33.

Nous ne sommes pas rentrés chez nous depuis samedi dernier. Et nous sommes mardi. Ça n'a même pas choqué notre père. Il ne nous a ni appelé, ni envoyé un seul message. À croire que ça l'arrange de ne plus avoir à s'occuper de nous.
Ce qui m’embête davantage dans cette histoire, c'est que Melkior et Uriel sont obligés de nous héberger puisque Loïk ne peut pas à cause de Vick. Et ça semble agacer Melkior bien plus que son petit-ami.

- Tu crois qu'on va rester ici combien de temps ? me demande Noé en avalant la fin de son cookie.

- Je ne sais pas. On partira sûrement quand ils en auront marre de s'occuper de nous.

Il relis plusieurs fois la réponse qu'il a trouvé pour son exercice de maths et me regarde.

- Je les aime beaucoup. Ils sont gentils.

- Moi aussi, je les aime bien. Mais je crois que ce n'était pas dans leur projet d'avenir d’héberger deux ados.

On les entend hausser le ton dans la cuisine et la porte se ferme. Ils n'ont plus d'intimités depuis que l'on a débarqué. Et j'ai l'impression que c'est de ma faute.

- Tristan ?

- Oui ?

- Pourquoi tu ne vois plus Loïk ?

Je hausse des épaules. Je ne sais pas vraiment, même si nos emplois du temps y sont vraisemblablement pour quelque chose.

- Ça devient compliqué avec le lycée et son boulot.

- Mais avant, tu le voyais plus. Pourquoi maintenant, c'est différent ?

- Je ne sais pas.

Mon portable sonne sur la table et nos regards se croisent. Notre père. Je me lève pour m’éloigner de Noé et répondre. Je suspends mon doigt au-dessus de l'écran. J'ai peur de répondre. Puis je m’éloigne plus loin dans un couloir pour décrocher. Personne ne m'entendra ici.

- Vous êtes où, putain ? grogne mon père.

- C'est seulement maintenant que tu t'inquiètes pour nous ? Bravo la figure paternelle...

- Me parle pas comme ça.

- Je te parle comme je veux.

Un long silence passe, où je n'entends que les battements frénétiques de mon cœur.

- Rentrez à la maison, ordonne-t-il.

- Non. Non, on ne rentrera pas.

Puis je l'entends rire. Son rire m'arrache un horrible frisson.

- Noé a cours demain matin, non ? Qu'est-ce que tu dirais si je venais le chercher à ta place ?

- J'en dis que tu n'as pas les couilles de te montrer dans cet état.

Et il raccroche aussitôt. Je me laisse glisser contre le mur, m'asseyant sur le parquet et ramenant mes jambes contre moi. Et si, justement, il avait les couilles d'y aller ? Et si le seul moyen pour moi de revoir Noé était de le voir lui ? Je ne veux pas avoir à faire ce choix. Puisque je sais d'avance lequel je prendrais. Ce sera Noé. Toujours.

- Tristan, ça va ?

Je lève la tête et tombe sur Melkior, qui croise les bras. Depuis ma place au sol, il semble encore plus grand que d'habitude. Il vient s'asseoir à côté de moi et me donne un léger sourire.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Mon père vient de m'appeler et il veut que l'on rentre chez nous.

- N'y vas pas.

- Si je refuse, il s'en prendra à Noé, et ça, je ne peux pas.

- Ton père ne fait que te menacer.

- Mais...

- Tristan, tu ne dois pas retourner là-bas, intervient Uriel.

Il se tient debout dans le couloir, l'air plus sombre que d'ordinaire.

- Tu sais ce que tu risques en y allant.

Je me lève pour l'affronter. Les suppositions qu'il fait m'agacent. Il a l'impression de tout savoir.

- Ma vie n'a rien en commun avec la tienne. Toi, tu avais toutes les chances de partir plus tôt, moi, je suis qu'un gamin. À part mon père, j'ai rien.

- Alors pars. Vas-y. Mais n'embarques pas Noé dans ta stupide idée.

- Uriel... l'appelle doucement Melkior en se relevant.

- Si tu t'imagines que je ne sais pas ce que tu vis, tu te trompes. Il te fait croire que sans lui, tu n'es rien. Alors tu restes et tu souffres. Puis chaque jour, ça devient de plus en plus difficile de te résoudre à partir.

- Comment tu as fait ? Comment tu as fait pour te dire que tu ne devais plus le voir ? lui demandé-je avec peine.

- Melkior m'a aidé. Et je sais que Loïk t'aidera aussi.

