Chapitre 62

Les semaines qui suivirent se ressemblaient. Elles étaient toutes plus heureuses les unes que les autres. Après les cours, Thomas se dépêchait toujours de rentrer à son appartement, pour commencer le dressage de son chien qui débordait toujours de vie et qui lui sautait dessus heureux de retrouver son maître tous les soirs. Thomas en oubliait jusqu'à ses études pour pouvoir passer ses soirées avec son chien. Si ses notes en souffraient un peu au début, il ne se mettait malgré tout pas en échec pour autant. Puis, Mika revenait exténué du boulot et Thomas lui sautait presque dessus chaque soir pour lui raconter les progressions du dressage de leur golden.

Si Mika n'en avait rien à faire de ce cabot, il ne laissait rien paraître pour ne pas décevoir son copain. Après la dure journée qu'il avait eu, il aurait préféré vider le reste de son énergie en faisant l'amour à son copain plutôt qu'à l'entendre jacasser comme une pie. Le chef cuisinier du restaurant ne rentrait presque plus travailler et ce sans préavis. En tant que sous-chef, il devait donc prendre sa place pour compenser. Diriger un groupe de cuisiniers ne le dérangeait pas le moins du monde, il aimait donner des ordres. Le problème était qu'il n'était jamais satisfait de ce que les autres faisaient et parfois avait juste envie de frapper la tête de ses employés contre la plaque de cuisson pour leur apprendre à couper des légumes de la bonne façon.

Thomas pour sa part, vivait sur un petit nuage qu'il en avait même oublié jusqu'au problème de Karl qui l'avait longtemps préoccupé. Persuader qu'il ne pourrait pas atteindre un meilleur bonheur, il acceptait tout ce qu'on lui demandait sans jamais rouspéter et le sourire aux lèvres. Ce jour-là, quand Mika lui écrivit pour lui indiquer qu'il avait oublié son portefeuille à l'appartement, Thomas était des plus heureux de lui promettre de lui amener à la fin de ses cours.

''Il ne reste que deux semaines de cours, ensuite on a fini la session! Et si on célébrait en allant justement manger au restaurant les garçons?''

Karl et Thomas hocha la tête pour donner leur accord.

''Il faut réserver d'avance dans le restaurant de ton copain?''

Thomas rougit avant de ricaner.

''Oui, mais il travaille dans un restaurant assez luxueux. Un simple repas pourrait coûter 50$ par personne.''

''Oh... on va trouver quelques choses dans notre budget.''

Thomas hocha la tête et la laissa décider pendant qu'ils se dirigeaient tous vers le restaurant de Mika. En arrivant devant les grandes portes du restaurant, Laurie écarquilla les yeux impressionnés par le luxe de l'endroit.

''Je vais vous attendre plus loin.''

Le duo se tourna vers Karl qui semblait mal à l'aise.

''Dis pas n'importe quoi. Ça doit être méga beau à l'intérieur. Viens.''

Laurie lui agrippa le bras pour le forcer à les suivre à l'intérieur. La réceptionniste les arrêta déjà en dévisageant leur accoutrement trop banal à ses yeux.

''Vous avez une réservation?''

''Non, mais je suis venu porter le portefeuille de Mika.'' Répondit confiant Thomas.

''Pardon?''

''Je... Mikaël... il... il a oublié son portefeuille...'' Tenta d'expliquer Thomas plus du tout en confiance.

''Le chef? Ok, donne je lui donnerait quand il aura du temps de disponible.''

''Il... il est chef? Je croyais... je veux lui donner en main propre.''

''Il est occupé, je ne sais pas si tu as remarquer gamin, mais le restaurant est plein et tu me fais perdre mon temps.''

''Je...''

Thomas se mit soudain à faire une crise d'anxiété. Pourquoi la dame était méchante avec lui, il voulait juste dire salut à son copain et lui rendre son portefeuille. C'était quoi de lui demander de se libérer une minute ou deux.

''Écouter, je crois pas que Mikaël va être content, quand on lui dira que la raison pourquoi il n'a pas eu ce qu'il voulait était de votre faute, alors amener nous juste à lui qu'on en finissent!'' Répliqua Laurie acerbe prête à faire taire ce petit côté hautain que la serveuse avait envers eux.

La dame leva les yeux aux ciel en soupirant et se dirigea vers le fond du restaurant suivi du trio. Elle ouvrit une porte pour passer la tête à l'intérieur.

''Mikaël, il y a un gamin qui demande à te voir.''

Un gamin? Pour qui elle se prenait elle. Il avait 18 ans. Il était même plus vieux que Mika qui était encore mineur! C'était pas car il était petit qu'il était nécessairement un gamin. Il l'observa débattre encore un moment avant de s'enlever de la porte.

''Il ne semble pas très ravies d'être dérangé.'' fit remarquer la réceptionniste en lançant un regard froid à Thomas qui commençait à douter que c'était une bonne idée de demander à remettre le porte-feuille en main propre à son copains.

Pourtant, Mika poussa finalement la porte pour quitter la pièce. Il semblait effectivement irriter. Thomas pouvait voir sa mâchoire contractée et son regard de prédateur prêt à sauter sur sa proie. Le châtain tourna pourtant le regard vers le brun qui recula hésitant. Il avait oublié l'espace d'un instant que Mika était un sociopathe des plus impulsif. Pourtant, sa mâchoire se désérra et un sourire mort apparut sur le visage du cuisinier.

