34.

Je me réveille avec une étrange sensation. Je tends le bras pour tenter d'atteindre Loïk, mais il a déserté le lit. Et ce, depuis un moment. Sa place est froide. Mais il y a du bruit dans le couloir qui semble venir de sa cuisine. Il doit forcément y préparer quelque chose. Je me penche pour tenter d'attraper mes vêtements, cependant, je ne trouve que la serviette qui m'a servi pour me couvrir après la douche. Je ne peux pas me présenter comme ça à mon frère.

Je me lève pour récupérer de quoi me changer dans son armoire. Quand j'enfile l'un de ses hauts, je ne peux m'empêcher de sentir le tissu. Il sent sa lessive et la clémentine. J'ai bien peur d'être devenu accro à lui.
Loïk est comme une vraie drogue.
Une fois habillé, je quitte la chambre et tombe sur la dernière chose que je m'attendais à voir ce matin.
Vick discute tranquillement avec mon frère autour du comptoir de la cuisine.

- Alors, tu veux faire quoi dans la vie ? lui demande Vick en buvant son café.

- Je sais pas... Mais j'aime bien écrire des histoires. Surtout celles qui font un peu peur. Ou alors je deviens journaliste. Ou docteur.

Je veux lui demander ce qu'il fait là, seul avec Noé. Loïk passe la porte d'entrée avec un sachet en papier dans les mains. Il semble surpris de me voir.

- T'es déjà debout ?

Je lui prends le sachet des mains pour le déposer sur le meuble de l'entrée et l'emmène avec moi dans le couloir. On a certaines choses à mettre au clair tous les deux et je refuse de ne pas pouvoir voir Noé. Qui sait ce que Vick aurait l'idée de lui faire. Je ne le connais même pas vraiment.

- Tu peux m'expliquer pourquoi ton ex discute avec mon frère comme si de rien n'était ? l'interrogé-je en chuchotant.

- Je l'ai croisé dans la rue et...

- Et tu as eu la bonne idée de le ramener ici, alors que je dormais et que Noé était seul avec lui.

- Je lui fais confiance. Vick ne lui aurait jamais fait de mal, répond-t-il sur un ton calme.

- Pas moi. Je ne le connais pas.

Il m'éloigne un peu plus loin dans le couloir, mais je me décale pour faire en sorte de toujours voir Noé du coin de l'œil.

- Pourquoi tu réagis comme ça ? me demande-t-il en posant sa main sur mon épaule.

J'ai l'impression que toute cette histoire ne l'affecte pas. Il semble n'en avoir rien à faire de voir Vick ici. Moi, ça m'agace.
Je le repousse sèchement pour le pointer du doigt.

- Hier soir, tu m'as juré que tu m'aimais. Mais ça, ce que tu me fais, c'est pas de l'amour, m'énervé-je.

- Pourquoi tu dramatises ? Vick est juste là pour quelques jours.

- Tu m'as dit ça il y a plus d'une semaine ! Forcément que je dramatise ! J'ai l'impression que tu l'aimes plus que moi !

- Ne dis pas n'importe quoi...

- Alors fais le partir. Fais le partir et là, je commencerais à te croire.

- Tristan...

- Tu trouves que je suis trop exigeant pour toi, c'est ça ? Tu penses que j'ai aucune raison d'être jaloux ou triste de le voir ici ? Tu sais quoi, je vais aller en cours et on en reparle ce soir.

Il me retient encore une fois.

- C'est toi que j'aime. Pas lui. Je ne sais pas combien de fois je vais devoir te le dire.

- Le dire, c'est une chose. Le penser en est une autre.

Je réussi enfin à me dégager de lui et pars dans la salle de bain pour échanger ses vêtements contre les miens. Il me rejoint.

- Pourquoi tu as besoin de le voir partir ? Tu n'as pas confiance en moi ?

- Bien sûr que si. Autrement, je ne t'aurais jamais laisser avoir autant d'importance dans ma vie. Mais je n'aime pas que Vick, qui je te rappelle encore une fois est ton ex, soit aussi proche de toi.

Il se rapproche de moi mais je m'éloigne.

- Parce que je vais enfin te l'avouer, je ne l'aime pas. Et lui non plus ne m'aime pas... Et te voir aussi proche de lui c'est... Je n'y arrive pas. Voilà.

Il ne doit rien dire. Sinon, je regretterais mes mots et mon futur geste. Je rejoins Noé, qui est déjà prêt à aller en cours, sans prendre la peine de manger quelque chose et me dépêche de partir.
C'est seulement quand Noé m'appelle après plusieurs minutes à marcher dans la rue que je respire enfin.

- Qu'est-ce qu'il y a ? m'agacé-je.

- Pourquoi tu es triste ?

- Je suis pas... Et puis qu'est-ce que ça peut te faire de comment je me sens ?

Je m'essuie rageusement les yeux pour chasser mes pleurs et remarque des larmes couler également sur ses joues. Je me rapproche de lui.

- Pardon, je devrais pas être énervé contre toi, m'excusé-je.

