ombres dans un parking, maintenant je tombe sur un responsable digne d'une émission de télé ratée.
- Vous devez être la revenante. Continue-t-il avec son ton insupportable.
- C'est bien ça.
- Bien. Vous allez être formé par Madame Phawn. Ensuite vous tournerez un peu sur les étages. Vous vous assurerez que nos clients soient dans de bonnes dispositions.
- Entendu.
Celui-ci me fait signe de rentrer derrière le comptoir et de passer par la porte de derrière pour ranger mes affaires dans les vestiaires. Je pousse la porte et me voilà dans un tout autre espace. Un endroit plus froid, aux murs gris. J'entre dans le vestiaire tout pourri et range mes affaires dans le seul casier vide que je trouve où la poignée se trouve être cassé. Mon cadenas ne peut donc pas servir à grand chose. Je prie fort dans ma tête pour qu'on ne me vole rien. Je n'aimerai pas me retrouver au commissariat à vingt-deux heures parce qu'on m'aura volé mes papiers...
J'essaie de coincer au mieux la petite porte du casier mais en vain. Tant pis, me dis-je. Si cela devra arriver, ça arrivera. C'est dans ces moments-là que j'aimerai qu'une divinité puisse arriver et me montrer une solution, ou juste me faire un signe pour me dire que mes affaires ne craignent rien. Mais sceptique comme je le suis, je sais bel et bien que je n'ai personne qui me protège, et que personne dans ce ciel n'est là pour me sauver ou m'aider. La preuve en est : j'ai perdu tous les êtres que j'aimais le plus au monde. Il ne reste que mon frère et moi, si j'arrive évidemment, à remonter à la surface. Chose qui s'avère être très difficile. Peut-être ai-je de la chance d'avoir survécu à cet accident? Mais cela ne me prouve en rien que quelqu'un me protège, de toute façon, je n'y crois guère. Si un jour cela apparaît devant moi, alors là j'y croirai. Pour le moment je suis en colère avec la puissance divine qui potentiellement veille sur le monde terrien.
Je sors du vestiaire quelques secondes après avoir essayé tant bien que mal de trouver une solution pour mes affaires. J'ai songé à les cachés derrières les toilettes et fermer à clef celui-ci mais je ne voudrais pas me faire remarquer aussi rapidement alors que je viens de revenir depuis moins de trois heures dans l'hôtel. Ainsi, je les ai laissé comme il se doit dans le casier avec la porte à moitié ouverte.
Un peu stressée à l'idée de laisser mes affaires de la sorte, je regagne l'accès au comptoir d'accueil où la grande blonde aux yeux en pattes d'araignées m'attend, appuyée de ses bras sur le comptoir. Le dos cambré comme pour essayer de charmer le petit client qui vient d'entrer à l'instant dans le hall principal.
C'est un homme sûrement d'une vingtaine d'années. Je lui donnerai à première vue mon âge ou peut-être plus âgé. Il a les cheveux bruns plutôt mi-longs. En même temps qu'il s'approche je peux apercevoir ses yeux d'une couleur chocolat et des cils très longs qui donne à son regard un charme insoutenable. Ses traits de visage sont fins. Et son sourire le rend irrésistiblement attirant. Mais pourquoi il sourit d'ailleurs ? C'est alors que je remarque que ma coéquipière et moi sommes toutes les deux figés sur lui. Le regard insistant, comme s'il nous avait envoûté par une formule magique. Ce qu'il dégage est indescriptible. C'est comme s'il était surhumain. Un physique divin, digne d'un dieu grecque. Je peux deviner qu'à travers sa chemise noire se cache un torse aussi sculptée qu'une tablette de chocolat que je pourrai croquer sur le champ. Mais qu'est-ce qu'il m'arrive? Comment puis-je penser cela alors que je n'ai jamais rien ressenti depuis la mort de Kyle? Que me fait cet inconnu? Quelle emprise a-t-il sur moi sans même ne m'avoir adressé un seul mot?
Le voilà enfin devant nous. Il nous regarde l'une après l'autre puis il se racle la gorge.
- Mesdemoiselles. Dit-il pour nous saluer tel un gentleman.
Ma collègue se relève instantanément comme hypnotisé par ce charmant inconnu et reprend ses esprits petit à petit.
- Bonjour. Vous êtes? Elle lui demande en regardant ses lèvres et le bout de son torse qui dépasse par l'ouverture du col de la chemise de ce parfait homme qui se dresse devant nous.
Je reste derrière elle, silencieuse et obnubilée par cet individu remarquable. Rien que dans sa démarche nous en sommes restés cloués sur place, c'est dire.
- Je suis Monsieur Faure. Dit-il en présentant sa carte d'identité toute neuve.
- Bien, vous êtes enregistré à la chambre numéro 30. Voici vos clefs. La grande blonde se tourne pour décrocher les clefs qui se tiennent sur l'immense tableau réunissant l'ensemble des clefs de l'hôtel. C'est alors que le regard de cet homme croise le mien et une sensation de froid transperce mon dos tout entier. Une sensation que j'ai connu il y a quelques jours de cela. Un énorme frisson. Je détourne mon regard vers mon ami qui ne voit pas le trousseau rangé sur le tableau. Elle disparaît cherche le responsable de notre équipe et ils reviennent.
- Hum, effectivement c'est étrange que les clefs ne soient pas là. Mademoiselle Clink, allez faire un tour à la chambre numéro 30. Si les clients y sont toujours dites leur de sortir. Ensuite vous appellerez la femme de ménage pour qu'elle puisse s'occuper de cette pièce et vous donnerez ensuite les clefs à notre nouveau client.