- Il y a Loïk à la porte, nous apprend Noé en arrivant dans le couloir.

- Je vais finir par croire qu'il lit dans les pensées, plaisante Uriel.

Je me dépêche d'aller à la porte, mais je le pousse sur le palier et referme la porte derrière moi.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Te demander pardon. Je suis un con. Je n'aurais pas dû t'envoyer ici avec Noé. J'aurais dû vous accueillir chez moi. Tous les deux. Et je veux me rattraper.

- Qui t'a soufflé cette idée ?

- Mel... Et il me l'a plus ordonné.

- Je dois penser à le remercier, souris-je. Du coup, pour Vick ?

- Il... Il est parti.

- Il reviendra ?

- Je n'espère pas.

Je passe ma main dans sa nuque pour le rapprocher de moi et pouvoir l'embrasser. Il passe aussitôt ses bras autour de ma taille pour me tenir plus près et approfondir notre baiser. Je souris contre ses lèvres. Je me sens enfin bien.

Nous récupérons nos affaires, remercions une bonne dizaine de fois Melkior et Uriel de nous avoir accueillis et nous nous rendons jusqu'à l'immeuble de Loïk, qui n'est qu'à quelques minutes à pied de celui du couple.

- On pourra revenir chez eux ? Melkior cuisine trop bien, Uriel est super fort en maths et ils ont même un chat, argumente Noé.

- Je pense qu'ils vont attendre un petit moment avant de nouveau nous recevoir. On est un peu envahissant.

- Surtout toi. Tu ranges jamais rien et tu parles fort.

Je fais semblant de m'indigner et m'amuse à le chatouiller. Il explose de rire dans la rue et Loïk se retourne vers nous pour voir ce qu'il se passe. Noé me supplie d’arrêter, mais je continue, jusqu'à ce que Loïk me soulève pour m'empêcher de continuer. Et il me tient vraiment fort.

- Vas-y ! Venge-toi, Noé !

Mon petit frère ne se fait pas prier et vient à son tour me chatouiller. Je ris tellement que j'en pleure. Puis ils me laissent enfin partir et Loïk embrasse ma joue avant de prendre ma main dans la sienne. Je voudrais vivre plus de moments comme ça. Juste eux et moi. Comme... Une famille.

La soirée se passe bien. On mange des sushis devant un film Star-Wars. Je ne pense plus à grand chose. Je suis calé entre Loïk et Noé. C'est comme ça que j'ai envie de vivre. Avec mon frère et mon petit-ami.

Loïk débarrasse la table basse et part prendre une douche, tandis que je couche Noé sur le canapé. Le pauvre dort encore sur un sofa, mais au moins, il a un peu plus de place. Il me retient un instant par le poignet quand je passe près de lui.

- Je t'aime...

- Moi aussi Noé.

J'embrasse son front et rejoins Loïk dans la salle de bain.
Alors que lui est déjà sous l'eau, je retire mes vêtements pour le rejoindre et l'embrasser. Il caresse chaque parcelle de ma peau et je me sens aimé entre ses bras. Il ralentit un peu en touchant mon biceps.

- Tu as arrêté ?

- Oui... Même si c'est difficile.

Il me prend contre son torse et m'embrasse encore, mes mains dérivant dans ses cheveux trempés.

- Je suis fier de toi, déclare-t-il sincèrement

- Alors j'ai le droit à une récompense ?

Loïk rit, puis me pousse contre la parois et ne cesse de déposer des baisers dans mon cou. J'aurai pu m'abstenir de dire une chose pareille, mais à ce moment précis, j'ai juste envie de prendre du plaisir avec lui. Je m'accroche plus fort à son dos quand il commence à caresser mon sexe, puis je sors de la douche en me recouvrant d'une serviette. Il me suit et m’emmène dans sa chambre. Il laisse tomber nos bouts de tissus et me soulève pour me porter jusqu'à son lit. Il me fait remonter jusqu'à ses oreillers et m'embrasse avant de mordiller ma lèvre.

- Retiens-toi de crier.

J'ai les reins en feu. Il descend sur mon torse pour embrasser mon ventre puis sans vraiment que je ne m'y attende, il prend mon sexe dans sa bouche pour m'offrir ma première fellation avec lui. Puis, avant que je ne vienne, je le repousse un peu et me retourne sur le ventre pour qu'il me fasse l'amour. Il ne se fait pas prier. Et ce, plusieurs fois dans la nuit.
Je ne me suis jamais autant mordu la langue.

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