- Je veux rentrer à la maison. Je veux revoir papa, sanglote-t-il.

-On peut pas...

- Je veux juste le revoir... Il me manque. Papa me manque...

- Noé, tu sais qu'on ne peut pas rentrer.

- Mais on ne l'aidera jamais si on ne revient pas à la maison.

Je me mords les lèvres et regarde toute la tristesse que provoque l'absence de notre géniteur dans ses yeux. Moi aussi, je suis triste. Moi aussi, son absence commence à me peser. Mais que se passerait-il si on lui laissait une chance ? Il changerait ?

Je demande à mon frère de me suivre et commence à regretter ma décision quand nous arrivons dans notre rue. Je devrais faire demi-tour et emmener Noé au collège, puis aller en cours, mais je ne peux pas m'y résoudre. J'ai besoin de le voir.

Je tourne la poignée de la porte d'entrée, qui n'est pas verrouillée et entre dans la maison. Noé refuse de me lâcher le poignet. L'air est pesant et sent une drôle d'odeur. Comme un vieil alcool laissé ouvert qui aurait imbiber les murs.
Je prends la peine de l'appeler, mais il ne semble pas être là. Noé me lâche enfin le bras et ouvre le frigo.

- Pourquoi il n'y a rien à manger ?

- Il a dû oublier de faire les courses.

- Il n'oublie jamais de s'acheter des bières, commente Noé. C'est bizarre.

Ce qui est le plus bizarre, c'est une photo de nous que je retrouve sur la table basse. Une photo du jour où Noé est né. Je suis assis à côté de ma mère, sur le lit d'hôpital, alors qu'elle sourit à l'objectif en tenant Noé dans ses bras. Je ne lâche pas mon petit frère des yeux. Mon père m'avait juré avoir perdu cette photo dans le déménagement. Je passe mes doigts sur l'image et me retourne subitement en entendant les escaliers craquer. Mon père se tient là, les yeux explosés et le visage décomposé. Je jongle entre lui et Noé. Il est plus proche de la cuisine que je ne le suis. Il suffirait d'une seconde pour qu'il ait l'idée de se jeter sur Noé pour lui faire du mal. Mais il descend simplement la dernière marche et je recule en le voyant s'approcher de moi.
Mon cœur fait un bon quand il me prend dans ses bras.

- Mon petit garçon...

Il me tient fort et je le sens trembler.

- Mon dieu, Tristan... Je suis... Je suis sincèrement désolé.

Je rêve de penser qu'une nuit lui ait suffi pour se rendre compte du mal qu'il nous a fait. Mais je reste réaliste. Il faudra plus de temps pour qu'il change définitivement. Et ça, c'est si seulement il le veut sincèrement.
Je le repousse un peu et c'est au tour de Noé de se jeter dans ses bras. Mon frère n'a jamais tenu quelqu'un aussi fort contre lui. Il pleure et mon père le rejoint. Ils se relâchent enfin et mon père s'essuie les joues.

- Il faut vraiment qu'on discute les garçons.

- D'accord. Mais je préfère rester loin de toi, le préviens-je.

Je continue d'être sur la défensive. Il ne m'aura pas si facilement. Pas après la façon dont il m'a traité.
Je reste debout avec Noé tandis qu'il s'assoit sur le canapé.

- Ce que je vous ai fait... Ce que je t'ai fait Tristan, c'était... Je m'en suis voulu. Terriblement. Mais quand cette femme est venue et a menacé de vous emmener, je... J'ai pété un plomb. Je ne pouvais pas vous perdre vous aussi. Je sais que je n'aurai jamais dû être en colère contre vous. Contre toi, Tristan. Mais imaginer que tu avais honte de moi et que tu avais peur pour Noé, c'est... Rien ne pourra jamais excuser le mal que je vous ai fait. Que je t'ai fait, Tristan. Jamais. Mais s'il vous plaît, laissez-moi une chance. Je suis prêt à tout pour me faire pardonner.

Il attend mon approbation. Il attend que je lui dise que je suis prêt à lui redonner une place dans ma vie.

- Arrête de boire. Et va à des réunions, exigé-je.

- Tout ce que tu voudras.

- Et va consulter. Va voir un psy et là, j'arriverai peut-être à te pardonner.

Il hoche vivement la tête. Noé se rapproche de lui pour le prendre une nouvelle fois dans ses bras. Mon frère à tellement besoin de lui, qu'il lui pardonne vite.
De mon côté, ça risque d'être bien plus compliqué.

Cette histoire vient de dépasser les 10k ! Et c'est juste énorme pour moi.
Des milliers de merci à vous de lire, d'aimer et de suivre l'histoire de Tristan et Loïk.

Merci aussi à ceux qui me suivent, car oui, vous êtes 501 à être abonné au moment où j'écris ces mots et je trouve ça géant d'être arrivé jusque là.

Encore plein de merci et j'espère que la suite de l'histoire vous plaira. :)

(Oui, c'est Tristan et Loïk sur l'image ♡)

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