45.
Les vacances sont passées à une vitesse hallucinante. C'est aujourd'hui notre dernière soirée ici. Nous avons passé la journée à ranger la maison pour notre départ et je n'ai jamais autant participé au grand ménage.
Pour profiter des dernières heures ici, j'ai proposé de jouer à ''Je n'ai jamais'' avec de la bière à la cerise. Tous les autres alcools ont été finis à la dernière soirée sur la plage. Le seul qui n'a pas bu pendant les vacances est Brevan. Il doit avoir de sacrés souvenirs de nos cuites.
- Bon ! Je commence, déclaré-je. Je n'ai jamais... Spoiler quelqu'un.
- C'est quoi cette question ? demande Adam.
Je hausse des épaules et bois mon verre en fixant Arllem. Je lui ai dit la fin du dernier Hunger Games. Il m'a fait la tête pendant une journée entière après ça.
- Si tu l'as déjà fait, tu bois, expliqué-je pour tout le monde.
- Tu vas être le seul à boire, parce que c'est quelque chose de maléfique, répond Adam.
Brevan observe son verre de jus et le finit d'une traite. Au moins, il n'aura aucun mal de crâne.
- Oh ! Brevan ! m'exclamé-je avec un rire. Ça m’étonne venant de toi !
- J'ai r-raconté la mort de certains p-personnages dans The-The Walking Dead à m-ma mère.
- Quand Negan tue- commence Lou.
- Chut ! l’interrompt Émilie en posant sa main sur sa bouche. J'ai pas encore vu !
Je ris de les voir se chamailler et Loïk me vole mon verre avant que je ne boive sans raison. Je lui tire la langue et il dépose un baiser sur ma joue. Il m'agace de prendre parfois autant soin de moi.
- Alors... Je n'ai jamais embrassé quelqu'un du sexe opposé, reprend mon petit-ami qui se prend au jeu.
Adam boit, Lou-Anne boit. Logique, ils sont hétéros. Mais Émilie sourit.
- Emy ? Toi ? Impossible... jubilé-je avec un grand sourire.
Elle aurait donc embrassé une fille. J'ai envie d'en savoir plus.
- J'avais treize ans, si tu veux savoir. C'était en colonie de vacances. Une fille que je n'ai jamais revue, d'ailleurs.
Lou-Anne lève son verre et nous observe chacun notre tour. C'est à elle de poser la question et elle semble préparer quelque chose de gros. Elle s'arrête une seconde de plus sur Arllem. Je n'aime pas trop ça.
- Je n'ai jamais fantasmé sur l'un de mes amis.
Adam, Lou et Loïk boivent sans honte. Tous craquaient sur quelqu'un qu'ils connaissaient depuis une relation amicale. Le seul qui ne boit pas, c'est Arllem. Il n'a aucun souvenir de ça, c'est impossible.
- Il faut jouer le jeu, Arly, complète-t-elle sans le lâcher des yeux.
Il fixe son verre et le finit d'un coup. Ça doit être presque comme une épreuve pour lui.
- On savait tous que tu as craqué sur Brevan dès le premier jour, assure Adam.
La main de Brevan attrape celle de mon ami et il vient embrasser sa joue, qui rougit.
- Mais je ne parlais pas de lui, rétorque-t-elle
Ce n'est pas possible qu'elle parle de ça. Ça date d'il y a des années.
- Lou, arrête, demande Adam.
- Mais non. Quand on fait un jeu, il faut respecter les règles, c'est tout.
- Lou, sérieux... Pourquoi tu t’amuses à faire ça ? Lui demandé-je.
- Parce que il y a des choses que j'ai assumées auprès de vous et qu'Arllem devrait faire de même. Surtout quand son copain est là.
- C'est en rien une excuse pour faire ça, éructé-je. Qu'est-ce que tu veux à la fin ?
- Qu'Arllem assume enfin ce qu'il ressent pour toi et qu'il dise que ce n'est pas juste de l'amitié.
Plus personne ne parle, ni ne se regarde. Les seuls qui le font sont Brevan et Loïk. Ils ne savent pas ce qu'il s'est passé. Je lance un regard accusateur à Lou qui sourit en buvant son verre. Arllem se lève d'un seul coup et rentre dans la maison en claquant la porte malgré mes appels et ceux de Brevan. Loïk se lève et rentre à son tour dans la maison. C'est le mieux à faire. Il est parfaitement neutre dans cette histoire. Celle qui l'est beaucoup moins, c'est Lou-Anne.
- C'est quoi ton putain de problème Lou ?! m'énervé-je.
Elle pose son verre sur la table et fronce des sourcils.
- Il assume rien. Toi non plus d'ailleurs. Et ça, depuis l'aniv' chez Émilie.
Elle parle donc de ce fameux soir. Je suis heureux que Loïk ne soit pas là pour l'entendre. Celui qui entend tout par contre, c'est Brevan. Mais il va vite être rassuré.
- En quoi ça te regarde ? On s'est même pas embrassés ce soir-là !
- Il a juré qu'il aurait aimé que ce soit le cas ! Ça aurait été tellement plus simple pour tout le monde !
- Comment tu peux savoir ce qu'il veut ? T'es pas dans sa tête !
Lou m'agace de plus en plus de faire ce genre de supposition. Alors je vais assumer pour le bien de tout le monde.
- On était torché, on avait quinze ans et ça a failli dégénérer. Mais c'est pas le cas. Alors j'aimerais qu'on arrête de parler de cette histoire ! Merde !
