12.

En voyant Loïk s'arrêter devant chez moi, je commence à stresser. Il va voir où je vis et avec qui. Et sans que je n'ai besoin de lui dire, il s'en aperçoit.

- Je comprendrai tout à fait si tu ne veux pas que je rentre, dit-il en coupant le moteur.

- C'est pas ça. C'est juste que... commencé-je en retirant le casque. Il y a mon père et mon frère.

- Moi ça ne me gêne pas de pouvoir enfin les rencontrer.

Il retire son casque à son tour et m'offre un sourire. J'ai du mal à imaginer que sa propre famille ait voulu faire disparaître sa joie en voulant soit disant l'aider.

- Si mon père me voit sur ta moto, je suis mort.

J'ai à peine le temps d'enjamber l'engin que la porte d'entrée s'ouvre sur mon père, Noé à côté de lui.

- Je peux savoir ce que tu fabriques, Tristan ?

Je marche jusqu'à eux et rien qu'au regard de mon père, je sais déjà ce qui m'attend.

- Je peux savoir où tu étais ? Et c'est qui ce garçon ?

- Je suis allé voir maman. Parce que ça n'allait sûrement pas être toi ou Noé qui lui aurait rendu visite.

Il s'apprête à répliquer, mais Loïk nous rejoint et tend sa main à mon père.

- Bonjour Monsieur.

- Hum... Bonjour...

- Pierre-Loïk. Mais vous pouvez m'appeler Loïk.

Son sourire est bien trop grand pour ne pas comprendre qu'il reconnaît la personne qui se tient devant lui.

- D'accord Loïk. C'est vraiment gentil à toi de l'avoir ramené, mais j'ai une discussion à finir avec Tristan.

- C'est toi, Loïk ? Loïk le musicien ?

Nous regardons tous les trois Noé, habillé de son sweat jaune, de son jogging bleu et de ses chaussettes vertes. Il m'avait juré de garder cette information pour lui.

- Je... Suppose ?

- T'aimes les sushis ?

- Oui, mais...

- Alors viens, le coupe-t-il en l'invitant à rentrer.

Mon père capitule et disparaît à l'intérieur. Loïk me demande silencieusement ce qu'il vient de se passer et je hausse des épaules. Moi-même, je ne sais pas. Mais je dois reconnaître que Noé a ce super pouvoir plutôt sympa.

Nous dînons tous les quatre.
Je me sens un peu mal à l'aise au début, surtout quand je me rends compte que Loïk sait pratiquement tout sur eux et qu'aucun des deux ne connaissait son existence avant ce soir. Mais il a l'étrange capacité à mettre tout le monde à l'aise. Le fait qu'il soit musicien n'est pas tomber dans l'oreille d'un sourd. Mon père et lui parlent musique pendant quasiment une demi-heure. Puis mon géniteur lui pose des questions un peu plus personnelle. Mais jamais Loïk ne se sent offensé. À chaque fois, il répond avec le sourire.

- Je vais débarrasser. Par contre Loïk, je vais devoir te demander de passer la nuit ailleurs. J'espère que tu comprends.

- Pas de soucis.

- Laisse-nous une heure quémandé-je.

Il nous l'accorde et je monte à l'étage avec Loïk. Après seulement que nous ayons retirer nos chaussures dans l'entrée.
Je vérifie que ma porte soit bien fermée avant de m'autoriser à souffler. Je sais déjà de quoi il est question.

- Non... Ton père, c'est Sam Béraut ? Sam Béraut de Niives ! J'y crois pas !

- C'est ce genre de chose que je voulais éviter, me plains-je en me laissant tomber en arrière sur mon lit.

- Non mais j'adore ce qu'il fait, s'exclame-t-il en s'asseyant à coté de moi. Enfin ce qu'il faisait ! Jusqu'à... Oh. Donc les problèmes que tu... Oh. Donc ton nom de famile...

- Asselin. J'ai pris celui de ma mère après le procès.

