13.

J'ouvre les yeux. La lumière du lampadaire de la rue éclaire encore ma chambre. Je prends mon portable posé à coté de moi. 1h27. Je le repose et couvre mon visage avec mon bras. Ça va faire plus d'une semaine que Loïk est venu chez moi. Et je n'arrive pourtant pas à oublier. Mon estomac vrille à chaque fois que j'y repense. On s'est embrassé. Et il est parti en déclarant simplement que ça ne marcherait pas. Je ne crois pas qu'il n'ait rien ressenti, c'est impossible. Pas avec les caresses fiévreuses qu'on a partagé. Alors pourquoi il m'a lâchement abandonné ? Pourquoi depuis son départ, il n'a pas répondu à un seul de mes messages ?

Je reprends mon téléphone et cherche la seule photo que j'ai de lui dans ma galerie. Celle du cinéma. Même le voir derrière un écran me fait mal. J'éteins l'écran et ferme les yeux. J'aimerais tellement qu'il soit là. Je reçois un message et m'empresse de l'ouvrir. Je suis tout d'abord déçu de voir que c'est Adam qui m'a envoyé un message, puis vient la surprise. Il ne m'envoie jamais de message à cette heure-là.

''Dis moi que tu dors pas...''

''Non pourquoi ?''

''Oh putain ! Je sais que vous vous faites la gueule avec Arly depuis un moment, mais là, je sais plus quoi faire''

''Qu'est-ce qu'il a ?''

''Il est complètement ivre.''

Arllem et l'alcool, ça fait deux. Il ne le supporte pas à forte dose. Et dans ces moments-là, il faut s'attendre au pire.

''Il est chez toi ?''

''Me fait pas la gueule...'' ''On est chez Zoé et elle nous a invité. Arly a dit que tu viendrais pas.'' ''Raison pour laquelle tu n'as pas été invité.''

Et je ne lui en veux pas. J'étais trop axé sur mes problèmes pour faire attention à ceux de mes amis. Ce que je compte bien changer maintenant.

Je me lève pour récupérer des vêtements, en veillant de ne pas faire trop de bruit.

''Donne moi l'adresse, j'arrive.''

''Dépêche, j'ai vraiment peur qu'il fasse une connerie.''

Je reçois la dite adresse et m'empresse de m'habiller pour sortir. Je range mon portable dans ma poche et vérifie que personne ne soit levé avant de sortir silencieusement dans le couloir. Mais la porte de la chambre de Noé s'ouvre juste devant moi.

- Tu m'as fait peur ! chuchoté-je un peu fort.

- Et toi, tu es bête de vouloir sortir à cette heure, répond-t-il sur le même ton.

- Je vais juste voir mes potes. Arly a des problèmes. Et toi, pourquoi tu es debout ?

- Je dirai rien si tu rentres avant six heures, me confie-t-il.

- Je serais là avant.

Et il referme la porte. Son absence de réponse me fait comprendre qu'il a encore eu une terreur nocturne, mais que visiblement, je n'ai pas à la gérer. Ça m’embête un peu de le laisser, mais je pense qu'Arllem a bien plus besoin d'aide que mon frère. Contrairement à lui, il pourrait arriver n'importe quoi dans la maison d'une quasi-inconnue.

Je rentre l'adresse que m'envoie Adam sur une application GPS et je me retrouve seul à marcher dans la rue alors qu'il est bientôt deux heures de matin. Cependant, je ne tarde pas à trouver la maison d'où s'échappe encore un peu de musique. Je passe le portillon et suis accueilli par Zoé et son amie Clara. Toutes deux bien imbibée, des verres en plastique dans les mains.

- Qu'est-ce que tu fais là, Tris ?

- Zoé, où est Arllem ?

- Arllem ? Arllem... réfléchit-elle.

- Son pote gay plutôt mignon, répond Clara.

- Ah oui... He he. Dommage qu'il soit gay...

- Sérieusement, il est où ?

- Tristan !

Adam m'interpelle depuis la porte d'entrée. Je m'écarte des deux filles et il semble vraiment paniqué quand je perçois mieux son visage.

- Où est Arly ?

- Il vient juste de monter à l'étage avec un mec.

