Chapitre 32
Le calme après la tempête
L'infirmerie était plongée dans le noir à cette heure avancée de la nuit. Beaucoup plus de sorcières et de sorciers s'y reposaient qu'à l'ordinaire: le trio d'or (évidemment) ainsi que Zabini, Goyle et Malefoy. De plus, bien qu'elles n'aient pas été blessées, Pansy et Ginny dormaient aussi dans les lits voisins de leurs amis, ayant refusé de les quitter.
Drago n'arrivait pas à fermer l'oeil. Il avait fait une assez longue sieste plus tôt et maintenant il ne faisait plus que se retourner d'un côté puis de l'autre en espérant finir par trouver le sommeil. La journée avait été interminable — surtout puisqu'il avait utilisé le retourneur de temps — et très riche en émotions. Le blond admettait totalement être une drama queen d'habitude, mais là, il avait véritablement eu raison de craindre pour sa vie. Juste d'y repenser faisait trembler ses membres sous les draps trop minces. Le printemps débutait peut-être bientôt, pourtant il avait froid.
Le serpentard s'empara instinctivement de sa baguette posée sur la table de chevet et enchanta une boulette de papier. Il se redressa ensuite à moitié pour la lancer sur la tête de Potter à l'autre bout de la pièce. Ce dernier grimaça, agacé, se demandant sans doute ce qui l'avait réveillé. Malefoy se dépêcha alors de faire semblant de dormir, un timide sourire aux lèvres. Seulement trois petits mots figuraient sur la feuille: Viens Harry, s'il-te-plaît.
Son coeur se mit à battre de plus en plus vite, dans l'attente insoutenable de la réponse du brun. Il entendit finalement un profond soupir, avant que le grincement d'un lit n'indique que quelqu'un venait de se lever. Sa respiration s'accéléra imperceptiblement, jusqu'à ce qu'un corps chaud se presse contre son dos. Toute la tension qu'il avait accumulée s'évapora d'un coup et Drago se retourna prestement pour se blottir dans les bras de son gryffondor. Malgré lui, le mélange d'épuisement et de soulagement eut raison de lui. Sans qu'Harry ne s'y attende, le blond éclata faiblement en sanglots, s'accrochant frénétiquement à lui.
— J'ai, j'ai failli... mourrir, hoqueta-t-il en chuchotant.
Sauf avec Narcissa et Pansy, il ne pleurait jamais librement devant qui que ce soit. Quand il était plus jeune, si son père avait le malheur de le voir ou l'entendre, il se mettait extrêmement en colère et le punissait. En grandissant, Drago s'était promis de ne plus jamais pleurer devant un homme. Ils ne comprenaient pas de toute façon.
— Shhh... ça va aller, le rassura Harry en déposant un doux baiser dans ses cheveux.
— Non, ça va pas, rétorqua le serpentard, les joues baignées de larmes.
Le brun resserra son étreinte autour de lui.
— C'est correct d'avoir besoin d'une pause des fois.
Malefoy continua de pleurer pendant plusieurs minutes, puis bercé par les caresses régulières dans son dos, ses larmes se tarirent progressivement. Il ne savait vraiment pas ce que Potter avait de si spécial pour le mettre dans un tel état, mais il se sentait... en sécurité, bien, à sa place. Il avait envie que ça dure pour toujours.
❦❦❦
Le soleil brillait haut dans le ciel lorsque Drago reçut une visite de son parrain. Severus l'informa que Lucius était condamné à trois ans de prison. Étonnamment, ça ne lui fit ni chaud ni froid. Le blond se fichait pas mal que son père puisse être en prison. Quand il s'était réveillé, Harry était à ses côtés, lui offrant un joli sourire charmeur. Ça c'était bien plus important que les conneries de son père. Il avait pris une décision.
Quand Severus le laissa enfin respirer après s'être assuré que madame Pomefresh avait fait son travail à la perfection, il décida de déjeuner au lit avec son beau brun. Le gryffondor avait les cheveux encore plus en bataille qu'à l'habitude. Drago ne manqua pas cette occasion de se moquer de lui, avant d'aborder un sujet un peu plus sérieux:
— Harry, ce soir, j'aimerais te parler d'un truc...
— Quel genre de truc?