Lou n'a rien à redire et je souffle un grand coup avant de ressentir le besoin de renverser le fauteuil pour me calmer. Je ne vais pas en plus péter un meuble.
Arllem finit enfin par revenir sur la terrasse, Loïk derrière lui et il m'observe avec le sourire. C'est un véritable ange-gardien.
Mon ami se précipite dans les bras de son petit-ami et ils s'embrassent. Ils sont complices. C'est réellement génial qu'ils se soient trouvés tous les deux. Arllem lâche Brevan et vient vers moi, prenant mon visage entre ses mains. Je me demande ce qu'il compte faire.
- Ça va, Arly ?
- Parfaitement bien.
Il dépose un baiser sur mes lèvres. Ah ! Je ne m'y attendais vraiment pas. Personne autour de nous en fait, si j'observe bien leurs expressions.
- Je ne t'aime pas, Tristan. Ou plutôt, je ne t'aime plus. C'est Brevan que j'aime.
C'est un test dangereux mais sûrement nécessaire pour sa relation apparemment. Je décide de faire de même.
- Je suis heureux de l'apprendre et sache que moi, c'est Loïk que j'aime.
On s'embrasse une dernière fois, juste pour rire. C'est vide de sensation. Il n'y a rien. Pas même un frisson. Pas d'amour. Juste une profonde amitié. C'est peut-être étrange, mais c'est comme ça.
On est meilleur ami et on le restera jusqu'à la fin.
Loïk le sait. Ça se voit à son sourire.
La soirée se termine avec de la musique et des rêves pleins la tête.
Je monte avec Loïk dans notre chambre et me laisse tomber sur le lit, les bras grands ouverts. Il vient aussitôt contre moi. Ma main caresse distraitement son dos et il se relève sur ses avant-bras.
- Tu as profité de tes amis et maintenant, j'aimerais avoir une réponse. Je n'ai pas forcé parce que je savais que tu avais besoin de temps, mais là, c'est moi qui ai besoin de connaître ton choix.
Je caresse sa joue et mordille ma lèvre sans le lâcher des yeux. J'imprime chacun de ses traits dans ma mémoire.
- Tu es entré dans mon cœur et tu n'en sortiras jamais, déclaré-je sans oser croiser son regard que j'aime tant.
- Tristan...
Sans que j'ai besoin de lui dire, il a compris mon choix. Ce n'est pas lui que je choisis. Il pose son visage dans mon cou et je le serre fort dans mes bras.
- Je ne t'en voudrais jamais d'avoir pris une décision difficile.
Je le serre plus fort, aussi fort que je le peux et je sens les larmes me monter aux yeux.
- Je veux pas que tu me détestes...
Il se relève un peu et me sourit tristement.
- Je te l'ai dit. Je ne te détesterais jamais.
Je prends son visage entre mes mains et l'embrasse un peu. Puis je passe mes mains dans sa nuque et je l'embrasse plus fort. Il glisse entre mes jambes et nos langues se joignent. J'ai besoin de tout sentir et ressentir ce soir.
On se sourit et se laisse tomber sur le matelas, sans jamais que nos mains ne se quittent.
On se dévêtit et se caresse doucement, comme pour la première fois. Je redécouvre sa peau et il explore la mienne. Les frissons procurés par ses doigts et les miens sont décuplés par nos sentiments. Nos baisers sont tendres. Il n'y aucune précipitation. Je grimpe sur ses cuisses et il enserre ma taille. Mes paumes ne quittent pas son torse. J'ai besoin de sa chaleur.
- Si c'est la dernière fois, je préfère que l'on se quitte sans aucun regret. Je veux le faire. Je veux te faire l'amour, Loïk. Je veux te faire oublier les autres.
- Il n'y a jamais eu d'autres qui ont compté autant que toi. Toi, tu es le seul avec qui je me sens aussi bien. C'est toi mon grand amour Tristan. Toi, et personne d'autre.
Il me guide, pas de gestes rapides, juste de la tendresse. Je le prépare doucement à m’accueillir et il m'embrasse sous des petits geignements. Il me fait signe qu'il est prêt et je m'immisce entre ses jambes. Il couvre mon sexe tendu d'un préservatif et j'esquisse un mouvement de rein pour le pénétrer. Il gémit doucement en fermant les yeux. Je n'arrive plus à le regarder et dépose un baiser dans sa nuque. Son odeur de clémentine et la chaleur de son corps contre le mien. Je ne sens que ça.
Mon sexe glisse un peu plus en lui, sans jamais une grande rapidité. Je ne veux pas de précipitation ce soir. Lui non plus. On fait durer ce moment.
Nos mains se joignent sous nos soupirs.
Il est la plus belle chose qui ne me soit jamais arrivé.
Un amour qui a bouleversé ma vie. Notre vie ensemble. Mon premier grand amour, c'est lui. Loïk. Ce garçon extraordinaire que j'aime plus que tout.
On se tient et gémit plus fort.
Je plonge entre ses bras pour ne pas remonter. Il emporte une partie de mon cœur entre ses mains. Je ne veux jamais que cette soirée se termine. Je ne veux jamais le quitter.
Mais Loïk flotte déjà, un sourire triste sur les lèvres et je le rejoins aussitôt. Parfaite osmose.
- Je ne te l'ai jamais dit assez... soufflé-je dans sa nuque.
- De quoi ? soupire-t-il doucement.
- Je t'aime Loïk.
On dit que toute grande histoire commence par un grand départ. Alors je le quitte. Pour mon présent. Car je sais qu'il fera partie de mon avenir.
C'est lui mon avenir.
Je verse mes dernières larmes entre ses bras.
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