Il s'allonge avec moi, le visage tourné dans ma direction.

- Et pour l'incendie...

- Ma mère... Elle a voulu cramé le studio. Ça a condamné mon père à des milliers de dettes.

- Putain. Je... Je sais même pas quoi dire. Ça a du être horrible pour toi et Noé.

- Surtout pour lui. Il avait huit ans quand c'est arrivé.

- La cicatrice sur son bras...

- Je veux pas en parler, lâché-je sèchement en m'asseyant.

Il s'assoit à son tour et cherche à se faire plus proche. Son bras touche le mien et je souhaiterais qu'il soit encore plus proche. Que je puisse sentir son parfum de clémentine sans avoir à bouger.

- Qu'est-ce qu'il se serait passé si tu avais décidé de faire ce que tes parents voulaient pour toi ? Ou si tu avais disparu ? lui demandé-je.

- On aurait pu ne jamais avoir cet accident. Et j'aurai pu ne jamais te rencontrer.

- Tu crois que ça aurait été mieux ?

- Sûrement pas... Mais avec ce que tu vis, je comprendrais si tu décidais de ne plus avoir de contact avec moi. Tout ça, tu as peut-être besoin de le gérer seul.

Il se lève, prêt à partir. Je le retiens. Je ne veux pas qu'il parte. Pas lui. Il est la seule personne avec qui je me sens bien. C'est bien plus que les relations que j'entretiens avec mes amis. Maintenant je le sais.

- Si t'es pas là, ça sert à rien. Tout ça sert à rien.

Il se penche vers moi. Le contact de ses lèvres sur les miennes n'est qu'une simple caresse. Loïk vient de m'embrasser. Il se redresse subitement, se mordant la lèvre. Loïk vient de m'embrasser.

- Je suis désolé. J'aurais jamais dû...

Mon cœur bat comme il ne l'a jamais fait. Je ne veux surtout pas qu'il parte. Encore moins après ce qu'il vient de se passer. Je me redresse et l'interpelle, à deux pas de ma porte.

- Loïk...

Il se retourne vers moi et j'attrape son visage pour l'embrasser à mon tour.

- Pourquoi tu...

- Tais-toi, lui ordonné-je.

Je l'embrasse un peu plus fort et il répond à mon baiser, plus durement. C'est explosif. Je m'en fous d'embrasser un garçon. J'embrasse juste Loïk. Je ne sais par quel moyen il parvient à nous allonger sur mon lit. Mais il est au-dessus de moi et je refuse de le relâcher. Ma main part dans ses cheveux, appréciant la texture et la douceur de ses mèches entre mes doigts. Je tire un peu dessus et il gémit. Je veux déjà entendre de nouveau ce son. Ses mains se baladent sur moi, caressent mon torse sous mon haut, à même la peau. Elles sont brûlantes, à tel point que j'en ai des frissons. Sa langue s'immisce entre mes lèvres et rencontre la mienne. Mon cœur implose. Elles se tournent autour, se frôlent et s'adorent. Je le tiens plus fort contre moi. Mon sang coule plus vite dans mes veines. Je suis capable de mourir dans ses bras.
Nous devons nous relâcher pour reprendre nos souffles et il en profite pour se surélever un peu. Loïk se laisse tomber sur mon lit, sa main contre ma joue, certainement elle aussi brûlante.

- Tu... commencé-je, sans parvenir à trouver mes mots.

Je souris. Aucun autre mot ne veut sortir. Si c'est un rêve, je n'ai aucune envie de me réveiller. Mais je devine à son regard, qu'il en a décidé autrement.

- Je suis désolé, Tristan. Ça marchera pas... Pas comme ça.

Il dépose un dernier baiser sur ma joue et quitte ma chambre sans se retourner. Je me retourne sur le dos, le regard fixé sur un point du plafond. Ma main vient essuyer ma joue d'où glisse déjà une larme. Je prends mon visage entre mes mains pour pleurer.
Si c'est ça l'amour, je préfère ne plus jamais le ressentir.

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