— Un truc important.
— Okay.
— Donc tu viendras dans ma chambre.
Potter lui jeta un regard éloquent sur ce qu'il pensait de ce fameux truc, mais le serpentard n'avait pas la tête à ça.
— Pour parler, précisa-t-il.
Soudain, la porte de l'infirmerie s'ouvrit avec un bruit fracassant et une petite tête brune en émergea. Nicholas se précipita sans attendre vers Malefoy pour le serrer fort.
— Comment ça va?! J'étais tellement inquiet pour toi!
— Euh oui, ça va. Inquiète-toi pas pour moi.
Le plus jeune lui raconta ensuite avec entrain que c'était sa grand-mère qu'il avait aidé au ministère et que grâce à elle, il avait évité de justesse de se retrouver face à face avec sa version future. Harry parvenait difficilement à cacher sa jalousie, puisque le blond le voyait du coin de l'oeil fusiller son ami du regard. Ça le faisait un peu rire intérieurement.
Quand Nicholas fut parti (chassé par madame Pomefresh, car il dérangeait les convalescents), Drago s'éclipsa à son tour en douce pour rejoindre la maison d'Hagrid. Il voulait voir Artémis et poser des questions au géant. Après tout, la dragonne avait surgit de nulle part au ministère, il devait bien y avoir une explication pour cela.
— Bonjour Hagrid, lança-t-il avec une bonne humeur exagérée quand ce dernier lui ouvrit la porte. Tu vas bien?
— Disons que ça pourrait aller mieux, répondit celui-ci l'air fatigué. Toi?
— Pareil.
Malefoy entra alors timidement et son professeur de soin aux créatures magique lui offrit du thé qu'il accepta avec joie.
— Laisse moi deviner blondinet, t'es venu ici pour Artémis?
Le serpentard acquiesça vivement, le regard rempli d'espoir.
— Vous savez pourquoi elle m'a sauvé?
— C'est difficile d'être certain, mais j'ai une p'tite théorie, confia-t-il en laissant planer le suspense quelques secondes. Je pense qu'Artémis serait peut-être ton animal familier.
— Quoi?
— T'sais, hier, quand t'étais en danger, elle s'est mise à grogner et à essayer de s'enfuir, alors qu'elle avait jamais fait ça avant! J'comprenais pas ce qui se passait. Puis j'en ai parlé à la directrice et j'ai su pour l'attaque du ministère. Étonnamment, c'est Minerva qui a décidé d'aller contre le règlement et de laisser Artémis se rendre là-bas.
— Wow... je me demande vraiment comment elle a pu savoir que j'avais besoin d'aide à ce moment-là? Est-ce que c'est comme ça avec tous les animaux familiers?
— J'imagine que ça dépend du lien entre les deux. Tu devrais aller la voir.
Le visage de Drago s'illumina aussitôt à l'entente de cette dernière proposition.
— C'est vrai? J'peux la voir?!
Hagrid sourit.
— Suis-moi, elle est dans la forêt interdite.
— Euh... la forêt, interdite?
— Ah! J'oubliais que t'es toujours un gros peureux! rigola le géant.
Ils marchèrent une dizaine de minutes tout au plus, avant de se retrouver face à l'énorme créature. Elle était retenue dans un enclos magique qui l'empêchait de s'envoler. En les apercevant, Artémis abaissa sa tête vers eux et les poussa gentiment en signe de salutation. Sans que le blond ne s'y attende, il vit une larme couler sur la joue du géant que celui-ci s'empressa d'essuyer.
— Ils vont la renvoyer en Roumanie... sanglota-t-il et Malefoy ne sut pas quoi dire pour le consoler.
— Peut-être qu'elle va être plus heureuse là-bas? tenta-t-il.
— Je sais... Harry et Hermione m'ont déjà dit d'arrêter cette obsession pour les dragons. À chaque fois, je finis triste quand ils s'en vont.
Un moment de silence s'installa, puis Hagrid enchaîna:
— Tu devrais profiter d'elle aujourd'hui, ils vont l'emmener demain matin.
Sous les yeux ahuris du serpentard, il désactiva l'enclos magique. Aussitôt, les grandes ailes de la dragonne se déployèrent de toute leur envergure.