''Mon Tommy es venu me voir au travail.''

Il avança pour venir déposer ses lèvres sur ceux de Thomas qui ouvrit les yeux perdus. Lorsque Mika recula pour admirer son copain, le brun lui tendit le portefeuille robotiquement.

''Ton porte-feuille.''

Mika l'agrippa avant de le glisser dans la poche arrière de son pantalon.

''Merci Tommy. Je dois retourner au travail. Ils sont d'une incompétence sans moi.''

''Tu... tu es chef depuis quand?''

''Aujourd'hui! On m'a appris en rentrant que l'ancien avait finalement démissionné. Es-tu fier de moi mon Tommy?''

''Euh.. oui. Très.''

''Génial. À tantôt.''

Il ignora complètement les deux amis de Thomas et la réceptionniste et retourna derrière le battant de la porte. La dame semblait complètement déboussolée par ce qu'elle venait de voir et la confiance de Thomas reprit son dessus. Il lança un regard qui se voulait fier à la réceptionniste avant de se diriger vers la sortie avec ses amis. Voilà! Elle aurait dû le traiter avec plus de gentillesse. Avant d'arriver à la porte, deux hommes viennent se placer devant eux. Sur le coup, Thomas ne les reconnut pas, mais lorsqu'il les virent s'adresser à Karl qui avait perdu toute couleur, il se souvint du problème qu'il assiégeait.

''Tu oses venir te pointer dans le restaurant familial.''

''Il est si difficile pour ton petit cerveau de comprendre lorsqu'on te dit de rester loin de notre famille?'' Menaçait les garçons.

''Je partais. Je vous jure. Je reviendrais plus.'' Suppliait presque Karl.

Thomas se souvenant du coup qu'il avait reçu se rassura juste un peu en disant que les hommes n'allaient pas s'en prendre à eux dans un établissement remplis de monde. Malheurs à lui, il avait tort. L'un des garçons fit un pas menaçant vers Karl qui se tenait derrière Laurie et Tom. L'un des frères poussait donc le brun au sol pour l'enlever du chemin. En tombant, Thomas accrocha une table et les gens se levèrent apeuré.

''Dégagez tous. Vous serez remboursé ne vous en faites pas. On a des problèmes familiaux à régler.''

Déboussolé et au sol, Thomas assista à la scène la plus improbable qu'il puisse voir. Sans un son, tous les clients présents dans le restaurant se levaient et quittaient l'endroit quelque peu apeuré. Quoi? Mais qu'est-ce qui se passait. Laurie pour sa part avait la bouche légèrement ouverte sous le suprise de la situation, mais n'osait effectivement pas bouger ou s'interposer. Pourtant, ça l'aurait fait partie de son caractère d'agir ainsi.

''Cette fois, on va te donner un rappel que tu n'es pas prêt d'oublier.''

L'un des hommes sortit un arme à feu pour le pointer vers l'ami de Thomas. Le petit garçon se leva donc en vitesse pour supplier.

''Je vous en prie, on va... on va s'en aller et... s'il vous plaît...''

Mais durant son plaidoyer, il reçut un coup sur le côté de la tête de l'homme armé qui voulait faire taire ses jérémiades. L'arme se trouvait soudain sur lui.

''Toi, la ferme. Ça te concerne pas, alors mêle toi de ce qui...''

Sa phrase fut coupée par une tête châtain qui venait de lui sauter dessus, lui faisant perdre son arme à feu et le plaqua au sol. Mika était enragé. Armé d'un couteau de cuisine, il s'apprêtait à poignarder l'homme et fut arrêté par Thomas en panique.

''Mal! On ne tue pas les gens, Mika! C'est mal! Arrête.''

Mika stoppa soudainement son élan, faisant à peine perler une goutte de sang sur le thorax de l'homme. L'autre homme en profita pour sortir un arme et le pointer sur la tête du cuisinier.

''Retourne dans tes cuisines maintenant. On voudrait pas perdre un cordon bleu comme toi.''

''Tu crois vraiment que je vais retourner docilement là où j'arrive alors que vous avez osé lever la main sur mon Tommy? Je vais vous tuer.''

''C'est moi qui à l'arme ici. Tu es déjà chanceux que je t'ai pas mis une balle dans la tête, alors que tu menaces mon frère d'un couteau.''

''Bah vas-y tire. Je vous aurais troué la peau avant. Tommy, sors du restaurant et va m'attendre à l'appartement.''

Le brun qui assistait à la scène complètement paniqué avait la vision qui s'embrouillait de larme.

''Quoi?''

''Va-t-en maintenant Tommy. C'est un ordre.''

Thomas observa son copain assis sur un autre homme qu'il menaçait de poignarder à mort. Proche de sa tête, le canon d'une arme ne semblait pas du tout lui faire peur. Thomas tenta une dernière fois de calmer les choses en suppliant les larmes coulant sur ses joues.

''S'il vous plait... c'est pas bien... on ne tue pas les gens... c'est mal... s'il vous plaît...''

Mais une main le releva et le poussa vers la sortie. Les trois hommes ne bougeaient pas, le moindre geste pouvait causer la mort d'une personne. Seul Laurie tirait Karl et Thomas hors du restaurant, mais Thomas ne voulait pas partir. Il ne voulait pas laisser Mika seul avec ses hommes. Qu'allait-il arriver? Mika allait-il soudainement commettre le crime odieux de celui d'assassiner une autre personne ou allait-il mourir?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top