Sans plus attendre je sors de l'accueil par la petite porte en bois. Le regard de ce mysterieux inconnu pèse sur moi. Je le sens me regarder à chaque pas que je fais. Je lève les yeux vers lui et nos regards se croisent de nouveaux. Qu'est-ce qu'il cherche avec son regard insistant? A me charmer et vouloir assouvir ses pulsions masculines le temps d'une nuit? En plus avec une personnelle de l'hôtel ? Pas très futé...
Je monte à l'étage où se trouve la fameuse chambre numéro 30 et je tape avec insistance. Personne ne répond. Je passe alors ma carte professionnelle pour ouvrir la porte en cas de danger, et me voilà à l'intérieur. Personne. Les clés se trouvent sur le petit meuble à droit de l'entrée. Décidément ils se sont échappés. Je prends le petit trousseau et je regagne le hall. Je donne les informations au responsable et je fais signe au client de revenir, celui-ci s'étant assit sur les canapés le temps d'attendre des nouvelles.
- Voici vos clefs. Je lui dis en lui tendant lorsqu'il revient vers le comptoir de l'accueil.
- C'était pas trop tôt. Lache-t-il d'un ton désagréable.
Plutôt beau gosse mais son caractère semble insupportable.
- J'ai fait du plus vite que j'ai pu Monsieur. Dis-je pour ne pas paraître désagréable et montrer mon côté professionnelle. Mais si je n'avais eu rien à faire de mon poste, je l'aurais envoyé balader directement.
- On paye pour attendre trente minutes les clefs de sa chambre. J'espère au moins que mes draps sont propres et que le restaurant est bon. Sinon je ne manquerais pas de répandre un avis des plus mauvais qu'il soit sur votre site.
J'avale ma salive et me mords la langue mais je ne peux m'empêcher de rétorquer;
- Bah si vous n'êtes pas content vous n'aviez qu'à juste annuler votre réservation et dégagez d'ici ! Dis-je sur un ton élevé.
C'est alors que mon responsable sort.
- Qu'est-ce qu'il se passe ici? Il me demande.
Je me tourne d'un seul coup vers lui, désemparée.
- Et en plus le personnel et fort irrespectueux. Continue l'homme aussi beau qu'énervant.
Il soulève les épaules puis d'un sourire narquois me lance;
- Je tâcherai de vous revoir Mademoiselle.
Puis il disparaît vers l'ascenseur pour regagner sa chambre.
Mon responsable me regarde avec des yeux noirs remplis de colère et me fait signe de son index de le suivre.
Mon cœur bat à dix milles sous ma poitirne. Je crains de me faire renvoyer alors que je viens seulement de revenir après des mois de dépressions.
Le petit homme potelet m'ouvre son bureau. J'entre et il referme derrière lui.
- On ne vous a pas appris lors de vos formations que le client est roi ? Qu'il faut faire preuve de bon sens et de respect? Il me dit en haussant le ton. Il appuie ses deux grosses mains sur son bureau en pagaille et me fixe.
- Je...je... Si, mais il était en train de menacer l'hôtel, et j'ai pris la défense de mon lieu de travail. Dis-je.
- Ce n'est pas valable. Vous devez être courtois et ne pas aller à l'encontre des dire de nos clients. Alors, je vais vous faire une fleur pour aujourd'hui Mademoiselle Clink. Je sais que vous revenez d'une longue série d'épreuve difficile, mais maintenant ça ne s'excuse plus. Vous devez avancer. Si vous tenez à votre poste, du moins. Vous allez allez vous excuser auprès de ce client et vous allez lui faire une offre sur notre restaurant ou sur le prix de sa chambre. Si vous n'acceptez pas je serais contraint de suspendre votre contrat. Vous m'entendez ?
Je soupire et quitte le bureau. Cette journée commençait bien jusqu'à ce que ce débile de riche mystérieux et beau gosse ne se pointe dans l'enceinte de l'hôtel suivit de son ton arrogant et insupportable. Je n'aime pas que l'on me prenne pour je ne sais quoi tout ça par le rang social qu'on détient. Mon côté sauvage a parlé et je ne regrette aucunement mes dires. Je n'ai fait preuve que de répondant. Il m'a attaqué, je rétorque.
Je m'avance vers les vestiaires et m'appuie contre mon casier. Ma collègue est en train de se changer, sa journée étant terminé.
- Je suis désolée. Lui dis-je.
- T'excuse pas, ça arrive à tout le monde. Puis c'est pas Monsieur Lord qui va te virer. Ça arrive à tout le monde de perdre patience. Finit-elle.
- Il a menacé de rompre mon contrat si je ne m'excuse pas auprès de client arrogant.
- C'est du donnant donnant avec lui. Je te conseille de le faire. J'ai été confronté à ça aussi, si tu tiens à ce que Lord ne saisisse pas le directeur, fais le. Puis, il est plutôt canon ce client. Lâche-t-elle en roulant des yeux. Moi j'y serai allée et je me serais faite pardonner dans son lit. Glousse-t-elle.
Et bien, ça alors...
- C'est un peu contre le règlement et puis, je ne connais pas cet homme et me taper un inconnu ça ne m'intéresse pas. Je lui réponds en levant les yeux au ciel. Je lui ferai une réduction sur sa réservation et j'en entendrais plus parler.
- Dépêche toi alors, ce client n'a réserver que pour trois nuits.
Je hoche de la tête et repars vers le comptoir de l'accueil où l'équipe de nuit s'installe. Je termine dans moins de deux heures. J'irai m'excuser auprès de Monsieur Faure aka le client aussi sexy que divin au caractère fort désagréable - demain. Je profiterai pour passer ma nuit à réfléchir à comment essayer de ne pas paraître trop piquante lorsque je lui présenterai mes excuses et surtout à comment essayer de résister à son charme, lui qui m'a scotché en deux secondes lorsqu'il est entré dans ce hall.
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