— Qu'est-ce que tu fais? T'as pas le droit de faire ça, non?
Le géant lui fit signe de se taire en posant un doigt sur sa bouche.
— Je te fais confiance pour être revenu d'ici ce soir, mmh? Aller, va voler avec elle!
Malgré lui, le blond se rappela furtivement du fameux incident de l'hyppogryffe en troisième année. Il avait encore un peu peur. Artémis le regarda à nouveau comme si elle lisait son âme. Avec un grognement d'encouragement, elle le poussa vers son dos pour qu'il grimpe.
— Si je meurs, ça va être de ta faute, grommela-t-il en osant la monter.
— Accroche-toi bien! lança son professeur juste avant que la créature ne décolle à une vitesse folle.
Le cri du serpentard fut si intense qu'on l'entendit probablement à des kilomètres à ronde.
— Tu veux vraiment me faire mourir de peur après m'avoir sauvé?! s'exclama-t-il tandis qu'il s'accrochait de toutes ses forces.
Artémis grogna pour toute réponse. Elle fendait l'air avec puissance à chaque battement d'ailes, s'élevant toujours plus haut. Lorsqu'ils atteignirent les premiers nuages, Drago pouvait à peine respirer. La dragonne fondit alors en piqué jusqu'à la cime des arbres, avant de se redresser brusquement. Pendant quelques secondes, Malefoy avait sentit son corps flotter dans les airs.
Après leur vol rocambolesque, le blond posa finalement ses pieds au sol. Il tanguait encore plus que lors d'une soirée bien alcoolisée et sa nouvelle amie le rattrapa avant qu'il ne s'écrase par terre. Toutes les pirouettes d'Artémis lui avaient complètement retourné le cerveau.
Quand le soleil se coucha, Hagrid dut réactiver l'enclos magique et elle n'apprécia pas particulièrement.
— Elle sait ce qui s'en vient je pense, lui dit le géant. Ou en tout cas, elle se doute de quelque chose.
Drago lui fit ses adieux en essayant de paraître nonchalant. Ce n'était pas si loin que ça la Roumanie, non? Il se promit d'aller lui rendre visite bientôt.
— Bon voyage, chuchota-t-il simplement en enserrant son cou.
Il valait mieux garder les au revoir courts.
❄︎❁✾
Le soir venu, allongés dans le lit du blond, Harry et Drago se regardaient droit dans les yeux comme les amoureux transis qu'ils étaient. Les deux garçons reprenaient encore leur souffle après une longue séance de baisers passionnés.
— Hum, sinon, de quoi tu voulais me parler? amorça le gryffondor.
Malefoy voulut répondre « de nous » mais se retint, car c'était mille fois trop cliché. Il adopta plutôt une méthode davantage serpentarde:
— Potter, à partir de maintenant je t'interdis de m'abandonner. T'as décidé de me coller même si j'te disais d'me foutre la paix. Là c'est rendu trop tard pour changer d'idée.
Le brun éclata de rire, totalement heureux de cette nouvelle obligation.
— Je vais pas t'abandonner princesse, t'inquiète. Mais attends, tu disais pas que tu voulais plus jamais me voir après Poudlard, genre la semaine passée..?
Drago leva théâtralement les yeux au ciel.
— J'ai menti Potter! J'pensais que tu commençais à me connaître.
— T'as menti?! Mais pourquoi?
— Pour pas te donner des faux espoirs, expliqua le blond avant que le gryffondor ne s'emporte. Et aussi... pour pas ME donner des faux espoirs.
Harry soupira bruyamment.
— S'il-te-plaît, sois honnête avec moi la prochaine fois.
— Mmh...
— T'aimerais ça que j'te mente moi? Que j'te dise que j'veux plus te voir rendu à la fin de l'année?
— Non... Abandonne-moi pas, insista Malefoy d'une petite voix.
— Mais non! Promis, j'vais pas t'abandonner!
— C'est facile à dire, mais tu sais jamais ce qui va arriver.
— Pourquoi tu me le demande alors si de toute façon tu me crois pas?
— Pour que tu te sentes mal le jour où tu vas me laisser, murmura son joli blond d'un ton un peu trop serpentard à son goût.
Je suis comme Hagrid, j'ai une obsession pour les dragons :3
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