Je n'en ai pas besoin de plus pour monter l'escalier. J'ouvre toutes les portes, en me fichant bien de troubler certains ébats. Il n'y a que lui qui m’intéresse. Alors que je vais ouvrir une autre porte, un garçon sort de la salle de bain, d'où s’échappe des bruits forts.

- Putain ! On a pas idée de boire autant !

J'abandonne l'idée d'ouvrir la chambre pour voir ce qu'il se passe dans la pièce. Je l'ouvre et aperçois Arllem, en larmes, la tête au-dessus de la cuvette des toilettes.

- Je donnerai rien pour être à ta place.

Il lève les yeux vers moi, sourit faiblement et vomit. Je le laisse le vider pendant que je cherche de quoi s'essuyer et s'hydrater. Quand je retourne vers lui, Arllem rabat la lunette, tire la chasse et se passe un coup d'eau sur le visage, s'essuyant avec la serviette que je lui donne. Il s'assoit sur le rabattant et je prends place sur le remontant de la baignoire.

- Tiens, de quoi boire et de quoi sentir meilleur.

Il m'envoie un doigt d'honneur, mais récupère tout de même la minie bouteille d'eau et le chewing-gum.

- Pourquoi t'es là ?

- Pour vérifier que tu vas bien parce que t'es mon meilleur ami. Et toi, pourquoi tu es dans cet état ? Et c'était qui ce mec que j'ai vu sortir il y a deux minutes ?

- C'était personne, soupire-t-il en buvant un peu.

- Comme si j'allais te croire.

Il soupire et commence à mâcher sa gomme à la menthe.

- Un mec qui voulait qu'on fasse des trucs ici. Mais je lui ai dit que je me sentais pas bien et il est parti quand j'ai commencé à vomir...

- Alors ce mec voulait rien de sérieux.

- Je sais...

- C'est pas un mec comme ça qu'il te faut, ajouté-je.

- Je sais aussi...

- Et tu vas le rencontrer.

- Je sais tout ça, mais c'est difficile d'y croire. Je vois tout le monde avec quelqu'un qui l'aime et je me demande sérieusement si je suis fait pour ça...

Une fille ouvre la porte de la salle de bain, voulant sûrement aller aux toilettes.

- C'est occupé ! nous lâchons d'une même voix.

Et la pauvre fille gémit un peu et referme la porte.

- T'es quelqu'un de bien Arly et tu rencontreras aussi un garçon bien.

- C'est facile pour toi de dire ça. T'es un mec qui aime les filles, t'es plus beau que moi. Suffis de voir comment les filles te matent. Moi, je voudrais juste quelqu'un qui m'aime. Pas pour jouer comme le coup d'un soir ou pour faire semblant. J'en ai marre de ramasser une tripotée de William ou de Jules. Je veux juste quelqu'un qui me dise qu'il me trouve beau. Qui puisse rire de choses stupides que je fais parfois. Qu'il me prenne dans ses bras et que je ne désire être nul part ailleurs. Je veux juste... Un garçon qui m'aime pour ce que je suis.

- Et je sais que tu le rencontreras. Maintenant, on ferait mieux de sortir avant que la pauvre ait un accident.

Nous sortons et la fille s'enferme dans la salle de bain. On se sourit et je vois qu'Arllem se retrouve un peu gêné.

- Pardon de t'avoir fait la gueule, commence-t-il.

- Et moi de t'avoir donné une raison de le faire. J'aurai pas dû insinuer ce genre de chose.

- Dis... Hum... Ça te dit de passer le reste de la nuit chez moi ?

- Comme quand on avait huit ans ?

- On se racontera des histoires qui font pas peur.

Bras dessus, bras dessous, on quitte la maison sous le regard médusé des autres. Y compris le garçon qui devait passer la soirée avec Arly. Je dépose un baiser sur la joue d'Arllem et lui envoie mon majeur. Qu'il aille se faire voir.
Nous marchons dans la rue, à plus de trois heures du matin. On a un peu délaisser Adam et sûrement Lou et Emy. Mais on s'en fiche un peu. Car j'ai des choses à me faire pardonner.
Ses parents nous accueillent dans le salon, tous les deux en peignoirs. Je les salue ploiement et on s’éclipse dans sa chambre. Arllem préfère attendre demain pour se faire enguirlander. On rit comme des gosses et on parle. Enfin surtout moi. Mes problèmes y passent. Excepté Loïk.
Loïk est pour le moment, un problème que je dois régler seul.

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